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LES CARNETS METAPHYSIQUES & SPIRITUELS

A propos

La quête de sens
Le passage vers l’impersonnel
L’exploration de l’être
L’intégration à la présence


Carnet n°1
L’innocence bafouée
Récit / 1997 / La quête de sens

Carnet n°2
Le naïf
Fiction / 1998 / La quête de sens

Carnet n°3
Une traversée du monde
Journal / 1999 / La quête de sens

Carnet n°4
Le marionnettiste
Fiction / 2000 / La quête de sens

Carnet n°5
Un Robinson moderne
Récit / 2001 / La quête de sens

Carnet n°6
Une chienne de vie
Fiction jeunesse / 2002/ Hors catégorie

Carnet n°7
Pensées vagabondes
Recueil / 2003 / La quête de sens

Carnet n°8
Le voyage clandestin
Récit jeunesse / 2004 / Hors catégorie

Carnet n°9
Le petit chercheur Livre 1
Conte / 2004 / La quête de sens

Carnet n°10
Le petit chercheur Livre 2
Conte / 2004 / La quête de sens

Carnet n°11 
Le petit chercheur Livre 3
Conte / 2004 / La quête de sens

Carnet n°12
Autoportrait aux visages
Récit / 2005 / La quête de sens

Carnet n°13
Quêteur de sens
Recueil / 2005 / La quête de sens

Carnet n°14
Enchaînements
Récit / 2006 / Hors catégorie

Carnet n°15
Regards croisés
Pensées et photographies / 2006 / Hors catégorie

Carnet n°16
Traversée commune Intro
Livre expérimental / 2007 / La quête de sens

C
arnet n°17
Traversée commune Livre 1
Récit / 2007 / La quête de sens

Carnet n°18
Traversée commune Livre 2
Fiction / 2007/ La quête de sens

Carnet n°19
Traversée commune Livre 3
Récit & fiction / 2007 / La quête de sens

Carnet n°20
Traversée commune Livre 4
Récit & pensées / 2007 / La quête de sens

Carnet n°21
Traversée commune Livre 5
Récit & pensées / 2007 / La quête de sens

Carnet n°22
Traversée commune Livre 6
Journal / 2007 / La quête de sens

Carnet n°23
Traversée commune Livre 7
Poésie / 2007 / La quête de sens

Carnet n°24
Traversée commune Livre 8
Pensées / 2007 / La quête de sens

Carnet n°25
Traversée commune Livre 9
Journal / 2007 / La quête de sens

Carnet n°26
Traversée commune Livre 10
Guides & synthèse / 2007 / La quête de sens

Carnet n°27
Au seuil de la mi-saison
Journal / 2008 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°28
L'Homme-pagaille
Récit / 2008 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°29
Saisons souterraines
Journal poétique / 2008 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°30
Au terme de l'exil provisoire
Journal / 2009 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°31
Fouille hagarde
Journal poétique / 2009 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°32
A la croisée des nuits
Journal poétique / 2009 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°33
Les ailes du monde si lourdes
Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°34
Pilori
Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°35
Ecorce blanche
Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°36
Ascèse du vide
Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°37
Journal de rupture
Journal / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°38
Elle et moi – poésies pour elle
Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°39
Préliminaires et prémices
Journal / 2010 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°40
Sous la cognée du vent
Journal poétique / 2010 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°41
Empreintes – corps écrits
Poésie et peintures / 2010 / Hors catégorie

Carnet n°42
Entre la lumière
Journal poétique / 2011 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°43
Au seuil de l'azur
Journal poétique / 2011 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°44
Une parole brute
Journal poétique / 2012 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°45
Chemin(s)
Recueil / 2013 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°46
L'être et le rien
Journal / 2013 / L’exploration de l’être

Carnet n°47
Simplement
Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°48
Notes du haut et du bas
Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°49
Un homme simple et sage
Récit / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°50
Quelques mots
Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°51
Journal fragmenté
Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°52
Réflexions et confidences
Journal / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°53
Le grand saladier
Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°54
Ô mon âme
Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°55
Le ciel nu
Recueil / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°56
L'infini en soi 
Recueil / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°57
L'office naturel
Journal / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°58
Le nuage, l’arbre et le silence
Journal / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°59
Entre nous
Journal / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°60
La conscience et l'Existant
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°61
La conscience et l'Existant Intro
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°62
La conscience et l'Existant 1 à 5
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°63
La conscience et l'Existant 6
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°64
La conscience et l'Existant 6 (suite)
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°65
La conscience et l'Existant 6 (fin)
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°66
La conscience et l'Existant 7
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°67
La conscience et l'Existant 7 (suite)
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°68
La conscience et l'Existant 8 et 9
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°69
La conscience et l'Existant (fin)
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°70
Notes sensibles
Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°71
Notes du ciel et de la terre
Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°72
Fulminations et anecdotes...
Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°73
L'azur et l'horizon
Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°74
Paroles pour soi
Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°75
Pensées sur soi, le regard...
Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°76
Hommes, anges et démons
Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°77
L
a sente étroite...
Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°78
Le fou des collines...
Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°79
Intimités et réflexions...
Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°80
Le gris de l'âme derrière la joie
Récit / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°81
Pensées et réflexions pour soi
Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°82
La peur du silence
Journal poétique / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°83
Des bruits aux oreilles sages
Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°84
Un timide retour au monde
Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°85
Passagers du monde...
Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°86
Au plus proche du silence
Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°87
Être en ce monde
Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°88
L'homme-regard
Récit / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°89
Passant éphémère
Journal poétique / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°90
Sur le chemin des jours
Recueil / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°91
Dans le sillon des feuilles mortes
Recueil / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°92
L
a joie et la lumière
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°93
Inclinaisons et épanchements...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°94
Bribes de portrait(s)...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

C
arnet n°95
Petites choses
Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°96
La lumière, l’infini, le silence...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°97
Penchants et résidus naturels...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°98
La poésie, la joie, la tristesse...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°99
Le soleil se moque bien...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°100
Si proche du paradis
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°101
Il n’y a de hasardeux chemin
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°102
La fragilité des fleurs
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°103
Visage(s)
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°104
Le monde, le poète et l’animal
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°105
Petit état des lieux de l’être
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°106
Lumière, visages et tressaillements
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°107
La lumière encore...
Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°108
Sur la terre, le soleil déjà
Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°109
Et la parole, aussi, est douce...
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°110
Une parole, un silence...
Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°111
Le silence, la parole...
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°112
Une vérité, un songe peut-être
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°113
Silence et causeries
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°114
Un peu de vie, un peu de monde...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°115
Encore un peu de désespérance
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°116
La tâche du monde, du sage...
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°117
Dire ce que nous sommes...
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°118
Ce que nous sommes – encore...
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°119
Entre les étoiles et la lumière
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°120
Joies et tristesses verticales
Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°121
Du bruit, des âmes et du silence
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°122
Encore un peu de tout...
Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°123
L’amour et les ténèbres
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°124
Le feu, la cendre et l’infortune
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°125
Le tragique des jours et le silence
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°126
Mille fois déjà peut-être...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°127
L’âme, les pierres, la chair...
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°128
De l’or dans la boue
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°129
Quelques jours et l’éternité
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°130
Vivant comme si...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°131
La tristesse et la mort
Récit / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°132
Ce feu au fond de l’âme
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°133
Visage(s) commun(s)
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°134
Au bord de l'impersonnel
Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°135
Aux portes de la nuit et du silence
Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°136
Entre le rêve et l'absence
Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°137
Nous autres, hier et aujourd'hui
Récit / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°138
Parenthèse, le temps d'un retour...
Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°139 

Au loin, je vois les hommes...
Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°140
L'étrange labeur de l'âme
Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°141
Aux fenêtres de l'âme
Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°142
L'âme du monde
Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°143
Le temps, le monde, le silence...
Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°144
Obstination(s)
Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°145
L'âme, la prière et le silence
Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°146
Envolées
Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°147
Au fond
Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°148
Le réel et l'éphémère
Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°149
Destin et illusion
Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°150
L'époque, les siècles et l'atemporel
Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°151
En somme...
Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°152
Passage(s)
Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°153
Ici, ailleurs, partout
Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°154
A quoi bon...
Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°155
Ce qui demeure dans le pas
Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°156
L'autre vie, en nous, si fragile
Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°157
La beauté, le silence, le plus simple...
Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°158
Et, aujourd'hui, tout revient encore...
Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°159
Tout - de l'autre côté
Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°160
Au milieu du monde...
Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°161
Sourire en silence
Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°162
Nous et les autres - encore
Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°163
L'illusion, l'invisible et l'infranchissable
Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°164
Le monde et le poète - peut-être...
Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°165
Rejoindre
Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°166
A regarder le monde
Paroles confluentes / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°167
Alternance et continuité
Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°168
Fragments ordinaires
Paroles confluentes / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°169
Reliquats et éclaboussures
Paroles confluentes / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°170
Sur le plus lointain versant...
Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°171
Au-dehors comme au-dedans
Paroles confluentes / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°172
Matière d'éveil - matière du monde
Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°173
Lignes de démarcation
Regard / 2018 / L'intégration à la présence
-
Carnet n°174
Jeux d'incomplétude

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence
-
Carnet n°175
Exprimer l'impossible

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

-
Carnet n°176
De larmes, d'enfance et de fleurs

Récit / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°177

Coeur blessé, coeur ouvert, coeur vivant
Journal / 2018 / L'intégration à la présence
-
Carnet n°178
Cercles superposés
Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°179
Tournants
Journal / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°180

Le jeu des Dieux et des vivants
Journal / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°181

Routes, élans et pénétrations
Journal / 2019 / L'intégration à la présence
-
Carnet n°182
Elans et miracle
Journal poétique / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°183

D'un temps à l'autre
Recueil / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°184
Quelque part au-dessus du néant...
Recueil / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°185
Toujours - quelque chose du monde
Regard / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°186
Aube et horizon
Journal / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°187
L'épaisseur de la trame
Regard / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°188
Dans le même creuset
Regard / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°189
Notes journalières

Carnet n°190
Notes de la vacuité

Carnet n°191
Notes journalières

Carnet n°192
Notes de la vacuité

Carnet n°193
Notes journalières

Carnet n°194
Notes de la vacuité

Carnet n°195
Notes journalières

Carnet n°196
Notes de la vacuité

Carnet n°197
Notes journalières

Carnet n°198
Notes de la vacuité

Carnet n°199
Notes journalières

Carnet n°200
Notes de la vacuité

Carnet n°201
Notes journalières

Carnet n°202
Notes de la route

Carnet n°203
Notes journalières

Carnet n°204
Notes de voyage

Carnet n°205
Notes journalières

Carnet n°206
Notes du monde

Carnet n°207
Notes journalières

Carnet n°208
Notes sans titre

Carnet n°209
Notes journalières

Carnet n°210
Notes sans titre

Carnet n°211
Notes journalières

Carnet n°212
Notes sans titre

Carnet n°213
Notes journalières

Carnet n°214
Notes sans titre

Carnet n°215
Notes journalières

Carnet n°216
Notes sans titre

Carnet n°217
Notes journalières

Carnet n°218
Notes sans titre

Carnet n°219
Notes journalières

Carnet n°220
Notes sans titre

Carnet n°221
Notes journalières

Carnet n°222
Notes sans titre

Carnet n°223
Notes journalières

Carnet n°224
Notes sans titre

Carnet n°225

Carnet n°226

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Carnet n°228

Carnet n°229

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Carnet n°263
Au jour le jour
Octobre 2020

Carnet n°264
Au jour le jour

Novembre 2020

Carnet n°265
Au jour le jour
Décembre 2020

Carnet n°266
Au jour le jour
Janvier 2021

Carnet n°267
Au jour le jour
Février 2021

Carnet n°268
Au jour le jour
Mars 2021

Carnet n°269
Au jour le jour
Avril 2021

Carnet n°270
Au jour le jour
Mai 2021

Carnet n°271
Au jour le jour
Juin 2021

Carnet n°272
Au jour le jour
Juillet 2021

Carnet n°273
Au jour le jour
Août 2021

Carnet n°274
Au jour le jour
Septembre 2021

Carnet n°275
Au jour le jour
Octobre 2021

Carnet n°276
Au jour le jour
Novembre 2021

Carnet n°277
Au jour le jour
Décembre 2021

Carnet n°278
Au jour le jour
Janvier 2022

Carnet n°279
Au jour le jour
Février 2022

Carnet n°280
Au jour le jour
Mars 2022

Carnet n°281
Au jour le jour
Avril 2022

Carnet n°282
Au jour le jour
Mai 2022

Carnet n°283
Au jour le jour
Juin 2022

Carnet n°284
Au jour le jour
Juillet 2022

Carnet n°285
Au jour le jour
Août 2022

Carnet n°286
Au jour le jour
Septembre 2022

Carnet n°287
Au jour le jour
Octobre 2022

Carnet n°288
Au jour le jour
Novembre 2022

Carnet n°289
Au jour le jour
Décembre 2022

Carnet n°290
Au jour le jour
Février 2023

Carnet n°291
Au jour le jour
Mars 2023

Carnet n°292
Au jour le jour
Avril 2023

Carnet n°293
Au jour le jour
Mai 2023

Carnet n°294
Au jour le jour
Juin 2023

Carnet n°295
Nomade des bois (part 1)
Juillet 2023

Carnet n°296
Nomade des bois (part 2)
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© Les carnets métaphysiques & spirituels
23 mai 2019

Carnet n°187 L’épaisseur de la trame

Regard* / 2019 / L'intégration à la présence

* Ni journal, ni recueil, ni poésie. Un curieux mélange. Comme une vision – une perception – impersonnelle, posée en amont de l’individualité subjective, qui relate quelques bribes de cette vie – de ce monde – de ces idées – de ce continuum qui nous traverse avant de s’effacer dans le silence…

Incertitude – toujours – partout – jusqu’au fond de l’âme…

 

 

Embarqués dans la même cellule – bringuebalés au gré des exigences du voyage…

 

 

Existence solitaire et inclusive…

 

 

Plus léger – sans que l’écriture s’allège…

Ces lignes sont-elles réellement le reflet de mon âme ? Débarrassement du surplus ou exact miroir du foisonnement intérieur…

Quel que soit le cas de figure – prolifération de mots inutiles…

A quand donc la sobriété et le silence…

 

 

Trop bavard de soi – de ce peuple bigarré qui nous constitue – visages de la nuit qui luttent et débattent à toute heure du jour – infatigables et épuisants…

 

 

Si ces pages pouvaient – au moins – construire une échelle – on s’évaderait de cette effervescence – de ce tourbillonnement – de cet espace labyrinthique – pour plonger ou se hisser – qui peut savoir ? – au cœur du silence…

 

 

Tout – toujours – au bord de l’effondrement…

Ruines – bientôt – au fond de l’abîme. Et régénérescence et continuité aussi – sous d’autres traits…

Poursuite sans fin du cycle de la matière prise au piège…

 

 

Les rives – la lune – la nuit – au cœur de la vie sauvage…

 

 

Le ciel – en soi – qui a effacé la douleur – ou qui l’a peut-être – seulement – recouverte…

 

 

Vivre jusqu’à la perte – au-delà de la déchirure – au-delà de la possibilité de guérison. Vivre comme si le feu était une fraîcheur – comme si la nuit n’existait pas – comme si le monde n’était que deux mains ouvertes tendues vers nous…

 

 

A mastiquer les mots – comme s’ils abritaient la nuit et toutes les impossibilités du monde…

L’impuissance de vivre aussi forte, peut-être, que l’ardeur des traits sur la page…

 

 

Seul – en notre compagnie – à nous tendre la main – et à nous serrer l’un contre l’autre – comme si nous étions les plus vieux amis du monde…

 

 

Dans les carnets du ciel, il n’y a que le silence. Pas un seul mot qui anéantirait le mystère – et notre confiance en l’infinité des possibles…

 

 

Ces taches d’encre sur la page ne partagent – en vérité – que le secret commun

 

 

L’être derrière les traits et sous la langue. Le même visage que l’Autre – pour en finir avec toutes les inimitiés…

 

 

Fragilité du corps – sensibilité de l’âme – dureté des masques. A nous de démêler l’invisible dans l’épaisseur de la trame…

 

 

Tout a tourbillonné dans ce trou que nous sommes. Puis l’eau s’est retirée…

 

 

Trouée d’un Autre – en soi – que nous ignorons encore…

 

 

Une flamme vacillante dans l’âme malgré l’ardeur du corps – et la vigueur du sang qui monte jusqu’au visage…

 

 

Une infime parcelle de ciel sur un amoncellement de terre avec, à la place des yeux, deux étoiles qui donnent à l’esprit ce goût si fort pour le rêve et l’apparat…

 

 

D’heure en heure – jusqu’au grand jour…

 

 

L’âme de moins en moins humaine – et à laquelle nous ne saurions attribuer le moindre qualificatif… Plus simple peut-être – moins encombrée par les désirs et les exigences – par les images et les références terrestres. Mais pas encore totalement céleste, bien sûr…

 

 

D’une vague à l’autre – comme les tâches et les jours qui se succèdent…

 

 

Avons-nous encore une âme… Avons-nous encore figure humaine… Qui saurait dire…

 

 

Transformation lente – journalière – malgré quelques bagages anciens qui peinent à s’alléger…

Ni vraiment celui d’autrefois, ni vraiment un autre. Quelque chose de vague et d’indéterminé. Un mélange provisoire et inachevé – inachevable comme tout ce qui n’a de fin…

Forme apparente – seulement – porteuse d’un espace immuable – parfois habité – parfois déserté…

 

 

Libre autant que peuvent l’être l’âme et l’homme…

Plus acquiesçant, peut-être, aux incertitudes et aux circonstances. Et moins réfractaire, sans doute, à toutes les servitudes terrestres…

Jeu et magie du geste. Joie pure de l’acte sans intention – indifférent aux résultats et aux résultantes du faire…

Être – et vivre (plus que jamais) avec le regard et la main au cœur de l’essentiel…

 

 

Plus de vents – et moins de songes. Plus de silence et de solitude. Et moins de sommeil peut-être…

Rythme hors du monde et du temps – docile aux exigences de ce qui est – de ce qui surgit – de ce qui disparaît. Et l’âme muette – sans volonté – sans aspiration – sans désir ni de terre, ni de ciel – mais intransigeante (encore) sur les conditions requises pour goûter le silence et la solitude – l’intensité et la jubilation de vivre…

Eloigné, le plus souvent, du monde et des activités humaines…

 

 

Amas de chair et de pensées écrasé par le martèlement du temps. Irréconciliable avec cette béance qui confine à l’épuisement – à la poussière – puis, au silence…

 

 

Langage d’un Autre qui n’ose se montrer – et qui traverse, pourtant, tous les visages – tenus par les fils d’un écheveau invisible…

 

 

Nous croyons être ceci ou cela alors qu’en vérité nous sommes toujours autre chose – comme une manière commune (et fallacieuse) de ne voir – et de ne présenter au monde – qu’un seul visage – ou, au mieux, une figure à quelques facettes – alors que la réalité est toujours plus étrange – contradictoire – confondante – mystérieusement abyssale…

 

 

L’illusion – aussi – est une figure de la réalité. Comme le rêve et le sommeil – en bonne place sur la palette – du côté du plus sombre…

 

 

Sur ce fil tendu entre la sauvagerie et la promesse. Sous le ciel et au-dessus de l’abîme – parmi toutes ces têtes qui nous semblent si hostiles – si étrangères…

Comment vivre ne pourrait-il ne pas nous condamner à l’effroi – et l’effroi à la fuite ou à la tentative d’accéder à la promesse…

 

 

N’être – en définitive – que l’aire de tous les passages – invisible – éperdument anonyme – sans nom – presque sans réalité. Et, pourtant, essentiel – indispensable à tout ce qui existe – à tout ce qui nous traverse…

N’être que l’instrument des Autres – ce dont on fait usage sans même s’en rendre compte – sans même un geste ou une parole de gratitude. Voilà, peut-être, le plus haut degré sur l’échelle de l’humilité…

Rude élévation pour l’homme – et sa (maladive) prétention à vouloir être – et paraître – toujours davantage…

Et plus simple, peut-être, pour celui que la vie n’a cessé de défaire et d’effacer – pour celui qui a, peu à peu, appris à n’être personne…

 

 

Paroles de soif devenant – peu à peu – silence et apaisement…

 

 

Passager d’un voyage sans fin – comme un rêve vers l’inconnu – éternellement recommencé…

 

 

Vers le plus simple – comme l’eau qui coule sur la soif…

 

 

Ne se sentir attaché au monde que par la persistance – et la résistance – de quelques feuilles…

Faire halte et s’effacer. Habiter la marge sans même prêter attention à la manière dont le monde nous soustrait…

Devenir le dénominateur le plus proche de un…

L’infini exposé – et étendu à l’unité – comme un rééquilibrage nécessaire au fractionnement…

Puiser dans la densité et l’ampleur. Et se résoudre à l’étrange incongruité du monde…

 

 

Couché humblement sur ces feuilles alors qu’autrefois nous nous dressions – feutre à la main – pour crier au monde ce qu’il savait déjà – en se heurtant aux résistances de ce qui était déjà ouvert – en dépit des apparences…

 

 

Entre nous – un espace moins large qu’un trait esquissé sur la page…

 

 

Mots moins brûlants – plus habités – et, peut-être, plus silencieux – lorsque nous avons compris que rien ne pouvait changer sans le consentement de l’âme…

 

 

Une parole comme un ciel ouvert – sur un sol de pierres blanchies – comme si le vent avait érodé ces amas de terre noire – âpre – inhospitalière – et les avait remplacés par un peu de neige et de silence…

 

 

Effacement et disparition – ce qui n’ampute nullement l’âme – mais qui, au contraire, l’allège et lui offre les conditions de sa liberté…

 

 

Autrefois la parole et les murs. La frontalité. Ce qui vociférait et brûlait dans sa colère…

A présent – tout se murmure – à peine – l’âme assise négligemment sur un minuscule parapet…

 

 

Langue qui a – peu à peu – glissé vers le versant le moins sombre de l’âme…

 

 

Montagne, paroi et écho lointain – devenus creux, espace et silence de proximité…

 

 

L’absence et le provisoire – si angoissants autrefois – et si propices, à présent, à l’enchantement et à la jubilation – à la célébration de l’intense – de l’instant – de l’éternité…

 

 

Quelques traces du passé – viscéralement douloureux. Auto-thérapeutique de l’Amour, de l’écoute et des petits pas…

Être – accueillir – joie – faire face – et réconforter si nécessaire…

 

 

Atomisation – morcellement de l’unité. Cohabitation avec tous ces visages qui nous peuplent (et qui, parfois, nous hantent jusqu’à la malédiction) – chacun exigeant un geste, un peu d’attention ou quelques marques de faveur – et que cet espace – en nous – écoute avec tendresse et bienveillance – répondant avec patience à toutes les demandes – à toutes les interrogations – apaisant toutes les inquiétudes, toutes les frustrations, tous les désarrois en sachant se montrer strict lorsque la nécessité glisse subrepticement vers le caprice…

Etrange auto-éducation nulle part enseignée…

 

 

Un monde – en soi – à part entière – que chacun gouverne selon ses prédispositions et sa sensibilité…

Maître d’aucun jeu – en vérité…

 

 

Ah ! Cette quête âpre et éreintante de la proximité…

 

 

A demeure – la joie et le tragique…

 

 

Le ciel – partout – au-dessus comme au-dedans. Et cette langue qui arpente le monde – qui serpente entre les cimes et les sous-sols – cherchant un frère – une communauté – déchirante toujours dans son appel – lançant des mots tantôt comme des flèches – tantôt comme des bouteilles à la mer – pour ouvrir ou émouvoir les cœurs – sans se douter que la terre est dépeuplée – qu’elle n’est qu’un désert d’âmes et de sable sous lequel ont été enterrés tous les morts… Des vivants – nulle trace – sans doute se sont-ils exilés en des lieux moins désolants…

 

 

Entre soi et l’océan – cette glace que l’on édifie en vivant – et que renforce le monde qui, sans même le savoir, a toujours constitué un piège – une nasse – un aquarium…

L’appel pélagique réservé à ceux qui étouffent – aux intrépides et vaillants thuriféraires de la liberté. Mais rares sont ceux qui parviennent à gagner le grand large…

Tant de pertes – et plus encore de retours vers le bocal…

 

 

Pays natal – lieu premier de toutes les origines…

 

 

Pain et couche solitaires plutôt que demi-pains et demi-couches côte à côte – de moins en moins proches – de plus en plus étrangers…

L’éloignement comme support d’un autre jour. Le début du voyage. Et le choix nécessaire d’une autre foulée – plus rebelle et aventurière – celle qui cherche la route vers le pays originel…

 

 

Comme une brèche dans la terre – dans notre trou – qui déboucherait sur un ciel plus vaste – et moins étrange que l’idée que s’en font communément les hommes – bien plus ordinaire que tous les rêves farfelus initiés depuis le sommeil des rives d’en haut…

 

 

Excès d’air – dilatation de l’espace – et cette extériorisation du regard – comme une caresse sur le monde – l’élan d’une main ouverte et secourable – prête à guider et à soigner (si nécessaire)…

 

 

Le chemin du retour. De l’apparence à l’inhabité. De la certitude au plus vaste. De la peur au moins étranger. Choses et visages superposés comme la Babel la plus naturelle du monde. Et le souffle pour étendre l’espace – élargir l’envergure – et laisser s’effacer la crispation – cette respiration rétrécie. Sentir le chaud et le froid des âmes – et les secrets sous la langue. Devenir terre occupée – résistante – et ciel sans mystère. Presque humain peut-être…

 

 

La main aussi disponible que l’esprit – et l’esprit aussi disponible que l’âme. Temps obsolète et exigences révolues. Le neuf qui jamais ne se laisse étreindre mais qui régénère inlassablement le regard…

 

 

Entre ce qui se distingue et ce qui s’efface. Plus même certain d’exister. Qu’un nom sur une silhouette que nul ne voit – que nul n’appelle…

Le vide – peut-être – déjà en train de nous happer…

 

 

Entre passage et suspens – possible et servitude – liberté et autre monde. Ce que la langue rend visible et vivable – de jour en jour. Et ce qu’une autre perspective éclaire plus précisément…

 

 

L’entente et l’innommable – intervalle où tout devient égal – sensible – écrasant. L’inhumain brisé en deux – puis, cette fraîcheur qui élargit l’espace – et ôte les cloisons – pour offrir enfin l’air nécessaire pour vivre et respirer…

 

 

Ce qui monte – en soi – vient, peut-être, du ciel – de l’ouverture du chenal sur lequel veille l’âme. Tout alors surgit – et se déverse – pour que nous devenions le monde…

 

 

Les pierres, les arbres, les bêtes et les poètes sont nos amis les plus sûrs ; ensemble nous dialoguons sans fin. Et nos échanges ont l’allure – et le parfum – des jeux de l’enfance – bordés de rires et de joyeuses bousculades…

 

 

Ni signe, ni attente. Pas le moindre visage. Le silence désaisissant. L’austérité joyeuse du dénuement. La simplicité et le nécessaire. L’amitié offerte à ce qui est là. Et la joie que l’on porte…

 

 

Hors de prise – comme l’air insaisissable…

 

 

Ce morceau d’espace qui nous relie. Sans jointure – la terre étoilée. Les visages comme des routes. Les âmes comme des précipices. Le petit peuple du jour. Et le fond de tous les abîmes…

 

 

L’alliance secrète – et méconnue – des visages qui se déchirent. Entre distance et rupture – rapprochement et séparation. Chemin de quête et d’errance où ce qui se cherche éprouve et corrompt toute rencontre – toute forme de proximité – avec l’Autre…

 

 

Figures du rêve – en volutes grises – sans repos – sans explication – jusqu’à l’ultime soupir – comme le prolongement du songe et de l’anecdote…

 

 

Quelque chose s’est perdu que nous ne retrouvons pas – nulle part ; en réalité, il n’y avait que le manque – la perte était un fantasme – une illusion – comme une invitation à chercher autrement – à découvrir ce qui était inconnu – si proche et si familier – pourtant…

 

 

La grande cité est là – tout près – perdue dans le noir de nos idées – entre le silence et les bruits du monde – là où l’on ne s’attendrait qu’à trouver une forme de perte – et, à travers elle, un abandon total – le pire état pour l’homme, pense-t-on trop souvent – et qui se révèle, en vérité, l’unique passage…

 

 

L’homme seul – l’homme premier – l’homme face à l’immensité…

La solitude rehaussée jusqu’à la grâce…

 

 

Mots à leur place – à côté des pas – tout au long du chemin – comme halte et distance – mise en perspective – nécessaires. Sous le regard de la seule autorité admise ; le silence…

 

 

Ce qui sourd du visage humain – ce qui perce sous les carapaces de l’âme – la beauté de l’indicible. La vérité sans masque. Avec la même détermination à éclore chez chacun – en dépit des apparences…

 

 

La pierre et l’âme inerte que la terre emporte…

Les vents et la plainte – la même route à parcourir…

 

 

Aux confins d’un soleil pas encore totalement éteint. Tête et corps de passage. Des versants occupés. Des pentes à gravir. Et nul signe à la ronde – ni devant, ni derrière – ni en haut, ni en bas. L’effort puisant dans le courage – et le courage au fond de l’âme – l’âme portée brièvement par le rêve – quelques restes d’étoiles – simples astres de consolation lorsque le réel effraye davantage que l’étouffement…

 

 

Les circonstances – ce qui sculpte l’intérieur – jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien ; ni nom, ni visage, ni âme, ni croyance – Dieu – nu et seul – ne se cherchant plus ailleurs…

 

 

Le centre – invisible – mais attentif, toujours, à toutes les périphéries – et à toutes les turpitudes du voyage. Le seul habilité à jouer avec les interstices…

Vide – absence et présence – terrains de jeux de tous les états…

 

 

La page – le poème – pareils à un visage dont on aurait enlevé la peau. Sang et nerfs à vif. Et l’âme plus profondément encore. Et derrière l’âme, la solitude et la jubilation – expressions manifestes, et premières peut-être, du silence…

 

 

Ce qui nous traverse et éparpille les éclats. Un mot – une âme – une pierre. Front – à jamais – marqué par l’équivoque de toute solitude et l’apparente multitude du monde et des états…

 

 

D’un côté, monde détaché du regard. Et de l’autre, regard détaché du monde. Et, en nous, les deux réunis qui, le plus souvent, s’ignorent – et qui, parfois, s’enlacent avec une fraternité inespérée…

 

 

Seul – fragile – exposé à tous les vents. Sans abri – sans appui – sans fuite possible – mais intensément vivant…

 

 

L’homme des brèves rencontres – intenses et, parfois, déterminantes. Le passant modeste et magnifique – libre et sans exigence…

 

 

Ce qui se brise et ne peut se réparer – l’organe cœur – l’objet cœur – l’émotion cœur. Et de cette fracture renaître ailleurs – autrement – encore plus fragile – encore plus sensible à la violence du monde. Ainsi découvre-t-on ce qui nous habite – en faisant face à toutes les déchirures…

 

 

Mots-délice sur l’instant inachevé – l’enclave ouverte – l’éternité inaugurale…

 

 

De soi à l’Autre – sans le moindre intermédiaire. Comme une présence – une origine – à retrouver – et qui se conquiert à force de blessures et d’innocence…

 

 

Ce qui est étranger s’attarde dans la parole – comme s’il voulait défaire ce que l’on attribue communément au hasard. Parole – à ce point – qui signifie plus qu’elle ne veut dire – autre chose – plus loin – plus profondément enfouie – tapie peut-être – au fond du regard – et que la sensibilité reflète malgré la pudeur et les réticences à dévoiler davantage qu’un secret…

 

 

Comme un silence agenouillé sur les pierres blanches. Quelqu’un – quelque chose – presque rien – venu rompre la certitude – l’alignement des allées – le mirage du temps – l’amour qui soustrait et sépare. L’écriture interrompue par le bruit de l’âme qui s’enfuit. L’étrange sensation d’être un Autre – plus apte à vivre – moins sensible aux vicissitudes et aux aléas du destin – au provisoire – aux apparences – moins empêtré dans cette folie d’être au monde…

 

 

Eclairé par ce qui interrompt la nuit – et offre aux vivants une valeur plus haute que l’échange. Embrassé par ce qui élève et réunit – l’humilité en tête et le silence à sa suite…

La beauté des pierres, la magie des nuages, la lumière des forêts. Ce qui fend la matière pour qu’émerge, de sa gangue, la possibilité de vivre – le dehors et le dedans rassemblés – unifiés – confondus. La joie d’un Autre tourbillonnant à contre-sens des certitudes. La fête sur tous les visages – autrefois si grimaçants – si creusés par la crainte et la colère – comme une longue et douloureuse naissance à soi-même…

 

 

Tout se dérobe à notre main – à notre âme. Passant seulement – sans même un signe – sans même un adieu. Tout file au rythme des vents. Et lorsque tout a disparu, ne reste que l’absence…

 

 

Une attente vaine et ininterrompue que rien ne saurait rompre ; ni les lieux, ni les choses, ni les visages. Pas même un livre ou un poème. Ni même la foi ou la croyance en un Dieu (trop) lointain…

L’espérance d’une vie plus belle – plus profonde – plus intense ; plus vivante en somme – où la proximité serait aisée – accessible – naturelle. Un monde où l’âme aurait la primauté sur les instincts – où les liens seraient simples et authentiques – où les gestes seraient sensibles et respectueux. Un monde – une âme – une vie – à façonner en soi – et que rien, au-dehors, ne pourrait enlaidir, entacher ni corrompre. Une manière d’être – douce, ouverte et souveraine – indestructible…

 

 

Rupture et séparation – la solitude retrouvée. L’âme et la déraison torrentielle – presque la folie. L’inertie du monde et le poème – la parole pour soi murmurée, chaque soir, à l’oreille d’un Autre – en nous – en soi – amoureusement attentif – qui décèle sous les failles de la langue, les blessures de la traversée – les douleurs encore si vives de l’exil…

 

 

L’Amour – en soi – qu’il faut exhumer des décombres – de l’oubli. Excaver la matière – façonner des interstices – élargir les trouées existantes – et offrir ce labeur acharné sans même lever les yeux sur les visages près à saisir l’aubaine…

Présent anonyme – offrande de personne. Geste simple et naturel. Et gratitude envers les mains qui s’en emparent…

 

 

Ce qui insiste dans la foulée – parfois la douleur, d’autres fois la couleur. Ce que l’âme avait oublié en marchant…

 

 

Terre et figures explorées avec le même feu – le même souffle. L’âme fébrile et attentive au miracle de la proximité – à cette attirance des profondeurs – du commun espace habité par tous…

 

 

Paysages, visages et noms divers que le passant oublie. Ne restent, après quelques heures – quelques jours – quelques années – que l’émotion de la rencontre (si elle a eu lieu) et le parfum du voyage…

 

 

Que reste-t-il face à soi sinon le défi de se connaître – de s’approcher – et de reconnaître la proximité entre ces mille visages qui nous composent et l’espace vide – tendre et accueillant – entre ces figures de l’individualité et cette présence – cette manière d’être présent au monde et à soi-même qui, peu à peu, se confondent…

Le signe que nous sommes la route et l’origine – le voyage et la destination. Le centre immobile au-dedans de tout – épars et unifié – indécelable pour les yeux univoques – horizontaux – qui n’ont encore réussi à franchir les confins de la raison commune…

 

 

Il n’y a qu’un seul visage à rencontrer – ce que l’on oublie trop souvent dans notre fièvre de visages et de rencontres…

Miroirs qu’il faut briser jusqu’à la solitude première…

 

 

Qu’un peu d’encre – quelques signes – sur la page. Des pages et des livres qui voudraient dire le monde – et lui confier ce qu’il sait déjà…

 

 

Bruits prétentieux sur leur pente abrupte. Plus haut, le tonnerre et le ciel zébré – plus bas, l’eau et la terre. Et dans cet intervalle – notre voix sans visée – immergée dans le bleu et le noir – à peine décelable depuis les hauteurs – et totalement imperceptible pour ceux qui ne fréquentent que les pierres…

Infimes poussières que l’on oubliera…

 

 

Le langage tente, bien sûr, d’inventorier le réel – de représenter le monde – ce que nous sommes – et de mettre au jour cette richesse et cette complexité. La conjugaison, elle, ne fait que décliner toutes les manières possibles d’être ensemble

 

 

Chemin après chemin – voyage labyrinthique qui blanchit l’âme et les cheveux. Bornes au bord des routes. Errance métaphysique. L’œil dans la visée des Dieux. L’œil hagard – l’œil fragile. Mille étapes et mille cols à franchir – en roue libre. Comme l’eau fidèle à sa pente…

 

 

Qu’un grand mystère à la place du monde – des yeux – du visage – de l’âme – ce que les hommes prennent, trop souvent, pour une évidence…

 

 

Qu’un espace que tout traverse. Voilà ce que nous sommes – ce qui passe et ce qui permet le passage…

 

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23 mai 2019

Carnet n°186 Aube et horizon

Journal / 2019 / L'intégration à la présence

Un front de chair – humble – affranchi de l’espérance – exilé de la multitude. Seul dans sa marche et son obstination. Digne – au-delà de toute fierté. Honnête face au monde – authentique avec les âmes. Aimable, en quelque sorte, malgré les restrictions – et l’insuffisance – des amours horizontales…

 

 

Un destin de nuage – aussi vaporeux – aussi libre – aussi jubilatoire – que le voyage défait et recompose à l’infini…

 

 

Jamais agenouillé devant – ni perché sur – la moindre idole. Et rechignant toujours à légitimer ses gestes par un dogme ou la pensée d’un Autre – par la moindre autorité. Actes et chants libres de toute appartenance – de toute filiation…

Ni meilleur – ni pire – qu’un autre. Singulièrement atypique peut-être… Une âme qui voue son amour aux pierres, aux arbres et aux bêtes – et à tous les visages humains que la vie et le monde ont rendus humbles et respectueux – pétris d’incertitude et de reconnaissance – suffisamment aimables pour que l’on ait envie de rencontrer leur âme – et (pourquoi pas ?) de jouir avec eux de cette commune nudité…

 

 

Délices de ces retrouvailles solitaires et silencieuses où l’âme est devenue main caressante – bouche qui ose (enfin) déclarer son amour…

Abandonnée cette mendicité sanglotante d’autrefois où l’on réclamait une chaleur – une étreinte – un baiser – et où l’on ne récoltait qu’une indifférence déchirante – insupportable…

Le foyer – à présent – est habité – dont nous sommes à la fois l’hôte et l’invité – la place vacante et le vagabond de passage…

Espace libre et ouvert…

 

 

Roche magmatique – terres en flammes – devenues presque solaires à force d’étreintes et de lumière…

L’Amour offert à lui-même – à travers mille gestes…

Et l’âme qui jubile au-dessus de soi…

 

 

Tout devient aussi réel que la mort – aussi concret qu’un corps inerte – qu’une âme sans vie…

Tout a été étranglé par l’incertitude…

Ne restent plus – à présent – que la joie et le vide – et la tentation d’exister pour presque rien

 

 

L’essence de l’infini où tout semble réalisable. Et vivre qui – à la fois – ouvre et limite le champ des possibles…

 

 

Ce que le monde malmène et répudie – voilà ce qui nous semble le plus aimable sur cette terre. Les autres – ceux qui exploitent – ceux qui tirent profit ou sommeillent – n’ont droit qu’à des grimaces et à des gestes spéculaires. Mais ce qui surgit, bien sûr, vient d’en deçà et d’au-delà de toute intention – guidé par les conditionnements du monde et une main inconnue ; la volonté d’un Autre et celle de tous les autres – réunies au fond d’une seule âme ; toutes les âmes en une seule – et cela pour chacun…

 

 

Posée au jour le plus à l’est du monde – avant même que naisse la première aurore. Là est la lumière. Et l’âme à l’autre extrémité – libre – aventurière – toujours aussi sauvage et indomptable…

Et nous – des deux côtés à la fois – réunis dans le regard, le geste et la parole…

 

 

La communauté vivante se tient – toujours – sur les pierres – au cœur des forêts – et, parfois, parmi les visages que nous croisons – et qui attendent – humblement – un regard – un geste – une parole – un peu de tendresse, peut-être – pour éveiller leur joie – apaiser leur peine – combler leur solitude – et approfondir, espérons-le, leur humanité…

 

 

Peut-être entend-on – ici et là – dans ces pages – le chant des rivières et le vent dans les feuillages… Peut-être aperçoit-on – entre les mots – au détour d’une phrase – quelques empreintes animales. A se demander si cette encre n’a pas été mélangée à un peu d’eau – à un peu d’air – à un peu de terre – et si ces feuilles ne sont pas, en vérité, quelques fragments volés aux collines…

 

 

Le non savoir offre une innocence au regard qui peut – ainsi – réenchanter le monde…

Beauté – partout – jusqu’à cette pluie diluvienne et à nos habits trempés qui sèchent dans la cellule – comme la marque de notre appartenance – comme le signe de notre allégeance – si vives – si intenses – à la terre…

 

 

Des yeux ronds comme des billes devant la beauté du monde et les mille horizons de la terre. Seul face à cette aube qui s’annonce – comme si les ténèbres d’autrefois allaient (enfin) être détrônées…

 

 

Brûlure ardente de la joie au faîte de la solitude. Solitude apparente, bien sûr, tant tout semble habiter – et résonner – en soi. L’ombre des choses et toute la création au-dedans de l’âme qui vibre à l’unisson du monde…

 

 

La beauté sans cesse renouvelée du jour – de la lumière et des étoiles. Ni sang, ni fatigue. Ni même lendemain prometteur… Des yeux émerveillés par cette grâce de vivre…

 

 

Marche sans chemin – sans même la sensation du sol. Balbutiements, peut-être, de lévitation…

 

 

Voyage où l’incertitude grandit jour après jour – devient prépondérante – centrale – et où l’angoisse s’amenuise – disparaît peu à peu – déchirée par la prégnance de l’instant et les infinies possibilités du chemin…

 

 

En vérité, nous n’avons jamais marché – c’est la lumière – en nous – qui s’est approchée…

Et dans les yeux, nulle étoile. Et dans l’âme, l’assise fragile de l’innocence qui a délaissé les chimères humaines pour plonger sans espérance – au cœur de la joie et de la beauté – au cœur de la réalité visible et invisible du monde…

 

 

Ici ou ailleurs – qu’importe les lieux et les chemins empruntés au cours de cette marche vers nous-même(s)…

 

 

Entre ombres et étoiles – là où le sang et la fatigue n’ont plus d’importance – à la source de tous les gisements – là où la liberté est un chant – un acquiescement joyeux à toutes les infortunes…

 

 

Demain sera une terre sans ténèbres – sans crainte – sans malédiction. Demain – sans doute – n’existera jamais…

C’est à présent – à cet instant même – qu’il nous faut apprendre à être libre – à jouer avec les incertitudes du voyage – et à célébrer la fervente dévotion de l’âme pour le silence et l’infini…

 

 

Temple du geste où les choses et le langage sont déposés au plus bas – pour répondre aux nécessités du corps et de l’esprit…

Rien qu’un chant – un voyage – une flèche vers le silence…

 

 

L’amitié du voyageur pour ce qui n’a de nom…

Paysages traversés – visages rencontrés – en silence – l’âme discrète et mains offertes en reflet…

 

 

Sécularisation du plus sacré. Extension de la verticalité à tous les horizons du monde. Perspective première – avec ou sans le consentement des hommes. La seule œuvre nécessaire peut-être…

 

 

La calligraphie des heures et les grandes arabesques du temps – dispersées sur la page. Comme un silence au milieu de la cendre – au milieu de la lumière – au cœur du jour nouveau – en attendant la naissance de l’aube. A se tenir là – innocent et émerveillé – au cœur de cette étrange beauté de vivre…

 

 

Un feu – une innocence – l’intuition d’une expérience inaugurale…

Ni folie, ni délire d’affamé. Caresses plutôt d’une éternité imminente…

Du sable dans la bouche peut-être… Une étendue fragmentée. Un reste inoffensif d’espérance. Quelque chose au goût de poussière. Des cendres et une seule présence – nulle part enracinée – mais qui a poussé sur le néant laissé par les incendies successifs – au cœur de la béance creusée par la traversée de l’abîme…

Là où la lutte et la peur ont été désossées – et remplacées par l’Amour qui se montre parfois tendre, parfois véhément – selon les visages et les circonstances. L’infini à travers le regard. L’infini à travers le geste ; d’âme à âme, en quelque sorte – qui – toutes – habitent l’espace commun…

 

 

Confiance dispersée en autant de visages rencontrés. Passage de l’attente – fébrile toujours – à l’éternité…

Pierre sous le soleil – sans tête – sans poids – qui se prête à tous les pas – à toutes les errances – à toutes les folies…

 

 

Ce qui a brûlé – ce que les vents ont emporté – ce que le monde a dévasté – terreau de l’inattendu – socle de l’inespéré. Perspective où l’invisible prend le pas sur l’explicable…

 

 

Un feu qui ne faiblit pas – malgré la fatigue et l’absence parfois…

 

 

Des pas d’encre sur la page et le chemin – entremêlés – confondus – superposés – où le monde et le silence tiennent le haut du pavé – règnent en maîtres si l’on peut dire…

 

 

Porteur d’abîmes et d’horizons. Marcheur qu’aucun sommet n’effraye. Arpenteur de passerelles. Passeur de gué. Foulées droites et chemins tortueux vers le même océan…

Ni sortilège, ni malédiction. Simple vocation qui impulse le rythme et la direction…

 

 

Pas d’exil et pages de joie. En commun – le chemin et la solitude – où ni l’encre, ni la sueur ne sont comptées…

 

 

Vie secrète entre deux soleils – sur ce fil étroit qui relie toutes les rives – celles de l’âme – celles de l’homme – celles du monde…

 

 

Célébration de l’effacement qui nous fait perdre une place quelconque – infime toujours – dans l’organisation hiérarchique des hommes – au profit d’un horizon infini et invisible. Comme une présence indispensable autant à l’âme qu’au monde…

 

 

Décadence – chute apparente – qui a effacé le superflu – ce qui gênait – ce qui encombrait. Amincissement de l’âme, en quelque sorte. Vie matérielle élémentaire – simple – sobre – presque sommaire – au profit d’une âme plus dense – plus profonde – plus légère. Etrange alliance avec l’Absolu. Et Dieu – en nous – qui peut (enfin) s’installer – occuper la place vacante – pour devenir, peut-être, le seul maître du jeu…

 

 

Là où la mort n’existe pas – ou alors n’est qu’un rite – un rire – une farce – un jeu – indévoilable aux yeux trop puérils des hommes qui, dans leur orgueil et leur mégalomanie, se prendraient pour des Dieux immortels…

Exercices et pratiques initiatiques de l’abandon, de la nudité et de la modestie – comme préalable nécessaire au dévoilement (progressif) de la vérité…

 

 

Archives des humeurs – peut-être – où l’essentiel, comme à l’accoutumée, se lit entre les lignes…

Usage plus modéré du verbe pour offrir une autre envergure au silence – colonne vertébrale – axe central – qui relie les fragments et offre, à travers leur foisonnement – leur luxuriance, un espace de respiration…

Un peu d’air, en somme, pour exister – malgré l’abondance des mots…

 

 

Homme simple – simplement – sans autre point de comparaison que lui-même. Sans frère véritable – sans autre communauté que sa propre compagnie – et qui porte sa solitude tantôt comme un abîme, tantôt comme une cape de joie…

Trop profondément blessé, sans doute, par l’inhumanité du monde…

 

 

A marcher là où les pierres lui offrent un passage. A rencontrer les arbres et les bêtes et à leur parler en frères. A dormir là où les herbes l’invitent à se coucher. A vivre (presque) comme si l’humanité n’existait pas…

Prisonnier – trop prisonnier, peut-être, de lui-même… Mais sur qui d’autre pourrait-il compter…

 

 

Pantin déguenillé – malmené – bancal – suspendu à un seul fil – fragile – prêt à se rompre…

 

 

Dans la gueule du loup – et à la place des dents – une joie. Une joie greffée sous la langue. Comme un phare – le seul possible, peut-être – dans cet océan de silence oppressant – sans gaieté – sans communion – où ne bruissent que les vents – les gémissements des vivants – l’effroyable tyrannie des souffles…

 

 

Joie pure de l’étincelle et du brasier. Et tristesse à la vue des cendres laissées par les incendies. L’homme partagé – dévoré par ses antagonismes et sa multitude – par l’armée de visages qui le gouvernent…

 

 

Fragments pour l’homme seul – exilé des rives communes – curieux – interrogatif – qui rêve de comprendre le monde, les Autres, lui-même – d’explorer leur profondeur – leur étendue – de percer tous leurs mystères – de découvrir la vérité sous les identités apparentes…

Fragments pour l’homme seul. Fragments pour (presque) personne, en vérité, en ce monde où la solitude est malvenue – bannie – exclue – quasiment interdite – et où l’usage des Autres n’est qu’une manière (commune et maladroite) d’échapper à son douloureux, instructif et bouleversant tête-à-tête…

 

 

Dialogue – chute – archipel. Tout un monde en soi – plus riche, peut-être, que celui de dehors. Avec moins de rêves et de miroirs…

 

 

Front qui a recouvert la blessure. Dans ce face-à-face où tout s’est résorbé. Les royaumes, la solitude, les tentations – jusqu’au monde que nous avons cru arpenter – jusqu’aux visages que nous avons cru rencontrer…

 

 

La magie et l’illusion dessinées par les yeux qui refusent de voir…

 

 

La terre sans profondeur – suffocante. Le ciel sans promesse – terrifiant. Plus âpres et désespérants que le rêve. Si invivables qu’on s’en remet à un Dieu étranger – à un Dieu inconnu – inventé – inconnaissable – au lieu de plonger dans la douleur pour découvrir, au fil de la traversée, ce Divin vivant – vibrant – intérieur et familier – qui, peu à peu, résorbe les frontières entre le monde et soi – entre le réel et l’invisible – entre le dehors et le dedans…

 

 

Âme migratrice – et silence sédentaire, présent déjà partout. Ainsi commencent – presque toujours – le conflit et l’errance – la quête irrépressible de l’Absolu – la tentative acharnée de combler cet écart ou de juxtaposer ces deux entités injuxtaposables

Et tout s’achève, bien sûr, avec la réconciliation, la réunification et le plein acquiescement à la différence – lorsque l’on abandonne ses rêves de superposition et de coïncidence parfaite…

 

 

Folie cheminante dans la poussière – cherchant son socle – son appartenance – son extinction…

 

 

Tout se jette dans nos yeux avides qui absorbent – qui absorbent jusqu’à la cécité…

 

 

Terre sans bannière où les visages sont anonymes – où les chemins sont ouverts – où l’or et la puissance ne valent pas davantage que l’errance et la poussière. Aire de présence immédiate – franchissable à chaque instant – pour que chacun puisse découvrir le seuil au-delà duquel tout s’inverse (lorsque l’âme, acculée, abandonne enfin ses vieilles références)…

 

 

Dieu dans chaque visage – au milieu des jours – dans la boue – dans l’herbe et les poèmes – dans les arbres et les mains couvertes de sang…

 

 

Vivre au rythme des arbres, des fleurs et des saisons – au rythme des astres et des bêtes – au rythme de l’herbe qui pousse et de la faux qui la coupe à maturité – au rythme des pas vagabonds qui arpentent la terre sans destination – libre du rythme du monde que les hommes ont rendu fou…

 

 

Ni parmi – ni avec – ni contre. A côté – le plus loin possible…

 

 

Rien à dire – rien à montrer – rien à défendre. Et rien à vendre, bien sûr… Dans l’attente d’une fraternité impossible (ou qui ne m’a pas été offerte)…

Chant solitaire donc pour résister au pire de l’homme…

A vivre, pourtant, comme si le monde était encore vivable – comme si la compagnie humaine était encore possible – comme si l’on pouvait encore espérer (un peu) de l’humanité…

 

 

Au service de ce qui est faible et de l’invisible. Inapte donc à vivre en ce monde où seules comptent la force et l’apparence…

Présence néanmoins indispensable – comme élan de résistance – comme force de rééquilibrage…

 

 

Qui sait ce qu’auront dessiné nos traits sur quelques âmes – et les incidences qu’ils auront eu sur le monde…

 

 

Ami des pierres et des arbres – des bêtes et du silence…

Une âme aux confins du monde humain…

Vagabond fuyant toutes les tribus (petites et grandes) – serpentant entre tous les campements sédentaires – entre tous les fiefs de l’entre-soi…

Fils d’une autre terre – enfant d’un autre ciel – vivant, pourtant, dans le même abîme que tous ses frères…

Ami des poètes, des penseurs et des sages. Ami des moines agenouillés dans leur cellule – de tous les ermites du monde – de toutes les âmes solitaires – désespérément ou joyeusement seules…

Dans sa roulotte déambulante qui arpente les routes et les chemins – et qui s’installe, pour quelque temps, dans tous les paysages désertiques et sauvages…

Va-nu-pieds de passage ignoré ou méprisé par les hommes – indigents jusque dans l’âme – qui crachent sur l’invisible et l’humilité – sur le dénuement et la précarité – les plus grandes beautés, peut-être, du vivant…

 

 

Sans socle – sans racine – mais le regard suspendu au plus précieux…

Sans rôle sur cette terre de murs et de masques – sur ces rives où les instincts, l’ignorance et la peur règnent en maîtres – et cimentent toutes les frontières – toutes les lois – tous les horizons…

 

 

A laisser le silence chanter sur ses pages – et la liberté courir dans ses veines – entre ses mots…

 

 

Seul comme si le monde n’était qu’une nuit – un rêve – un abîme – et toutes les existences (dont la sienne, bien sûr) un mirage provisoire…

Lui, si sensible, pourtant, à la beauté de cette terre et au miracle de vivre…

 

*

 

Avoir besoin des Autres (de quelque manière que ce soit) alors qu’ils nous insupportent – voilà, peut-être, résumé tout le dilemme de l’homme face à l’horizontalité du monde – face à la dimension relationnelle (si prépondérante) de l’existence terrestre…

Quant à la verticalité, elle n’est pas, non plus, vécue sans heurt, ni antagonisme. Comment, en effet, concilier le sentiment d’être pleinement soi-même (d’éprouver une forme d’accomplissement personnel respectueux de ses singularités et de son idiosyncrasie) et vivre, de manière pleine et réelle, l’effacement égotique ? Et comment gérer ces allers-retours permanents entre la personnalité – ses besoins – ses préférences – ses désirs et ses aspirations – et la présence impersonnelle – son équanimité – son acquiescement – son absence d’exigence et son silence ?

Dans la dimension horizontale comme dans la dimension verticale de la vie humaine, il semblerait qu’il faille allier naturel, spontanéité et abandon à ce qui est sans désirer expérimenter ce qui nous semble meilleur (ou plus favorable) – sans hiérarchiser les circonstances, les situations et les états intérieurs (émotions, sentiments…) – vivre sans rien désirer – vivre sans vouloir contrôler ou régenter ce qui jaillit – ce qui nous est offert (de façon si provisoire) – se laisser porter par les multiples courants qui nous animent – laisser son être pencher tantôt vers le centre, tantôt vers la périphérie – tantôt vers soi, tantôt vers l’Autre – en sachant (bien sûr) que le centre, la périphérie, soi et l’Autre ne sont, sur le plan visible, que différents aspects – différentes parts – du monde – et, sur un plan un peu moins tangible, différents fragments du même corps et de la même conscience – créés, fractionnés et unifiés par leur jeu permanent – aspects, parts et fragments qui nécessitent (simplement) plus ou moins d’attention, de présence et de considération selon les circonstances et la façon dont chacun vit et expérimente ce qui lui est donné à vivre…

 

 

Dévalons donc les pentes de l’enfer sans vouloir transformer tous les versants du monde en paradis – ni vouloir transformer la moindre pierre en élément d’un éden fictif – imaginaire – illusoire…

Que chacun se rue donc dans les ténèbres – et jouisse de tout ce noir qui irradie

Allons, camarades ! Avalons – et inhalons – la poussière des chemins – querelles – blessures – vengeances. Et vautrons-nous sur tous les territoires clôturés…

La terre – ainsi – ne sera jamais comprise – ni jamais respectée. Et la magie de l’Amour restera – pour toujours peut-être – un dogme – un masque pour des rituels mensongers – obsolètes – inutiles… Mais nous aurons vécu en homme – et honoré les traditions ancestrales du monde… L’honneur sera sauf – nous pourrons alors mourir sans regret…

 

 

Illusion de toute issue – de toute échappée. Nous demeurerons au fond du gouffre. L’unique perspective réside dans la lumière et la tendresse avec lesquelles nous éclairons et abordons ce que nous appelons la vie et le monde ; choses, visages et circonstances…

La matière restera matière – les gestes resteront gestes – les pensées resteront pensées. Mais les yeux pourront se transformer en regard…

Et, qu’importe que les âmes et les instincts continuent de jouer ensemble – ou de lutter au corps-à-corps – la marche du monde et du vivant se poursuivra quoi qu’il arrive – quoi que nous fassions…

 

 

L’intense proximité – voilà ce qui nous offre le plus de joie en ce monde. Qu’importe ce qui se trouve devant nous (ou au-dedans de nous) ; pierres, fleurs, arbres, bêtes, ciel, chemins, paysages, idées, sensations, émotions, sentiments et, parfois, il est vrai (trop rarement peut-être) quelques visages humains…

 

 

Donner et recevoir Amour et attention – tout, en vérité, tourne autour de cet axe central. Toutes nos vies – tous nos gestes – toutes nos paroles – n’en sont que des déclinaisons…

Variations infinies autour du même centre…

Et être ce lieu du partage – où l’on éprouve ce qui circule – ce qui est offert et ce qui est reçu – est, sans doute, la plus ardente aspiration de l’homme…

 

*

 

Que laisserons-nous dans notre sillage… Un peu d’écume qui – très vite – retournera à l’océan. Un peu de poussière qui – très vite – retournera à la terre. Un peu d’air qui – très vite – rejoindra les vents et, peut-être, le souffle de quelques vivants…

 

 

Etranges instants de vie – entre mille états et mille phénomènes – toujours – aussi sûrement que nous sommes traversés par mille émotions – et tiraillés par mille forces contraires…

Plongés au cœur des querelles inhérentes – consubstantielles – au monde relatif…

Ambivalent et équivoque destin que celui de l’homme…

 

 

Nos lignes – aussi tendres que l’âme et la chair – aussi dures que les pierres – aussi bavardes que les hommes – aussi hermétiques, peut-être, que le silence. Et foisonnantes – toujours – comme l’herbe et les fleurs au printemps…

 

 

Quelques paroles en héritage qui ne quitteront – sans doute jamais – les abîmes. Puissent-elles seulement offrir à quelques âmes un peu d’encouragement pour l’envol…

 

 

Peut-être est-il temps de creuser la terre – d’amonceler un peu de glaise pour édifier sa sépulture – d’offrir sa langue aux pierres et aux vents – et de parcourir le reste du chemin l’âme libre de toute exigence…

Laisser la proximité de la mort enterrer, une à une, toutes nos nécessités…

Disparaître le cœur léger…

 

 

Ni voix, ni sage, ni maître. Pas même un chapeau à se mettre sur la tête. La silhouette prisonnière de la danse des vents – de la folie du temps. Avec, sur le sol, d’infimes traces ; un peu de sueur – quelques larmes – et mille feuilles noircies de mots insensés…

Rien – à l’approche du silence…

 

 

Terre vêtue de forêts et de rivières – ciel en turban – sans limite. Et notre oreille collée contre sa poitrine pour entendre l’écho des profondeurs – la vie magmatique – les ondes lointaines du cri originel – avant la naissance du temps – avant la grande aventure des siècles – avant que l’homme impose son règne à ses rivages…

 

 

Paroles fidèles à l’âme – à ce qu’elle porte – à ce qui l’habite – aussi folles – aussi aventurières – aussi sérieuses et excentriques. Et aussi incompréhensibles sans doute…

 

 

Bras ouverts à ce qui tremble – l’âme comme un ciel – un horizon – une perspective. L’unique chemin, sans doute, pour échapper à l’indigence miraculeuse de vivre…

 

 

Le front trop humain encore pour s’affranchir de la fièvre et de l’errance…

Brûlant le peu qu’il nous reste pour arriver devant la mort aussi nu qu’à la naissance…

 

 

Sans appui – sans allié – aussi seul que l’âme – aussi insensé qu’un poème lancé par-dessus les murs du monde – comme un cri de joie et de révolte – comme un feu – un brasier – pour illuminer cette nuit – éclairer un peu les hommes (peut-être) – et répandre la lumière sur cette folie et ce sommeil…

Choisir la grâce plutôt que le rêve. Choisir la beauté et l’innocence plutôt la ruse et la violence…

 

 

Vivre en deçà de toutes les histoires – et ouvrir les yeux sur les visages et les choses du monde. Remercier pour la solitude et le silence. Offrir son chant pour honorer la perspective d’une terre sans drapeau – sans chimère. Puis, brouiller les pistes – inverser la parole – exalter la défaite pour voir plus loin – faire exploser les communes ambitions – décimer les royaumes – brûler les rêves et les restes des idoles. Rompre les murs du labyrinthe. Partager le secret dissimulé au fond de l’âme. Oser enfin être un homme. Oser enfin être soi-même et bien davantage – toutes les figures de la terre – ce que l’humanité apparente à Dieu – l’infini, l’éternité et l’Absolu amoureusement réunis. Tout être – et tout goûter. Savourer ces fragments – ces éclats – ces mille facettes de nous-mêmes – puis, tout jeter au loin – au feu – dans l’océan – et recommencer le jour suivant – un peu plus tard – ici et ailleurs – en effaçant, peu à peu, tous les délires de notre front…

 

 

Chaque soir – attendre la rencontre – en soi – et qui, parfois, n’a pas lieu. Trop opaque peut-être. Trop encombré de gestes et de visages. Seul alors face à la feuille blanche…

 

 

Aucun visage. Pas âme qui vive. Du silence et des forêts. Des chemins sous la pluie – sous ce ciel d’hiver – froid – blanc. Des pas et des pages. Le rythme journalier. Des choses et des chants. Quelques cimes, parfois, à gravir. Ni orgie, ni festin. Le quotidien élémentaire. Ni fête, ni alcool. Le royaume au-dedans. La clôture. Et le monde si lointain…

 

 

Ni triste, ni joyeux. A peine présent. Comme le signe d’une distance – d’une bataille inachevée au-dedans. Seul dans le labyrinthe – à remuer le secret caché au fond de l’âme pour s’assurer d’être encore vivant…

 

 

Excessif – tout ou rien – passant de l’un à l’autre pour ne rien manquer. Et la perte – ainsi – est fracassante. Où que nous allions – quoi que nous vivions – nous restons l’âme et les mains vides…

 

 

J’aimerais une âme – et des mots – durs comme le granite – à la surface légèrement friable – pour répandre autour de moi quelques éclats d’encre – quelques grains de sable. Le reflet d’un très ancien silence…

 

 

Peut-être n’y a-t-il plus rien à faire – plus rien à dire – plus rien à partager. Se laisser vivre – simplement – et attendre la mort avec indifférence. Aller ainsi – d’heure en heure – de jour en jour – sans intention – sans désir particulier – sans destination précise. Se laisser mener – se laisser porter – par les souffles du monde et les nécessités intérieures…

 

 

Pas certain que ces lignes prouvent que nous soyons vivant. Un Autre – en nous – a soutenu notre âme – et tenu notre main et notre plume – pour les écrire…

 

 

Sur cette aire où la terre n’offre pas la moindre promesse de retour. Une fable, peut-être, à laquelle nos lignes n’ont pas réussi à offrir davantage de réalité…

 

 

Vivant – à peine – comme si tout se détachait – la vie – le monde – les visages. Ne restent plus sous nos pieds qu’un peu de sable – et le ciel immense devant nos yeux sans exigence…

Etranger à tout autant qu’à nous-même…

Et nos lèvres, pourtant, qui cherchent leur souffle. Et notre âme, pourtant, si sensible au feu qui l’habite…

A marcher – sans fin – dans la poussière – au milieu des cris et des ruines...

A contempler – sans tristesse – le déclin implacable des existences…

 

 

Pas à pas – de dérision en dérision. Comme si nos ailes étaient collées aux décombres – comme si la terre n’était que larmes – comme si nous étions seuls – et la vie pas même un passage. Un refus rédhibitoire clôturant toutes les issues possibles. La grande impasse dans laquelle nous nous sommes nous-même(s) jeté(s)…

 

23 mai 2019

Carnet n°185 Toujours – quelque chose du monde

Regard* / 2019 / L'intégration à la présence

* Ni journal, ni recueil, ni poésie. Un curieux mélange. Comme une vision – une perception – impersonnelle, posée en amont de l’individualité subjective, qui relate quelques bribes de cette vie – de ce monde – de ces idées – de ce continuum qui nous traverse avant de s’effacer dans le silence…

Regard confiant au cœur de l’incertitude – comme si la vie était un chemin joyeux – un jeu – un exercice de découverte – une exploration du réel – un apprentissage de la joie et de la gratitude – et non une suite d’épreuves et de déconvenues – une longue série de peines et de malheurs…

 

 

Nécessités et jubilation silencieuse – sobre – éminemment solitaire – sans autre visage que celui des pierres, des arbres et des bêtes. Cellule au cœur de la forêt – entre terre et ciel – sans horizon ni regret…

 

 

A présent – l’espace et la lettre – et le rythme des pas. Sentier de cendres, peu à peu, transformé en or. Soleil journalier entre l’aube et la page. Le front ouvert au cœur du monde

 

 

Quelques foulées dans des lieux sans importance. L’âme habitée moins confusément. Un envol au-dessus des abîmes intérieurs – au-dessus d’un monde où sommeille encore la plèbe…

 

 

Le ciel recouvre la feuille – traits qui serpentent entre les pierres sur les plus hauts versants du monde. Roches et syllabes se chevauchant – et roulant ensemble sur la mousse – sur la page. Du soleil – de l’ombre – le juste équilibre de l’homme. Des gestes et des mots – soudés par la même substance. L’âme et le langage adossés au même silence. La joie incertaine – fragile peut-être – mais présente – loin des tribulations des siècles. Hors du temps – loin des hommes. Dans cet havre que les chemins ont, peu à peu, façonné…

 

 

Eloignement – à la suite du passé. Phrases et sentiers soutenus par la joie. L’encre et la sueur – issues du même creuset – coulant sur la même pente. Racines au ciel – là-haut – accessible à la verticale de tous les en-bas – après mille détours – mille impasses – mille bifurcations – où l’âme s’est cru perdue…

 

 

A contempler la vie dans le sillon des arbres – avec cette patience de la verticalité…

 

 

Entre le vide et les menaces – l’incertitude – une aubaine pour l’âme malgré l’œil fébrile – inquiet – et que rien n’apaise – pas même la continuité des jours…

 

 

A refaire le trajet à l’envers – jusqu’au puits où tout a commencé. Et sur le point, peut-être, de découvrir l’espace jubilatoire qui a enfanté l’abîme, le ciel et le voyage – cette terre qui nous a vu naître…

 

 

Nulle exigence – ni de solitude, ni de rencontre – ni de circonstances, ni d’extase. Seulement ce qu’offrent le jour et les provisoires penchants de l’âme…

Si loin de cette manière de vivre d’autrefois où chaque événement était un risque – une épreuve – un faix – un accablement…

 

 

Le tranchant du jour – à travers le visage – à travers la parole. La lumière comme un silex sur les masques du mensonge…

L’âpre sentier de la lucidité qui érafle – perce et pulvérise – qui déblaye l’espace nécessaire pour que s’établisse le moins pire de l’homme

 

 

Titubant au milieu de l’ombre – de gestes en syllabes maladroites – pour déterrer ce qui se cache derrière l’identité – sous les racines apparentes du monde – et découvrir la vie hors du temps et le premier visage qui enfanta les siècles…

 

 

Entre le vide et le monde – cette course inachevée…

 

 

Le vent, l’incertitude et la parole couchée sur ce blanc innocent et sans mémoire…

 

 

Pantin des forces noires qui nous gouvernent. D’impasse en bifurcation – de sol en ciel imaginé – vers ce langage sans verbe – vers ce geste au-delà de toute intention. Là où les mirages sont pulvérisés – là où l’illusion implose – abandonné à soi et à la possibilité de la rencontre. Murs qui se lézardent – qui s’effritent – qui s’effondrent sur toutes les ruines – et toutes les tombes – des siècles. Au commencement de tout, peut-être…

 

 

Entre les ombres et la transparence du noir. Architecture horizontale que viennent lécher les vagues et le brouhaha du monde avant de se fracasser contre les digues de l’âme…

Hauteur aux portes de la mort. Brasier où nous nous attardons, peut-être, trop longuement…

Nébuleuse asymétrie où se déversent la sueur et le sang de la désobéissance…

Un peu d’encre – quelques taches sur le lustre des lettres…

 

 

Mots emphatiques et inutiles – là où le moindre geste convoque – et réunit – tous les Dieux…

 

 

A vivre parmi les mythes et les reflets – cette ombre galopante qui traverse le monde – qui pénètre les esprits et s’entasse dans les têtes en strates de poussière légèrement argentée. Et la soif jamais tarie de l’âme qui cherche – accroupie – dans toutes les eaux stagnantes la source inaséchée…

Vertige de l’errance et de la dépossession…

 

 

L’ignorance pointée comme un tremplin – comme une possibilité de prolonger le rêve…

 

 

Chaque visage plongé dans les abîmes communs – dans le noir constitutif du monde – là où l’illusion tient lieu de repère – de loi – de vérité… Là où la certitude devient le seul étai pour échapper au néant…

 

 

La délicate attention de l’aube – agenouillée à nos côtés. L’œil au portique découvrant, à travers la fente, le terrifiant spectacle du monde…

 

 

A entendre partout le dedans appeler le dehors – et le dehors se perdre dans toutes les impasses du monde – et se cogner à la vitre du silence – toujours aussi ouvert – toujours aussi infranchissable – toujours aussi ignoré…

 

 

Une main et un front ouverts aux esprits qui cheminent – au silence tissé entre les mots – aux bêtes que la lumière réchauffe et rassure – à toutes les lueurs dans la nuit terrestre…

 

 

Alphabet de découverte pour percer le mystère dissimulé à l’origine du temps…

 

 

Le même monde – les mêmes choses – à l’envers – lorsque l’âme trouve son équilibre sur le fil tendu entre l’abîme et l’incertitude – lorsque l’âme se faufile entre les visages – lorsque l’âme plonge au cœur des circonstances…

 

 

Parler avec soi – et avec tous ceux qui sont vivants. Mais garder le silence face aux spectres mimétiques…

Cortèges inchangés de la répétition dont les pas et les heures pèsent aussi lourds que le plomb…

 

 

A tourner sur soi jusqu’à rompre le fil des incarnations. Métamorphoses jusqu’à la virginité de l’âme – à l’approche de la saison désertique où le ciel devient une perspective giratoire ouvrant sur des continents inconnus – invisibles – immatériels – au sein desquels la neige se transforme en flammes et le feu en océan de cimes déchaînées…

Bain de lumière au cœur de la nuit…

 

 

Dans l’intensité d’un regard soupesant la nécessité du monde. Dans cette faille qui annihile la mort et le temps…

 

 

Le dérisoire célébré pour échapper au néant qui – ainsi – gagne le monde avec plus d’ardeur…

 

 

Ce qui serpente entre les miracles – le doute irrévocable de l’exil. La crainte de vivre hors du cadre – hors du centre – trop loin du cercle des mystères et des résolutions…

 

 

Enfant parmi des visages masqués sur lesquels ont été gravées – à traits grossiers – des caricatures d’adulte – fat – indifférent – chargé de toutes les fausses prétentions du savoir…

 

 

Route où règnent les virages et l’incertain – et, de manière moins visible, le rapprochement inespéré de l’âme, du geste et du silence…

 

 

Existence sobre. Quotidien simple et joyeux – si amoureusement solitaire – où le langage importe autant que le silence – et le monde naturel autant que l’espace intérieur…

 

 

Visage de tous les vivants – rencontrés au hasard des chemins – celui des arbres, des pierres et des bêtes – et celui, plus rare, de quelques hommes…

 

 

Présence en soi d’un Autre qui contente l’âme – et offre au corps et à l’esprit le nécessaire. Le reste est glané dans le monde – ici ou là – au hasard des rencontres et des chemins…

 

 

Des rives solitaires où tout semble si étranger – les bruits, les rythmes, les visages – le sommeil des âmes qui rêvent, peut-être, d’éternité. L’automatisme des gestes, le prosaïsme des pensées. La pauvreté du langage et des rencontres. La violence qui répand l’opprobre et le sang. Les opinions et les jugements déguisés en fausse raison. L’ignorance et la barbarie qui – partout – piétinent l’innocence et la beauté. Et le mépris des marges où nous autres sommes exilés…

L’abstraction d’un monde où ne vivent que des inconnus…

 

 

Ouvrir à ce qui nous peuple l’espace nécessaire pour réclamer – être accueilli et honoré – et devenir davantage vivant que fantôme – davantage vivant que démon. Offrir à tous ces visages la tendresse et l’attention nécessaires sans leur imposer – par la ruse ou la force – le silence et la raison…

 

 

Nulle part est le seul lieu existant – le seul lieu où nous sommes – le seul lieu où demeurer. Les autres contrées sont trop certaines – trop circonscrites – trop étroitement liées à l’absence… On peut y vivre – s’y installer – et même y mourir – mais, où que nous soyons, nous sommes toujours un peu ailleurs – dans cet interstice variable sans coordonnées précises – là où nul ne sait s’il existe ou s’il n’est qu’un rêve…

 

 

Réduire l’abîme entre l’âme, la chair et l’esprit – devenir l’incarnation du verbe et du silence – pour que le geste devienne intelligence sensible – et que tout se réalise à partir du respect – et avec tendresse – même les plus virulentes réponses imposées par les circonstances et les inclinations du cœur…

 

 

Percées en soi du moins tangible – du plus éloigné du commun ; le plus simple et le plus ordinaire, en vérité, de l’existence et de l’homme…

 

 

Les yeux dans l’air invisible – à la source, peut-être, des choses – en deçà du sens commun (et du sens cherché) – au milieu des fantômes qui peuplent le monde…

 

 

Des âmes fascinantes derrière la faim tenace – féroce – récurrente – et le sommeil naturel. Lumière dissimulée – comme en retrait – entre deux bouchées – entre deux soupirs – entre deux bâillements – entre deux indigences, en somme…

 

 

Tissée d’ombre et de réponses – voix en fragments – entre le vide et l’œuvre inaccomplie – inachevable sans doute – mais cohérente de bout en bout – où s’esquisse, avec authenticité, le tracé d’une quête – d’un voyage…

 

 

Un jour comme un instant – une vie comme un jour. Et tous ces restes d’éternité abandonnés au temps et à l’oubli…

 

 

Jouer et mourir ensemble – de joute en combat – au cœur de l’âme. Forme de révolution sans empiétement, ni sang versé. Poussière, cris et nuages au-dedans, peu à peu, transformés en orage – en chute – puis, en silence…

Choses souffrantes et apparentes injustices délaissées pour une volonté plus grande – et sans intention – universelle peut-être – cosmique sans doute – sans verdict, ni châtiment – pour que l’épreuve imprègne l’âme, la poitrine et le visage – toutes les coulisses de nos histoires – tous les cercles de notre identité…

 

 

A la cime des jeux – au-dessus des enclos où croupissent toutes les créatures du monde – bouche et bras dressés les uns contre les autres – virulents – démunis – aveugles aux liens intangibles qui réunissent tous les fragments en un grand corps souffrant et jubilatoire – toujours innocent de nos mythes et de nos histoires…

 

 

Les pas les plus tendres de l’automne – entre écriture et soleil – sous la lumière qui a inspiré les vents. Assis sur les pierres où les rires – toujours – sont provisoires – près des grands arbres dont le faîte caresse la chevelure des Dieux. Pauvre et sans miroir – sans même un visage pour contempler son reflet. Fleurs et quiétude au soir couchant lorsque l’autre soleil détrône celui du jour. Le temps immobile – et qui, pourtant, semble s’écouler. Là où, sans doute, est notre demeure…

 

 

Pierre entre les murs mais la respiration ailleurs – au-delà du monde – au-delà des hommes et des Dieux – au-delà du temps…

 

 

L’écriture comme reflet d’un effacement progressif. L’âme de plus en plus vacante – et l’espace comme un soleil – une vaste prairie pour une seule fleur – à distance de ce qui passe – de ce qui crie et gesticule – loin de l’effervescence et de l’angoisse des vivants…

 

 

Les mots effacent peu à peu tous les noms – tous les traits – toutes les identités obsolètes. Langage de silence que tant associent aux forces destructrices qui, à leurs yeux, mènent toujours à la mort et au néant…

Simple déblaiement du superflu – des amas inutiles entassés là – partout – sur la terre et au fond des têtes – depuis des siècles…

 

 

Tout diverge – à présent. L’exil se précise – la solitude s’affine – le passage anonyme s’intensifie…

Un corps en mouvement – quelques gestes – et l’assise – toujours incertaine – ancrée au cœur de cette immobilité souveraine – avec, au fond de l’âme, le silence comme seule couronne…

 

 

Loin des hommes qui réfutent l’acquiescement permanent du Divin. Paupières fermées sur l’asymétrie grandissante. Mythes et sommeil – et mille routes dérisoires – extravagantes – et effrayantes à maints égards – qui éclipsent, de manière presque rédhibitoire, toute possibilité de clarté…

 

 

Monde et syllabes édifiés contre les vents – et sur le sable sous lequel sont enterrés tous les morts que la terre a connus. Poussières magnétiques qui, à travers nos gestes, existent et respirent encore…

 

 

Spirale invisible dans le poème – où les mots – tous les mots – somment de revenir au silence…

 

 

L’innommable aux mille noms rudimentaires – incomplets – balbutiants – que notre bavardage peine à reconstituer…

Pyramide aux visages et aux reflets changeants. Edifice d’ombre, de savoirs et de sable que les hommes et les vents bâtissent depuis des siècles – et qui, peu à peu, s’effrite – se désagrège – pour offrir l’espace et le silence nécessaires à la célébration de l’invisible – ce cœur magnétique et rayonnant – le seul centre de nos histoires – de toutes nos histoires – si partielles – si fragmentées – si dérisoires…

 

 

Sur le même versant que Dieu, les vents et la lumière obscurcie…

 

 

Entre parenthèses – nos vies en sursis. Entre des milliers de points de suspension. Et l’inconnu – le probable et l’évident – avant et après – et au milieu de ce que nous vivons et de ce que nous écrivons sur le dérisoire registre des vivants…

 

 

Des oiseaux au milieu des esprits – quelques idées aussi légères que l’air. Des bruits de feuillage et d’oies sauvages au-dessus de nos têtes. Les chants du monde épargnés par l’apocalypse – par la tragédie de la terre et la tyrannie humaine. Survivants provisoires – rescapés des canons qui prolongent les bras cruels des hommes…

Parmi les pierres – entre rire et soleil…

 

 

Rien ni personne derrière les noms – qu’un peu de terre – qu’un peu de vent. Et la présence espiègle et le silence anonyme qui supplantent l’identité et le langage…

 

 

Ni gouttière, ni escalier. Un toit de toile – une couverture pour la nuit. Et la terre pour royaume…

Ni faux, ni moisson. L’immensité pour seule récolte…

La solitude partout – au-dehors comme au-dedans. Et Dieu au milieu – entre dépit et extase – plongé dans la contemplation de ses mille visages…

 

 

L’ombre tournant autour d’elle-même à la vitesse de la lumière pour essayer de dépeupler l’obscurité…

 

 

Ivres de rêves et d’alcool – comme unique manière de décorer le néant – de donner un peu de couleur à l’obscurité de l’abîme. Fenêtre dans la grisaille – horizon dans la nuit – aussi tristes que tous ces visages titubants dans la poussière…

 

 

Seuls à veiller dans les ténèbres. Comme d’infimes lampes vivantes agrippées à toutes les possibilités du ciel. Temples précaires au sein desquels l’âme – attentive – guette la moindre opportunité – le moindre rai de lumière…

 

 

L’âme aimante – désengagée des turpitudes du monde – reflet d’un autre jour – simple – et moins fébrile qu’au commencement du voyage…

 

 

Suspendu au-dessus du paisible reflet…

Lumière et beauté en surplomb de la fange et de l’impatience – au-dessus de cette fébrilité sans poids et de cette angoisse marécageuse dans lesquelles sont plongés les hommes…

 

 

Yeux dessillés – heures de pleine présence – où le monde ressemble à un rêve – où les Autres ont la même consistance que les âmes – nuages – vapeur docile – tremblements parmi d’autres tremblements. Seule la respiration atteste notre existence. Le reste défaille aussi sûrement que la nuit paraît dense – épaisse – étrangement sombre…

 

 

Fleuve d’instants et de pierres – charriés comme du limon – où la clarté rehausse toute présence – où les heures sombrent faute d’intensité – où ce qui s’écoule – où ce qui s’étire – n’est ni le temps, ni les âmes – mais le reflet de nos yeux perdus cherchant Dieu parmi les algues et la boue des rivages…

 

 

Entre nous – cette absence qui maintient les âmes à distance – emmurées dans leurs plaintes et leurs tentatives…

 

 

Tragique – parfois – comme l’errance des esprits devenus fantômes cherchant un nom – un clan – une lignée – et une pierre où poser leur fatigue…

 

 

Des signes qu’aucun œil ne décryptera – appelés à danser furtivement dans l’âme de celui qui les a déposés sur la page – appelés à courir brièvement dans l’air parmi mille autres pensées – appelés, après quelques cabrioles, à retourner dans la faille – dans l’abîme murmurant tous les secrets du monde…

 

 

Vacillant dans la main des siècles. Noirci – presque consumé – par les feux du temps. Rien qu’une flèche décochée vers le moins pire – la seule possibilité…

 

 

Manteau d’écume sur le soir couchant. Lumière – comme un astre dans la main placée à hauteur de visage – paume ouverte sur la nuit – obscure – profonde – abyssale. Âme fraîche et palpitante – pétrie de rêves et de résurrection – planant comme un songe au-dessus des croix posées au carrefour des chemins…

 

 

De la boue, des fleuves – et cette rive mystérieuse – introuvable à partir des critères géographiques communs. Du silence – quelques signes pour guider la marche et orienter les pas – vers ce lieu où ne règnent que l’inconnu et l’incertain – là où les fronts se baissent et les lèvres s’embrassent – là où le feu devient ardeur sans intention – là où l’Amour se transforme en rayonnement discret et anonyme…

Dans les bras déjà de l’indestructible qui s’approche lentement…

 

 

A notre place – infime – dans cet immense inventaire où les noms ne sont que des flèches pointées vers le silence…

 

 

Les siècles – piliers des traditions labyrinthiques. Mille gestes – mille visages – identiques – célébrant les mêmes paupières closes. Eaux emportées par le même fleuve vers l’océan où les vents et la mort se côtoient – et conspirent ensemble contre l’acharnement des hommes – l’ignorance millénaire – la barbarie mise au faîte de toutes les pyramides…

 

 

Echo de la même vague qui caresse ces rives depuis des milliards d’années – qui sépare et disperse ce qui n’aspire qu’à se réunir…

 

 

Trésor brûlant du même jour qui s’éternise…

 

 

Quelque chose demeure – à chaque instant – que nous ne savons voir – nous qui passons toujours trop vite – d’une chose à l’autre – d’un visage à l’autre – d’un lieu à l’autre – d’espérance en promesse rarement tenue…

 

 

Heures lumineuses au soir couchant – entre le silence et le chant de la rivière. Le temps immobile – s’écoulant à peine – au milieu des arbres – sur ce sentier de terre fréquenté par les bêtes de la forêt. Quelques signes sur la page près de mes frères endormis. Quelques livres sur la table – une tasse de thé – un feutre. Et la joie de l’âme dans cette cellule dérivant sur les routes du monde – stable dans son assise – acquiesçante à ce qui vient – dispersant les restes du passé dans tous les fossés qui bordent les chemins…

Fidèle au voyage et à l’itinéraire intérieur…

 

 

Le monde se déplie comme un visage trop longtemps caché qui a enfoui son Amour comme un secret dans les replis de la terre. Place nue – âme noyée de larmes – bouche émue par ce qui s’enfante et les répudiations successives. L’exil des marges. La pauvreté du commun qui applaudit à chaque lynchage de la différence. Le front haut – immergé dans son délire – épaules voûtées par le poids du manque et les années ingrates – sans joie. Et ce rire qui résonne dans les tourmentes – dans les tempêtes – dans tous les déserts traversés. Ce qui vient de l’être et ce qui vient du ventre. La beauté et les discours inutiles. La vie, le soleil et la poésie. La présence lisible au creux de nos silences. Les étoiles et l’effacement de toutes nos histoires. Nos récits, nos batailles, nos résistances – toutes nos chimères – aussi minuscules qu’est grande et majestueuse la solitude. Et la mort qui vient clore nos dérisoires aventures. Jusqu’à la fin où, bien sûr, tout recommence…

 

 

Manteau d’hiver sur la plaine que le froid a recouvert. Seul(s) dans la forêt – loin de la ruche humaine – de ces cités couleur de soufre et de colère où les hommes étouffent et s’agglutinent…

Personne ici – qu’un soleil qui étreint l’âme. Et ce vent qui nous embrasse comme les héritiers du néant à la rage cannibale…

Rien que deux yeux ouverts sur cette faille immense dans le mur du monde. L’esprit qui chante pour la joie des pierres. Et ces grands arbres amoureux du silence. L’été au-dedans ne va, sans doute, plus tarder…

 

 

La langue et le pas oublieux des saisons – indifférents aux jours qui passent – griffonnant sur la page – sur le monde – leur humble arabesque – leur danse joyeuse…

Feutre à la bouche – fracassant toutes les portes – effaçant toutes les frontières – pour que la ronde dure encore – dure toujours…

 

 

Mouvement elliptique qui brise l’apparente linéarité de la marche du monde – de la course du temps – ouvrant l’âme au sang et au silence – brûlant la nuit et ses illusions – l’orgueil et ses prétentions – l’identité, les pierres et le soleil – allant là où tout se profane – où tout s’incendie dans la volonté joyeuse du silence pour que – partout – règne sa consécration anonyme – discrète – invisible…

 

 

Chemin de sueur et d’aube récurrente. Feu, poudre et lames métalliques ; terre profanée – plaines et forêts dévastées – collines défigurées – montagnes lézardées – par le sacre nocturne de l’homme – auréolé de sang et de béton…

Ne survivront, peut-être, que le silence et le lichen…

 

 

Petites choses dans les vents et l’infini. Des yeux – un cœur – un peu de chair – et cette âme tremblante qui rêve de jubilation…

 

 

Mains ouvrant toutes les portes – déchirant tous les voiles – éliminant toutes les limites – pour célébrer la nudité fragile de l’être, si souvent, happé par la force des éléments – dansant dans la tempête – au corps à corps avec le monde. L’âme prête à l’ultime sacrifice pour que la joie demeure – toujours – le plus haut de l’homme…

 

 

Le vent se lève – l’heure devient sombre. L’âme se redresse – parée contre tous les assauts. Les rivières débordent. La terre tremble. La pluie cingle. Tout s’agite – et se mêle à la beauté du monde. Les yeux regardent avec effroi la possibilité du sang et de la mort. Les fronts se font fébriles. Et quelque chose – en nous – veille à la justesse du geste et du langage. Les oiseaux et les hommes s’abritent. La fureur – bientôt – sera à son comble. Comme si les Dieux des torrents et de la fougue martyrisaient le petit peuple des vivants – prostrés – fragiles – effrayés par la force des éléments – retranchés dans leur impuissance et leur résignation…

Tous prient – sanglotent – remettent leur vie entre les mains d’un Autre – mystérieux – inconnu qu’ils perçoivent, sans doute, comme un patriarche bienveillant ou une madone angélique – comme une entité divine qui plongerait du ciel pour sauver les âmes du déluge…

 

 

Ce que le monde – et les paysages – nous disent du règne de l’homme – une seule bête – en un seul regard – nous résumerait toute la tragédie…

Sang au front – ensommeillé jusqu’à la mort. Un ventre – des bras – un sexe – d’instincts et de survie…

Une tête au ras du sol – analphabète – qui ne comprend ni le langage des pierres, ni le chant des rivières. Aveugle et insensible à la dignité des arbres, au courage des bêtes et à la beauté naturelle du monde – qui ne jure que par la facilité, le confort et le progrès – devenue plus sauvage et barbare que les dents de la faim…

 

 

Enlacé au jour et à la nuit. Pas tissés d’incertitude et d’inconnu qui abreuvent notre soif. Un jour, ici – un autre, là. Des lieux (presque) sans importance. Un périple où la manière de voyager importe davantage que l’itinéraire – que les paysages parcourus – que les visages rencontrés…

 

 

Récit d’une chute aux allures d’errance – longue – interminable – et qui ne s’achèvera, sans doute, qu’avec la fin de la nuit…

 

 

Terre incessante et ciel intermittent. Comme un œil affamé – fébrile – qu’apaiserait un battement de paupière – comme un intervalle – un repos – un sommeil – dans cette quête effrénée…

 

 

Divagation davantage que périple. De détour en détour jusqu’au centre…

 

 

Lignes boursouflées qui ne laissent que (trop) peu entrevoir la simplicité de vivre – l’effacement des exigences – la nudité de l’âme – la frugalité de l’être. Sans doute – pas assez innocentes encore…

 

 

Front d’écriture comme d’autres se portent volontaires dans les tranchées pour résister aux invasions barbares

Un peu d’encre à la place du sang. Et beaucoup moins de courage sans doute…

 

 

Journal du monde à venir – espérons-le…

Tout devient si tragique – à présent. Le moindre élan amplifie la guerre qui a trop duré… Il faut savoir battre en retraite et s’exiler – laisser les visages à la nuit qu’ils célèbrent – aux ombres qu’ils vénèrent…

Transformer l’ignorance et l’orgueil de l’homme – d’autres avant nous (et des biens plus doués) s’y sont cassé les dents…

 

 

La vie, l’amour, la mort. L’obscure évidence que l’homme et la nuit rendent si triste(s)…

 

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