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LES CARNETS METAPHYSIQUES & SPIRITUELS

A propos

La quête de sens
Le passage vers l’impersonnel
L’exploration de l’être

L’intégration à la présence


Carnet n°1
L’innocence bafouée

Récit / 1997 / La quête de sens

Carnet n°2
Le naïf

Fiction / 1998 / La quête de sens

Carnet n°3
Une traversée du monde

Journal / 1999 / La quête de sens

Carnet n°4
Le marionnettiste

Fiction / 2000 / La quête de sens

Carnet n°5
Un Robinson moderne

Récit / 2001 / La quête de sens

Carnet n°6
Une chienne de vie

Fiction jeunesse / 2002/ Hors catégorie

Carnet n°7
Pensées vagabondes

Recueil / 2003 / La quête de sens

Carnet n°8
Le voyage clandestin

Récit jeunesse / 2004 / Hors catégorie

Carnet n°9
Le petit chercheur Livre 1

Conte / 2004 / La quête de sens

Carnet n°10
Le petit chercheur Livre 2

Conte / 2004 / La quête de sens

Carnet n°11 
Le petit chercheur Livre 3

Conte / 2004 / La quête de sens

Carnet n°12
Autoportrait aux visages

Récit / 2005 / La quête de sens

Carnet n°13
Quêteur de sens

Recueil / 2005 / La quête de sens

Carnet n°14
Enchaînements

Récit / 2006 / Hors catégorie

Carnet n°15
Regards croisés

Pensées et photographies / 2006 / Hors catégorie

Carnet n°16
Traversée commune Intro

Livre expérimental / 2007 / La quête de sens

Carnet n°17
Traversée commune Livre 1

Récit / 2007 / La quête de sens

Carnet n°18
Traversée commune Livre 2

Fiction / 2007/ La quête de sens

Carnet n°19
Traversée commune Livre 3

Récit & fiction / 2007 / La quête de sens

Carnet n°20
Traversée commune Livre 4

Récit & pensées / 2007 / La quête de sens

Carnet n°21
Traversée commune Livre 5

Récit & pensées / 2007 / La quête de sens

Carnet n°22
Traversée commune Livre 6

Journal / 2007 / La quête de sens

Carnet n°23
Traversée commune Livre 7

Poésie / 2007 / La quête de sens

Carnet n°24
Traversée commune Livre 8

Pensées / 2007 / La quête de sens

Carnet n°25
Traversée commune Livre 9

Journal / 2007 / La quête de sens

Carnet n°26
Traversée commune Livre 10

Guides & synthèse / 2007 / La quête de sens

Carnet n°27
Au seuil de la mi-saison

Journal / 2008 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°28
L'Homme-pagaille

Récit / 2008 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°29
Saisons souterraines

Journal poétique / 2008 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°30
Au terme de l'exil provisoire

Journal / 2009 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°31
Fouille hagarde

Journal poétique / 2009 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°32
A la croisée des nuits

Journal poétique / 2009 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°33
Les ailes du monde si lourdes

Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°34
Pilori

Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°35
Ecorce blanche

Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°36
Ascèse du vide

Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°37
Journal de rupture

Journal / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°38
Elle et moi – poésies pour elle

Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°39
Préliminaires et prémices

Journal / 2010 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°40
Sous la cognée du vent

Journal poétique / 2010 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°41
Empreintes – corps écrits

Poésie et peintures / 2010 / Hors catégorie

Carnet n°42
Entre la lumière

Journal poétique / 2011 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°43
Au seuil de l'azur

Journal poétique / 2011 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°44
Une parole brute

Journal poétique / 2012 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°45
Chemin(s)

Recueil / 2013 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°46
L'être et le rien

Journal / 2013 / L’exploration de l’être

Carnet n°47
Simplement

Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°48
Notes du haut et du bas

Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°49
Un homme simple et sage

Récit / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°50
Quelques mots

Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°51
Journal fragmenté

Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°52
Réflexions et confidences

Journal / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°53
Le grand saladier

Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°54
Ô mon âme

Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°55
Le ciel nu

Recueil / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°56
L'infini en soi 

Recueil / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°57
L'office naturel

Journal / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°58
Le nuage, l’arbre et le silence

Journal / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°59
Entre nous

Journal / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°60
La conscience et l'Existant

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°61
La conscience et l'Existant Intro

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°62
La conscience et l'Existant 1 à 5

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°63
La conscience et l'Existant 6

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°64
La conscience et l'Existant 6 (suite)

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°65
La conscience et l'Existant 6 (fin)

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°66
La conscience et l'Existant 7

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°67
La conscience et l'Existant 7 (suite)

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°68
La conscience et l'Existant 8 et 9

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°69
La conscience et l'Existant (fin)

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°70
Notes sensibles

Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°71
Notes du ciel et de la terre

Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°72
Fulminations et anecdotes...

Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°73
L'azur et l'horizon

Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°74
Paroles pour soi

Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°75
Pensées sur soi, le regard...

Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°76
Hommes, anges et démons

Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°77
La sente étroite...

Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°78
Le fou des collines...

Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°79
Intimités et réflexions...

Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°80
Le gris de l'âme derrière la joie

Récit / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°81
Pensées et réflexions pour soi

Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°82
La peur du silence

Journal poétique / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°83
Des bruits aux oreilles sages

Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°84
Un timide retour au monde

Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°85
Passagers du monde...

Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°86
Au plus proche du silence

Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°87
Être en ce monde

Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°88
L'homme-regard

Récit / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°89
Passant éphémère

Journal poétique / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°90
Sur le chemin des jours

Recueil / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°91
Dans le sillon des feuilles mortes

Recueil / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°92
La joie et la lumière

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°93
Inclinaisons et épanchements...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°94
Bribes de portrait(s)...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°95
Petites choses

Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°96
La lumière, l’infini, le silence...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°97
Penchants et résidus naturels...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°98
La poésie, la joie, la tristesse...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°99
Le soleil se moque bien...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°100
Si proche du paradis

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°101
Il n’y a de hasardeux chemin

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°102
La fragilité des fleurs

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°103
Visage(s)

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°104
Le monde, le poète et l’animal

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°105
Petit état des lieux de l’être

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°106
Lumière, visages et tressaillements

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°107
La lumière encore...

Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°108
Sur la terre, le soleil déjà

Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°109
Et la parole, aussi, est douce...

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°110
Une parole, un silence...

Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°111
Le silence, la parole...

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°112
Une vérité, un songe peut-être

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°113
Silence et causeries

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°114
Un peu de vie, un peu de monde...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°115
Encore un peu de désespérance

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°116
La tâche du monde, du sage...

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°117
Dire ce que nous sommes...

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°118
Ce que nous sommes – encore...

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°119
Entre les étoiles et la lumière

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°120
Joies et tristesses verticales

Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°121
Du bruit, des âmes et du silence

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°122
Encore un peu de tout...

Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°123
L’amour et les ténèbres

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°124
Le feu, la cendre et l’infortune

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°125
Le tragique des jours et le silence

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°126
Mille fois déjà peut-être...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°127
L’âme, les pierres, la chair...

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°128
De l’or dans la boue

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°129
Quelques jours et l’éternité

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°130
Vivant comme si...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°131
La tristesse et la mort

Récit / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°132
Ce feu au fond de l’âme

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°133
Visage(s) commun(s)

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°134
Au bord de l'impersonnel

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°135
Aux portes de la nuit et du silence

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°136
Entre le rêve et l'absence

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°137
Nous autres, hier et aujourd'hui

Récit / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°138
Parenthèse, le temps d'un retour...

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°139 
Au loin, je vois les hommes...

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°140
L'étrange labeur de l'âme

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°141
Aux fenêtres de l'âme

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°142
L'âme du monde

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°143
Le temps, le monde, le silence...

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°144
Obstination(s)

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°145
L'âme, la prière et le silence

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°146
Envolées

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°147
Au fond

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°148
Le réel et l'éphémère

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°149
Destin et illusion

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°150
L'époque, les siècles et l'atemporel

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°151
En somme...

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°152
Passage(s)

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°153
Ici, ailleurs, partout

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°154
A quoi bon...

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°155
Ce qui demeure dans le pas

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°156
L'autre vie, en nous, si fragile

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°157
La beauté, le silence, le plus simple...

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°158
Et, aujourd'hui, tout revient encore...

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°159
Tout - de l'autre côté

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°160
Au milieu du monde...

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°161
Sourire en silence

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°162
Nous et les autres - encore

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°163
L'illusion, l'invisible et l'infranchissable

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°164
Le monde et le poète - peut-être...

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°165
Rejoindre

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°166
A regarder le monde

Paroles confluentes / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°167
Alternance et continuité

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°168
Fragments ordinaires

Paroles confluentes / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°169
Reliquats et éclaboussures

Paroles confluentes / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°170
Sur le plus lointain versant...

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°171
Au-dehors comme au-dedans

Paroles confluentes / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°172
Matière d'éveil - matière du monde

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°173
Lignes de démarcation

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°174
Jeux d'incomplétude

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°175
Exprimer l'impossible

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°176
De larmes, d'enfance et de fleurs

Récit / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°177
Coeur blessé, coeur ouvert, coeur vivant

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°178
Cercles superposés

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°179
Tournants

Journal / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°180
Le jeu des Dieux et des vivants

Journal / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°181
Routes, élans et pénétrations

Journal / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°182
Elans et miracle

Journal poétique / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°183
D'un temps à l'autre

Recueil / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°184
Quelque part au-dessus du néant...

Recueil / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°185
Toujours - quelque chose du monde

Regard / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°186
Aube et horizon

Journal / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°187
L'épaisseur de la trame

Regard / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°188
Dans le même creuset

Regard / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°189
Notes journalières

Carnet n°190
Notes de la vacuité

Carnet n°191
Notes journalières

Carnet n°192
Notes de la vacuité

Carnet n°193
Notes journalières

Carnet n°194
Notes de la vacuité

Carnet n°195
Notes journalières

Carnet n°196
Notes de la vacuité

Carnet n°197
Notes journalières

Carnet n°198
Notes de la vacuité

Carnet n°199
Notes journalières

Carnet n°200
Notes de la vacuité

Carnet n°201
Notes journalières

Carnet n°202
Notes de la route

Carnet n°203
Notes journalières

Carnet n°204
Notes de voyage

Carnet n°205
Notes journalières

Carnet n°206
Notes du monde

Carnet n°207
Notes journalières

Carnet n°208
Notes sans titre

Carnet n°209
Notes journalières

Carnet n°210
Notes sans titre

Carnet n°211
Notes journalières

Carnet n°212
Notes sans titre

Carnet n°213
Notes journalières

Carnet n°214
Notes sans titre

Carnet n°215
Notes journalières

Carnet n°216
Notes sans titre

Carnet n°217
Notes journalières

Carnet n°218
Notes sans titre

Carnet n°219
Notes journalières

Carnet n°220
Notes sans titre

Carnet n°221
Notes journalières

Carnet n°222
Notes sans titre

Carnet n°223
Notes journalières

Carnet n°224
Notes sans titre

Carnet n°225

Carnet n°226

Carnet n°227

Carnet n°228

Carnet n°229

Carnet n°230

Carnet n°231

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Carnet n°233

Carnet n°234

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Au jour le jour

Octobre 2020

Carnet n°264
Au jour le jour

Novembre 2020

Carnet n°265
Au jour le jour

Décembre 2020

Carnet n°266
Au jour le jour

Janvier 2021

Carnet n°267
Au jour le jour

Février 2021

Carnet n°268
Au jour le jour

Mars 2021

Carnet n°269
Au jour le jour

Avril 2021

Carnet n°270
Au jour le jour

Mai 2021

Carnet n°271
Au jour le jour

Juin 2021

Carnet n°272
Au jour le jour

Juillet 2021

Carnet n°273
Au jour le jour

Août 2021

Carnet n°274
Au jour le jour

Septembre 2021

Carnet n°275
Au jour le jour

Octobre 2021

Carnet n°276
Au jour le jour

Novembre 2021

Carnet n°277
Au jour le jour

Décembre 2021

Carnet n°278
Au jour le jour

Janvier 2022

Carnet n°279
Au jour le jour

Février 2022

Carnet n°280
Au jour le jour

Mars 2022

Carnet n°281
Au jour le jour

Avril 2022

Carnet n°282
Au jour le jour

Mai 2022

Carnet n°283
Au jour le jour

Juin 2022

Carnet n°284
Au jour le jour

Juillet 2022

Carnet n°285
Au jour le jour

Août 2022

Carnet n°286
Au jour le jour

Septembre 2022

Carnet n°287
Au jour le jour

Octobre 2022

Carnet n°288
Au jour le jour

Novembre 2022

Carnet n°289
Au jour le jour

Décembre 2022

Carnet n°290
Au jour le jour

Février 2023

Carnet n°291
Au jour le jour

Mars 2023

Carnet n°292
Au jour le jour

Avril 2023

Carnet n°293
Au jour le jour

Mai 2023

Carnet n°294
Au jour le jour

Juin 2023

Carnet n°295
Nomade des bois (part 1)

Juillet 2023

Carnet n°296
Nomade des bois (part 2)

Juillet 2023

Carnet n°297
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© Les carnets métaphysiques & spirituels

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23 juin 2018

Carnet n°152 Passage(s)

Regard* / 2018 / L'intégration à la présence

* Ni journal, ni recueil, ni poésie. Un curieux mélange. Comme une vision – une perception – impersonnelle, posée en amont de l’individualité subjective, qui relate quelques bribes de cette vie – de ce monde – de ces idées – de ce continuum qui nous traverse avant de s’effacer dans le silence…

Des tempêtes, des virages. Le signe des chemins – le signe du voyage – entre mille débuts et leur impossible fin…

Des fables et de l’arrogance. Le jour et le vide. Et plus bas, suspendue à la surenchère, la pendaison des croyances. La victoire du simple sur l’inutile…

Quelques torches – quelques flammèches – offertes aux dormeurs pour faire naître à hauteur d’homme le privilège des Dieux…

Vivant élémentaire voué au plus simple exercice : celui de l’homme et de l’âme en accueil qui décèle dans toute expérience la part magique – la part divine – au-delà du vivre humain…

 

 

Un jour nouveau. Comme le parfum retrouvé d’une aurore lointaine. Le sang et le silence entre la chair et ses blessures. La fin de tout rituel – de tout refus. L’Amour qui s’offre ; le don perpétuel du regard et du renouveau…

 

 

Deux âmes endormies sous la peau. La langue rêche et la gorge sublime – façonnées par la même main qui refuse le sommeil et la finitude – et l’étroitesse des frontières et des drapeaux. Nue dans son désir de contraires et de multitude. Dessinant partout le silence et l’entrelacement…

 

 

Partout où l’on rêve – et où l’on s’en remet au sommeil – renaît la douleur. La main qui décapite la vie – le monde – le poème – et les appels, pourtant si tenaces, du silence…

 

 

Désastres et chaînes de la destruction toujours. Visage caché au fond de l’âme. L’innocence émiettée – éparse à présent – inapte à restaurer l’écoute nécessaire. Fibres mêlées où s’accrochent l’espoir et la déraison – la damnation et la mémoire d’un jour ancien – d’un souffle premier…

Lames vives – familières des supplices. Insensibles au plus humble – et aux restes d’humanité qui pleurent au milieu de l’effroi et du sang…

 

 

Nous espérions tremper notre plume dans une encre moins noire – moins épaisse et moins cruelle. Mais le monde, à notre grand désespoir, a continué à laisser ses gestes se fixer à la mort…

 

 

Rien. Un peu de vent et de soleil sur le sommeil immense des hommes. Et une parole claire – taillée à la serpe parfois – dans la continuité du silence pour inviter à sortir du rêve et de cette nuit insensée – et franchir les hauts murs (illusoires, bien sûr) derrière lesquels végète le monde…

 

 

Un espace, un songe et l’ardeur des pas pour retrouver l’essentiel – le lieu de l’âme et celui de toutes les naissances. Un trajet – souvent long et difficile – pour apprendre à vivre et à être un homme

 

 

Tout s’approche – le soir et la mort – la mémoire et l’avenir – la tristesse et la nuit – sur le fil où nous nous tenons – bancals et ignorants. Apeurés par les vents et l’abîme – et tous ces visages indifférents suspendus à ce bleu si lointain…

Et tout s’agite dans notre attente. Dans ce désir inassouvi d’un autre lieu – d’un autre ciel – d’un autre jour…

 

 

Le blanc comme la promesse d’une lumière délivrée de la parole et du poème. La possibilité d’un silence majestueux – ininterrompu – souverain…

 

 

Quelques incidences sur le jour. La chair rouge – violacée – à force de coups – à force d’espoir et de volonté. Puis, le temps passe (finit par passer) – et ressurgit l’abandon – cette lumière que l’on croyait partie – perdue – annihilée…

 

 

Sages l’azur et la fièvre des premiers jours. Rebelles aux lois, aux épouvantes et aux combats des mains belliqueuses et suppliantes. Dressés comme des christs – comme des totems – dans le feu et l’hiver. Offrant l’Amour, le silence et le mysticisme – toute la vocation de l’homme. L’issue finale à un monde dénaturé par le rêve des puissants, la gloire des seigneurs et la terreur – si docile et effrayante – des peuples…

 

 

Ce qui demeure dans la cendre et le chant des oiseaux à l’aube. Ce qui surgit du silence et de l’horizon, mille fois, dévasté. Ce qui se retient avant de dévaler les pentes les moins tangibles du monde. Les fleurs, la douceur et les rires, si naïfs, de l’enfance…

 

 

Le vertige le plus fondamental. L’œuvre du silence et des vents. La pierre, la fleur et la passerelle précaire où nos pas en déséquilibre jouent les funambules entre la naissance et la mort sur le fil des incertitudes…

 

 

Sur nos épaules, l’âme se grise des vents et des horizons – de cette furtive promenade parmi les visages – dans ce décor provisoirement planté dans le sable…

 

 

Et cette lumière faible – innocente – empêtrée dans cette obscénité du vivre – si triviale et merveilleuse – unique viatique des vivants à la course fébrile et hésitante – à l’affût de tout espoir – de toute issue – en quête de ce qui les fit naître…

 

 

L’errance des esprits trop sédentaires pour voyager hors des frontières – hors des repères édifiés par la pensée. Inquiets des chemins – prisonniers de l’épaisseur de cette terre – comme la certitude la plus réelle peut-être…

 

 

Un sentier, une courbe et l’allant de tous les départs. Et l’ardeur des foulées pour rejoindre l’ailleurs – la promesse d’un autre jour – d’une autre terre où la liberté rimerait avec l’Amour…

 

 

Vivant du peu au fond de nos fibres. Cette énergie amassée depuis la naissance du monde. Tête légère – appuyée sur le rêve d’un séjour au milieu du ciel et du silence – loin de cette nuit imparfaite – et de ses sphères et de ses chants qui ensorcellent les hommes…

 

 

Un refus, un doute, une résistance. L’aptitude du rêve à éloigner du réel. Le regard plongé au cœur de ce qui soulève du monde…

 

 

L’interdit et la foi. Le jour pris comme cible – et comme promesse – pour se détourner du plus vrai à notre portée. L’insuffisance et la cicatrice des premiers pas posés dans le mensonge – ajournant la délivrance – presque impossible – des hommes. Ainsi la vie passe et s’enracine la nuit…

 

 

Un précipice au bord du doute. Et si peu de foulées convaincues de la nécessité d’avancer – d’inventer la passerelle ou l’envol. Préférant regarder du haut des falaises la chute du monde et la mort s’avancer…

 

 

Quelque chose se précise de notre vivant – et enfonce le clou sur notre tombe. Le goût – et la possibilité – d’un ailleurs plus incertain que le monde et la terre sous nos pieds…

Mains liées au rêve et au marbre des stèles. Pieds esclaves d’un désir impossible de liberté. Le parcours des hommes – presque immobile – et celui des âmes sautant à pieds joints de l’autre côté du monde…

 

 

La passage des siècles et l’immobilité. Le savoir et la connaissance. L’Amour et la sagesse comme l’esprit et le cœur de toute aventure. Et ces pas qui roulent sur les pierres. Et ces visages tout étonnés de ne voir que la lune briller au milieu de la nuit…

 

 

Miracle du silence comme une lueur – une main tendue – dans l’asphyxie du monde…

 

 

L’accoutumance de la pensée et du corps à la danse asymétrique – étroite – qui prive de l’envergure et du miracle de vivre – seul – ici – ailleurs – partout – parmi la foule ou quelques visages – sur la terre – au milieu du ciel – ivre – vivant et agenouillé devant la beauté du jour – au cœur de la pluie et de l’hiver – l’âme acquiesçante au voyage, au silence, au piétinement – à la découverte de contrées plus réelles et moins sauvages – et à l’Amour qui s’avance et se partage avec ce qui tremble et va mourir…

 

 

La poésie du ciel si riche – si féconde – incomprise sur cette terre si prosaïque – si indigente – si limitée…

 

 

Des tempêtes, des virages. Le signe des chemins – le signe du voyage – entre mille débuts et leur impossible fin…

 

 

Nous passons sous silence ce qui, un jour, prendra fin. Quelque chose, l’absence et les mensonges du temps. Les vies brèves, l’enfermement et la nuit entière livrée au hasard. Le sourire et les départs. La joie et la tristesse de n’être personne…

 

 

Les jours – comme les rêves – se succèdent – et s’impatientent du passage, de la fin et de l’aveu (toujours possible) des anges cachés au fond de l’oubli – dans cette mémoire première enfouie dans l’esprit du monde…

 

 

La chute des siècles – terrassés – terrorisés par l’appétit du monde. Et l’envergure incomprise des abîmes et du silence. Et plus loin – là-haut – quelque part – la continuité des vents et le sourire éternel des Dieux survivants…

 

 

Nous devenons un autre – nous-mêmes – sous les cendres. La lueur d’une flamme plus ancienne. La nuit parfaite et le jour retrouvé. Le temps d’un passage – de quelques saisons. La chute du temps dans l’immensité…

 

 

Briques, gestes, figures. L’arsenal du monde pour célébrer le prolongement du printemps, des naissances et du silence…

Le chemin d’une innocence à venir…

 

 

D’autres noces nous feront revenir. Celles de l’intime et de l’immense dans un regard mêlé de rien et de lumière…

 

 

Ces pas sont les nôtres. Et la trame où tout a commencé. Le cercle, la vie, le monde. La fougue et la fuite du temps. Le miracle de toute naissance. Le prolongement du merveilleux et du silence livrés à l’envers de l’âme et aux appétits…

 

 

Sur la table, mille ruisseaux se creusent au fil du temps. Mille ciels et mille chemins sur la page où nos yeux se promènent. Comme un défi hasardeux à la mort. L’invitation à goûter ce qui vient – le dedans de l’âme coutumière du plein silence…

 

 

L’apaisement comme un ciel au-dedans de la misère – parmi ces voix entaillées jusqu’aux viscères – livrées aux rêves et aux prières – marchant, hagardes, au milieu des pierres et du vent…

 

 

Le peu – le presque rien – aux frontières de ce qui est présent – toujours – et qui ne laisse aucune trace de son passage…

 

 

Le simple – l’éphémère – trône ici comme un geste inutile – une vague à peine qui s’efface sur la berge. Une parole lancée à la mer. Un pas à mi-hauteur du langage…

Et nos vies muettes à l’écart du sacrifice – authentiques jusque dans leur goût pour ce qui manque à leur défaite…

 

 

Des fables et de l’arrogance. Le jour et le vide. Et plus bas, suspendue à la surenchère, la pendaison des croyances. La victoire du simple sur l’inutile…

 

 

Quelques torches – quelques flammèches – offertes aux dormeurs pour faire naître à hauteur d’homme le privilège des Dieux…

 

 

Vivant élémentaire voué au plus simple exercice : celui de l’homme et de l’âme en accueil qui décèle dans toute expérience la part magique – la part divine – au-delà du vivre humain…

 

 

Gifles, flocons, silence. Et ces petites sentes d’infortune qui égarent et blessent davantage qu’elles ne prouvent notre vaillance. A deux doigts d’un appel – d’une fulgurance ; l’effacement et l’immobilité du voyage. La crête dans le rêve et le songe au sommet des cimes. La poussière et le plus bref à disparaître. La boue et l’ignorance. Et la sagesse d’une âme à la main blanche comme la neige…

 

 

Des poèmes comme des passages – des traces éphémères dans le silence – pour exalter la joie et le goût du vivant au milieu des peines et de la mort…

 

 

Tout se pare d’immensité avec la fin de l’accessoire. Comme le retour (célébré) à l’espace et au temps illimités…

 

 

Caducs et inutiles – tout édifice – toute construction. Le moindre trait – le moindre amas – est un rêve – une illusion. Gesticulations insensées et folles tentatives de ceux qui s’échinent, à travers leur vie et leur œuvre, à défier le silence – l’infini du seul visage – le palimpseste à jamais vierge où naissent et meurent tous les mondes…

 

*

 

Monde en marche – à la dérive peut-être – qui impose ses lois, son mouvement – une direction. Monstre colossal – pesant – massif – mu par une force instinctive – une puissance originelle (presque) inépuisable – roulant cahin-caha des ténèbres vers la lumière – anéantissant les impasses – toutes les impasses – creusant son sillon à même les corps et les existences – amassant et écrasant tout sur son passage. Se nourrissant de toutes les tentatives et de toutes les expériences – implacablement lancé vers son but ultime…

 

 

Et dans ce monde à la mécanique un peu folle, quel chemin pour la soif, la sensibilité, l’intelligence et le serment des retrouvailles – et le silence et le soleil nécessaires à l’immobilité des pas et au rassemblement des visages…

Et quelle place pour la vérité et la parole des poètes qui rivalisent avec l’ardeur des foules – enivrées par le progrès – dopées par l’angoisse de vivre – et pas même conscientes de marcher vers leur perte – de sacrifier la vie, leur vie – toutes les vies – pour une gloire absurde et stérile – et la réussite d’un monde qui marche le cul par-dessus la tête…

Rien ni personne – pas même la parole des poètes ni l’expérience de quelques sages – ne pourra réfréner cet engouement – cette course folle…

« En vain » sera peut-être le dernier mot…

 

 

Il y a – et il y aura toujours – mille rêves et mille vies brisés que rien ne pourra sauver du désarroi et de la mort…

 

 

Folie destructrice qui enchaîne davantage qu’elle ne libère. Hommes en fuite. Pensée uniforme. Bien-pensance. Et la nuit qui commence à peine…

Et l’intuition d’une tristesse qui pourrait durer jusqu’à la fin des siècles…

 

 

Une longue marche consacrée au plus facile et à l’espérance au détriment de l’essentiel ; cette soif de silence…

 

 

Des images et des mots parvenus jusqu’à nous. Le renforcement des mythes. La continuité des fables et des mensonges. Et l’Absolu en toile de fond de cette nuit et de ces délires qu’engraissent notre paresse et notre lâcheté…

 

 

Au-delà du possible règne l’extinction des jours qui se succèdent – soutenue par quelques âmes inquiètes et téméraires au regard lucide – prêtes à esquisser quelques pas – et quelques lignes – dans les rêves et l’indifférence du monde – prêtes à placer l’envol au cœur du sommeil et des impasses – au cœur de l’impossible…

 

 

Devant nous résonnent – et pérorent – le plus tangible – toutes les voix du monde galvanisées par l’aveuglement et la chute des empires – le passage du temps sur la terre si proche du rêve – la fin des siècles – l’effacement de l’histoire – les gémissements des hommes et des bêtes. Et le silence foudroyé par tant de certitudes…

 

 

Incantations vaines dans le silence. Spectateur impuissant du combat asymétrique entre l’ombre et l’invisible – entre le temps et l’éternité…

 

 

Nous survivons à peine aux règles édictées par la folie de ce monde. Nous marchons – et marcherons encore – à contre-sens – dans la déroute des repères et des saisons. Le rêve pointé en chaque foulée vers un ailleurs possible – et la raison (et le privilège humain) crucifiés au milieu du front…

 

*

  

La mort jamais fortuite des rêves. Un pied dans le poème et l’autre dans le silence. A mi-chemin entre l’abîme – le ciel inventé – et le réel.

Au cœur du plus long passage entre l’homme et l’infini qui le porte…

 

 

Rien de moins que l’intime et l’immense. Le regard et l’atemporel au cœur du rien. Et quelques pas – quelques traces peut-être – dans la parole affranchie du langage (et de ses si prosaïques usages)…

 

 

La trame où tout a commencé. Le monde, les naissances et les mille vitrines pour exposer son visage – ses drames – ses expériences – ses aventures. La petite ronde des hommes, en somme, au milieu des rires et de la mort…

 

 

L’infortune et la disgrâce de toute manœuvre pour faire coïncider le rêve et le réel. Le chemin de mille désastres. Le voyage – le passage – et ces milliers de jours d’attente et de vaine espérance…

 

 

Quelque chose de plus confus que nos traces dans la neige. Comme un amalgame de poussière et de lumière à l’envergure insaisissable – tantôt infime et dérisoire, tantôt infinie et majestueuse – souveraine toujours dans la proximité du pire et à l’approche de la mort. Geignarde et géniale sur son parcours – sur ce chemin abscons – obscur – comme une main tendue sur le fil des rêves. Tantôt souriante, tantôt pétrifiée devant les visages, les mensonges et les frontières du monde. Anodine et légendaire au milieu des grimaces et des fantômes. Et, plus que tout, familière d’une permanente défaite…

 

 

Quelque part, un enfant au rêve incertain – accroupi parmi les destins – végète dans la main d’un plus grand que lui – près d’une fenêtre (presque) insoupçonnable sur le ciel et le chant des oiseaux. Il vit là, inquiet, en se balançant au rythme des vents et des injonctions humaines – au rythme des ordres mécaniques scandés par la bouche noire de quelques seigneurs (élus par le peuple) – posés un peu plus haut – au-dessus de cette grisaille obscure et maléfique – où glissent tous les visages et tous les gestes – tous les baisers lancés à l’espace et à cette force que nous ignorons…

 

 

Magie des mains tremblantes – respectueuses et ivres du même désir. Le rien et l’impossible rêvés d’une vive ardeur. Et le silence en point de mire…

 

 

Sur les rives rouges du passage, un incident, parfois, nous retarde. La grâce d’un décalage. L’exactitude d’un contrepoint. Quelques embardées – des virages – qui prennent souvent des allures d’errance et d’incartade – et qui, un jour, feront office de délivrance…

 

 

Nous n’avons rien sinon, peut-être, un bout de terre et un étrange vague à l’âme pour s’affranchir du rêve et s’éloigner du monde. Un goût pour l’ailleurs que le voyage, peu à peu, transforme en inconnu. Et le silence des jours – et la lumière de notre solitude – pour aller courir sur d’autres rivages…

 

 

Quelque part encore – un autre jour – une douce lumière – l’incertitude des visages. Le silence d’un ailleurs retrouvé…

 

 

Le cri, le chant ; la même rengaine au fond de ce qui brûle et se cherche. La vérité au fond de la gorge oscillant entre les étoiles et les fous – ces hommes – ces vaisseaux embarqués sur des eaux trop sombres (et trop tumultueuses) pour guérir du sommeil et s’affranchir du monde et des ignorants. Un seul guide, la plaie et la chair déjà gorgées de joie…

 

 

Langue morte autant que les eaux noires venues engloutir le monde – les songes – toute vérité. Le délaissement et les tyrans. Et ce bon peuple à la parole facile – aux visages tirés par des siècles de rondes et de mirages et les mille légendes des tribus d’autrefois. Et, à présent, l’attente du chant et du silence véhiculés par le plus simple…

 

 

Comme un dragon aux ailes délicates – le jour – et sa langue furieuse – incomprise…

 

 

Tant de traces sur l’écume qui ne connaîtront que le blanc des abîmes – et cette peur de venir s’échouer parmi d’autres drames sur la couleur des océans…

 

 

Quelque chose nous attend – plus vif que le soleil noir de la pensée – plus austère que tous les rêves mis bout à bout – plus simple que la complexité du langage – et moins oisif que nos vains voyages. Une présence au milieu de l’ombre et de la stupeur. L’éternité comme défi à la mort et aux vivants. Une envergure plus apte que le feu à éclairer l’ignorance et le monde – et cette pluie si familière qui donne à nos jours cet air de désenchantement…

 

 

Un soupçon d’Amour encore pour offrir à l’existence et aux vivants l’amplitude nécessaire pour accueillir la grâce, le miracle et la lumière…

 

 

Est-ce le jour ? Est-ce la nuit ? Que pourrait bien nous dire l’âme endormie…

 

 

Un précipice, un voyage. L’aventure sur les rives – et les eaux – les plus sauvages. Les parois et l’hésitation à l’approche du ciel – ensablé entre l’écart et la roche. La magie, le merveilleux et le vivre, parfois trop téméraire, enjambés d’un seul saut…

 

 

Vivre sous le regard pacifique des grands chiens – libre de jouer entre les tombes – au milieu des rêves et des étoiles – affranchi des danses de la terre. Au cœur d’un jeu – d’une existence – d’un Amour – écrits en lettres d’or et de sable par des Dieux malicieux et cajoleurs…

 

 

L’aube encore à tous les seuils – et jusque dans le sommeil des impunis…

 

 

Regard plongé au fond des lignes – au fond de l’infini. Joueur de flûte et de silence entre la terre – ses serpents vifs – et si hideux parfois – et le ciel dégagé – parmi les traditions et les rêveurs – les hommes – les mains sur l’archipel des hauteurs. Porté par presque rien, en somme. Les cheveux remués par les vents et les courants d’un autre monde – d’un ailleurs plus espiègle et éternel que la terre si triste (et provisoire) des vivants…

 

 

Le vertige de l’errance – là où le regard quitte les pieds – la tête – et ces lignes dessinées pour vaincre la mort…

 

 

En l’homme, peut-être deux ciels – celui du haut – du rêve – et celui du bas – de l’enfer promis à la déroute et à la défaite. Et entre les deux, une corde où dansent les pas – et mille soleils déposés par le hasard

 

 

Voix, chaînes, chemins. A la lisière de toutes les épreuves. Et le destin soumis à la violence et à la sauvagerie des instincts. Foulées brèves – hésitantes – au milieu des chants et de ce qui tremble…

La main appuyée sur la pelle qui aura servi partout à élargir l’infâme et le trou où nous serons enterrés. Et le jour d’après où l’Autre marchera pour assouvir sa faim…

 

 

Un angle, des rives et les paupières closes toujours qu’embrassent l’ombre et la mort. Et ce bleu au fond du jour – au centre du regard défait des livres et des horizons. Silencieux – en attente – au milieu des pierres et des étoiles – guettant l’aurore dans les yeux et les foulées de l’homme…

 

 

Siècles, sève, intervalles. Et cette transparence sans rive entre les murs et le froid. Et le soleil né des désastres qui – lentement – vers nous s’avance – et qui – lentement – en nous se redresse – pour célébrer l’ivresse et la joie sur les tombes – au cœur des saisons qui passent…

 

 

Du soleil, des étoiles, des parures. Et cette parole comme un rituel exauçant tous les rêves du langage pour dire la vanité de l’abondance, l’illusion des cérémonies et le règne indiscutable du silence parmi nous…

 

 

Quelque chose s’approche – des rires et des traits singuliers. L’inattendu dans l’élan le plus familier. Le jeu de la mort sur nos visages fatigués. La danse du silence, peut-être, sur la ronde des condamnés. La joie à travers la porte qui ouvre sur la grande salle où agonisent les suppliciés. L’enfer du songe où se noient tous les désirs. La trame où se terrent toutes les âmes. Le mystère des Dieux qui se déchaînent sur notre voyage…

La ligne où tout meurt et s’écartèle pour offrir un plus paisible destin. L’abandon au vide et à ce qui nous rassemble. L’espérance des retrouvailles…

 

 

Assis en silence au milieu du pardon. La tête sur les genoux. Et les mains vides qui accueillent le monde et les visages. La couronne de la différence reconquise. Et la soif mêlée à l’eau – abandonnées sur le sable. Le simple et la joie promise au bout des doigts. Et la douceur d’une présence. L’invisible et l’ombre réunis. Une certaine grâce de vivre, en somme…

 

 

Le quotidien, voilà l’essentiel de l’homme. Et le silence, un jour, qui tiendra lieu de langage…

 

 

Un nom. Et mille jours à endurer pour que brille l’impossible. Et un jour sans nom pour voir jaillir l’impensable…

 

 

Tout est dit – et révélé – en un seul geste – en un seul mot. Toute la posture de l’homme dévoilée…

 

 

Seul dans cette nuit parmi ces corps grelottants. Seul dans le froid sur ces routes épiques. Seul avec l’âme – cet autre en soi – venue réchauffer notre désert – notre passage…

 

 

Silence (parfois déconcerté) devant le salut espiègle des masques – d’un monde mort – inanimé – sous l’apparence du mouvement – pris dans une danse à l’allure aimable – presque souriante – assise au milieu des déboires et des circonstances – mue par l’habitude et l’inconscience…

 

 

L’enfance d’une autre parole – née d’un trébuchement – d’une chute presque silencieuse – passée inaperçue au milieu de l’absence – de tant d’absence – sous le regard attentif venu détrôner le hasard, la quête et l’ignorance…

 

 

Exposés, à présent, au rang de la terre, cette innocence et ce ventre, autrefois, gonflé de faim. A même l’herbe, les oracles et les armures – à même les signes de l’homme. Et l’arrivée discrète du silence après un long périple à travers le temps – mille siècles de fouille et d’épuisement…

 

 

Vive est l’invitation au voyage. Et permanente la résistance au changement. Tout est en ordre et la beauté peut bien attendre. Les rêves multiples – inassouvis – ordonnent une trêve – une parenthèse dans la traversée – et ajournent la suite des pas. La vérité et le bout du monde devront encore patienter…

 

 

Au bord du temps – au bord du monde – ce que l’on tient pour un silence souverain – le royaume des sages – et l’ordinaire des éveillés peut-être – a parfois des airs de tromperie – de fausse évidence. Restent un feu et un abîme – et le son de quelques cloches encore disharmonieux. Restent l’esprit et sa fange de désirs, une mémoire au fond de l’oubli et des absences au cœur de ce qui vient. Un regard et une présence aussi – constellés d’un peu d’ombre et de nuit. Des intervalles et quelques ornières. Et des murs (infranchissables parfois) sur les pierres affranchies. Des pelletées de violence dans l’âme. Et des idées sur le blanc des pages. Une lumière et un peu de noir au cœur de l’éternel et du voyage…

 

 

Ce qui vient glisse entre nos mains. Et, pourtant, tout s’acharne à revenir… Mais nous n’avons plus la force d’attraper les choses – ni la force de nous accrocher au destin. Et pas même celle de nous abandonner…

Aussi défaits, impuissants et végétatifs que le monde, en somme…

 

 

Vertige du vide et des abîmes. Vertige du monde et du silence. Deux versants d’un même faîte – et cette crête où s’enlisent les pas…

 

 

Rien ne guérit de l’espoir autant que les malheurs. Rien ne s’achève et, pourtant, que les murmures du silence, parfois, nous semblent lointains…

 

 

Nous allons là où les mains façonnent notre destin – et nous offrent une ligne de fuite – un espace de prolongement. Et nous avançons ainsi avec le ciment des ancêtres sur nos certitudes – et l’orgueil du visage – vers un horizon impossible à réenchanter…

 

 

Tout passe – captif de sa fin. Et tout recommence avec l’oubli du ré-enfantement. Et tout nous arrive de cet effort à revenir…

 

 

Insensibles aussi longtemps que l’âme sera gorgée d’images. A peine vivants tant que le monde sera perçu depuis la discorde et l’habitude. Si loin encore des promesses de l’homme

 

 

Humble et renversé – comme un regard innocent sur le monde…

 

 

Entre l’orgueil et l’ingratitude, l’homme au service du plus servile. L’oubli et l’indifférence dans leur combat contre l’authentique. Le déchirement du souvenir et des âmes. Et le blanc et le noir de la vérité, bientôt, mélangés en incertitude…

 

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17 juin 2018

Carnet n°151 En somme...

Regard* / 2018 / L'intégration à la présence

* Ni journal, ni recueil, ni poésie. Un curieux mélange. Comme une vision – une perception – impersonnelle, posée en amont de l’individualité subjective, qui relate quelques bribes de cette vie – de ce monde – de ces idées – de ce continuum qui nous traverse avant de s’effacer dans le silence…

Monde – à la fois ténèbres et lieu fécond de l’éveil. Un refuge et un naufrage. Et la magie de l’incertain. La voix – et le souffle – du plus proche. Le ciel et les grilles qui condamnent et découragent toutes les tentatives et tous les passages. La boussole du sorcier et les hanches de la nuit. Le frisson des hommes qui grelottent au cœur du noir. Et le nom imprononçable du silence. Les Dieux du vent et de la tendresse – inaccessibles. Le temps maussade et l’œil blessé. Et les pierres au centre desquelles convergent tous les regards…

Un temps et des mains pareils au naufrage. La soif et la nuit, partout, qui offrent leurs bras et leur sommeil. Le sel, les pierres et le monde. Et nul endroit où se réfugier – nul endroit où s’enfuir…

Des nuits, des peines. Et le monde et le réel – bâtis à coup de pelles, de pioches et de chimères dans l’attente d’une issue – l’espoir d’une évasion…

Tout vacille et se redresse – pose un genou à terre puis s’élance à nouveau vers la vie et le désir – le sens et le langage. Pas, gestes, lèvres et paroles dans le rythme exercé par le vent. L’écoute, l’écart et ces forces triviales qui édifient l’homme et le voyage. La paresse, l’écho et le passage. Et le doute vertigineux de n’être personne…

 

 

Tout s’ébat – et glisse sans bruit vers sa fin. Rumeurs, visages et fureur du monde. Danses silencieuses dans le regard attentif.

Cascades et cavalcades dans l’ingénuité d’une présence – jamais surprise par l’angoisse et la violence – les heurts et les obsessions – l’aveuglement des peuples, les remèdes et les contritions.

Sereine toujours parmi les reflets qui viennent l’effleurer. Entre calme et effacement – invisible pour la plupart – se moquant des joutes juvéniles, des couronnes et des mensonges. Source et spectatrice acquiesçantes à tout ce qui s’échafaude. Mère et destination de tous les voyages – et de tous les supplices.

Comme un silence posé derrière tous les yeux qui s’abîment au fond des gouffres…

 

 

Tout s’efface sur l’asphalte et le parvis des terres blanches. Tout disparaît au centre de tous les cercles. Murs et jardins. Plongées dans toutes les sphères et tous les mystères. Fenêtre où palpitent le vivant et ses tremblements – ses tentatives et ses campagnes – ses jugements, ses églises et ses persuasions. La vieillesse comme la précocité (parfois si grande) de certaines âmes. Tous les chemins du monde, le crépuscule et les silhouettes perdues au fond de leur nuit. L’homme, l’espoir, l’arbre et la bête. La pierre et le sable. Et la lumière enfin retrouvée. Ce qui s’agite – et se cherche – au cœur de cette éternelle immobilité…

 

 

L’intime misérable et dépoussiéré reconnaissant (enfin) son envergure et sa grâce…

 

 

Des traces, des signes, quelques privilèges. Des siècles étrangers à toute aumône. La nécessité d’un tout ajournée par la fièvre des hommes, la quête d’abondance, les tours et les frontières de l’obscurité. La boue grasse qui donne aux foulées leur allure si lente. Le délabrement de toute croyance. L’expérience assassine qui offre à toutes les morts leur innocence – et leur printemps. La région la plus ensoleillée du monde. Le cœur pétri d’une tendresse inépuisable. La fin (toujours provisoire) du malheur et de la souffrance…

 

 

L’alignement des perspectives dépouillées. Les crêtes, la lumière et le silence jusqu’au cœur du plus humble. Le vivant agenouillé. Et l’extinction de la dernière étoile. Le chant, sans cesse renouvelé, du renouveau. Une enfance immobile et sereine – mature et sage – souveraine, en somme, au milieu de l’effervescence et des cris – au milieu de l’agitation puérile et instinctive des corps et des visages qui ignorent leur envergure – et le rôle du silence et de l’acquiescement – la grande liberté dans cet univers de contraintes, de refus et d’interdits…

 

 

L’attention et le regard sur les danses et la course – hagarde et (presque) mécanique – de l’impersonnel – le monde des choses et des visages. Les cris et les chants dans le silence.

La joie, l’être et le miracle – si proches et si lointains – posés hors des batailles et enfouis au cœur de la fureur, des révoltes et des agissements. Dieu, en somme, à la fois monde et hors du monde. Le vide lumineux que l’on est – et que l’on attend. L’étonnement et la routine au milieu de ce que nous sommes et faisons…

 

 

Quelque chose, en nous, crie encore parfois – et se désespère – de n’être rien. Un peu de terre, un peu de boue, un peu de poussière au milieu du monde et des étoiles – pas même un visage – ni même une possibilité de tendresse pour d’autres malheurs, d’autres demandes, d’autres désespérances.

Une simple présence – anonyme – sans nom et sans contour. Tout dans l’instant de l’accueil et du geste – l’être qui offre et (se) partage – et, presque rien, l’instant suivant. Une figure défaite et infinie – si pleine – si totale – et, pourtant, si invisible et inexistante – plongée dans le vide et l’attente sans attente de l’instant suivant, des circonstances suivantes – et du jour prochain peut-être…

Assise et incertaine au cœur des vents. Magistrale, éblouissante et fantomatique, en somme…

 

 

Un Amour et une indifférence sur – et au milieu de – ce qui court. Un regard – une présence hors et au cœur du monde. Et l’envergure du même infini au-dedans des choses et des visages…

 

 

Chaque jour, la même rengaine – cette obsession qui pousse les yeux à s’ouvrir, le corps à se nourrir et à se laver et la main à poursuivre son élan sur le blanc (si pur) de la page. Œuvre permanente de l’âme soumise à cette folle énergie du nécessaire…

 

 

La nuit semble si bleue dans le miroitement du poème. Et l’infini à notre porte…

 

 

L’Amour et l’âme penchée sur l’éphémère et l’essentiel. La vocation de l’homme peut-être…

 

 

La vie, la mort, l’Amour et l’Absolu au cœur des mille circonstances quotidiennes…

 

 

Un ciel, une terre et des corps usés par le labeur. Mille siècles et autant de larmes sur la beauté introuvable – l’autre versant de la nuit – aussi clair qu’est noire la face que nous connaissons…

 

 

Dans le jour – au milieu du monde – un visage – et une âme défaite et immobile. Silencieuse. Et quelques signes sur la page. Le rêve d’un homme réconcilié avec la bêtise et les instincts – la force de toutes les nécessités…

 

 

Le monde en place depuis toujours dans la croyance des yeux trop crédules n’est, en vérité, qu’une soif – un désir de retrouvailles avec ce qui l’a créé. Un regard – une indifférence généreuse et sereine qui apaise tous les manques…

 

 

Quelque chose, en nous, devine l’inutilité des démarches et des élans. L’illusion du temps et l’absurdité des inquiétudes à l’égard de l’avenir. Les tentatives et les triomphes. Ce qui exulte et ce qui se déchire. L’espoir derrière la vitre. L’horizon fuyant et la place des rêves. Ce que, sans cesse, nous dessinons sur l’éternel palimpseste. Les traits au milieu des circonstances. Ces mille petites choses qui glissent au cœur de l’invisible : tous ces riens – et ces nulle part – au sein de la même présence…

 

 

Le sommeil dans la courbure des heures. La pierre et la langue gémissante. L’eau et le rêve. Les rivières et la lumière. Le vent épinglé aux âmes qui tournent et désespèrent. Le silence et l’épure. La joie de n’être personne. En marge – et au cœur – du plus grand vide…

 

 

La routine et la transformation. Les mille jeux et les mille prouesses. Le sacré et la somnolence. L’abandon et le goût de l’effort. Marionnettes du même spectacle. Histoires d’une seule immobilité qui perce – et sourd entre – tous les élans. Le silence, les grimaces et les sourires d’un même visage…

 

 

Un chant, soudain, dans la nuit du monde pour annoncer la fin des oracles et des chimères. L’effacement du temps et des discordes. Le passé rejoignant l’avant-garde. La lumière sur les atrocités et les incendies d’autrefois. Le renouveau d’une continuité que l’on croyait stérile, et trop faible, pour franchir la frontière – les seuls obstacles – qui nous séparaient de l’invisible et de la conscience…

 

 

Le vide et l’absence au cœur de la mort et du chaos. Et la futilité des sourires et des grimaces – des élans et des refus. Un peu d’ombre – un peu de boue – sur le plus vaste – éternellement scintillant. Le réel inaccessible par Dieu, la croyance et la pensée. Léger – abrupt – aux marges du rêve. Au cœur du plus présent façonné à coup de soustractions. L’innocence et le plus sacré, en somme…

 

 

Quelque chose nous regarde qui a la couleur de la mort – et le parfum (oublié) de l’enfance éternelle. Une lumière – une présence – accessible seulement dans l’effacement…

 

 

Blancheur plus réelle que nos existences – intervalles entre deux parenthèses où le vivant s’exerce à la parodie, au défilé et à la certitude au lieu de fouiller l’illusion…

 

 

Âme et yeux ouverts découvrant l’impossibilité du retour, l’espérance sans emprise sur le temps et l’improbable venue des beaux jours. Attendant (sans impatience) les circonstances et la mort. Vivant de peu – du plus simple sans doute. Puisant leur foi dans la confiance – et naviguant, incertains, au cœur de l’incertitude. Posant un pas après l’autre dans le vertige de l’existence…

 

 

Un monde, un regard soudain soulevés par le scintillement de l’invisible…

 

 

Nous inventons des jeux pour oublier la mort et l’âpreté de vivre. Et l’indifférence en lieu et place de l’Amour. Les carnages de la cécité et les lois édictées par les instincts en ce monde soumis au hasard des constellations imaginées pour se prémunir du pire…

 

 

Nous sommes les bourreaux et la condamnation – et la peur dans les yeux de ceux que l’on emprisonne et que l’on mène vers le supplice et le tombeau. Nous sommes le sang, la tristesse et l’effroi de ceux que l’on assassine. Et la parole exsangue – exténuée – qui se traîne et serpente entre les tombes et les visages en larmes. Et ces fleurs que l’on pose en hommage sur les sépultures.

Et nous sommes la faim qui pousse nos pas à l’exil – dans cette quête un peu folle pour trouver le remède à l’absurdité de ce qui s’expose – et se propage – sous nos yeux…

 

 

Un reflux du silence. Et quelques lueurs dans les replis du monde où le poète vit et s’invente sans répit pour rassembler ce que les hommes, sans cesse, déchirent. Dans le règne du mystère et les lois du partage en deçà des enseignements à vivre. Avec ce goût, si prononcé, pour l’innocence et la vérité…

 

 

Un plan – mille plans – pour se défaire de l’infortune. Une pierre, un chemin et la sente tortueuse des rêves pour asseoir sur la terre la force miraculeuse d’exister…

 

 

Le sable, le vent et la poussière. Et ces silhouettes informes à l’assaut du moindre sommet. Et cette figure en amont de tous les privilèges. Les mérites de ce qui s’offre à la quête ultime. Et la découverte du vide dans nos tréfonds…

 

 

Livré au mutisme de l’espace – au-dessus des bouches suppliantes et des étoiles trop lentes pour soulever les rêves – et les rendre aussi vivants que le réel. Un détour, une torpeur, une fièvre. Le désert et ces veilleurs attablés à l’écart du monde qui guettent le moindre souffle – la moindre lumière…

 

 

Du sommeil au cœur de ce qui tremble. Un pas, un puits, du sable. Le fond de l’abîme et l’arrivée progressive du plein jour. Et devant nous, le silence et l’infranchissable qui soutiennent notre foulée indécise…

 

 

Monde – à la fois ténèbres et lieu fécond de l’éveil. Un refuge et un naufrage. Et la magie de l’incertain. La voix – et le souffle – du plus proche. Le ciel et les grilles qui condamnent et découragent toutes les tentatives et tous les passages. La boussole du sorcier et les hanches de la nuit. Le frisson des hommes qui grelottent au cœur du noir. Et le nom imprononçable du silence. Les Dieux du vent et de la tendresse – inaccessibles. Le temps maussade et l’œil blessé. Et les pierres au centre desquelles convergent tous les regards…

 

 

Monde d’enfouissements et d’expositions où tout jaillit puis se terre – où lorsque les uns apparaissent, d’autres s’effacent – où tout tournoie dans une ronde perpétuelle – et où les tensions et les accords ne sont que les éléments de l’équilibre général.

Monde d’éloignements et de rapprochements où tout s’avance et recule autour du même centre, tantôt collé et réuni, tantôt séparé et écarté.

Comme si les choses et les visages naissaient des conditions propices, se rapprochaient, puis s’éloignaient et disparaissaient le moment venu pour laisser apparaître et s’assembler d’autres choses et d’autres visages.

Comme les jouets des cycles sans fin de l’émergence, des associations, des ruptures et de la mort…

 

 

Sous le présage du jour, le croisement des voix et des âmes à l’innocence nue. Le baiser qui attise le feu et les caresses. Le cœur exalté au fond de l’être – vibrant de terre et d’énergie au milieu du noir – ouvrant le seuil magique d’une autre réalité…

 

 

Des signes, des fleurs. Et le visage – innocent – frappé de plein fouet par la douleur d’abord – la solitude d’exister – et la joie ensuite comme une grâce s’offrant aux plus méritants qui ont su se plier aux exigences du destin et du silence…

 

 

Un gémissement entre les cris. Comme un murmure – celui de l’aube peut-être – au milieu de la fureur et de la nuit imparfaite qui nous entoure. Et la main magicienne du jour plus proche de l’âme que nos rêves hasardeux…

 

 

Parmi les pierres, quelques vivants à l’âme enserrée – blafarde presque – dans l’absence de toute lumière. Quelques tombes, quelques larmes en guise de décor et d’introduction. Des jours, des pensées et des gestes machinaux. Des chemins où poussent toutes les douleurs du monde. Le souffle difficile – agonisant – au fond de la gorge. Des paysages et une marche incertaine – indécise au milieu d’autres visages – lointains – presque sans âme – où le rire n’est que la marque d’une absence – le signe d’un éclat incompris. Quelque chose comme une peur et une ignorance au fond des yeux, sous les draps, dans les pas – partout où le sentiment est un piège – un appât – partout où la langue gît, inachevée, comme un instrument de persuasion…

L’humanité entière sans doute – avant la conversion des ellipses et des saccages en prières – avant la pleine adhésion de l’esprit au silence…

 

 

Une force résiste – et se heurte à tous les destins façonnés par le désir – l’inertie, le jugement et la haine. Les arabesques de l’innocence peut-être… Le silence et la joie dont chacun rêve en secret…

 

 

Noces du monde et du destin – dard et tranchant de l’épée parfaits pour cisailler et pénétrer notre démesure – l’illusion du choix, les larmes, l’espoir – toutes nos chimères. Comme une besace à l’envergure du vide, portée dans le sommeil – sous le soleil. Et les poches percées par tant d’absence – et l’Amour parti – introuvable – en exil, peut-être, sur des horizons moins tristes – et plus réconfortants…

 

 

Des vies comme du lierre qui s’agrippent aux murs – et poussent, à travers l’herbe et les ronces, sur toutes les ruines du passé. Et qui recouvrent le gris d’une verdure légèrement trompeuse – en s’établissant sur terre avec le bleu du ciel lointain – inaccessible – comme seule promesse – comme seule récompense. Condamnées à parcourir l’infortune, à cacher le secret de leur course et à encercler le jour jusqu’à la mort…

 

 

Plus loin que la colère, le jour naissant. Et le silence d’avant le noir. Les ombres et l’étrangeté de vivre au milieu de tous ces regards – fantômes, peut-être, maudits par la nuit – et déchiffrant, avec tant de maladresse, les signes précurseurs de la lumière…

 

 

En fin de compte, l’unique question sera toujours : qui suis-je ? Qui suis-je au milieu du monde et des visages ? Qui suis-je face à l’Autre et à la mort ? Et, accessoirement, comment être (et vivre) parmi, avec et devant eux ?

 

 

Yeux cherchant partout – dans tous les mondes visités – des refuges, des alliances et des alliés – jusqu’à la découverte du silence et du vide – cette présence rayonnante au-dedans de l’âme – derrière le regard – partout – qui se déploie à travers les mille visages et les mille choses des mille univers existants

 

 

Cette gloire invisible – innocente – un peu folle – de n’être personne. L’eau et le chant des rivières. Le temps et les jours qui passent. Une parole dans le silence. Une caresse sous la pluie – et sur la peau brunie – brûlée peut-être – par le monde. Un secours dans l’indifférence. Un sourire – une épaule – un secret – dans la nuit et l’infortune des hommes…

 

 

Une terre, des mots enracinés dans la violence du désir et la lumière – au creux de cette aube porteuse de tant d’évidences…

 

 

Nous ne faisons que passer – remuer les eaux du changement – et nous prélasser au milieu du temps et de la mémoire. Vivre, à vrai dire, à l’ombre de notre éclat – entre la source et l’océan…

 

 

Où la mémoire nous mène-t-elle ? Et où le temps nous mène-t-il ? Saurons-nous seulement voir, un jour, le feu grandissant derrière les yeux – et l’espace clair et immobile – inaltérable – au fond du regard…

 

 

Au bord d’un cri, les plus hautes vertus. Et au-dedans de la gorge – inutilisables – le breuvage des années et l’illusion de l’expérience…

La lumière et l’innocence – prisonnières de ces étranges silhouettes que le rêve rend si malhabiles – et si fécondes…

 

 

Chemins gravis. Luttes intestines. Destins taillés à la serpe. Au-dedans d’un souffle labyrinthique. Juchés sur des élans et des fausses certitudes. Et ce rire – incommunicable – caché dans les derniers soubresauts de notre chute. La mort et les vivants dressés au combat. Anéantis par la force – presque magique – de cette présence – de ce visage premier – originel – agenouillé au milieu de l’impossible…

 

 

L’ombre puissante, le prolongement d’un geste, le souvenir d’une terreur. Les injonctions du vent. Une pierre – mille pierres – ajoutée(s) aux chemins et aux édifices. Babel horizontale sur le sable des rivages. Et l’appel déchirant d’un visage – nez dans la poussière – guidé par l’espoir, les erreurs et les incompréhensions. La disgrâce, en somme, de l’homme condamné aux blessures et à la chute…

 

 

Rideau de pierres – et rideau de fleurs – qui recouvrent les fenêtres de l’espoir. L’agitation détestable des vaincus et les outrances de la victoire. La parabole du sommeil. Et ces hésitations sur les remparts et au fond des cachots. Les élans et les oublis. Les condamnations sur les chemins et la chair à vif. Les sauts, les incartades et l’impossibilité du secret. Les mains qui amassent. Les peurs calfeutrées au milieu du front. Et ce cœur, si vivant, qui palpite encore…

 

 

Quelque part gît, en nous, sous le cri et le sang aveugle – derrière l’espérance et le désespoir – cachée par notre soif – une beauté sans visage et sans promesse. L’être face au monde et aux marées grouillants de périls et d’incertitudes. La fontaine de toute jouissance…

 

 

L’absence – multiple – dévastatrice – chargée de l’exercice de vivre et des mille complots fomentés par l’ignorance. Dépouillant chaque visage de toute possibilité de rencontre – posant aux marges de l’esprit les erreurs et les rectifications hasardeuses des gestes. Et mille baisers dans la poussière. Un destin converti en actes et en intentions. Les initiales de l’obstination bornée qui exalte l’aveuglement des foules – l’aveuglement du monde. Le registre du plus commun. Le sort de tous les mortels voués à l’inconscience et à l’insouciance face à la mort et aux malheurs…

 

 

Dans le feuillage de l’aurore, la brume et la perle suspendue à notre œil et à notre peau suturée – cousue et recousue après tant de déchirures laissées par le monde, la ronde des désirs et la puissance de la faim. La chair abandonnée aux convoitises et aux appétits parcourant les veines et déversant le sang dans les têtes et les membres – sur tous les chemins. Poussière et ombre gesticulant sous l’attention d’un soleil irréprochable dont le surplomb, peut-être, est le plus sage enseignement. L’angle infini sur le cortège des nuages, des traces et du courage…

 

 

Réhabiliter le nom des inconnus – des anonymes – herbes, arbres, bêtes, pierres et poètes – pour leur dire notre gratitude – et laisser leurs œuvres submerger nos sommets et emplir nos recoins. Les affranchir de la mort et de l’oubli. Et les faire nôtres – éléments essentiels de nous-mêmes jusque dans nos gestes et notre sang – pour rompre la distinction et la multitude (illusoire) des visages – et nous réunir en une seule figure – en une seule condition – celles d’un seul regard sur ce qui (nous) semble si différent et désuni…

 

 

Très haut, soudain, l’herbe envolée – enveloppée dans son dérisoire destin – à hauteur de solitude. Tête émondée de tout espoir. Glissant un peu de tendresse entre nos pas isolés…

 

 

Aucune trace sinon celle de l’envol et de la solitude grandissante. Le geste clair et serein détrônant l’angoisse et l’hésitation passées. Le ciel et la terre comme seuls guides – et seuls horizons. L’effacement et le couronnement de l’humilité…

 

 

Nous avons cherché sous le sable – parmi les galets et les gelées – la route et l’innocence des peuples. Nous avons essayé d’étancher notre soif aux sources des rivages barbares. Nous avons teinté le ciel de nos couleurs imprécises et inutiles. Nous avons sauté par-dessus les fossés de la misère. Notre vie durant, nous aurons tenté (en vain) de nous éloigner de l’abîme et de l’hiver…

 

 

Nous dirons jusqu’à l’épuisement du langage. Et nous dirons encore après la mort et le silence…

 

 

Messager autrefois d’une douleur – reconvertie, un peu plus tard, en attente. Un cil affolé et un ciel abaissé nécessaires à la fouille du langage, au destin consenti et aux mains éternellement ouvertes…

 

 

Etreinte et lumière sur cette terre trop noire et indéfiniment silencieuse. Le contentement et la splendeur. Et ces petits gestes francs – humbles – offerts à ce qui s’avance vers nous…

 

 

L’isolement, la cendre et l’infortune – réchauffés, à présent, par une neige venue recouvrir nos têtes et nos épaules. Venue étreindre le moins inavouable des désirs – la promesse d’un règne et d’un partage…

 

 

Une douceur – un rayonnement – au cœur de l’innocence retrouvée – du simple le plus intègre. L’honnêteté d’une existence vouée à la conversion du malheur et du souvenir en choses humbles, en accord et en aire d’accueil. Reléguant la réserve et la pénitence au fond de l’abîme – au fond de l’oubli – au profit de gestes vides et solitaires – joyeux – au milieu des peines et des étoiles qui brillent encore au fond des yeux des hommes…

 

 

Le crépuscule, le noir, la lune. Les saisons mornes et la tristesse des jours et du temps qui passe derrière la vitre qui filtre la lumière offerte par des Dieux trop lointains…

 

 

Les bras avancés – tendus vers l’aurore et le chant de la lumière. La bouche tordue par les grimaces sur les pierres – la rocaille des chemins. La naissance de l’Amour dans les yeux enfin ouverts de l’âme. Et le sang transfusé où s’infiltrent, à présent, la tendresse, la douceur et l’abandon. Le destin si fragile de ceux qui se tiennent debout – aussi simples que l’aube et le jour naissant – reptiles apprivoisés au fond des têtes – front et buste moins orgueilleux qu’autrefois. Le silence et l’univers dans la main. Vivants voués au plus éternel…

 

 

Des mythes, des périples, des tragédies. L’angoisse et la peur. La chute et le reniement de vivre. Le songe, le sang et le voyage. Les épreuves et la témérité. Et cette marche insensée – presque impossible – vers l’autre rive où règnent le réel, l’Amour, un seul visage – la joie, la quiétude – la grâce et la légèreté. Le goût du partage. Et la plus parfaite immobilité…

 

 

L’absence est un destin – le viatique de tout voyage. Et le silence, la voûte où tout s’enfuit, s’égare et est remplacé…

 

 

A petits pas jusqu’au bout de cette soif…

 

 

Cercle de la marche, de l’écoute et de l’attention. Dans les contours d’un centre et d’une présence. Seul – tantôt debout, tantôt en prière – au milieude n’importe quoi pour dessiner, d’un peu d’encre, quelques traits de lumière – le jour – la tête penchée sur ses pages…

 

 

Le vent, la mort, la langue. Et le ciel et les arbres comme seuls amis…

 

 

Nous ne mourons au monde que pour une autre joie – plus belle – plus grande – plus féconde…

 

 

Un feu, des mains et l’horizon qui brûle encore…

Incendiaires des portes et du plus vaste pour tenter d’apprivoiser la mort et la faim. Tous les délires de l’homme assiégeant la terre devenue territoires où flottent mille drapeaux – parcelles de mille banquets – encerclé(e)s de barbelés où s’amoncellent les victoires et les victuailles – l’arrogance et l’abondance des vainqueurs…

 

 

Trace d’une brise – trame du vent – dans ces ailes massives qui s’éreintent à l’envol – fabriquées patiemment par cette folle envie d’ailleurs. Et pas fermes sur le fil déroulé par la main habile d’un autre ciel…

 

 

Le sable, la cime et le ciment tenace où s’engluent le désir, l’obéissance et le souffle – la respiration difficile – malgré l’ardeur intacte et la force du langage. Le rêve d’une autre parole. Et cette chair, si ardente, posée sur ces pierres glacées sans autre issue que le monde…

 

 

Tout se courbe après la rencontre. Âme, corps, terre – unis soudain aux rythmes et aux exigences du silence. La vague, la mer et le rayonnement de la mort. La joie âpre au milieu des tombes. Et l’ombre tremblante, toute proche, qui va renaître encore…

 

 

Tout vacille et se redresse – pose un genou à terre puis s’élance à nouveau vers la vie et le désir – le sens et le langage. Pas, gestes, lèvres et paroles dans le rythme exercé par le vent. L’écoute, l’écart et ces forces triviales qui édifient l’homme et le voyage. La paresse, l’écho et le passage. Et le doute vertigineux de n’être personne…

 

 

Des nuits, des peines. Et le monde et le réel – bâtis à coup de pelles, de pioches et de chimères dans l’attente d’une issue – l’espoir d’une évasion…

 

 

Un temps et des mains pareils au naufrage. La soif et la nuit, partout, qui offrent leurs bras et leur sommeil. Le sel, les pierres et le monde. Et nul endroit où se réfugier – nul endroit où s’enfuir…

 

 

Le sourire d’une enfance transparente – si innocente dans les bras du sublime. Et l’Amour qui se porte au milieu de la foule et de la mort. L’incarnation d’un seul voyage. Figure et flèche d’une seule blessure – d’une seule perte. Et le besoin du langage pour inscrire la différence sur le sable d’une vieillesse plus sage et méritante…

 

 

L’exil et le silence d’un Dieu corrompu – avili par les dogmes et la croyance des hommes. Maltraité, en somme, pour exalter la promesse d’un ciel inventé…

 

 

L’incertitude et l’inaccompli ; les mystères, peut-être, les plus tenaces du temps…

 

 

Être dans ce souffle qui porte, en lui, l’infime et l’infini – le monde et le silence – le réel et le langage – le sublime et le commun – la paix et la danse – la ronde immense des violences et des visages…

 

 

Un visage, un horizon. Et entre les deux, une fenêtre et l’univers entier…

 

 

L’esprit (l’état d’esprit*) sera toujours plus important (plus décisif et déterminant) que les lieux, les êtres et les rencontres – et plus essentiel que les circonstances et les possibilités…

* en des termes plus communs et légèrement trompeurs ; il ne s’agit nullement de stratégies psychiques, ni, bien sûr, de positiver, de relativiser ou de se plier à une quelconque méthode pour faire face à la vie et aux situations existentielles ; il s’agit plutôt d’innocence, d’écoute et d’attention ouverte, non centrées et non intentionnelles…

 

 

Une douleur et une flamme devant l’immensité promise. Racines, tiges, chemins et tombes. Quelque chose entre la terre et le silence. La présence à l’origine du monde…

 

 

Bleu sur les visages, dans l’eau des rivières et jusque sur les feuilles des arbres en prière – bras lancés vers le ciel. Et rouge aussi comme le sang et l’enfer – et les flammes dans les yeux de ceux qui désirent et s’interrogent. Jaune enfin comme les blés et le soleil – et le rire des hommes portés par l’envergure métaphysique de leurs questions…

 

 

Faces tristes derrière les fenêtres. Chemins venteux et la main de l’ordre – la main du monde – ferme et obstinée – comme un étau sur les rêves les plus tenaces…

 

 

Les arbres, le sable. Et nos adieux au long fleuve déchiré qui s’évertue à narguer les vents, les étoiles et le sang dans les veines qui pousse au crime. Quelques mots encore au cœur de l’automne…

 

 

De la nature et le goût du silence. Un peu de chair et d’absence. Le poids du monde et du ciel sur nos épaules fatiguées – hésitantes. Le rêve d’un ailleurs – d’un autrement peut-être – enfoui au fond du sommeil. La vie sans voile et l’infortune. L’éclair, la nuit et ses mille délices – et ses mille farces sournoises. Et une façon d’écrire quelques lignes – quelques livres – où se mêlent le désir et l’indifférence – la vérité et le mensonge. Comme une larme infime au fond de l’océan…

 

 

De modestes jours et de vains combats. Et ces fleurs, un jour, posées sur la tombe. Comme le bouquet final – un peu ironique – pour célébrer le provisoire et le trivial…

 

 

Le passage – le glissement du songe à la rive – tous feux éteints. Sans yeux ni visage. Et sans même une étoile où poser son rêve ultime. Bandeau arraché par la fureur des vents. Et la vérité, soudain, aveuglante – blanche – éclatante – sur ce que nous avions pris pour le monde et la nuit…

 

 

Du rêve encore sur la langue. Et ailleurs – partout ailleurs – le vide et le silence. Le règne de l’Amour et toute la boue de l’univers…

 

 

Quelques instants arrachés à la torpeur et au sommeil pour se laisser débusquer par la lumière – le frôlement presque indécent du jour…

 

 

Seul au milieu de la crasse et des carapaces sauvages – brutales – presque analphabètes – qui sèment la terreur et la détresse. Qui exaltent la danse et la mort. Et qui jouent avec le feu, les mensonges et les vivants. En instruments dociles des instincts. Comme les petites mains de l’absence allant, avec rudesse et brusquerie, à contre-courant de la possibilité et de l’évidence…

 

 

Quelque chose étouffe dans les empires apparents – au verbe haut et à la gloire si magistrale – bâtis comme de pitoyables châteaux de cartes – de provisoires châteaux de sable. Avec le souffle premier tenu en laisse peut-être – qui rêve de liberté – d’une existence affranchie des parures, des postures et des mensonges. Et qui exalte la solitude joyeuse éloignée du succès et des étoiles – de toute reconnaissance – excepté celle du regard posé au fond des yeux et de la douleur ; l’étincelle brûlante – le seul désir sans doute – cette folle envie de vérité que ni le monde, ni le temps, ni la mort ne peuvent entamer…

 

 

Quelques plis, un fouillis, un rire, quelques grimaces. La solitude et l’infortune. La torture des âmes, la nuit et le regard inscrit déjà – plus bas et plus loin – dans l’aube…

 

10 juin 2018

Carnet n°150 L’époque, les siècles et l’atemporel

Regard* / 2018 / L'intégration à la présence

* Ni journal, ni recueil, ni poésie. Un curieux mélange. Comme une vision – une perception – impersonnelle, posée en amont de l’individualité subjective, qui relate quelques bribes de cette vie – de ce monde – de ces idées – de ce continuum qui nous traverse avant de s’effacer dans le silence…

Un jour, un rêve et l’immensité de la plaine à explorer. Le ciel, les arbres et toutes les figures de la solitude. Quelques livres – quelques lèvres – où puiser la force d’aller – et de poursuivre la marche sans s’effaroucher des malheurs. La nuit, le jour et l’âme terrée dans son abri – quelques branches recouvertes de lumière. Le chemin, quelques heures – quelques décades peut-être – pour jouir de son sommeil ou s’en extirper…

A corps – et à cœur – perdus au milieu de ce qui dure…

Une blessure, un chemin. Et l’ombre d’une rivière qui monte en silence vers la ligne où nous nous tenons. Sur la frontière où se rejoignent le monde et l’infini – la poussière et le soleil…

 

 

La terre et le ciel – limpides. Et le vide pour horizon. Ainsi se tient l’œil sensible au regard qui (en lui) efface les offenses et les ténèbres – le monde – le souvenir et la peur…

 

 

Un sursaut dans la lumière – comme un fouet sur l’âme – un incendie de papiers froissés – pour faire naître l’essence d’un langage voué à l’émerveillement…

 

 

Comme l’eau d’une rivière où s’écoulerait nos rires et nos larmes jusqu’à l’océan – jusqu’aux sources premières de la goutte. Emportant, avec eux, les obstacles, les murs et les tentations – l’arsenal des poètes et tout l’attirail des hommes…

 

 

Un trou, un trottoir, un bruit. Et le pas si pressé des hommes qui creusent leur tombe et étendent les bras avant même d’avoir entrevu la lumière…

 

 

Un rêve, une parole, un soleil. Et ce froid si vif – si brûlant – qui nous empêche de voir, de croire et de voyager au-delà du connu…

 

 

La tristesse comme un cadenas accroché à nos grilles – à nos lèvres – trop hautes – trop muettes – pour attendre la fin de l’automne enceinte déjà par quelques monstres féroces…

 

 

Paix au milieu des anonymes – de ceux que nul ne voit – et que nul ne connaît – et dont chacun, pourtant, se sert comme d’un décor…

 

 

Herbes et vents constellés de rêves étrangers sur lesquels on pose des chaînes et un peu de lumière pour attirer et piéger les yeux…

 

 

Un cercle que vient lécher le ciel – gardien d’un secret amoncelé dans les entrailles qui suscite tant de convoitise chez les hommes…

 

 

Vague tribu – et cette agitation des esprits en sommeil qui croient marcher et emprunter des chemins alors qu’ils rêvent – et ne s’excitent que dans un songe – téméraires par procuration dans un monde de fantômes et de silhouettes – ombres, tout au plus, levant les pieds, les bras et les poings dans la brume et la nuit…

 

 

Une parole brève – une lune suspendue – et les lignes de vie attentives aux larmes et aux printemps – à la figure triste des âmes, des bêtes et des hommes qui se balancent entre les feuillages caduques des grands arbres de l’été – et aux paumes de l’hiver tendues vers nous et nous suppliant de brûler les restes de notre effroi…

Rumeurs d’un monde – rumeurs d’un songe – plus vieilles que le temps…

 

 

La nuit veille sous nos masques – s’éreinte à déchirer le peu d’espoir sous la croûte épaisse de la désespérance en calfeutrant la fenêtre à travers laquelle le jour se lève et grandit…

 

 

Sur notre peau, ce grain de lumière à peine décelable que l’homme entaille avec approximation pour y dégoter un silence impossible…

 

 

Les routes s’élargissent et se perdent – dessinent une sorte de carrefour – un centre où tout arrive – où l’on tourne en rond comme les bêtes d’autrefois sur le grain ou autour d’un puits pour offrir aux hommes un peu d’eau ou matière à leur pitance…

 

 

Mille bouches – mille victuailles. Et l’appétit rassasié qui fait naître le regain du ventre – le désir d’une autre faim – celle de s’étendre et de se répandre sur les rives et les mers du monde. L’enfantement et le recommencement de la descendance. Mille bouches supplémentaires qui se rassasieront de victuailles et enfanteront, à leur tour, mille générations nouvelles…

 

 

Tout n’est qu’expression – expression du silence ; unique créateur, unique spectateur et unique toile de fond du manifesté – de l’ensemble des phénomènes…

 

 

Une présence intouchable ; la sagesse. Et un regard sensible à tout ce qu’il pénètre ou effleure ; l’Amour…

 

 

Pêcheurs, flâneurs, laboureurs, chasseurs, travailleurs, voyageurs. Une foule de visages, assoiffés de bonheur et de sang, qui recouvrent et saccagent la terre…

 

 

Silencieux – immobile – on attend la métamorphose. La conversion de la férocité en poème. Le jour et ses percées franches dans la nuit. Et dans le ciel – et sur la terre – la constellation de l’innocence. La sérénité et l’ampleur de la sève incandescente. Le souffle du Divin sur nos vies. La vision parfaite, en quelque sorte, sur l’effondrement des siècles et nos visages étonnés…

 

 

Tout se précise dans le renversement de la folie ; la terre, le monde, la vie, la mort, les visages – et l’humilité nécessaire à l’effacement de toute emprise. Les jeux inévitables et l’innocence retrouvée au fond des yeux…

 

 

La nuit comme miroir. Reflet d’un sommeil fécond. Le lieu de l’ignorance et des catastrophes. Et la possibilité du jour timide qui s’annonce…

 

 

L’effroi dessiné sur nos visages plongés, tels des insectes, au cœur de la grande toile – vie et monde – secoués par les vents furieux – enfantés par un souffle inconnu. Fils, liens mystérieux et destins tragiques…

 

 

Fleurs, mémoire, griffes, bouches et crocs plantés dans la chair – douloureuse – gesticulante – offerte – prêtée peut-être – aux uns et aux autres. Yeux fermés posés contre les murs – défaits par l’horizon. Quelques signes – et quelques grimaces – façonnés par la stupeur et l’interrogation. Le ciel et le silence. Et Dieu introuvable jusqu’au cœur de la tombe. La vie, la mort et le prolongement de tout. Le recommencement permanent du même destin livré aux supplices et à l’incompréhension…

 

 

Potences triomphantes partout. Du sang, des agonies et quelques bougies allumées dans la nuit pour mendier au monde – aux hommes – au ciel – une explication – un sens – une réponse moins âpre et moins rêche que le silence…

 

 

Ce qui bouge à travers nous n’a la couleur de nos ratures – et pas davantage l’odeur de notre corps. L’élan peut-être du silence qui cherche à nous exposer l’origine du bruit et la nécessité des danses. Comme une pierre aussi légère que l’air – posée un peu partout – et traversant le ciel pour nous montrer la voie…

 

 

L’hallucination et le délire comme unique spectacle. La croyance mastiquée jusqu’à l’usure. Et le froid vif arrachant au cœur le droit de vivre et le feu nécessaire à la découverte – et à la traversée – d’un monde infini replié dans celui-ci plus terne, plus triste et moins définitif…

 

 

Un secret au fond d’un seau que chacun porte comme une charge – comme une douleur…

 

 

Tout s’enchaîne et se débat dans un puits qui peut-être – qui sans doute – n’existe pas. Une sorte de gouffre dessiné par l’ignorance – aux parois rouges et grises recouvertes de boue et de sang – au centre duquel patiente le ciel – le plus vrai du monde – l’être libéré des chimères – celui qui vit au milieu des visages – au milieu des destins – qui est tout et personne. Cette présence au parfum de joie au cœur de toutes les vies – au cœur de toutes les tristesses…

 

 

Un peu d’innocence à naître sur la neige qui s’est substituée au sable et à l’attente…

 

 

Une voix, des graines à foison. Chaque jour, le même élan – le même tourbillon – du langage qui cherche un chemin sur la page – et à faire revenir (ou, à faire naître, parfois) sur les visages le même silence…

Le miroir du monde – le miroir de toutes choses – jusqu’à l’effacement des noms sur les destins…

Quelques gribouillis sur les eaux boueuses du temps…

 

 

Assoiffé de cette ampleur véhiculée par le monde – de cet infini suspendu au visage de l’éphémère…

 

 

Une fenêtre, un paysage. La tête et ses numéros – la tête et ses spectacles qui font tourner les pas et les âmes au milieu de leurs combats. Et un rire, soudain, qui surprend les ombres qui passent – et les larmes abondantes qui coulent sur les joues. Un air de tristesse et d’incompréhension retenu au fond de la gorge. Quelque chose aux allures de menace – une prière, peut-être, au fond de la peur. Le triomphe du silence sur le désarroi – et ses filles de misère qui ligotent toutes les mains tendues vers n’importe quoi

 

 

Un long chemin à suivre – pas à pas – au milieu des visages et de la mort – au milieu des mains qui martèlent leurs rêves sur l’asphalte et le béton fabriqués par les hommes. La main tremblante et la nuit parcourue – et retournée dans tous les sens parmi les rires et les larmes de ceux qui vivent et espèrent encore…

 

 

Tout s’enfuit – tout s’en va au fond d’un long couloir sombre – aux rideaux opaques – aux murs hauts et sans fenêtre. Tout s’éclipse le moment venu – disparaît et s’efface avant de revenir habiter la mémoire et le monde d’après sous d’autres traits – et avec la même ambition – et le même appétit de découvrir le secret de tous les passages…

 

 

Tout se trouble à notre arrivée. Tout s’éloigne durant la traversée. Le sommeil succède au temps. Et l’espoir aux souvenirs…

Rien ne dure – pas même les ombres qui en nous – devant nous – partout – s’agitent. La vie passe. Et le soir arrive déjà. Et avec lui surgit l’hiver…

La solitude, si riche autrefois, se dépeuple. Elle devient rude – aride – puis se dessèche. Les yeux alors voient la mort s’approcher – et lui font face. La terreur incise notre faim et notre angoisse.

Peut-être ne nous réveillerons-nous plus…

 

 

Poussière, nuit, silence. La trajectoire de l’infime vers l’infini. Et ses mille points de passage où il faut (toujours davantage) se dépecer – et s’effacer jusqu’à l’anéantissement final – jusqu’à la dissolution de tous les restes du destin

 

 

Lumière, porte, chemin. Lignes d’un seul jour – d’une seule vie. Traits informes – malhabiles – qui, peu à peu, dessinent notre vrai visage – et la nuit – et le jour alentour – au-dedans – partout où l’âme s’immisce…

 

 

Le même silence qui, autrefois, s’impatientait en langage – en mots foisonnants jetés sur n’importe quoi – contre n’importe qui

 

 

Tout s’éreinte, s’abîme et se casse – jusqu’au plus sombre des rêves – jusqu’au ciel – jusqu’au silence infranchissable…

 

 

Les frontières comme un vertige étagé – des tronçons de terre lacérés par la faim et le manque – et le désir de possession à l’épreuve de l’invisible qui veille et guette nos défaillances…

 

 

Prisonniers d’un monde – de chaînes – d’une folie à hurler. A la recherche d’un rêve, d’un point, d’un coin d’herbe verte pour échapper à l’affrontement. Acquiescer à tous les délires pourvu qu’ils nous délivrent de l’amer – de l’étrangeté de vivre en exil au cœur d’un monde voué à la désespérance…

Le ciel d’une nuit parfaite – et si déplaisante, pourtant, pour les yeux inaptes au consentement…

 

 

L’âme agenouillée au milieu des débris, des gravats, des éclats – soudée à tous les recoins du monde qui protègent de la violence. Le sommeil et la mort plutôt que la lumière – si vive – si aveuglante – et le clignotement de quelques étoiles en guise de paix et de silence…

 

 

Un front, une porte, un ciel. Et tous les orages – et les vents qui s’abattent et dévastent les yeux englués dans la brume – sur les horizons. Quelque chose, pourtant, se détache – et glisse, peu à peu, du rêve vers le réel. Quelque chose – un infini peut-être – comme le revers de tout destin qui se cache au cœur de l’effacement. A l’envers du temps et des visages rompus par nos pas qui s’avancent – au-delà des barrières qui encerclent la mort…

 

 

A corps – et à cœur – perdus au milieu de ce qui dure…

 

 

Une blessure, un chemin. Et l’ombre d’une rivière qui monte en silence vers la ligne où nous nous tenons. Sur la frontière où se rejoignent le monde et l’infini – la poussière et le soleil…

 

 

Boîtes, angles, ponts, boussoles. L’attirail des hommes sous les nuages qui voyagent sans carte ni précipitation – attentifs au ciel – naviguant sans crainte au milieu des étoiles – libres, en somme, au cœur de leur destin…

 

 

Source du feu et des malheurs jetés – presque au hasard – sur la paresse des visages. Le sort des voyageurs. Les vagues qui chantent. Les flammes, la glace et la mort. Les vents qui hurlent – et que croise, parfois, le regard. L’œil, la route et le destin des noms qui se querellent et se dévisagent. Un peu d’écume dans le silence. Les plis d’un monde ignorant – et ignoré du plus sublime – qui abhorre l’incertitude…

 

 

Un reflet, une ville endormie. Et au milieu du sommeil, le regard de l’homme posé au-dessus du monde – appuyé au jour et au silence – qui contemple les bêtes et la peur – les visages griffés et le bruit des bottes par milliers – par millions peut-être – fiévreuses sur les routes qui serpentent autour de la même prière…

 

 

Un jour, un rêve et l’immensité de la plaine à explorer. Le ciel, les arbres et toutes les figures de la solitude. Quelques livres – quelques lèvres – où puiser la force d’aller – et de poursuivre la marche sans s’effaroucher des malheurs. La nuit, le jour et l’âme terrée dans son abri – quelques branches recouvertes de lumière. Le chemin, quelques heures – quelques décades peut-être – pour jouir de son sommeil ou s’en extirper…

 

 

Visages anonymes – passés inaperçus – sur ces routes où défilent le hasard et le moins célébré. Des yeux, des mains et des grimaces au bord des chemins – avachis – exténués – enfermés dans l’espoir d’un espace moins exigu que le monde.

Les portes qui se referment. Le vent qui cingle et ravive le désir de voyage. La mer, le temps et les voilures toujours amarrées aux quais. La caresse rêvée d’un ailleurs. La prudence de toute avancée. Les ruines, la fuite et l’imaginaire. Quelques départs et la mort qui s’avance – qui s’approche. La fougue, la grève et les tournants à chaque ligne nouvelle. Le recommencement, en somme, du même horizon – du même pas – du même destin – plantés entre le réveil, les mirages et cette douloureuse sensation d’exister…

 

 

Nous marchons avec, au front, cette ardeur des exilés qui savent que toute vie est un voyage – un mensonge – un retour (presque) impossible vers la seule patrie acceptable – ce lieu caché en chaque lieu – cet air de fête et ce rire jetés en contrebas de la tristesse. L’angle sous les larmes et la désinvolture des pas. La lumière au milieu de la fenêtre. L’âme adossée au mur affrontant ses démons et les épreuves du temps. Le visage de l’horizon enfoui sous les couleurs de l’immobilité et de l’évidence. La joie à naître au fond de l’incertitude…

 

 

La main d’une étoile posée sur le ciel ouvert – défait des ombres et des cris étouffés au fond de la gorge. La lumière triomphante qui a précédé cette nuit glaciale – interminable…

 

 

Lèvres et visages tissés de soleil et de certitudes. Allumés par la main indécise – délicate – magistrale – de l’aurore – inquiète de nous voir batifoler sans conscience au milieu du doute et de la rosée…

 

 

Un jour, une lampe. Et l’évidence d’un Amour plus vaste que la peau – et plus clair que le sang – qui s’offre à nos poitrines rampantes au milieu de l’effroi et des simagrées – parmi les visages et les épines du monde…

 

 

Place vide. Et l’ombre qui nous retient comme des doigts agrippés à notre veste. Murs pareils aux autres. Choses entendues et secrets révélés. Et la langue qui profane l’univers, le ciel et le silence – et la joie grave (et si discrète) de ceux qui savent

 

 

Le frémissement de la chair le long du poème. Et l’âme tout émue par le silence posé sur la table – entre les lignes. L’invisible en marche – en avance sur nos pas. Une bougie, le mystère et la mort qui frappe encore après la fin de l’espérance. Le vent, la nuit et le noir. Et ces peurs insurmontables. Le réel plus large – et plus intrépide – que nos chuchotements. Une présence délicate que nul jamais n’a su voir. Ce qui remue au fond de la gorge. Le monde en mouvement et la joie de tout accord…

 

 

Absence, manque, trous recouverts d’angoisse, de tentatives et d’attente. Le moins réel de notre vie. Quelque chose entre le désespoir et l’envie sur fond de solitude – (presque) inavouable…

 

 

Quelques mots – quelques lignes – en marge de la lutte et de l’attente. Et tapies sous l’angoisse, quelques déchirures. Et derrière elles, la magie du plus quotidien et le ciel (devenu) accessible. Le mystère (enfin) révélé des drames et des naissances. Un souffle lucide entre le silence et la faim de l’homme. Le seul voyage possible à travers le monde et les destins…

 

 

Chants, prières. Et ce qui s’élève vers le plus vivant du mystère. Une voix, quelques bruits, quelques pas – un geste au-dedans de ce qui cherche pour renverser les yeux vers le seul univers possible – vers le seul univers existant – suspendu au souffle et à l’attente de jours plus tendres…

 

 

La nuit, le jour – et partout, l’incendie de se résoudre. Les fenêtres et le silence. La joie, la voix et le mystère. La quête enfantée avant le renouveau – avant chaque renouveau. La fibre de l’homme, en somme. Le rêve de chacun avant que ne nous fourvoie – et ne nous attriste – le monde…

 

 

Tout se déchire – et devient incertain – en particulier au cœur des drames qui donnent à notre visage cette tristesse insondable – et l’élan nécessaire, peut-être, pour déterrer ce qui dure – et ce que nul ne peut entamer, dérober ni corrompre. Cette joie – cette lumière – ce soleil – au milieu de tout ce qui crie – au milieu de tout ce qui geint et se répand en prières inutiles…

 

 

Chemin faisant, la poussière s’accumule – s’agglomère sous les souliers du vent – sous les semelles du temps. Dans cette mémoire engrangée sur les sentiers du monde. Les désastres, le feu et les déserts. Et la cendre sur nos yeux souillés de larmes. Les pieds nus dans les drames, la rosée et le sang…

L’âpre métier de l’homme livré aux malheurs et à l’espoir – condamné à renouveler son destin pour aller moins triste – et plus sage – parmi les têtes si lasses de tourner en rond – parmi ces visages sans âme – au cœur des jours – au cœur de ces fêtes absurdes et sans importance…

 

*

 

Chacun – tout au long de sa vie – sur son petit coin de terre (ou son petit carré de page) – offre son plus précieux*. Dispense, malgré lui, aux uns et aux autres les dons singuliers* qui lui ont été accordés.

* d’apparence positive ou négative – voué(s) à créer, à protéger ou à détruire – qu’importe !

Et chacun vit – et agit – ainsi en infime et anodin maillon – essentiel – et pourtant remplaçable – apportant sa pierre à l’édifice commun – et contribuant à l’interminable construction de la demeure partagée – cette monstrueuse et incontournable entité en perpétuelle évolution que nous appelons le monde…

 

*

 

Au fond de l’inachevé, cette terre haute et cet œil unique – indéfinissables – que nul ne regarde – et dont tous les jeux nous distraient et nous éloignent…

 

 

Un cœur, un poêle, un plafond. Et la mémoire qui empile les peines – et les couvertures sur ses blessures. Et que nul jamais ne prend la peine d’embrasser. Une solitude enfouie au fond du sourire – entourée de hauts murs blancs et de cette joie d’aller plus libre au milieu du monde et des visages…

 

 

Des boîtes, des bains et mille pétales jetés au milieu de la nuit. Un regard, quelques signes et les étoiles infiniment brillantes qui persistent au-dessus des toits…

 

 

Aucun rêve – des myriades d’étoiles et de légendes. Le mythe des vivants et de la mort. L’élan nouveau vers une terre plus aimante. Le vertige du savoir couronné par le néant et la certitude d’une sagesse analphabète…

 

 

Des tirades – quelques signes reconnaissables sur la page. Le destin d’une œuvre aux frontières de l’ineffable – incomprise – trop écorchante – trop chavirante pour les âmes accrochées aux plaisirs et au hasard des rives où l’arrogance est devenue le masque de l’ignorance et de la bêtise (presque entièrement) assumées…

 

 

Gouttes, larmes, joyaux. La soif de tous les départs. Et l’amorce d’un appétit intarissable – cette part de rêve en nous repliée sous le désir et l’ambition…

 

 

La fougue du plus sauvage luttant à mains inégales contre le sérieux du savoir et du langage. La folie de la parole face à l’écoute patiente – presque sensuelle – quasiment charnelle – des mondes et des récits de voyage. Cette sagesse cachée sous les instincts. L’écho d’un délire – de mille délires – et d’une absence. La preuve (un peu vague sans doute) de l’Amour qui se cherche sur les visages…

 

 

Une vallée, des yeux, des jalons. Et les chemins comme les fleuves transportant l’eau et les larmes – et les âmes happées par les courants puissants et dévastateurs – fuyant le destin et les noyades inévitables – allant, de détour en méandre, vers l’infini des océans.

Et ces visages tristes – recroquevillés sur le sable des rivages – abandonnés là par la danse furieuse et incertaine des flots…

 

 

Festins (à peine) interrompus par les doléances (ou les louanges plus rares) de ceux que l’on écarte des banquets – envieux parfois mais, le plus souvent, trop révoltés et réprobateurs pour être écoutés – et reconnus comme les porte-drapeaux d’une vérité plus belle (et plus vraisemblable) que celle imposée par le monde et ses visages orgiaques et indifférents – trop insensibles et arc-boutés sur leurs privilèges pour accepter la différence…

 

 

Mains, flaques, mépris. Et cette invitation à croire en la valeur de l’arrogance – ce vernis de certitude sur le sable de l’ignorance…

Statues incompréhensibles – immobiles – rafistolées par la colle de quelques idées – de quelques dogmes et idéologies – pour se convaincre d’être nés du bon côté de la frontière – séparant d’un grillage (et de mille barbelés parfois) la barbarie – le sauvage proclamé – et la bien-pensance – la raison et le plus sage…

 

 

Nous dessinons en gestes imprécis ce que le silence s’acharne à nous révéler ; l’inutilité des images, l’étrangeté (ou l’absurdité) de la parole et la vérité apophatique de notre présence – si indiscutable…

 

 

Une danse au cœur de mille danses. Un chant au milieu de la parole et du silence. Un cœur parmi les mains tendues – suppliantes. Une présence face à la mendicité des âmes et du monde. Notre vrai visage enfin révélé derrière le miroir, les reflets et les apparences…

 

*

 

Conscience et vie terrestre. Un seul regard – sensible et invisible – posé hors du magma (énergétique) et immergé au cœur du mélange, de la diversité et de la récurrence – de cette entité évolutive et intra-active…

 

 

Epoque et monde (triste monde et triste époque) de l’individualité, de la réussite et du spectacle qui imposent leurs valeurs et leurs paradigmes – et n’offrent aucune alternative à ceux qui y vivent ou fréquentent les hommes ; narcissisme, marchandisation (à outrance) et représentation (show permanent) saupoudrés d’humour, de sensationnalisme et de fausse décontraction où l’apparence et la promesse trop facile (de bonheur) prévalent sur la profondeur et le réel – et sur la lucidité nécessaire pour faire face aux circonstances et à la complexité d’être au monde

 

*

 

Dire encore ce que les mots ne peuvent révéler. Le refus – et l’absurdité des principes et des idoles. La vacuité de la parole et de la pensée. L’indigence de toute forme d’expression. L’impossibilité de vivre. Le silence – et les bruits de l’Absolu et du monde réunis. Le fil des jours et l’éternité. Le rêve plongé au cœur de l’homme. Ce qui traverse le ciel, la mort, les peines et les prières. Le bonheur – que dis-je ? – la joie d’être et du plus simple. L’effacement – et le bannissement du mensonge – au profit de l’incertitude et de la vérité. La perte – et la disparition des noms et des visages. L’insaisissabilité de toute existence…

 

 

L’aube entre quatre murs – prisonnière – aperçue par la fenêtre de la nuit – délivrée du pire…

 

 

La naissance du jour au fond de l’œil survivant – désobstrué…

 

 

La vie offre l’ivresse des départs et de la continuité – et assez de force et de courage pour la traverser (de bout en bout) et affronter les tempêtes et les orages – les épreuves du monde, du vent et des visages – mains posées sur la terre – yeux et bras levés vers le ciel silencieux – et l’âme chavirée par les élans – poussée à hue et à dia vers la mer et tous les recommencements…

 

 

L’aumône dressée dans la pénombre. Le jour déraciné. La poitrine lancée comme un soleil vers ce qu’arrache la mort. Lumière et soif. Le cœur fragile – pétri par les eaux dormantes qui s’écoulent – lentement – entre les rives où sommeillent les hommes. Le vent et le corps surpris par les rires et les larmes. Le destin d’un peuple livré aux périls et aux mensonges. L’aventure de toute existence, en somme…

 

 

Peuple du bord du monde – initié au très-bas et à l’enfance – l’innocence rare – pleine presque toujours – au cœur de l’âme – qui inscrit ses pas dans l’ordre des jours – et obéit aux marées et aux vents qui poussent les visages vers des lieux déjà mille fois traversés…

 

 

Un hivernage solitaire sur le versant d’un vide moins cruel qu’on ne l’imagine. Un ciel, un souffle, un rivage. Une fenêtre sur les étoiles d’autrefois – si lointaines à présent. La courbure d’un rêve au milieu d’un désir – presque éteint. La joie d’un destin scellé dans l’incompréhension et le silence…

 

 

Simple – à genoux devant tant de siècles incompris – incompréhensibles – avec cette foi des innocents revenus du monde et de la mort – et avec, sur les lèvres, ce sourire incorruptible…

 

 

Tout prend place, à présent, au centre de nous-mêmes ; le blanc, la nuit, le vent – l’encre, la pluie, les larmes et les visages. Et ces chants terribles au milieu des carnages…

Le bonheur discret et énigmatique, en somme, de ceux qui ont choisi le silence

 

 

Une pensée lointaine – exercée hors du langage. Quelque chose comme une avancée dans la fuite – un retour vers l’essentiel et le plus urgent. Un silence – une innocence aux pieds nus offerte à la main du poète qui retranscrit sur ses pages le baiser joyeux (et impérissable) d’une aurore jamais compromise…

 

 

A l’écart du plus inavouable – ce désespoir et cette incompréhension des foules et des têtes enfouies dans la misère. La dévastation née du temps – aggravée par le monde et la présence des hommes. Ce lieu de la tristesse où tout revient mille fois, agonise et recommence…

 

 

Le seul voyage possible entre le jour et ce qui s’efface – entre la terre et l’infini. L’éternité à portée de l’éphémère…

 

 

L’enfance d’un ailleurs aux murs blancs – et défraîchis par des siècles de solitude – abandonné(e) au ciel, à la lumière et au silence d’un temps toujours neuf depuis l’origine du monde…

 

 

Nous regardons la fin du temps, l’horizon au loin et ces vies rompues – défaites d’avance par cette langueur – cette tristesse à vivre en deçà du seuil vivable – loin – si loin – de la joie – inaccessible depuis ces rives où la cendre n’engendre que l’espérance d’un possible et d’un ailleurs – jamais leur franchissement…

 

 

Et cette angoisse à vivre entre la terre et le ciel – dans l’indifférence juvénile des peuples. Couronne de la différence posée sur la tête…

Avec un Dieu immobile terrassant les fronts obstinés dans leur sillon. Le miroir de la mort face aux yeux baissés – terrorisés à l’idée de devenir et de s’écarter du chemin tracé par leurs aînés. Puis, le désert et le souffle naissant – et cette aurore jaillissante au milieu de la violence et de l’effroi. La naissance, en quelque sorte, du privilège atemporel pour ceux qui ont su traverser la misère des siècles – et l’indigence de leur époque…

 

 

Rien. Un peu de temps qui s’écaille sur nos jours trop rêches. Et l’évidence d’une perte inconsolable. Dieu en nos murs – au cœur de nos jardins – inaccessible sans la fébrilité d’un élan…

 

 

Tout se rue – tout accourt vers la lumière. Les rêves et les yeux posés sur l’asphalte sans promesse. Les vœux et la chair partagée qui s’essouffle sous les coups. L’esprit abandonné à ses délires. Nos mains pressées les unes contre les autres. Les siècles arrogants et les époques sans éclat. Les vieux, l’enfance et tout ce qui se sent étranger au bonheur célébré par le monde…

 

 

Les juxtapositions s’enchaînent avec malice. Rampent – pénètrent et salissent le monde et la langue. Déblaient les fausses évidences et les tournures lumineuses. Les convertissent en obscurité et en non-sens.

Juxtapositions joyeuses et incertaines. Un peu folles pour tout dire et épuiser l’esprit – et apprivoiser ce qui se tient au-delà de la raison – au-delà de la pensée – ce soleil – ce silence – soulignant la valeur inouïe – presque insensée – de toute existence libérée des lois, du vent et de la nuit – libre d’aller où bon lui semble – réconciliée avec l’envergure d’avant le monde et la parole…

 

 

Foules et feuilles toujours silencieuses. Au fond des draps et de la détresse. Tremblantes au cœur d’un bonheur mâché jusqu’à l’os – et (pourtant) à peine susurré. Feignant le rire là où il faudrait pleurer. Appuyées sur tant de fausses certitudes. Arrogantes et attendant, malgré elles, le pardon. Inconscientes, confiantes et tristes face à leur dispersion et leur émiettement à venir. Avec cette passion muette au lieu d’être chantante – et le désir trop puissant de la terre – et la nuit si encombrante pour espérer la moindre percée – la moindre accalmie. Les yeux trop lourds – trop chargés sans doute – pour voir au-dedans – au loin – partout – arriver, avec l’aurore, l’achèvement d’une époque, la fin des siècles et l’ère nouvelle – et toujours fraîche – de l’atemporel et du recommencement…

 

3 juin 2018

Carnet n°149 Destin et illusion

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Néant, cachot. Habitudes de la première heure. Pas trop pressés. Fossés, dérives et l’horizon comme détention – le lieu irrévocable de toutes les foulées – de tous les destins…

Des lèvres, des chemins, un peu de chance au milieu de la nuit. Et la suite (à venir) chahutée déjà par le monde et les Dieux cachés au fond de nos instincts…

Vide, silence – un rien pour s’émerveiller de ces choses et de ces visages qui, dans leur chute, cherchent un appui – un horizon – un moyen d’éviter l’effroi et la mort – quelque chose qui n’existe pas…

 

 

L’éphémère du monde – de toute existence. Le provisoire de toute chose – de tout visage. Martelés par le temps qui passe. Etrangers – inexistants – pourtant au regard de l’instant – cette présence immobile – inchangée – inchangeable…

Ce qui demeure (à notre grand étonnement) neuf – sans mémoire ni attente – porteur toujours d’innocence et d’émerveillement – de cette curiosité et de cette gratitude de toutes les premières fois

 

*

 

[Préambule pluriel]

 

Nous sommes moins la main de notre destin que celle du destin des autres.

Et toutes ces mains constituent (en s’assemblant les unes aux autres) la trame solide – féroce – implacable – de toute existence – les rails inamovibles, en quelque sorte, qui dessinent, à chaque instant, le chemin…

 

 

Le quotidien éternel et passager – incorruptible à travers les âges et les siècles. Et l’instant souverain. Révélateurs, en dépit des dérives et des rêves, de notre sagesse à vivre…

 

 

Tout revient comme l’eau du fleuve – à travers ses mille visages…

 

 

Donner la mort – et estropier la vie et le vivant – devraient exalter notre indignité à vivre…

 

 

L’attention est au commencement du plus sacré – à la source de la sensibilité et de la gratitude…

 

*

 

Gisent avec nous, en chaque heure, les ruines sans cesse recomposées d’un passé inutile – fait de rêves, de blessures et de refus – qui encombrent et rongent notre présence actuelle

 

 

Une eau nouvelle afflue – gorge nos bouches suspendues à la parole si ancienne des sages – délivre nos cœurs de leurs idoles – encourage la perte autant que notre angoisse à vivre sans certitude au milieu d’un monde inconnu – mystérieux – toujours aussi étranger…

 

 

Des larmes, du sang et de la honte – incrustés entre les tempes – jusqu’à celles des plus insensibles…

 

 

De la chair et des masques pour donner libre cours aux tortures. Et cet abandon à de vieux gestes coutumiers pour repousser la peur – et soumettre l’esprit à la torpeur – au refus d’assumer (trop consciemment) ses œuvres…

 

 

Miasmes, luttes, mensonges. L’enfer fabriqué de toutes pièces – et que l’on agite comme un épouvantail pour effrayer les âmes trop crédules…

 

 

Rires trompeurs face à la solitude et au marasme – face à ce monde aussi fou qu’indigent…

 

 

Au plus près d’une main – et d’un chemin – qui ne pourront jamais (nous) délivrer de la mort…

 

 

Le front rouge comme un éclat de sang qui se risque en pas timides vers la chute – vers la mort – et qui répand son parfum, sa peur, son angoisse sur ce qui ne viendra peut-être jamais assouvir son désir ; le rêve d’un ailleurs affranchi du déjà vu pour donner à l’inconnu toute sa fraîcheur…

 

 

Au milieu des affronts et des outrages – l’âme frêle – le front et les mains démunis – sans âge, sans Dieu, sans aile. Répétant à l’envi le nom imprononçable – et incompréhensible sans doute – de l’innocence aux hommes – fatigués – las de tout voyage – échaudés par mille Dieux et mille promesses non tenues (et intenables). Livrant un secret presque indicible à des bustes trop craintifs et à des épaules trop fragiles – trop fourbues – pour se redresser dans l’incertitude et aller, confiants, vers la seule sagesse possible

 

 

Néant, cachot. Habitudes de la première heure. Pas trop pressés. Fossés, dérives et l’horizon comme détention – le lieu irrévocable de toutes les foulées – de tous les destins…

 

 

Pluie, pensées, roseaux. Mains et sourcils levés. Un doigt sur les lèvres pour taire le cri et la stupeur. Un coin de terre – un bout de ciel – pour apprivoiser un visage et quelques lèvres peut-être. Et trouver le courage de vivre dans le désordre du monde et des âmes. Quelques pas – quelques bruits – dans le silence. La solitude et le désert inhabités. Une lampe – un peu de lumière – pour déchiffrer quelques signes sur les pages – dans des livres mille fois ouverts – parcourus dans la précipitation – avec l’ardeur de ceux qui cherchent… Et la mort, bientôt, qui déchirera notre destin pour nous pousser un peu plus loin sur le rivage…

 

 

Naître – se redresser – vivre debout. Puis, chanceler – et poursuivre à genoux parmi les vents fébriles et la poussière tenace…

Porter le mystère jusqu’au bout de l’allée – jusqu’au bout de cette nuit sans cesse renaissante. Et continuer à croire, à prier et à désirer ce jour – cette lumière – que notre âme n’aura, peut-être, qu’à peine effleuré(e). Et mourir allongé parmi les fleurs – sur le sable et les pierres qui nous auront vu naître et chercher partout sans comprendre l’envergure du ciel et du silence plongée au cœur de chacun de nos pas…

 

 

Toute vie est le recommencement du temps et du vide suspendu à l’espoir. La promesse des retrouvailles avec un monde perdu en nous-mêmes…

 

 

Maintenant n’est plus cette larme ni cet espoir livré(e) au pas suivant. Pas davantage que le souvenir d’un âge meilleur – d’un autrefois regretté. Il commence et s’achève ici même – à cet instant. Composé de tout – de presque rien – d’une innocence presque inavouable – presque incompréhensible pour les esprits trop temporels – et d’un silence qui dure – qui durera encore – qui durera toujours…

 

 

Tout passe, roule et se baigne quelques instants dans l’eau claire de la source avant de retrouver le monde et de regagner, un jour, les rives du silence. Ainsi tout s’efface, renaît et recommence…

 

 

On attend au creux de cette main magistrale la visite du vent et des fleuves, la fin des croisades et la caresse attentive de l’éternité – cet instant hors du monde – défait du souvenir et du temps…

 

 

L’inconnu arrive – se faufile entre nos tours et nos remparts – et gagne, peu à peu, le donjon où nous vivons perchés – en retrait – en surplomb des douves inutiles. Et voilà qu’il se met à tout chambouler – à semer la pagaille dans nos ordonnancements – et à plier, une à une, les armes amassées dans notre forteresse – inutilisables désormais pour se protéger des circonstances. Et nous voilà, bientôt, plongés dans le mystère et l’incertain avec ce regard craintif et émerveillé qui contemple ce qui va arriver – tous les visages, si terribles et sages, de l’inconnu qui s’avance

 

 

Quelque chose passe – halète – qui porte avec lui l’histoire du monde tombé dans la béance des insoumis. Quelque chose arrive sans ordre chronologique – qui donne et blesse dans un curieux mélange – en nous faisant oser un regain – une vie supplémentaire – un surcroît d’âme peut-être – pour accueillir les visages, les cris et l’Amour – les prières désenchantées, l’univers entier et le silence…

 

 

Une main, un sommeil, un soir. Quelques pas au milieu des alphabets pour dire ce que la tristesse ne peut emporter. Un rêve, l’infini, mille choses – le sang, l’instant et la mort. Quelque chose de moins insensé que les départs – les dérives – les naufrages – tous ces abîmes où finit par sombrer ce qui respire…

 

 

Traversée, contournée – la vie toujours passagère. Des instants collés comme des doigts sur la vitre derrière laquelle tout s’efface et s’enfuit…

 

 

Un chant, un feu, quelques mots pour apprendre à vivre hors des siècles – hors du temps. Un espace, un regard, une étincelle – aussi sereins qu’attentifs à ce qui s’invente derrière la tristesse et le refus…

 

 

Nue – intense – la parole derrière l’abondance des images, le foisonnement des idées et la truculence syntaxique…

 

 

Une nuit, une chair tremblante sous la voûte. Quelques rires, une parole entendue – à peine un murmure. Les yeux plongés dans le noir face à la solitude et au jour qui se lève, là-bas, au loin…

 

 

La pluie, le vent, la poussière. Quelque chose d’éternel dans le cri et la faim de l’homme …

 

 

Naissance, vacarme. Et, un jour, l’effondrement de la voûte. Et la porte qui s’ouvre sur l’inconnu que nous portions, sans le savoir, au fond des yeux – retournés, à présent, vers l’unique passage. La possibilité d’un infini enfin plus vaste que la douleur. L’équilibre (fragile) entre l’Amour, le tragique et le destin. L’âme et la chair estropiées. Entre l’instant, le rêve et la violence…

 

 

Un cœur, des ailes tendues vers l’apocalypse. Une poitrine souillée de glaise crucifiée sur l’impossible. Le sort de tout homme, en vérité…

 

 

Quelque chose se dérobe ; un instant, le ciel, les yeux. L’âme en déroute. Une lumière, des épaules, la cendre éparpillée au milieu des fleurs. Quelques larmes versées sur les bêtes et les hommes livrés aux malheurs. Notre seul point d’ancrage peut-être…

 

 

Solitude des hommes au milieu de leurs frères d’infortune. Surface, oubli, présence. La tendresse des gestes de secours. Quelques baisers volés aux instincts cadenassés sous la violence. Une nuit, un jour, une vie à attendre l’improbable – cernés par un réel acéré qui entaille, fait naître la peur et donne la mort comme un jeu cruel et, pourtant, nécessaire aux retrouvailles – aux fiançailles toujours aussi lointaines entre le ciel et les âmes…

 

 

Lumière et douleur sans obstacle. Infirmes encore – et si minuscules…

 

 

La constance des visages et des noms dissimule mal le désordre des âmes, la bataille permanente des astres, les saccages et la variabilité des humeurs. Les existences ressemblent à des intervalles sous lesquels grondent les tempêtes et les eaux sombres et taciturnes des abîmes. Le feu, le vent, les cris et la cendre sous l’apparence lisse (trop lisse) des traits et des lignes tracées sur les pages des livres…

 

 

Astres encore à intervalles réguliers du parcours. Et cette frénésie des pas à onduler au-dedans de l’ivresse. Comme le franchissement impossible du seuil de l’homme

 

 

Vertu aux mains jointes – patiente – si soucieuse et désireuse, pourtant, d’un autre monde…

 

 

Rivière inerte au fond des yeux. Muette et sans regret. Triomphale, en somme, après tant de pentes parcourues et de délires renversants. Et, plus haut, cette brûlure convertie à la mort. Et, plus loin encore, le silence incarné…

 

 

Tout part – et revient – dans la gratuité de l’expérience. Soleil, magie, destin. Et tout ressuscite après la mort…

 

 

Eaux dormantes sous la furie – au milieu du sommeil. Servantes dévouées, pourtant, de tout ce qui aspire à se redresser…

 

 

Blotti(e) contre les songes, cette eau noire – ce gel – qui condamne l’esprit à revenir et à parcourir les routes autour du même centre…

 

 

Jours et siècles d’une seule enfance qui s’éternise au cœur de chacun – au cœur du plus sensible – au cœur du moins pressé. Comme la bénédiction, peut-être, du plus grossier et du plus tangible. Et la condamnation de ce qui n’ose jamais s’affranchir de l’ampleur de l’ignorance et de la nuit…

 

 

Les portes claquent – s’ouvrent et se referment – devant l’œil inquiet – fébrile – insomniaque. Souvenirs plantés au fond du crâne. Bouche piteuse – presque honteuse de ses cris. Et cette main qui mendie ce qu’il faut pour vivre. L’âme fuyante – craintive – apeurée – magistralement soumise à son destin. Comme un long voyage – âpre – patient – et si furtif, pourtant, au milieu de la peur et de la mort…

 

 

Blessures, désespoir, torrents de boue, fureur écervelée – arrêtés net par la fraîcheur d’une poitrine posée au milieu des fleurs – au milieu du jardin – où sont refoulés tous les masques, toutes les peurs, tous les barbares…

Un bond, en quelque sorte, au-dessus de la fatigue – au-dessus des ennemis ancestraux qui bloquaient le passage vers notre visage sans nom…

 

 

Des lettres, une attente avant que ne surgisse la parole. Un angle façonné par le labeur de la voix et des mains nouées à l’impossibilité de dire et de partager la douleur. Mâchoire crispée devant le désespoir, un peu absurde, de vivre et l’incommunicabilité du sentiment…

Puis, le torrent – le flot inconsolable des mots – qui détruit les ponts, les passerelles et les barrages – qui se déverse en pagaille – avec une sauvagerie inouïe – un féroce appétit – et qui apprend, peu à peu, à accéder à cet autre nom de la folie – ce silence posé – enfoui peut-être – au milieu des bruits et des âmes…

 

 

Rencontres et confidences jetées sur l’herbe qui a vu naître tous les mariages et toutes les ruptures. Le passage des saisons et leur conversion en innocence et en incertitude – devant la cognée inexorable (et irréparable) du temps. Un parfum – un peu d’encre – pour ne jamais oublier le silence qui nous attend…

 

 

Un soleil, une mort. Et ce qui plonge les vivants dans l’attente – et l’oubli au fond des tombes. Et les prunelles à l’affût de l’impossible à vivre – cette espérance suspendue à l’âme qui se déploie dans les miroirs. Le rêve tenace d’une rencontre avec l’improbable…

 

 

Prisonnier de mille interrogations et d’une affirmation trop péremptoire pour s’abandonner à l’incertitude de tout savoir – seuil de l’Amour et d’une tendresse sans visage – l’évidence d’une présence en nous retrouvée…

 

 

Barrières, instincts, obstacles, violence. Comme les reflets d’une ignorance initiatique – l’autre versant, sans doute, du silence et de la sagesse. La pente, si souvent insurmontable, où glissent les pierres, les fleurs, les bêtes et les hommes. L’envers du sacre, en quelque sorte, où s’enlisent toutes les tentatives de l’Amour…

 

 

Saison de toutes les retrouvailles. Et cette pierre sur laquelle nous nous tenons avec quelques rêves cousus à notre solitude. Le regard au loin – perché sur le plus haut horizon – si proche de cette enfance oubliée où la vie n’était qu’un jeu – une expérience à découvrir – une innocence à travers le merveilleux…

 

 

Aussi vaste que l’univers – et, sans doute, bien plus grande encore – aux limites de l’infini, cette envergure cachée au fond des yeux – au fond de l’âme – repliée en un point incroyable de densité – qui laisse les chants célébrer la lumière – et les danses du monde la ternir et l’ignorer – impassible (presque toujours) devant les mille têtes et les mille mains de la terre qui se dressent sans jamais réussir à dépasser les herbes folles qui poussent dans les prairies sauvages…

 

 

Quelque part en nous – recouvert par les ronces – un terrain vague où s’est réfugié l’Amour. A l’abri des désirs et du sommeil parmi mille étoiles qui brillent encore…

 

 

Brume, passé. Quelques gestes – une attente longue – indéfinie – entre les tombes et les stèles de pierre pour se souvenir des noms oubliés – voir les morts ressusciter – et exalter la nostalgie d’autrefois où notre chevelure était caressée par une main tendre et attentive…

 

 

Personne, un rêve. Un ciel collé à nos baisers impuissants. Impénétrable. Lèvres gorgées de mots et de sang – incapables de partager la brûlure et le mystère. Obligeant la main à éructer quelques signes – quelques lignes – sur la page pour dire la solitude et la douleur…

 

 

Poitrine blessée, fleurs arrachées. L’aile et la mémoire meurtries. Le silence. Le retour – quelques détours – un long souvenir vers le visage aimé. Et la solitude encore – plus acérée que les images…

 

 

Pacifique – tempéré – ce passage entre les passants et le chaos. Au milieu d’un monde occupé à renaître toujours. Tête effacée – portée, à présent, par un courant puissant – un souffle immense – gigantesque – dessinant une route entre la peur et le silence. L’infini (enfin) regardant les marées effacer sur les rives les illusions tenaces…

 

 

Nuit, batailles, plaies. Une solitude éclatée en mille visages. Et la fenêtre par laquelle on voit s’éloigner ceux que nous avons aimés. L’hébétude plaquée contre les lèvres. La fin d’une histoire. L’émiettement d’un amour. Le pire proclamé comme l’ailleurs dans cette nuit – cet espace si sombre – abandonné des Dieux peut-être – où pleurent et glissent tous les hommes…

 

 

Labeur, corvées, contraintes. Mille contingences. Et cet ahurissement des visages tenaces – obstinés – qui cherchent à la dérobée – aux marges du jour – une liberté introuvable…

 

 

L’alliance – le chemin parcouru par la lumière pour nous retrouver – et rejoindre cette escale où les hommes, trop séparés, s’impatientent de l’océan. Tête plongée dans l’écume et le climat. Et couronne posée, un peu plus loin, sur les vagues d’un pays immense et sans frontière…

 

 

Un seul Amour au fond des âmes. Celui qui fait naître les fleurs – et favorise les instincts, la cendre et l’attente…

 

 

La lune, l’eau et l’innocence. Cet enchantement du plus simple accordé à la surprise et à ce qui s’efface. Le parfum d’un jour plus grand – et plus délicieux – que notre vie. L’horizon et la blessure. La blancheur des lèvres devant l’incertitude. Et cette joie identique quels que soient les visages. La grâce, en somme, de tous les départs et de toutes les existences…

 

 

Légères, légères, cette lampe allumée dans la nuit – et cette voix qui se précipite sur la page. Si légères qu’elles ne font aucun bruit en avançant leurs mains vers la lumière…

Et si seules aussi au milieu des visages…

 

 

Un visage, une neige, une pierre, un soulier. Et le silence assis sur nos genoux qui épie nos gestes, notre souffle et nos pas dans les paysages. Et les timides élans des uns vers les autres. Et la circulation de l’invisible – à peine perceptible – entre les âmes de passage…

 

 

A la lisière de la bouche, le silence nourrit notre faim. Une route – un chemin – quelques cailloux et un peu d’asphalte – pour inviter la peau à s’étirer au-delà du visage – et à s’étendre partout – pour rejoindre le ciel lointain (et indéfinissable)…

 

 

Quelques manœuvres au cours des saisons. Quelques tournures – quelques promesses. Quelques voyages, parfois, pour se distraire du pire – de ces pas trop quotidiens et de ces grimaces inévitables qui donnent à nos jours la saveur un peu amère d’un rêve au milieu des clous…

 

 

A mains nues – et le cri lancé à la cantonade – forcé de croire en son destin pour aller de jour en jour à travers ce siècle – et ce temps – poussifs et mensongers – illusoires…

 

 

Caché dans l’herbe, au seuil d’une grotte, à attendre ce qui ne viendra peut-être jamais…

 

 

Front, paumes, souffle. Face à la montagne, au ciel et aux visages au milieu d’un vent plus apte que le monde à nous faire franchir l’impossible et la solitude…

 

 

Pelles, champs, sillons. Le labeur ingrat de la fouille – nécessaire pour dénicher sa pitance. Le partage de la terre. Et chemin faisant – le front baissé sur le sol – l’éloignement de l’infini et le recroquevillement de l’Amour sous le bruit du soc et des pioches qui fendent le monde et le silence…

 

 

Rivages inachevés toujours. Terre de stagnation et d’enlisement. Et face aux périls et à l’incertitude, la foule qui emprunte d’étranges chemins – la peau recouverte de tissus et de poussière – en remuant le ciel et les sous-sols pour dégoter d’inutiles trésors et quelques idoles de pacotille…

 

 

Un nom sur la peau ne demande qu’à s’effacer. Patronyme au destin tragique – encensé par les hommes – qui se déroule comme un fil à travers la mort et le temps…

 

 

Un puits – quelques gouttes – enjambés. Pluie, fleuve, murs, mémoire. Le petit dédale du destin – prisonnier des poutres, des briques et des visages tenus en laisse par la crainte d’un Dieu inventé de toutes pièces. Et le rêve d’un monde où la chair ne serait que la cire d’une bougie à la flamme éternelle et intrépide…

 

 

La pluie, le temps. Et le cil battant à travers la nuit – le noir. Les bras ligotés au milieu de la mort et des sépultures. L’âme et les hanches inertes – immobiles. Et le regard à genoux devant le sang et la peur. L’échelle du rêve. L’échelle de l’homme. Le silence retenu au fond des yeux – au fond de la gorge. Un peu de lumière recouverte par la poussière au milieu des jouets brisés et éparpillés. Le funeste destin du monde, en somme…

 

 

Il faut arracher à ses rêves la herse trop acérée qui plonge au cœur de la terre – quémander l’aide du vent pour déguerpir – s’éloigner de la fatigue et de la lassitude – et abriter la vie derrière la simplicité, si sage, du réel. Le seul moyen d’atteindre le seuil enfoui au-dedans du regard posé aux confins du monde et de l’illusion…

 

 

Aucun bruit. Aucun cri. Plaintes et désirs effacés. Nom et visage remisés au fond du silence. Âme et mains libres – disponibles – offertes aux usages et aux circonstances.

L’humilité et la gratitude. La saveur et la joie. La solitude – et la grâce de l’effacement…

 

 

A la lisière d’un ailleurs – d’un dedans infini – où d’autres ont été engloutis – corps et âme…

 

 

Quelque chose au milieu des pierres ; comme un poids – une inertie – une pénombre peut-être – dont l’envergure rayonne jusqu’aux visages alentour…

 

 

Un ciel, une crainte, un mystère. Et le rôle de l’homme – polyvalent – paresseux et intrépide au milieu de l’abîme – jetant ses horloges, ses passions et ses passerelles au hasard des pentes sur des chemins plantés d’arbres, d’obstacles et de clochers…

Route sinueuse au fond du gouffre – serpentant entre les feuillages, les cris et la musique – chargée, depuis toujours sans doute, de chagrin et d’espérance…

 

 

Mains, rites, supplices. Et la même angoisse à vivre – et à recommencer le chemin sans cesse interrompu par la mort. Tronçon – étape – infime à chaque nouveau pas débuté à partir des ruines des foulées anciennes – avec ces vieux bagages que nous portons depuis le début du voyage comme une croix aux fausses allures de viatique…

 

 

Siècles – l’histoire interminable d’une innocence à parfaire – à achever…

 

 

Un regard sur les vitrines du monde derrière lesquelles les visages s’exposent, s’expriment – font couler le désir – et l’estime – sur leurs infortunes – leurs petites aventures de vivants…

Parades où brillent le désir d’approbation et la fierté – et une demande d’amour tantôt rieuse, tantôt plaintive pour combler la solitude et adoucir la tristesse – et offrir une forme d’exutoire (un palliatif peut-être) à l’indigence et à la monotonie des jours…

Fantômes, folie – cherchant le sel, le ciel – quelques étoiles grossières pour raviver la flamme, presque éteinte, de vivre…

 

 

Au bord du silence – de rien – de presque tout…

 

 

Décret de quelques visages souriant aux déboires et à la malédiction d’être né – balafrés par l’absurdité des actes du monde – s’éloignant des foules et du désordre pour vivre à l’écart des yeux qui jugent et des mains qui rudoient et applaudissent. Seuls entre le silence et la joie. Seuls avec cette flamme – ce feu – dans l’âme qui réchauffe – et console de toutes les tristesses…

 

 

Ne rien dire. Ne plus rien dire. Devenir l’écoute – l’entente – la blancheur de la page. S’effacer derrière les danses et les grimaces – à l’abri du monde. Se tenir comme la pierre – indifférente à ceux qui la ramassent comme un trésor ou la jettent comme un rebut. Être – et vivre dans la solitude et le silence – plus vivant que les hommes tordus ou enlacés qui se courbent à tous les passages…

 

 

Des sillons encore où s’épuisent les silhouettes. Des perspectives, un avenir, un sommeil – tous les délires en ces lieux où le silence est imperceptible et où les tremblements tiennent lieu de chant…

Qui sommes-nous sinon les adorateurs de cette nuit initiée par notre ignorance…

 

 

Une voûte, un chemin. Et mille étoiles qui se penchent pour éclairer nos pas indécis et dérisoires…

 

 

Des compagnies mendiantes qui réclament le pain et la consolation de vivre – la fin du vent et l’assouvissement de toutes les faims – toutes les joies du monde et l’effacement de la mort – un peu de courage pour rompre la solitude. Des yeux, des bouches, des mains pour apaiser le froid qui monte du fond de l’âme…

 

 

Il neige. Un parfum d’hiver sur les fleurs – et sur les visages qui regardent tristement tomber les flocons. Une écharpe, un cahier. Quelques feuilles volantes. Et mille poèmes qui se dessinent déjà dans l’âme trop sérieuse pour esquisser quelques pas dans le froid – et rejoindre les foules, lèvres rouges et criantes, qui déversent leur tiédeur dans quelques jeux d’enfance…

 

 

Un chant sur les pierres posées au cœur de la nuit – parmi les hommes qui chahutent et se réchauffent autour d’un feu et de quelques prières – les yeux tournés vers un ciel sombre – orageux – incertain…

 

 

Chevelure, ciel, espace, détention. La même prière – et la même peine – sur le chemin. La même illusion à vivre – et à traverser. Un destin – et la mort dont il faut s’affranchir…

 

 

Rudes et brillants le ciel et la terre aperçus à travers le verrou. Trame et songe plutôt que vérité monolithique. Poids du monde et des malheurs comme un sel sur nos blessures suintantes – comme perdues au milieu des étoiles – impuissantes toujours à nous faire porter plus haut le regard – et à nous aider à franchir cet horizon (apparemment) indépassable par les hommes…

 

 

Tombe, hiver, soleil, fente. L’absurdité d’une vie passée à se débattre pour quelques réconforts – quelques joies – et quelques privilèges – qu’anéantira (bientôt) la mort…

 

 

Souci, tiédeur, routine. La prudence et l’inquiétude de voir, soudain, jaillir le mystère au cœur de notre vie – et sa résolution possible qui se dresse, peu à peu, au fond de l’âme innocente…

 

 

Vanité et ignorance – voiles imbéciles derrière lesquels s’impatientent le vide et la tendresse – cette neige sur la route – et sur les pas qui tournent en rond – et trop fièrement peut-être – dans leur trou…

 

 

Lanternes, rêves, mirages – poignée d’étoiles jetées au fond des yeux…

 

 

Une échelle, un chemin lancés de l’inconnu dans la poussière et les chants – l’espérance et les cris du monde – la plainte des hommes – et qui se lèvent, soudain, au-dessus des visages, des merveilles et de la misère – si haut – si loin du sang et des tours de force qui agitent notre sommeil…

 

 

Voix plaintive au milieu des figures et des blessures laissées par les flèches du monde et du temps. Voix affûtée en deçà des tremblements et des mines défaites par les luttes et l’attente. Et notre visage enfin, initiateur de la nuit, brillant – triomphal – au milieu du jour – comme le socle de tous les commencements, de tous les voyages et de toutes les fins…

 

 

Nappes – strates de lumière sur les ténèbres où s’enfoncent nos doigts et nos âmes – recroquevillés par la peur – et les bruits de la mort qui s’avance vers nous…

 

 

Le chant du silence autour de nos plaies – et cette tendresse au bord des lèvres – au fond de chaque supplice. Comme une eau bienfaisante – réparatrice – sur le sable et le sang accumulés derrière les grilles de notre cachot…

 

 

Un frisson, un labyrinthe et quelques larmes avant que ne s’éteignent les lampes – avant de voir la terre recouvrir notre tombe. Les illusions tenaces d’un destin voué tantôt au sommeil, tantôt à la fouille. Foulées timides – impossibles – presque interdites – pour dénicher la vérité – et derrière le silence, non la face d’un Dieu inventé mais le regard appuyé sur le ciel et sur notre chair martyre – mutilée – agonisante…

 

 

Quelques ficelles, quelques regards échangés pour survivre à la brume et au sommeil – aux tempêtes – au froid des plaines et à la faim que notre âme, si seule – si démunie – ne peut assouvir sans la certitude d’une présence, en elle, si lointaine – et si étrangère à ses convictions…

 

 

Une ombre, un labeur, quelques saisons. Un peu de noir – et quelques rires – pour combler les interstices au fond desquels vivent nos peurs et notre âme aux aguets…

 

 

Des lèvres, des chemins, un peu de chance au milieu de la nuit. Et la suite (à venir) chahutée déjà par le monde et les Dieux cachés au fond de nos instincts…

 

 

Fenêtres et portes posées à tous les passages – sur notre visage – au fond des yeux dans l’attente d’un regard. Tête inclinée tantôt vers le haut, tantôt vers le bas. Prières montantes qui s’effilochent sur les aspérités trop saillantes d’un ciel inaccessible – situé en deçà de l’innocence – dans ce silence au milieu des tempes libérées de l’ivresse, du destin et du temps – affranchies du monde et des hommes – acquiesçantes et tendres à l’égard de tout ce qui tremble…

 

 

Vide, silence – un rien pour s’émerveiller de ces choses et de ces visages qui, dans leur chute, cherchent un appui – un horizon – un moyen d’éviter l’effroi et la mort – quelque chose qui n’existe pas…

 

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