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LES CARNETS METAPHYSIQUES & SPIRITUELS

A propos

La quête de sens
Le passage vers l’impersonnel
L’exploration de l’être

L’intégration à la présence


Carnet n°1
L’innocence bafouée
Récit / 1997 / La quête de sens


Carnet n°2
Le naïf
Fiction / 1998 / La quête de sens

Carnet n°3
Une traversée du monde
Journal / 1999 / La quête de sens

Carnet n°4
Le marionnettiste
Fiction / 2000 / La quête de sens

Carnet n°5
Un Robinson moderne
Récit / 2001 / La quête de sens

Carnet n°6
Une chienne de vie
Fiction jeunesse / 2002/ Hors catégorie

Carnet n°7
Pensées vagabondes
Recueil / 2003 / La quête de sens

Carnet n°8
Le voyage clandestin
Récit jeunesse / 2004 / Hors catégorie

Carnet n°9
Le petit chercheur Livre 1
Conte / 2004 / La quête de sens

Carnet n°10

Le petit chercheur Livre 2
Conte / 2004 / La quête de sens

Carnet n°11 
Le petit chercheur Livre 3
Conte / 2004 / La quête de sens

Carnet n°12
Autoportrait aux visages
Récit / 2005 / La quête de sens

Carnet n°13
Quêteur de sens
Recueil / 2005 / La quête de sens

Carnet n°14
Enchaînements
Récit / 2006 / Hors catégorie

Carnet n°15
Regards croisés

Pensées et photographies / 2006 / Hors catégorie

Carnet n°16
Traversée commune Intro
Livre expérimental / 2007 / La quête de sens

C
arnet n°17
Traversée commune Livre 1
Récit / 2007 / La quête de sens

Carnet n°18
Traversée commune Livre 2
Fiction / 2007/ La quête de sens

Carnet n°19
Traversée commune Livre 3
Récit & fiction / 2007 / La quête de sens

Carnet n°20
Traversée commune Livre 4
Récit & pensées / 2007 / La quête de sens

Carnet n°21
Traversée commune Livre 5
Récit & pensées / 2007 / La quête de sens

Carnet n°22
Traversée commune Livre 6
Journal / 2007 / La quête de sens

Carnet n°23
Traversée commune Livre 7
Poésie / 2007 / La quête de sens

Carnet n°24
Traversée commune Livre 8
Pensées / 2007 / La quête de sens

Carnet n°25
Traversée commune Livre 9
Journal / 2007 / La quête de sens

Carnet n°26
Traversée commune Livre 10
Guides & synthèse / 2007 / La quête de sens

Carnet n°27
Au seuil de la mi-saison
Journal / 2008 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°28
L'Homme-pagaille
Récit / 2008 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°29
Saisons souterraines
Journal poétique / 2008 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°30
Au terme de l'exil provisoire
Journal / 2009 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°31
Fouille hagarde
Journal poétique / 2009 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°32
A la croisée des nuits
Journal poétique / 2009 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°33
Les ailes du monde si lourdes
Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°34
Pilori
Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°35
Ecorce blanche
Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°36
Ascèse du vide
Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°37
Journal de rupture
Journal / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°38
Elle et moi – poésies pour elle
Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°39
Préliminaires et prémices
Journal / 2010 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°40
Sous la cognée du vent
Journal poétique / 2010 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°41
Empreintes – corps écrits
Poésie et peintures / 2010 / Hors catégorie

Carnet n°42
Entre la lumière
Journal poétique / 2011 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°43
Au seuil de l'azur
Journal poétique / 2011 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°44
Une parole brute
Journal poétique / 2012 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°45
Chemin(s)
Recueil / 2013 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°46
L'être et le rien
Journal / 2013 / L’exploration de l’être

Carnet n°47
Simplement
Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°48
Notes du haut et du bas
Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°49
Un homme simple et sage
Récit / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°50
Quelques mots
Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°51
Journal fragmenté
Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°52
Réflexions et confidences
Journal / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°53
Le grand saladier
Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°54
Ô mon âme
Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°55
Le ciel nu
Recueil / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°56
L'infini en soi 
Recueil / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°57
L'office naturel
Journal / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°58
Le nuage, l’arbre et le silence
Journal / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°59
Entre nous
Journal / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°60
La conscience et l'Existant
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°61
La conscience et l'Existant Intro
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°62
La conscience et l'Existant 1 à 5
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°63
La conscience et l'Existant 6
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°64
La conscience et l'Existant 6 (suite)
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°65
La conscience et l'Existant 6 (fin)
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°66
La conscience et l'Existant 7
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°67
La conscience et l'Existant 7 (suite)
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°68
La conscience et l'Existant 8 et 9
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°69
La conscience et l'Existant (fin)
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°70
Notes sensibles
Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°71
Notes du ciel et de la terre
Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°72
Fulminations et anecdotes...
Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°73
L'azur et l'horizon
Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°74
Paroles pour soi
Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°75
Pensées sur soi, le regard...
Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°76
Hommes, anges et démons
Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°77
L
a sente étroite...
Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°78
Le fou des collines...
Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°79
Intimités et réflexions...
Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°80
Le gris de l'âme derrière la joie
Récit / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°81
Pensées et réflexions pour soi
Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°82
La peur du silence
Journal poétique / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°83
Des bruits aux oreilles sages
Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°84
Un timide retour au monde
Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°85
Passagers du monde...
Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°86
Au plus proche du silence
Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°87
Être en ce monde
Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°88
L'homme-regard
Récit / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°89
Passant éphémère
Journal poétique / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°90
Sur le chemin des jours
Recueil / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°91
Dans le sillon des feuilles mortes
Recueil / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°92
L
a joie et la lumière
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°93
Inclinaisons et épanchements...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°94
Bribes de portrait(s)...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

C
arnet n°95
Petites choses
Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°96
La lumière, l’infini, le silence...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°97
Penchants et résidus naturels...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°98
La poésie, la joie, la tristesse...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°99
Le soleil se moque bien...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°100
Si proche du paradis
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°101
Il n’y a de hasardeux chemin
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°102
La fragilité des fleurs
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°103
Visage(s)
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°104
Le monde, le poète et l’animal
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°105
Petit état des lieux de l’être
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°106
Lumière, visages et tressaillements
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°107
La lumière encore...
Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°108
Sur la terre, le soleil déjà
Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°109
Et la parole, aussi, est douce...
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°110
Une parole, un silence...
Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°111
Le silence, la parole...
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°112
Une vérité, un songe peut-être
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°113
Silence et causeries
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°114
Un peu de vie, un peu de monde...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°115
Encore un peu de désespérance
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°116
La tâche du monde, du sage...
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°117
Dire ce que nous sommes...
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°118
Ce que nous sommes – encore...
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°119
Entre les étoiles et la lumière
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°120
Joies et tristesses verticales
Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°121
Du bruit, des âmes et du silence
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°122
Encore un peu de tout...
Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°123
L’amour et les ténèbres
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°124
Le feu, la cendre et l’infortune
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°125
Le tragique des jours et le silence
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°126
Mille fois déjà peut-être...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°127
L’âme, les pierres, la chair...
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°128
De l’or dans la boue
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°129
Quelques jours et l’éternité
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°130
Vivant comme si...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°131
La tristesse et la mort
Récit / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°132
Ce feu au fond de l’âme
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°133
Visage(s) commun(s)
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°134
Au bord de l'impersonnel
Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°135
Aux portes de la nuit et du silence
Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°136
Entre le rêve et l'absence
Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°137
Nous autres, hier et aujourd'hui
Récit / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°138
Parenthèse, le temps d'un retour...
Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence


Carnet n°139 
Au loin, je vois les hommes...
Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°140
L'étrange labeur de l'âme

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°141
Aux fenêtres de l'âme

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°142
L'âme du monde

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°143
Le temps, le monde, le silence...

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°144
Obstination(s)

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°145
L'âme, la prière et le silence

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°146
Envolées

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°147
Au fond

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°148
Le réel et l'éphémère

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°149
Destin et illusion

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°150
L'époque, les siècles et l'atemporel

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°151
En somme...

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°152
Passage(s)

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°153
Ici, ailleurs, partout

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°154
A quoi bon...

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°155
Ce qui demeure dans le pas

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°156
L'autre vie, en nous, si fragile

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°157
La beauté, le silence, le plus simple...

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°158
Et, aujourd'hui, tout revient encore...

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°159
Tout - de l'autre côté

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°160
Au milieu du monde...

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°161
Sourire en silence

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°162
Nous et les autres - encore

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°163
L'illusion, l'invisible et l'infranchissable

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°164
Le monde et le poète - peut-être...

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°165
Rejoindre

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°166
A regarder le monde

Paroles confluentes / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°167
Alternance et continuité

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°168
Fragments ordinaires

Paroles confluentes / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°169
Reliquats et éclaboussures

Paroles confluentes / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°170
Sur le plus lointain versant...

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°171
Au-dehors comme au-dedans

Paroles confluentes / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°172
Matière d'éveil - matière du monde

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°173
Lignes de démarcation

Regard / 2018 / L'intégration à la présence
-
Carnet n°174
Jeux d'incomplétude

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence
-

Carnet n°175
Exprimer l'impossible

Regard / 2018 / L'intégration à la présence
-
Carnet n°176
De larmes, d'enfance et de fleurs

Récit / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°177
Coeur blessé, coeur ouvert, coeur vivant

Journal / 2018 / L'intégration à la présence
-
Carnet n°178
Cercles superposés

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°179
Tournants

Journal / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°180
Le jeu des Dieux et des vivants

Journal / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°181
Routes, élans et pénétrations

Journal / 2019 / L'intégration à la présence
-
Carnet n°182
Elans et miracle

Journal poétique / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°183
D'un temps à l'autre

Recueil / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°184
Quelque part au-dessus du néant...

Recueil / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°185
Toujours - quelque chose du monde

Regard / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°186
Aube et horizon

Journal / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°187
L'épaisseur de la trame

Regard / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°188
Dans le même creuset

Regard / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°189
Notes journalières

Carnet n°190
Notes de la vacuité

Carnet n°191
Notes journalières

Carnet n°192
Notes de la vacuité

Carnet n°193
Notes journalières

Carnet n°194
Notes de la vacuité

Carnet n°195
Notes journalières

Carnet n°196
Notes de la vacuité

Carnet n°197
Notes journalières

Carnet n°198
Notes de la vacuité

Carnet n°199
Notes journalières

Carnet n°200
Notes de la vacuité

Carnet n°201
Notes journalières

Carnet n°202
Notes de la route

Carnet n°203
Notes journalières

Carnet n°204
Notes de voyage

Carnet n°205
Notes journalières

Carnet n°206
Notes du monde

Carnet n°207
Notes journalières

Carnet n°208
Notes sans titre

Carnet n°209
Notes journalières

Carnet n°210
Notes sans titre

Carnet n°211
Notes journalières

Carnet n°212
Notes sans titre

Carnet n°213
Notes journalières

Carnet n°214
Notes sans titre

Carnet n°215
Notes journalières

Carnet n°216
Notes sans titre

Carnet n°217
Notes journalières

Carnet n°218
Notes sans titre

Carnet n°219
Notes journalières

Carnet n°220
Notes sans titre

Carnet n°221
Notes journalières

Carnet n°222
Notes sans titre

Carnet n°223
Notes journalières

Carnet n°224
Notes sans titre

Carnet n°225

Carnet n°226

Carnet n°227

Carnet n°228

Carnet n°229

Carnet n°230

Carnet n°231

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Carnet n°263
Au jour le jour

Octobre 2020


Carnet n°264
Au jour le jour

Novembre 2020

Carnet n°265
Au jour le jour

Décembre 2020

Carnet n°266
Au jour le jour

Janvier 2021

Carnet n°267
Au jour le jour

Février 2021

Carnet n°268
Au jour le jour

Mars 2021


Carnet n°269
Au jour le jour
Avril 2021

Carnet n°270
Au jour le jour
Mai 2021

Carnet n°271
Au jour le jour

Juin 2021

Carnet n°272
Au jour le jour

Juillet 2021

Carnet n°273
Au jour le jour
Août 2021

Carnet n°274
Au jour le jour

Septembre 2021


Carnet n°275
Au jour le jour
Octobre 2021

Carnet n°276
Au jour le jour
Novembre 2021

Carnet n°277
Au jour le jour

Décembre 2021

Carnet n°278
Au jour le jour
Janvier 2022

Carnet n°279
Au jour le jour
Février 2022

Carnet n°280
Au jour le jour
Mars 2022

Carnet n°281
Au jour le jour
Avril 2022

Carnet n°282
Au jour le jour
Mai 2022

Carnet n°283
Au jour le jour
Juin 2022

Carnet n°284
Au jour le jour
Juillet 2022

Carnet n°285
Au jour le jour
Août 2022

Carnet n°286
Au jour le jour
Septembre 2022

Carnet n°287
Au jour le jour
Octobre 2022

Carnet n°288
Au jour le jour
Novembre 2022

Carnet n°289
Au jour le jour
Décembre 2022

Carnet n°290
Au jour le jour
Février 2023

Carnet n°291
Au jour le jour
Mars 2023

Carnet n°292
Au jour le jour
Avril 2023

Carnet n°293
Au jour le jour
Mai 2023

Carnet n°294
Au jour le jour
Juin 2023

Carnet n°295
Nomade des bois (part 1)
Juillet 2023

Carnet n°296
Nomade des bois (part 2)
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© Les carnets métaphysiques & spirituels

12 août 2019

Carnet n°199 Notes journalières

A Gagy…

 

 

Rien – nous ne sommes – rien – qu’un peu de chair et des émotions – impuissantes…

Foutaise la raison – face à la mort – aux épreuves essentielles…

De la tristesse – des larmes – une âme désespérée. Et rien d’autre…

 

 

Ce qui nous empêche d’être – et de vivre – de façon pleine et présente, c’est la manière dont nous donnons de l’épaisseur – une si vive réalité – aux contenus psychiques (pensées et émotions en particulier) – c’est la manière dont nous les laissons revenir encore et encore – la manière dont nous les laissons envahir la psyché – c’est notre incapacité (naturelle) à retrouver l’esprit vierge – et à laisser ces amas psychiques libres d’aller et venir – et de s’attarder parfois…

Ciel et nuages – ciel et orage – ciel et vents – ciel et soleil – images mille fois empruntées mais Ô combien vraies…

Qu’importe ce qui le traverse, le ciel reste le ciel – vierge et libre de ce qui le parcourt (de ce qui semble l’encombrer) ; il peut bien avoir l’air nuageux – orageux – venteux – ensoleillé – sa nature, son envergure et sa transparence demeurent intactes…

Espace – toile de fond – jamais entaché comme l’imaginent, trop souvent, les yeux ignorants qui confondent le ciel et son apparence…

 

 

Des hauteurs qui nous éloignent – des souffles – des larmes – l’engagement de l’âme. Et le ciel qui s’ouvre, peut-être, plus largement…

 

 

Le monde – en nous – à genoux – suppliant – pour que la mort épargne celui qui part comme ceux qui restent de la douleur et du chagrin…

 

 

C’est nous – au-dedans de tout – qui fuyons et aspirons à la grâce…

 

 

Ce que nous soulevons – de minuscules graviers et du vent. Et pas davantage…

 

 

La route grise – l’horizon bleu – et la mort qui rompt la routine – le soleil – la beauté. Le noir qui déborde – et envahit tout…

 

 

Nous vivons sans rien oublier – voilà notre malheur. Double peine – l’incarcération et la tristesse. Et pour peu que l’âme soit sensible – et nous voilà en enfer…

 

 

Des routes marécageuses – barrées – partout où se posent les yeux…

 

 

Une vie d’inagrément où le nécessaire devient faix – et l’essentiel, une lourdeur – perspective pas même salvifique…

 

 

Des traces aux poignets – comme l’empreinte de liens serrés – et aux chevilles – la marque des fers. Nous agissons – et marchons – ainsi – entravés par les souvenirs – toutes les ombres de l’esprit – allant d’une circonstance à l’autre en grossissant le poids de toutes ces chaînes inutiles – inutiles et illusoires…

 

 

A l’instant où l’on respire – d’autres poussent leur dernier soupir. Et lorsque nous expirerons – d’autres respireront encore (un peu). Et cette pensée, cette impuissance et cette continuité nous terrifient…

La solitude et la carence du vivant face à l’Autre – face au monde – face à la mort…

 

 

Il y a une réalité propre à la tête sans commune mesure avec la réalité du monde. Et c’est dans la première (essentiellement) que nous vivons – et presque jamais dans la seconde. Et tout semble les opposer ; alors que la première se montre lourde – dense – étroite – entremêlée – complexe – triste et ressassante – l’autre s’avère fugace – légère – précise – simple – inventive et joyeuse…

Passer de la première à la seconde nécessite – presque toujours – un long processus que l’on pourrait résumer ainsi : faire descendre la tête dans le corps – jusqu’aux talons – ressentir sans penser – être présent, à chaque instant, à ce qui est en soi – et devant soi – et rien d’autre – balayer la moindre idée – la couper à l’instant où elle apparaît (et, si possible, à l’instant où elle naît) – vider – vider – vider encore – vider toujours – pour que ne subsiste que ce qui est…

Être, vivre et agir deviennent – ainsi – éminemment simples – aisés – justes…

Regard dépouillé – gestes honnêtes et francs – strictement nécessaires…

 

 

Chaque souffle – chaque geste – porte en lui sa propre tendresse – caresses enveloppantes comme mille mains chaleureuses au-dedans et au-dehors qui vous parcourent avec délicatesse ; sensation sur les faces internes et externes de la peau – de la chair – dans les profondeurs du corps…

Ressentir – à travers les liens innombrables et miraculeux que chaque chose noue avec ce qui l’entoure – mais aussi, bien sûr, avec tout le reste mis côte à côte jusqu’à la totalité – l’infinité de l’ensemble – que l’on est toujours à l’intérieur de ce mouvement – de ces milles mouvements ondulatoires…

 

 

Un autre temps au-dedans du premier – comme ralenti – presque suspendu – où chaque ressenti (le moindre ressenti) est jouissance infiniment douce – sensuelle – langoureuse. Des doigts de fée – partout – à chaque instant…

Micro-expériences d’éveil peut-être – comme d’infimes lambeaux de réel – momentanément éprouvés – momentanément apprivoisés…

Minuscules failles – lézardement progressif des carapaces qui recouvrent la tête et l’âme…

Résultante, sans doute, du long labeur de la déconstruction…

 

 

C’est là – comme une force de vie – indomptable. Ça traverse le corps – et ça rejoint immanquablement la tête. L’homme est ainsi fait ; il ne peut abandonner les ressentis – la souffrance ou la jouissance des ressentis – au corps. Quelque chose d’irrépressible l’enjoint de tout faire transiter par la tête – qui accumule – traite ce qu’elle reçoit – trie – classe – range – accumule encore – entasse jusqu’à la saturation – jusqu’aux débordements – inévitables…

 

 

La route – l’asphalte – la terre – ce qu’offrent le soleil et les forêts – le jour et le feu. La distance quotidienne parcourue à petits pas…

 

 

Une autre vie au-dedans de celle qui a l’air de se vivre – tout un monde au-dedans du regard qui, peu à peu, se simplifie – s’épure – se retire – pour un espace – une étendue tendre – neutre – sans épaisseur – qui n’a aucune fonction – ni en ce monde, ni dans l’Absolu. Elle est – simplement – voit – reçoit – et laisse passer ce qui arrive – n’aspire à rien – ne désire rien – ne refuse rien…

Silence avisé – bienveillant – désengagé…

En sa présence – tout nous quitte…

Comme un soleil – un jour sans fin – au sein duquel tout revient – puis s’oublie – revient encore – et s’oublie encore – dans un recommencement perpétuel où chaque réapparition ressemble à la première fois…

 

 

Ça bouge – ça respire – ça pleure – ça crie – ça exulte – ça éprouve – ça s’éloigne – puis, ça disparaît. Et ça recommence – sans nous inquiéter – sans nous chagriner – sans nous réjouir…

Ça défile – simplement. Et ça assiste au déroulement – séquence après séquence – vue et aussitôt oubliée…

Spectacle sans fin devant un témoin impassible et sans mémoire…

 

 

Perspective – et manière de déconstruire ce qui a été bâti et d’empêcher toutes les tentatives d’édification – tous les processus d’amassement et de création – les jugements – les commentaires – les souvenirs – les images – les pensées…

Simplement le ressenti et ce qui est là…

La nudité la plus simple – inlassable spectatrice des spectacles…

 

 

Le chant du monde – dans le corps – de la tête aux talons – muets…

Quelque chose qui traverse sans s’arrêter – sans laisser la moindre trace. Tunnel organique – en soi. Présence vivante – inerte – pure attention peut-être…

Comme un espace pré-existant – d’avant la naissance du monde – d’avant la naissance de tous les mondes qui ont défilé – qui se sont laborieusement succédé – les uns après les autres…

 

 

Plus de charge – le son pur. Le vide, peut-être, habité. La sensation du monde – en soi…

Tout au-dedans qui passe furtivement – en un éclair – et qui disparaît – ne laissant rien derrière lui – la surface aussi nette – aussi propre – qu’avant son passage…

 

 

Pas un état – peut-être ce qui accueille les états – les contenus – le monde et ses charrettes de phénomènes qui défilent sans discontinuer…

 

 

Déblayer les amas – les agrégats. Ne demeure que le fonctionnel – la mémoire des usages pour les gestes quotidiens et les contingences journalières…

Profondeurs creusées du dedans – abîme sans fond qui a englouti des pans entiers de savoirs inutiles – emportant avec eux tous les questionnements métaphysiques – laissant la densité de l’être – seule et légère – joyeuse et chantante…

Célébration silencieuse – bien sûr. Rien de décelable par les sens…

 

 

Une pensée – de temps à autre – une émotion qui passe – et disparaît comme un rêve – comme un tourbillon d’air au-dedans de l’air – comme une arabesque du vide au-dedans du vide. Rien, en somme. Des mouvements fugaces et sans poids – sans conséquence – ce qui surgit depuis la naissance du monde – la naissance des mondes – il ne peut en être autrement – l’énergie est création incessante et mobile – ça doit surgir – ça doit s’élancer – ça doit traverser, puis disparaître – et être, presque aussitôt, remplacé par ce qui suit…

 

 

Une sorte de concrétude profonde – légère et savoureuse. Des ressentis vifs – doux – enveloppants – sans poids eux aussi…

Une attention libre et profonde – aérienne – poreuse – à laquelle rien ne s’accroche…

Pure présence, peut-être, où tout se mélange et où rien n’est mélangé – une chose après l’autre – toujours – série interminable ponctuée par quelques absences – quelques instants de répit – quelques silences…

Familiarisation avec l’espace et la vacuité, peut-être…

 

 

Réceptacle sans poids – sans gravité – accueillant le défilé inévitable des sensations – des pensées – des images – des émotions – rien de très sérieux – ni de très réel sans doute…

La matrice-regard – la matrice-témoin – la matrice-accueil – contemplant ce que la machine à créer déverse sans interruption ; tous les souffles – tous les élans – toutes les matérialisations des forces nées de la matrice-silence – elle-même se regardant créer et accueillir – elle-même se regardant passer et accueillir – elle-même se regardant disparaître et accueillir…

 

 

La terre – à cet instant – comme un désastre manifeste – l’expression d’une impasse – un avenir plus que compromis – une impossibilité…

 

 

La pierre chaude d’un rêve de soleil – froide et grise en vérité – anéantie par l’inconscience insouciante – la quotidienneté inerte des hommes qui tourbillonnent entre leurs tristes murs…

 

 

Entre deux soleils noirs – le déclin – la décadence – et la chute, bientôt, d’un règne dont l’écrasante hégémonie (en dépit de sa brièveté) aura trop duré…

 

 

Vivant – ça veut dire le cœur battant – le cœur sensible – un peu de peau qui recouvre le sang ou la sève…

Et au-dedans – une âme trop souvent prisonnière qui ne comprend rien à cette restriction – à cette contraction de l’infini – à ce rétrécissement des possibles – dans l’interrogation permanente des limites et des frontières – et la nécessité de les franchir – courageusement – une à une…

 

 

Ça devient ce que nous voulons – un rêve – Dieu – la réalité – une illusion – ce qui nous invite à creuser davantage – à revisiter les hypothèses et les évidences – et, éventuellement, à inverser les paramètres et à rectifier les paradigmes – à faire le tour du monde et de la tête – les mains contre la paroi en avançant à tâtons dans notre dérisoire labyrinthe…

 

 

Ce qui s’échappe – la terre occupée – le besoin d’un autre monde – une résistance au règne de la laideur…

Tout glisse – à présent – le vide comme le seul lieu possible – le seul lieu essentiel – vital – qu’importe les danses et les voix – le décor de toutes les tragédies…

 

 

Sous nos pas – la boue – et au-dessus – la désespérance. Partout – la vie brunâtre – l’enlisement – les résidus du jeu des Dieux – le revers de l’Olympe, peut-être, avec ses figures tristes et ses âmes ignares…

Ce que nous avons fait du monde – toutes nos tentatives – cet effroyable gâchis de matière et d’esprit…

Comme un trou dans le soleil – les bruits du monde qui résonnent et se résument à (presque) rien – l’esprit qui rumine – la parole qui se répète – le vertige d’un Autre que nous – ce que la terre a enfanté – ce que les Dieux n’avaient pas prévu… Et les hommes – au loin – penchés sur le sol – à l’affût de l’or – ramassant leur récolte – comme de petites mains insensées…

Et le regard dans l’épaisseur des souffles – des pas ininterrompus. Quelque chose comme une folle espérance…

Et la mort usinant à la chaîne – attelée à sa nécessaire besogne – avec le sourire sur les visages qui dissimule mal le cœur souffrant – le cœur qui pleure – le cœur qui saigne…

Rien de délectable – au fond – si, peut-être, le silence…

 

 

Ça vieillit doucement – sans en avoir l’air…

 

 

Il y a de l’homme en nous – encore – qui s’apitoie et se complaît (trop souvent) dans la tristesse – ce qui nous rend plus enfant qu’humain. Une manière d’être – à peu près – comme les autres…

Machine à images – à projets – à souvenirs – qui s’imagine sensible mais qui vit dans la tête – qui ne vit pas réellement – qui pense l’existence – le monde – soi – les Autres – plus qu’il ne les ressent – quelque chose comme une obsession qui envahit l’esprit. Un monde juste à côté – parallèle au réel, en quelque sorte – ou au-dedans de lui, peut-être…

 

 

Un rêve – plus haut – qui redonnerait au réel sa tendresse initiale – un parfum de fleur dans le froid – un baiser dans les eaux prisonnières – un peu de liesse dans l’absence et les disparitions. Quelques brèches sur les façades de pierres – un peu d’Amour dans les fentes saturées…

Et, à défaut, on pourrait réinventer le monde…

 

 

Trop de noir sous la douleur – et par-dessus – pour espérer la guérison…

 

 

Le baume patient de la lumière sur les blessures de l’homme – grattées, chaque jour, au couteau…

 

 

Entre – toujours. Sera-t-on, un jour, rejoignable… Et ce ciel – devant soi – deviendra-t-il, un jour, accessible…

 

 

L’inconfort de la pensée – la consolation du rêve – exclus l’un et l’autre. Plus rien d’admissible – pourtant, tout est permis l’espace d’un instant – puis, c’est balayé. Et la clarté précise revient – prend la place qu’occupaient les amas. Puis, autre chose passe – c’est vu – accueilli – rien de neuf – la même litanie des images. Balayette dans la main implacable du regard. L’Amour et la poussière – rien qu’un seul geste – invisible – et tout redevient vierge – et tout revient aussitôt…

Être et labeur interminable dans cette folle perspective de la durée – mieux vaut celle de l’instant que celle – déformée – illusoire – irréelle – de la continuité du temps qui scande les secondes, les minutes, les heures, les jours, les semaines, les années, les siècles, les millénaires – en vain…

L’éternité n’est qu’un moment – que le suivant crucifie pour offrir une autre éternité – et ainsi de suite – ad vitam æternam…

 

 

La malice des Dieux qui ont inventé le temps pour nous faire patienter – et que nous avons – par impatience – par ennui – par incapacité – transformé en espérance – le plus grand mal de l’homme avec le rêve. Et c’est dans cette faille qu’il faut apprendre à ouvrir les yeux…

Etrange mission offerte aux hommes – douloureuse – presque inhumaine – seule issue, pourtant, pour échapper au sommeil et devenir pleinement vivant…

 

 

Rien que des bras – prolongement du regard – et une pauvre chair à étreindre – à embrasser…

Rien qu’une joie – une tendresse – un jeu – un Amour – entre soi et soi…

Hôte de chacun – en son cœur…

 

 

Mangeur de mythes et balayeur du reste…

 

 

Au corps-à-corps – le vide et le monde – le contenant et le contenu – œuvrant en sens inverse – dans un jeu sans fin – l’un balayant ce que l’autre répand. A chaque instant – le même défi et le même enjeu ; le respect de la nature de chacun…

 

 

Itinéraire entre les nuages – du sol au ciel d’un seul trait. L’aisance du retour et les simagrées de l’ombre que l’on a répudiée…

 

 

Des murs – encore parfois – blancs initialement que l’on tache et colore de nos contenus plus qu’ahurissants…

 

 

Nouveauté première et récurrente – comme une aube naissante – un soleil neuf – à chaque instant qui éclipsent les bataillons acharnés de l’immense armée grise…

 

 

A mesure que l’on s’éloigne du monde – l’au-delà de l’homme se précise…

On apprivoise, peu à peu, ce qui nous semblait impossible…

 

 

Lèvres devenues silencieuses par cessation du bavardage intérieur. Mains ouvertes par cessation des embarras du cœur. L’âme presque vivante – à présent…

 

 

On ne sait plus ce qu’humain veut dire – préalable nécessaire, peut-être – base élémentaire aux éléments grossiers mais requis qu’il faut ensuite – mille fois – des milliards de fois – dégrossir – raboter – défaire – jusqu’à tout supprimer et obtenir une surface parfaitement lisse et transparente – sans bord ni aspérité – la perfection d’un miroir aimant…

 

 

L’effacement et la nouveauté – l’innocence du regard et les flots incessants du monde et de la psyché…

Tout se perd parce que, peut-être, tout est déjà perdu…

Vivant seulement l’espace d’un instant…

L’Amour et l’oubli – seule manière d’accueillir les phénomènes – de plus en plus brefs et vaporeux – presque inconsistants…

 

 

Comme des pans de nuit qui ruissellent…

Le monde, parfois, inabordable – comme une impossibilité vivante…

 

 

Certains jours, tout ce qui est entrepris – investi – emprunté – prend des allures d’impasse. Des heures de tentatives et d’avortement…

Le bleu – pourtant – traîne encore dans le pas – derrière la face tendue ou triste qui a vu tant de portes se refermer ou s’avérer être, en définitive, de fausses perspectives…

 

 

Rien ne s’invite davantage que l’odeur de la mort – et, à sa suite, le parfum de la tristesse. Rien n’exige, pourtant, que nous reniflions ces fragrances froides et que nous revêtions la panoplie complète du désespoir. Un regard – en nous – veille – impose le retrait des choses de l’esprit, puis la grande évacuation – l’ouverture complète des fenêtres et le passage du vent – le grand vent qui s’engouffre. Et, en un instant, tout est balayé…

 

 

L’autre âge de l’automne – cette perspective sans lien avec les rides et l’expérience. Ce que nous avons cherché avec obstination depuis l’enfance – offert, soudain, à nos pas harassés – à notre âme titubante – capitulante – à notre existence qui, depuis longtemps, ne ressemble plus à rien aux yeux des hommes…

 

 

Un peu de tranquillité – moins provisoire et hasardeuse qu’autrefois…

Une manière plus souveraine d’exister et de resplendir dans la solitude…

 

 

Ce qui – à présent – machinalement se défait ; l’existence des œillères et la visière des espérances…

Le passage éminemment provisoire des circonstances – le sourire sans la coiffe ridicule de ceux qui croient – et le savoir, envolé lui aussi, pour un œil neuf et étonné…

 

 

Et cette veille – presque permanente – au seuil du grand précipice. Et cette longue lame tranchante au bout de l’âme aimante qui, selon ce qui vient, embrasse ou décapite – réconforte ou crucifie – puis précipite le tout dans le vide…

 

 

Ce qu’offre l’instant – l’heure – le jour…

Le jeu des visages – des circonstances – des rencontres…

Ce que le regard réceptionne et défait…

La vie triviale, en somme – mais abordée avec nouveauté

 

 

Tranquillité sans extase, ni vertige…

Du silence – des gestes – des choses – des mots…

Rien que de très banal – un objet après l’autre – sans précipitation – accueilli avec la même attention – le même intérêt – le même engagement – puis délaissé – abandonné à l’extinction naturel de son élan…

 

 

Rien qui ne remue plus que nécessaire…

Rien qui ne s’attarde plus que de raison…

Tout – ainsi – se défait – jusqu’à l’attente même de l’objet suivant…

Tout passe sans heurt – sans effort – traverse – puis disparaît de façon aussi inopinée et mystérieuse qu’il est apparu…

 

 

Tout est là – offert – et sans autre maître que lui-même malgré les liens qui pèsent parfois comme des chaînes…

Ça s’impose – comme un jeu sans conséquence ; l’inévitabilité du monde – variations énigmatiques – glissements – répétitions des formes et des figures…

Tout se succède – se transforme – s’échappe – puis s’éclipse comme une ombre soudain rayée de la danse des silhouettes sur le mur…

Ça défile dans l’œil, puis c’est englouti – gouttes de pluie qui glissent le long de la vitre – et le doigt qui, parfois, dessine quelques traits dans la buée – la main appliquée à sa tâche – la tête attentive – et, parfois même, concentrée…

Jeux et gestes qui prennent le temps nécessaire – rien de hâtif – l’allure naturelle – appropriée malgré le rythme, parfois, inégal – tantôt ralenti – tantôt précipité. Qu’importe le tempo de la paume sur le tambour et le nombre de tours exécutés par les aiguilles de l’horloge – rien ne dure – en vérité…

La durée n’est, bien sûr, qu’une illusion – qu’une manière de parler – et, peut-être, de se faire comprendre (un peu). Et rien de plus…

Puis reviennent le sourire et la contemplation – le rien – le plus rien – l’absence d’élan – le jardin de la lumière – le mur blanc avant l’arrivée des ombres suivantes…

 

 

L’individualité se rebiffe – résiste – refuse d’être restreinte – éconduite – presque annulée. Comment pourrait-elle faire le deuil d’elle-même… C’est impossible – alors on l’accueille, elle aussi, avec ses élans – ses chagrins – sa tristesse – ses doléances – petite chose effrayée – inquiète – angoissée à l’idée que cette perspective s’impose…

 

 

Le visage de personne – la voix – la seule voix du jour – celle qui s’invite sur la page…

Cette étrange impression des confins – marge du bout du monde. La solitude et l’exil permanents…

 

 

Soi avec soi – le face-à-face perpétuel qui tourne parfois à l’affrontement – guerre et récrimination – désolation et désespoir – lorsque le vide est oublié – lorsque le vide sournoisement se laisse remplir par la pensée du seul condamné à sa triste compagnie…

Pas si triste – pas si pauvre – en réalité – moins misérable, sans doute, que ceux qu’il n’a cessé de fuir…

Mais dans ce tête-à-tête soutenu – de longue haleine – le silence, parfois, se dérobe et laisse l’individualité envahir l’espace – emplir le lieu de sa fragilité…

 

 

De jour en jour – la longue bataille – les coups du sort – les coups de tête – les coups de sang. Le besoin de l’Autre – d’un Autre – du monde. L’insuffisance incarnée – la petitesse et le rétrécissement. Et d’autres fois – la joie – la grâce – l’envergure retrouvée – la présence vivante – imperturbable…

 

 

Tout se mélange – se chevauche – s’affronte ; la durée et l’inexistence du temps – le silence et la folie de la tête et du monde – le désir et la complétude…

Nous sommes le lieu d’une guerre permanente et d’une paix possible – le lieu d’un enjeu sans cesse remis à l’ordre – et au goût – du jour – le lieu de l’absence et du jamais acquis autant que celui de la surabondance et de la certitude…

 

 

Tant de luttes – en soi – et d’amitié – sur fond d’Amour et de silence – rarement compris – rarement entendus…

Un fouillis à l’abri de rien…

 

 

Un jardin – une franchise – un peu de lumière pour déceler les taches qui ornent le mur – la blancheur un peu mate du mur. Des bruits – des mots. Tout ça se percute. L’hiver qui n’en finit plus d’étendre ce désert – et nos pas comme des ombres qui allongent cette nuit illusoire – mais qui a l’air si vraie lorsque nos larmes coulent et que la solitude a pris chair dans nos bras…

On est au-dedans de cet éclat enfanté – de cet élan fou vers le regard – le haut du mur – le foyer – l’abolition des frontières. Cette force et ces résistances – rien qui ne puisse survivre à nos assauts. Et le soleil – toujours – au centre…

 

 

Ce que la lutte et la tension nous ôtent d’énergie et de courage – de forces vitales – pour vivre le plus essentiel…

 

 

Bouts de terre – fragments de visages – éclats d’existences – mal vus – mal aimés – insuffisamment – dans la précipitation – le règne de la vitesse. Il faut ralentir et s’attarder – demeurer au plus près – voir – sentir – goûter – contempler et rester silencieux des jours entiers – et pendant des siècles si possible – pour commencer à voir et à aimer…

 

 

Tout bouge – mais c’est dans l’œil que les choses arrivent – c’est dans l’œil que le monde existe – c’est dans l’œil que le chemin se réalise… Aussi n’y a-t-il qu’un lieu où aller – le seul où le possible peut advenir…

 

 

L’œil aux aguets ne devrait l’être que du dedans…

 

 

Un chemin – un jardin – des fleurs. Le regard qui contemple – qui s’attarde. Et c’est là – tout entier – le monde peut-être – qui recouvre le blanc…

L’habitude qui envahit la fenêtre. Le jour qui décline – la nuit qui arrive. L’œil et les mots qui chantent sur la page – les traits qui se couchent et se redressent. L’élan de l’âme et celui du monde qui se chevauchent. Le blanc et l’obscurité…

Rien que nous dans cette solitude habitée – de moins en moins peuplée de fantômes. Le réel de plus en plus. L’arbre – le ciel – les bruits des hommes dans le lointain. Le vent dans les feuillages – le chant du merle. Tout redevient innocent – l’œil sans la distance et le regard au-dessus…

Plus rien ne se distingue – tout a la même texture – la même envergure – exactement la même épaisseur que celle de l’âme…

L’effacement a ravivé la joie et la beauté du monde…

 

 

Le bleu – de la même couleur que tous les mirages. Le provisoire et l’éternel confondus – non – pas confondus – unifiés – agglomérés ensemble…

 

 

Ce qui effraye ne vient que de la tête – le monde n’est peuplé que de circonstances et de quelques âmes fâcheuses – obstinées – plongées dans une folle ignorance…

Nous seul(s) et la présence des arbres – cet immense jardin où jouent et se poursuivent les bêtes – la faim dans le ventre…

Des murs parfois – et quelques tombes – histoire de rappeler la résistance des frontières et le règne du provisoire…

Rien qui n’attriste – rien qui n’essouffle…

Le dénouement heureux de chaque instant – le silence jamais rompu – la beauté et la démesure de chaque existence…

 

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12 août 2019

Carnet n°198 Notes de la vacuité

L’idée de l’Autre et du monde – plus lourde et encombrante qu’ils ne le sont – en réalité…

 

 

Les représentations se sont substituées au réel de façon si massive et sournoise que nous tenons pour vrai ce qui n’est qu’une forme d’imaginaire – et que nous ne savons plus différencier ce qui existe de ce que nous lui avons superposé…

 

 

Partout – au-dehors – les mêmes pierres – les mêmes chemins – les mêmes visages – le même décor – fragiles et provisoires invariants du monde phénoménal…

Et au-dedans – les mêmes émotions qui se bousculent et se succèdent – fragiles et provisoires invariants du monde psychique…

Espaces de mille chimères que nous confondons avec la réalité…

 

 

Au fond, parfois, une noirceur – épaisse – récurrente – qui donne au regard une profonde mélancolie et aux choses du monde une couleur triste – amère…

On ne sait comment elle s’est installée – ni de quelle manière elle est arrivée ; elle est là – simplement – et s’est imposée comme paramètre incontournable – hégémonique – qui fait régner sa loi…

Centre obscur qui rayonne – qui envahit l’âme et le monde – qui traverse les frontières si poreuses des choses – inondant tout ce qu’il pénètre. Mélasse dont on ne peut se défaire ; on vit avec – tant bien que mal – sans pouvoir lui échapper – sans réussir à l’apprivoiser – bête monstrueuse qui – en soi – a creusé sa tanière…

Ce qui pourrait nous en prémunir – réduire ses trop cycliques éruptions – atténuer sa présence mortifère ; les vertus de l’aube – peut-être…

 

 

Ça s’agite – ça s’affaire – seulement – pour faire usage des choses – exploiter ou tirer profit. Presque jamais d’innocence et de geste gratuit réalisé pour la joie et la beauté en ce monde d’utilité, d’appropriation et de nécessités contingentes…

 

 

Lignes errantes – sans joie – immodestes et méprisantes. Dans l’attente de semences moins tristes…

Paroles dégoulinantes – emmaillotées – trempées trop longtemps, sans doute, dans la torpeur mélancolique du dedans – enrobées et gangrenées jusque dans leur essence par la sauce putride de trop noirs sentiments…

 

 

A attendre un ami – au-dedans – qui pourrait nous tendre la main – et nous extirper de ce bourbier. Mais non – absent lui aussi – contaminé peut-être – ou trop faible pour s’approcher et nous délivrer (provisoirement) de ce mal sans remède – de ce mal presque incurable…

 

 

Le regard – le ressenti – le geste. Et rien d’autre…

Seuls appuis – seules références – seule vérité – à chaque instant…

Unique présence à soi – au monde…

 

 

Lieu paisible – lieu ouvert – sans autre exigence que le respect, l’honnêteté et le silence…

 

 

Dresser – en soi – une main accueillante et un mur de vigilance intraitable. D’un côté, le versant de la tendresse – de la sensibilité vivante – en actes – et, de l’autre, le versant de la sévérité – gardien intransigeant du temple – du lieu le plus sacré – que rien ne peut ternir, certes, mais que l’esprit débutant – peu familiarisé avec la perspective du vide – embarrasse par ces incessants amassements – bribes de monde – référentiels – résidus d’émotion – reliquats de désir – souvenirs – rêves et imaginaire – ressassements – ratiocinations – qui entravent le rayonnement de l’Amour et limitent (parfois complètement) la fonction réceptacle de l’autre versant…

Murs d’enceinte fort différents des murs indigènes – de ces frontières érigées qui consolident toutes les formes de séparation…

Mesure non de principe mais de survie – pour maintenir vivant le plus précieux – avant d’être capable, un jour peut-être, de laisser le monde, les phénomènes – les mécanismes et les contenus psychiques (pensées, émotions et sentiments) traverser cet espace sans retenue – sans la moindre restriction – dans un passage franc – sans perte – sans écoulement – sans récupération – laissant l’espace et les canaux vides de manière permanente…

Forme de sagesse sans pareille – affranchie de l’univers relatif – de la matière autant que de la psyché. Seul gage d’Amour, de joie et de paix sans condition…

 

 

Comme un seau que l’on aurait rempli de glace et de verre – avec, fixés sur les parois, des milliards de crochets minuscules – l’esprit de l’homme emmagasinant le monde – par fragments – le froid – le feu – le désir – la colère – la frustration – et tous les coups du sort – inévitables…

Espace à vivre et infime couloir sur le monde – vite saturés – vite débordants – vite mortifères…

Deux solutions – inégales – à envisager ; la première, éminemment didactique, consisterait à vider le seau à chaque instant et à créer des parois aussi imperméables que possible malgré un degré de porosité minimal inévitable. Et la seconde serait de percer définitivement le fond du seau et de lui ôter ses parois – détruire le seau, en somme – manière, sans doute, pour que le créé retrouve l’incréé ; le vide dans le vide retrouvant sa nature vide – la vacuité totale et l’absence (permanente) de séparation. Et le seau ainsi disparu redeviendrait l’espace – l’envergure de l’espace infini – l’esprit sans limite…

 

 

Tas de pierres – panneaux – vestiges. Traces d’un passé ni (franchement) glorieux, ni (vraiment) épique – transformées, pourtant, en mythes – en icônes de l’histoire dont les hommes sont si friands…

 

 

Têtes dressées – gestes à l’œuvre – corps tendus – sueur au front – mains, parfois, ensanglantées. Colonnes de visages supportant, comme un seul homme, les fables du monde – la grande épopée de l’humanité…

 

 

Le ciel – les arbres – les pierres – les chemins – le regard – le silence – quelques bruits du monde – inévitables. Le seul décor – à chaque étape du voyage…

 

 

L’exercice quotidien du vide – le déblaiement de l’esprit – pour aller, avec étonnement, sur toutes les routes du monde – et offrir un peu de blancheur et de silence à la page noircie par les mots et les images…

 

 

A perte de vue – partout – des troncs d’arbres horizontaux – couchés par la main funeste de l’homme…

 

 

Corps et âmes s’éreintant à leur tâche. Visages crispés par l’effort – la charge inerte inhérente à la matière et au labeur – pesant de tout son poids sur les épaules et les existences – suçant l’énergie – éprouvant la chair – épuisant l’esprit…

La fatigue et l’habitude anesthésiant la sensibilité et l’étonnement – ôtant la possibilité de vivre, en homme, le miracle…

 

 

Energie effervescente qui bâtit – construit – détruit – anéantit – se déverse partout. Irrépressibles – irréductibles – mouvements. La matière du monde transformant sans cesse son apparence, sa texture, ses reliefs. Rien qui ne puisse lui ôter sa force et son ardeur…

Programmée pour se mouvoir – agir et faire – inlassablement…

 

 

Ça bouge – ça remue – ça s’agite – ça gesticule – sans fin. Ça tourne en rond au-dedans de sa boucle. Ça s’épuise – ça se pose quelques instants – ça se régénère – très vite – puis, ça reprend son mouvement…

L’intranquillité même – perpétuelle…

Et le regard immobile qui contemple l’emprisonnement de l’esprit qui, si souvent, tourne avec…

 

 

Le monde comme convergence – comme lieu hostile – comme lieu de jouissance ou de souffrance. Le monde comme distraction – comme illusion – comme pointeur vers le regard. Tant de perspectives possibles investies selon sa sensibilité et ses prédispositions…

 

 

Achevé – ce que nous fûmes. Pourtant – la tête vibre encore de ce passé – comme si quelque chose, en elle, demeurait vivant – enfoui plus profondément que le souvenir – en deçà de la mémoire – une faculté consubstantielle à l’esprit – une sorte de crispation saisissante – un besoin d’amasser les fragments du monde et de l’expérience – la nécessité de bâtir un récit et d’inscrire ce que l’on croit être – une individualité – dans une histoire plus vaste et moins insignifiante que ce que nous avons vécu…

 

 

Une parole dévoyée – simple outil d’information, de distraction, de valorisation, de propagande, d’instrumentalisation et de mensonge…

 

 

Je vis les oreilles bouchées – presque hermétiques aux bruits du monde – mais la tête est encore toute frémissante d’histoires sans importance – de récits – de misérables épopées – de toutes ces minuscules péripéties de l’homme…

 

 

Comme un écart sans cesse éprouvé – sans cesse agrandi – entre le réel et sa représentation – entre ce qui est et le récit qu’on lui superpose…

 

 

Rien – rien – rien – telle devrait être notre unique certitude – et notre seule devise…

On ne sait rien – on ne comprend rien. On est présent – on assiste – simplement – au cours des choses – au déroulement des phénomènes – au spectacle du monde – et on agit lorsque les circonstances l’exigent…

Nudité innocente – et agissante si nécessaire…

Rien de plus – rien de moins. L’envergure du regard et la justesse du geste…

 

 

Des visages – des choses – des livres – comme des piliers – des amis – des outils – des consolations – qu’il faut, un jour, abandonner…

 

 

Solitude insatisfaite – puis, de plus en plus satisfaisante…

 

 

Le sommeil et le bavardage me sont devenus insupportables. Tant de bruits et d’illusions, déjà, dans la solitude – inutile d’en ajouter en fréquentant les hommes…

 

 

Des retrouvailles – en soi – avec soi – pour vivre cette part inaliénable de nous-mêmes(s). Rien d’autre. On pourrait vivre ainsi pendant des siècles – et pour l’éternité sans doute…

 

 

Des repas – du sommeil – du repos – des contingences – des obligations – du labeur – du temps oisif – quelques plaisirs paresseux. Que de torpeur dans l’existence des hommes…

Presque jamais rien d’essentiel. Gaieté d’apparat – simplement – jamais de joie profonde…

Pauvres humains plus à plaindre (en dépit des apparences) que le solitaire mélancolique et taciturne qui s’essaye au labeur de l’âme – à approcher, vaille que vaille, le royaume de l’Absolu…

 

 

L’incertitude plutôt que l’habitude…

L’inconnu plutôt que la sécurité…

La joie plutôt que la gaieté…

La connaissance plutôt que le savoir encyclopédique…

Le réel plutôt que les croyances, les rêves et l’imaginaire…

L’Absolu plutôt que la platitude (et les limitations) d’un bonheur individuel (éminemment relatif)…

La solitude plutôt que la compagnie (presque toujours indigente)…

La veille plutôt que le sommeil…

L’intensité plutôt que la tiédeur…

L’effort plutôt que la paresse…

Le tranchant plutôt que la torpeur…

La sensibilité plutôt que l’indifférence…

La discrétion plutôt que l’ostentation…

L’anonymat plutôt que la gloire…

La défaite plutôt le succès…

Le silence plutôt que le tapage…

La précarité plutôt que le confort…

Le simple plutôt que le raffinement et la sophistication…

Le respect plutôt que l’instrumentalisation et l’exploitation…

La frugalité plutôt que les excès et l’abondance…

La profondeur et la densité plutôt que la superficialité frivole…

La nécessité plutôt que le temps oisif…

La vocation plutôt que l’obligation du labeur…

Les servitudes consenties plutôt que l’esclavage subi…

L’ineffable plutôt que l’histoire…

La nouveauté ordinaire et quotidienne plutôt que le voyage et le sensationnalisme…

Rien plutôt que la longue liste des consolations…

Et même la tristesse plutôt que toutes ces (misérables) compensations…

En retrait – en apprentissage – plutôt que faussement vivant…

L’âme et la conscience plutôt que l’homme…

Et les trois – ensemble – si cela nous est offert…

 

 

Le plus insidieux partage entre soi et l’Autre – apparemment contaminé à la source – mais souterrainement juste – le plus approprié qui soit…

 

 

Nous allons comme le jour – de façon aussi régulière. Etape après étape – sur le dérisoire cadran du temps – dans cette marche infaillible…

 

 

Des visages étrangers à toute connivence excédant leur cercle. Murs et façades d’hostilité – un mince sourire, parfois, de circonstance – de convention – décoché depuis leur plus haute meurtrière…

Une existence d’enceinte et de fortification – inattaquable – inaccessible – au-dedans d’un périmètre circonscrit ; un territoire restreint – un dérisoire donjon – un royaume fermé – sur lesquels ils ont l’illusion de régner…

Avec seulement des alliances de nécessité et d’agrément pour ne pas trop s’ennuyer – ne pas trop étouffer – ne pas trop dépérir – au milieu de leur fortin…

 

 

En quête de la phrase définitive (pour clore l’exercice) – et qui, bien sûr, n’arrive jamais ; l’assertion – l’aphorisme – qui résumerait tout – qui permettrait, en quelques mots, de tout comprendre – après lequel vivre suffirait…

Dans cette illusion puérile – dans cette folle ambition – de vouloir fixer définitivement le mouvement du monde et de la vie – d’immobiliser ce qui ne peut être arrêté…

Dans cette croyance imbécile (et enfantine) d’enfermer le vivant – ses lois et son envergure – dans quelques pauvres traits…

 

 

Comme la vie – l’écriture se poursuit. Comme les jours – les phrases se succèdent et se répètent – s’inscrivent, à chaque fois comme pour la première fois, sur le blanc de la page…

Rien de ce qui a été vécu – rien de ce qui a été écrit – ne compte véritablement. Tout – chaque jour – à chaque instant – doit être réinventé – vécu et écrit à nouveau – comme les seules choses réelles – les seules choses valides – de ce monde…

Sans passé – sans pages ni livres précédents – sans avenir – sans lignes à écrire demain ou dans mille ans…

Des bouts d’existence et de langage comme les parfaits reflets de ce qui arrive aujourd’hui – à l’instant où les circonstances et l’écriture se déroulent…

Le fragment comme seule possibilité…

Et la parole aussi libre que les événements…

 

 

Quelque chose d’autre que le monde – plus tendre – moins envahissant…

Une autre manière d’exister…

 

 

Des heures – des vagues – la chaleur diffuse – les bruits du monde de plus en plus insupportables – la proximité des visages – le manque d’air – l’étouffement de plus en plus manifeste…

La triste trivialité du monde devant soi. Et l’impossibilité de vivre dans cette promiscuité…

 

 

La normalité des gens ; la famille – les sorties – les loisirs – le désœuvrement. Je ne parviens pas même à me faire l’entomologiste de cette inintéressante société…

Nul secret sous-jacent à cette misère – à cette indigente banalité…

 

 

Qu’y a-t-il donc – en nous – pour éprouver tant d’inconfort et de mépris à la vue de ce spectacle…

Des fantômes grégaires – jouisseurs et indolents – la paresse et le sommeil – partout le règne de l’animalité humaine…

Incompatible avec cette sensibilité – en moi – qui n’apprécie que la compagnie des solitaires attentifs et respectueux – les veilleurs, peut-être, d’un autre monde – moins grossier – moins trivial – moins instinctif – l’autre part de l’humanité – celle que l’on ne voit presque jamais…

Rêve – simplement – d’horizons moins vulgaires – plus conscients – plus métaphysiques…

Un monde qui célébrerait l’Amour, le silence et la beauté – à l’inverse de cette terre qui ne glorifie que la ruse, le tapage et la laideur…

 

 

L’édulcoration des extrêmes – l’effacement des singularités – l’aplanissement des reliefs – dans le regard opaque – quelque chose comme une indifférence – une insensibilité ; le règne de la normalité et de la tiédeur…

 

 

Les groupes – petits et grands – où ne suinte que ce qui nous révulse. Voilà, sans doute, pourquoi l’on ne peut rencontrer l’Autre qu’à travers son espace le plus solitaire – le moins contaminé par le monde – cette part de l’âme démunie et curieuse qui s’interroge – le reliquat du premier homme – loin des foules et des tribus – exonéré du couple et de la famille – et, en partie, indemne de leurs (inévitables) corruptions…

 

*

 

On n’en finit donc jamais avec la vie – avec la mort – avec la joie d’être et la douleur d’exister – et le chagrin des disparitions successives…

La même tristesse – le même dénuement – la même impuissance – à chaque fois – malgré les années et l’expérience (grandissante) des funérailles…

 

 

Difficile métier que celui de faire face à ce qui est – avec une psyché si fragile – une sensibilité si vive – et l’impérieuse nécessité de ne jamais détourner ni les yeux – ni l’esprit – de ce qui est en soi et devant soi…

Perspective presque inhumaine…

 

 

La vie comme une longue succession de blessures et de traumatismes. Et, chaque jour, mille occasions de coup, d’arrachement et de défaite…

 

 

L’esprit note – regarde – presque détaché – la tragédie en cours – et la déliquescence (littéralement) de la psyché…

Le triste sort de la vie terrestre…

Et tous les « ah quoi bon » rehaussés jusqu’à la folie – jusqu’aux ultimes frontières de la désespérance…

 

 

Partagé entre la faculté naturelle de l’esprit à trancher – à se détacher des aléas phénoménaux – et le fonctionnement de la psyché humaine…

Sorte de conflit de loyauté – comme déchiré entre la certitude (insuffisamment prégnante encore) du dérisoire de nos vies et les soubresauts de notre individualité qui refuse, malgré elle, d’échapper à la peine et à la tristesse de la mort – de l’absence…

 

 

Nous – entre le rasoir et l’éponge – entre le regard vierge et la rétention (qui peut parfois se transformer en rumination émotionnelle)…

La conscience clivée – dissociée – qui, à la fois, éprouve la souffrance et est attirée par sa possible cessation – avec un simple ajustement du regard – soit plongeant dans les eaux de la tristesse, soit surplombant le monde des phénomènes…

Mille incitations d’un côté et mille résistances de l’autre qui annihilent tout mouvement – on demeure alors immobile – dans cette fracture – dans cette indécision – dans cet inconfort – qui peut, parfois, virer au supplice…

 

 

Se laisser entièrement traverser – sans rien refuser – sans rien agripper – pas même notre incapacité à accueillir – pas même notre inclination acharnée à la saisie – devenir cette immensité où tout disparaît – où tout réapparaît – élans déclinants et élans naissants. Rien d’autre qu’une vaste étendue – un immense réceptacle sans crochet – sans filet – une aire totalement poreuse et transparente – sans autre épaisseur – ni d’autre visage que ceux de l’Amour – lucide – qui voit – et sensible – qui apaise et offre, peut-être, sa guérison…

 

 

Nous sommes – un étrange mirage – entre rêve et réel – entre buée et densité. Quelques milliers de jours au parfum volatil d’éternité…

 

 

Jours et saisons mille fois recommencés – la continuité et – toujours – la même candeur à vivre…

 

 

Instance noire au cœur de la chair – comme un puits – un abîme – sous les muscles – sous les nerfs – dans les os – dans le sang. Zone imprécise et monstrueuse – qui se déploie – vite – et grossit en retenant le moindre objet – le moindre phénomène – dans ses filets…

 

 

L’humanité des arbres et la barbarie des hommes. A voir le monde – en actes – tout sauf de vains mots…

Et à côté – et sous les apparences – le réel brut et sans histoire – rude souvent – doux ou tranchant selon les circonstances – mais implacable toujours…

 

 

A genoux sur notre pente inéluctable…

 

 

Un besoin de fraternité au fond du cœur – rarement satisfait par les figures du monde…

Il faut chercher ailleurs – fouiller en soi – pour dégoter quelques visages aimables – et apprendre à bercer leur âme tendrement dans nos bras – être la mère que tous réclament – et la solitude – et la misère – et la détresse – de chacun recevant cette attention – cette écoute – cette affection…

 

 

Volonté d’un Autre – toujours – au-dessus – par derrière – au-dedans. Jouet de mille désirs sous-jacents – pantin de l’invisible soumis au silence et aux forces qui animent le monde…

 

 

Départ d’ici pour ailleurs – de ce monde pour un autre monde. Tranches diverses du même pan de réalité cloisonnées presque hermétiquement par le sas de la mort – mille fois vécue – mille fois traversée – où l’esprit conserve ses caractéristiques principales et oublie le reste – tous les souvenirs inutiles. Resserrement sur l’essentiel – densification du noyau – affranchissement du superflu – ce labeur fondamental que nous délaissons – presque toujours – de notre vivant – par paresse – par désintérêt – par crainte – par impossibilité – pour mille raisons irrecevables…

 

 

Les circonstances sont – presque toujours – d’une grande brièveté – succession de « cela arrive » – puis, autre chose – puis, encore autre chose – ponctuée d’intervalles plus ou moins long d’absence d’événements significatifs (ou déterminants) pour l’esprit… même si, bien sûr, se déroulent, à chaque instant, une infinité de « micro-événements »…

C’est toujours la psyché – à travers la mémoire – qui allonge (d’une manière naturelle et involontaire) la durée, l’existence et les conséquences – de ces événements marquants – comme de longues – de très longues – extensions – d’interminables et inutiles prolongations…

 

 

Tout n’est que jeu de la matière – visible et invisible – et conscience – regard ; rien d’autre n’existe, en vérité…

 

 

Fragile espace du monde – le regard sensible à toute forme de précarité…

 

 

Tout surgit – et est enfanté par le même jeu – la même nécessité à être – mille élans-frères et autant de visages qui ne se reconnaissent plus…

Etrange fratrie de l’oubli et de la guerre…

 

 

Un sursaut de virginité pour mille résistances de la psyché qui refuse d’être reléguée au second plan – de devenir l’objet d’une observation assidue – d’en être réduite à tourner à vide – à retrouver sa condition d’élément phénoménal commun – égal à tous les autres – sans consistance – sans épaisseur – sans conséquence majeure. Simples mouvements – irrépressibles – qui se réalisent. Pas davantage que le rêve du monde. Ondulations ordinaires – simple déroulement – infime fragment dans le cours naturel des choses…

 

 

A marche lente – d’un point à un autre – sans itinéraire précis. Errance et déambulation davantage que voyage. Haltes nombreuses comme pour souligner l’inimportance des lieux…

Le goût du monde et la beauté des paysages – en soi – autant que le parfum et la sueur des mille chemins parcourus…

 

 

L’ordre du jour et le spectacle – au-dedans de l’esprit – du regard – de la conscience…

 

 

Monde d’yeux et d’instincts – de labeur et de contingences – d’habitudes et de flâneries – de gestes mécaniques et de sillons creusés…

Danses à la surface de tout – vie, monde et soi – à peine aperçus – à peine effleurés – sans la moindre plongée dans les profondeurs…

Vie étrange de lassitude et d’éternité – où tout semble aller de soi – sans aucune prégnance quotidienne de la mort – de l’essentiel – sans la moindre curiosité – sans le moindre étonnement devant ce qui ressemble pourtant, à chaque instant, à un miracle…

Des mouvements – des images qui défilent – des représentations et une conceptualisation (plus ou moins grossière – plus ou moins sophistiquée) à travers la pensée et le langage…

 

 

Tout arrive – passe ainsi – et s’éclipse – devient néant. Jamais rien d’immobile…

Et toute tentative pour figer le réel – quelques éléments du réel – en le(s) fixant avec des mots ou des images – est caduque et inutile ; inapte à restituer la dimension vivante de ce qui était – capable seulement de rendre compte de ce qui n’est plus…

Une sorte de vague évocation qui ravive, bien sûr, dans la psyché ce qui a été vécu et emmagasiné – mais rien de réel – simple outil de réminiscence qui donne l’illusion d’une épaisseur et d’une réalité – totalement inexistantes – présentes seulement dans la tête. Mécanisme basique de la vie psychique qui rassure autant qu’il éloigne du réel du monde…

 

 

Nous vivons par inadvertance – avec ce qu’il faut d’infortune et de déraison pour être au monde de manière si absente…

 

 

Tout se répète sans étonnement – comme s’il allait de soi de recommencer chaque jour – mille tâches – mille gestes – incontournables…

 

 

La roue du temps et du supplice. Tout est cercle – marche répétitive – déclin, renouvellement et continuité…

 

 

Saisons et arbres millénaires – et les petits soubresauts de l’homme…

 

 

Le monde comme obstacle – comme oracle – comme fortune. Le seul lieu, peut-être, accessible à l’absence et à l’infirmité…

 

 

A chaque instant – à la jonction de toutes les choses du monde – au centre du réel – là où rayonne l’infini sans le moindre contour – et ainsi pour chacun – pour chaque forme du monde…

 

 

L’étrange mystère qui, peu à peu, s’éclaircit. Des pans entiers de vérité vécus – sans témoin – sans référence possible – sans la moindre validation…

Désépaississement, peut-être, du filtre psychique…

 

 

Ça surgit – ça se forme – ça s’emplit – puis ça déborde. Ainsi – toute chose – jusqu’aux ruissellements – jusqu’à la liquéfaction…

Nature aqueuse et océanique du monde…

 

 

L’eau – l’herbe – l’arbre – la roche – la chair miraculeuse du monde. La vie et le vivant qui s’invitent et colonisent – peuple de la propagation qui se répand sur tous les territoires…

Monstrueuse expansion naturelle…

L’impérieuse nécessité d’envahir – de progresser – de se multiplier. Développement à marche lente – à marche forcée – comme volonté (inconsciente), peut-être, de matérialiser l’infini…

Perspective instinctive inscrite dans les gènes du monde…

Foisonnement et efflorescence se propageant avec une indécente obstination…

D’un côté, cette addition – cette accumulation – perpétuelles – et de l’autre, rien – l’espace vide – la conscience – la lumière immobile – le regard silencieux, neutre et oublieux – la vacuité sans visage – l’Un laissant faire – et laissant jouer – la multitude…

Et, en chacun, ces deux dimensions qui enfantent leurs élans – la matérialité visible et invisible sur le mode de l’expansion et la perspective soustractive – l’effacement jusqu’aux sources premières du rien – le long et âpre périple jusqu’au vide – jusqu’à la pleine vacuité…

 

 

Jeu du monde – et jeu en soi – sans autre raison que celle d’être né – et inévitables à présent – jusqu’à la fin du cycle – jusqu’à l’extinction de tous les souffles engendrés par l’élan premier de la matrice en cette ère actuelle*…

* ère qui succède aux mille ères précédentes – et qui précède les mille ères suivantes…

 

 

Ça s’infiltre – ça imbibe, peu à peu, l’esprit – cette perspective du vide permanent. Familiarisation journalière – distillation presque au goutte-à-goutte…

 

 

Ça séjourne – en soi – avec moins de persistance…

Et ce qui insiste réclame – on le sait à présent – une attention accrue – un espace d’accueil sans jugement – sans intransigeance – un refuge total – des bras protecteurs – un abri – une écoute et une tendresse réelles et profondes – absolues – un lieu où tout ce qui s’invite peut être pleinement lui-même et s’abandonner sans restriction – sans le moindre risque de rejet…

Voilà ce que nous pouvons offrir à ce qui frappe avec insistance à notre porte – à ce qui nous pénètre avec force et désespérance – à tout ce qui s’acharne à nous envahir…

Une manière d’être – et d’accueillir…

Une manière de vivre dans le rayonnement libre de l’Amour…

Tendre et tranchant – vide et conciliant – attention et lucidité précises – aptes à reconnaître les besoins de ce qui est là – à faire la distinction entre ce qui mérite d’être coupé et balayé sans ménagement et ce qui réclame, avec pertinence, la plus grande douceur…

Aire ancillaire permanente – en quelque sorte – au service de ce qui vient – sans exception…

Perspective éminemment fonctionnelle et pragmatique autant qu’infinie et absolue – vouée au respect de la nature du regard – le vide – et de celle des choses du monde visible et invisible – la nécessité – la réclamation (souvent) et l’inévitabilité…

L’être en actes – à la fois œil contemplatif et discriminant – et sensibilité juste – précise – intensément vivante…

Le Divin modestement incarné peut-être…

 

12 août 2019

Carnet n°197 Notes journalières

Le ciel – parfois – le ciel – toujours – bout de ciel plutôt qui se laisse voir – qui, quelques fois, se devine seulement comme une promesse pour l’âme droite – honnête – clarifiée…

 

 

Errance souvent pour retrouver la route – sentir, en soi, le vide s’enfoncer. Ecarter ce qui reste – l’engloutir. Le monde séparé – hors de nous – comme un fantôme qui nous hante depuis trop longtemps…

 

 

La rencontre dans l’âme d’abord – sur la page ensuite – bouts de silence dans l’ombre des visages. Lumière volée, peut-être, pour dire la proximité de tout…

 

 

Tout se cache – se dissimule sous la plainte – comme si la réalité – la vérité peut-être – se positionnait toujours – à dessein – derrière le cri – au fond des apparences – pour ne jamais oublier – ne jamais rejeter – la souffrance maladroite et bruyante des traits dans notre quête acharnée d’essentiel et de silence…

 

 

Tout dans le prolongement de soi – puis, dans celui du centre. Du fragment à l’unité…

 

 

Bruits du monde qui ne sont que les cris de la faim inapaisée – et ce surplus d’énergie dans les gestes tourbillonnants – quelque chose que l’on ne peut réfréner – quelque chose de ludique, au fond, malgré le sérieux apparent des actes et la gravité des visages…

 

 

Vivant comme ce vieil arbre croulant sous ses fruits. Affranchi de l’orgueil au fil des saisons. Occupé à sa tâche naturelle. Seul jusqu’à la mort – et qui n’a besoin de témoin pour œuvrer, chaque jour, à son labeur…

 

 

Immobiles comme ces pierres sommeillantes qui paressent au soleil – insensibles au passage des saisons. Dures – intransigeantes – la tête froide en toutes circonstances…

Et hostiles – comme la mort – imperméables au silence et à la main tendue…

 

 

Tout se dissipe – s’éteint – s’affaiblit. Même le sommeil perd de ses forces. Tout devient égal devant ce sourire inexplicable…

 

 

Nul ne sait – nul n’a vu ni le visage – ni le reflet – ni le miroir. On a erré dans la même pièce – des siècles durant. On a tourné en rond entre quatre murs étranges. On a joué avec les ombres et les choses. On a marché sans prêter attention à cette lumière (minuscule) qui éclairait le monde – nos pas – nos petites œuvres – le chemin sans fin. Et aujourd’hui, la mort arrive – la mort est proche – et quelque chose – en nous – se souvient…

 

 

L’homme soucieux – penché sur ses reflets – les portraits sans contour de lui-même. Des millénaires de narcissisme avant de commencer à lever les yeux sur ce qu’il n’a jamais vu – sur ce qu’il n’a jamais pris la peine de voir ; le reste du monde qui lui a toujours semblé si hostile – si étranger…

 

 

Comme une pluie qui se dissipe – un peu de lumière au bord de la blessure. L’ombre qui recule peut-être…

Le sentiment d’une terre où tout pourrait commencer…

 

 

Sisyphe immobilisant sa pierre – grimpant sur elle – et découvrant une autre manière de marcher – apprenant, peu à peu – et presque par hasard – à danser et à jouer avec les servitudes – trouvant une autre perspective et d’autres points d’équilibre…

 

 

De l’ombre encore – partout – et qui pèse sur les épaules…

On marche avec cette fatigue – le feu, en soi, lancé contre le froid – le sourire comme piètre étendard dans le désert. La joie plus vive que le pas. A battre la campagne – à embrasser – en pensée – ceux qui nous ont tourné le dos. Seul avec cette déchirure qui a, peut-être, agrandi l’âme…

 

 

On ne voit rien – on avance – la cécité en tête. On se précipite là où l’on devine une chaleur – là où la clarté embrase l’air – l’ombre – l’infirmité – là où il nous est possible de vivre…

 

 

Rien de massif – quelque chose comme une pierre minuscule – fine – légère – guidée par les murmures du vent, l’encouragement des arbres et la délicatesse des fleurs…

 

 

L’Autre est d’un ressort inconnu. Des lèvres ouvertes à l’imaginaire. Un vent qui se dérobe. Une nuit moins franche qu’une main tournée vers le soleil. Un feu souterrain. Des pas – une âme qui déambule – qui s’aventure, peut-être, là où elle sera aimée. Des questions – un mystère, peut-être, insoluble…

 

 

Nous occupons la terre – l’espace – comme s’ils nous appartenaient. Nous sommes la main cruelle de l’ignorance. Nous n’avançons pas – nous piétinons…

 

 

Un jour ordinaire – la marque d’un talon imprimée sur le visage sans savoir à qui appartient le pied fautif…

 

 

Dans la chaleur dérivante d’un abri – une forêt – une chambre – qui sait où l’âme a pu trouver son rocher…

 

 

L’innocence – en nous – le lieu le plus précis de la fortune…

 

 

Des jours – comme de pauvres sacs à remplir. Qu’importe ce que l’on y met ; tout est bon – déchets et gravats y sont même les bienvenus – pourvu qu’on ait le sentiment d’avoir à porter quelque chose…

 

 

Le chemin d’un Autre que l’on poursuit. Et les chemins des Autres qui ont été nôtres…

Rien ne commence – en vérité – on poursuit le même labeur depuis des siècles – depuis des millénaires – depuis le premier jour du monde…

 

 

Une pierre – un visage – un chemin. Et tout recommence. Le même feu au fond de soi – le même ciel au-dessus de la tête. Le même voyage vers le plus simple – jusqu’au plus intangible – jusqu’à l’irréductible…

 

 

Des murs et des haleines – les cris hystériques d’une foule sans visage – sans âme ; l’humanité livrée à elle-même et au pire qui l’habite…

 

 

Le scintillement d’une clarté inconnue – reflet d’un ciel au-dessus des nuages – au-dessus des orages – et traversant, parfois, l’épaisseur de quelques âmes…

 

 

Enserrés dans la main d’une étrange providence…

Une route qui nous précède – un feu près d’un talus. Des marches – une esplanade – une large étendue où la nuit est souveraine…

Tout est froid – au-dehors. Et l’âme ne peut compter que sur ses propres forces…

Ainsi devrons-nous, seuls, réparer les déchirures – affronter le plus lointain – apprivoiser le plus proche – essayer de devenir des hommes…

 

 

De jour en jour – c’est la même mort qui nous sourit – de plus en plus proche – jusqu’au dernier instant où nous serons engloutis…

 

 

Des pierres – des fronts courbés sous la chaleur. L’obscurité des visages – la peine et le froid à l’intérieur. Silhouettes titubantes vers tous les horizons – incapables de se hisser – en s’abandonnant – sur le seul qui compte…

 

 

Tout finira par s’assécher avant de découvrir le moindre soleil…

 

 

A côté de soi – toujours – à côté de celui qui croit vivre – à côté de celui qui pense bien plus qu’il n’éprouve…

Le sommeil serré contre soi – au plus près du front – pour qu’il s’endorme lui aussi…

 

 

Trop de distance – entre nous – pour que les souffles s’alignent – se superposent – deviennent une seule respiration…

 

 

Monceaux de chair – d’idées – de visages. Ça s’élance – ça gesticule – ça cherche à s’imposer. Batailles inégales – souvent – et dérisoires – toujours…

L’essentiel assagi – ni au-dessus – ni en-dessous – hors de toutes les mêlées – sagement silencieux…

 

 

Des gestes – rien que des gestes. Et du silence. Et la parole – parfois – comme dialogue nécessaire avec soi – ou éclaircissement avec l’Autre…

 

 

Des pas – des lignes – notre quota quotidien – comme exercices d’hygiène ; libérer les énergies du corps et de la tête pour accéder au silence de l’âme…

 

 

Des murs – peut-être – mais que nous avons bâtis seuls – pour la plupart. Hauts – longs – massifs – imposants – infranchissables. Les autres ne sont que de minuscules murets de pierre édifiés par quelques circonstances provisoires – rien de définitif – ni d’insurmontable…

 

 

Le silence hissé au cœur du front – là où la terre est devenue soleil…

 

 

L’eau vive et la rive immobile…

Quelque chose – un souffle entre l’infime et l’infini…

Un feu – la moitié d’un Dieu – ce que la raison peine (toujours) à expliquer…

 

 

Un feu commun – immense. Et des milliards de flammèches minuscules…

 

 

Sur le seuil d’une autre saison – d’une autre lumière – où les noms et les conventions ne sont plus nécessaires – ou seulement, de temps à autre, lorsque le monde nous sollicite…

 

 

Le présent et l’apparente continuité du temps…

La malédiction de la matière prise dans ses propres sables – si friande de changements et de transformations – si irrésistiblement mobile – infixable en quelque sorte – et que l’esprit, à tort, cristallise en créant un univers parallèle au réel qui l’égare et l’éloigne de toute réalité…

Et autant d’univers que d’individualités – d’où les conflits et l’incommunicabilité – l’impossibilité de s’entendre en deçà du silence pleinement acquiesçant et consenti…

 

 

Monstres, créatures et monde – plus fragiles que l’âme – ce fantôme – cette silhouette aux allures frêles et fragiles ancrée dans le roc le plus indestructible ; le silence…

 

 

Prendre appui sur une autre assise que la nôtre pour devenir plus vivant que l’apparence du monde – plus vivant que l’apparence des Autres…

 

 

Rien n’existe davantage que les idées – ce monde superposé au monde…

Farce et illusion de tout raisonnement qui ne tient qu’à la logique – châteaux de cartes – monstrueux ou raffinés – construits sur le sable et le vent – et qui, d’un seul souffle, s’écroulent – s’écroulent bienheureusement…

 

 

Rencontre directe – incertaine – comme deux mains tendres et chaudes posées sur ses flancs – dans une prise à la fois ferme et enveloppante – où l’on ne sent plus où s’achève sa chair et où commence celle de l’Autre…

Un pont – une continuité – la peau commune qui nous relie – et plus profondément encore – les muscles – les nerfs – les os – les énergies – indissociables…

L’unité provisoire – deux visages – un seul monde…

 

 

Terreur au-dedans. L’horizon et la chambre d’accueil – la pièce nue et ce qu’offre le monde… Qu’importe la main qui dépose les présents – et qu’importe les circonstances – pourvu que l’air où l’on se trouve soit neuf – oxygéné ; l’air du jour…

 

 

Qu’importe les pas et les routes – c’est au-dedans que nous cheminons – là où ni l’extérieur, ni les foulées n’ont d’importance – là où la distance qui nous sépare du centre se franchit d’un seul regard ; là où le recul n’est qu’un intervalle nécessaire – là où il n’y a ni lieu, ni liste, ni règle, ni tendance agonistique – là où le possible ne se conjugue qu’au présent…

 

 

Le monde revigore autant que peut épuiser – et meurtrir – l’idée du monde…

 

 

L’Autre sans masque – sans visage – le reflet du plus proche – ce que nos yeux ne peuvent saisir ; l’insaisissable – le jour – le plus vivant – malgré ces restes de terres froides, la brume encore persistante et ce parfum de tristesse…

 

 

Geste lent sur toute l’étendue – comme une étreinte – un baiser sur le jour – la fin de l’usure liée à l’usage quotidien des choses…

 

 

Bruits intérieurs contre les parois du crâne – frères de sang et continuité du tapage extérieur – ces sons du monde qui pénètrent et saturent les têtes…

Âme et l’Autre d’un seul tenant – passerelle où défilent la nuit et l’anéantissement…

 

 

En ce lieu qui n’est pas un lieu – ni un refuge ; un suspens – un surplomb engagé dans le centre – jusqu’au cœur des choses du monde – dans chaque visage hilare ou souffrant. Une présence vivante – un regard sensible. Dieu nous regardant le regarder – séparé de tout – abandonné là où la nuit est la plus terrifiante – là où la mort roule et écrase ceux qui la défient comme ceux qui la craignent – ceux qu’elle indiffère comme ceux qui la vénèrent – faisant de tous les visages une seule figure – celle de l’espace – infini – invisible – s’aimant à travers tous ses traits…

 

 

Du dehors ingurgité – digéré – ne coulent qu’une mélasse noire et quelques scories…

 

 

Lieu piétiné par les Dieux – le froid dans le foyer – quelque chose comme un soleil déclinant – une tête inclinée – le revers de tout destin – l’autre versant du jour…

 

 

Un quiproquo absurde devenu mythe – illusion – auxquels nul n’a su résister…

Excès de faiblesse et absence de forces élémentaires pour pouvoir être dissipés – balayés – exorcisés…

Le cadre du monde auquel nul ne peut échapper…

L’évidence d’un feu qui brûle sans nous…

 

 

Une traversée de portes déjà ouvertes – et qui, de loin, semblaient fermées – épaisses – hermétiques – presque infranchissables…

 

 

Parfois dans le rêve d’un autre ciel – et d’autres fois, dans sa chaleur vivante – palpable – éminemment tangible et guérissante…

 

 

Nous, les éclats – les Autres, on ne sait pas. Des têtes autrefois maudites – aujourd’hui si faibles – agonisantes – à moitié abandonnées déjà…

 

 

Front traversé par le plus mince – le presque inexistant. L’idée du monde en tête avec ses faces hideuses – inconnaissables – qui rôdent comme si nous étions une chambre hantée – la geôle souterraine d’une vieille forteresse abandonnée…

 

 

Des murs – de l’air – l’immobilité…

Vivant dans le plus lointain monde possible…

 

 

L’impérieuse nécessité du jour et de la blancheur contre ce qui nous sépare – nous altère – nous crucifie…

 

 

Le geste lent de la main qui se redresse – et qui, se redressant, pousse l’âme vers ses plus folles dérives. De jour en jour – de plus en plus lointain – comme mille rives successives foulées d’un seul regard – dans le même vertige…

 

 

Là-haut – sur cette route où se déposent toutes les espérances – le vent, en soi, et le ciel plus vaste que l’imaginaire mal inspiré. L’étendue et le sommeil couchés ensemble dans la même paume – immense – qui s’offre à tous. Les larmes et la rosée – le souffle du premier matin du monde. L’infini imprégnant le sol – se mélangeant à lui – le devenant pour que la marche trouve enfin son envergure – et les passagers leur plus beau voyage…

 

 

Etendu là où le jour nous éventre – nous fouille – nous dissèque – nous arrache ce qui nous semblait le plus précieux – pacotilles bien sûr ; nous respirons encore – nous voyons – nous sentons – nous sommes – toujours – au milieu du monde – dans ce souffle plus haut que les hommes, un jour, ont perdu. Dispersé par le froid – dans le seul lieu habité. Au commencement de tout peut-être… Pas même effrayé – pas même ébloui – par le visage qui s’avance…

 

 

Tous les indices – toutes les preuves – convergent vers soi…

 

 

Silence vivant là où le ciel est descendu. Ailleurs – du bruit – de la terre – des grimaces…

 

 

Plus bas – plus haut peut-être – on ne sait pas – affranchi, sans doute, d’une forme élémentaire d’humanité – laquelle reste (pourtant) mystérieuse malgré la paresse – le mimétisme – toutes les singeries…

 

 

Tout lieu – même désert – est habité ; il suffit d’un regard…

Une présence discrète et silencieuse – et non une absence – mille absences – bruyantes et tapageuses…

 

 

Offert – comme le sol aux pas – l’esprit aux idées – comme une main qui réconforte la tristesse d’un visage…

 

 

On peut bien rêver mille ans – le monde restera le monde… On peut bien inviter le jour – il est probable que la nuit demeure glaciale…

 

 

Le début d’un monde où le souffle remplace les vents – où l’Amour devient le creuset des âmes – un lieu éblouissant pour les pas infirmes et les visages hésitants…

 

 

Le jour est là – toujours – malgré l’absence et les yeux fermés – malgré les âmes mimétiques et les esprits encombrés…

 

 

Tout doit se rompre sur la lame effilée ; tranché net – décapité – coupé à la racine…

Bouts du monde stoppés dans leur élan colonisateur…

L’esprit nu – l’esprit blanc – et qui doit le rester…

 

 

Un souffle fait bouger nos lèvres – anime notre main – fait courir nos jambes de par le monde et le feutre sur la page. Mouvements mystérieux – récurrents – circulaires – nés de la matrice qui enfanta l’univers, la vie et le temps…

Et mille manières de revenir dans son giron – de vivre à ses côtés – en son cœur – et de laisser son silence et sa joie nous envahir de la tête aux pieds…

 

 

Sans cesse nous nous heurtons aux mêmes parois – érigées par nos habitudes – nos certitudes – agglomérées par le mauvais ciment des idées ; monde perdu – qui s’éloigne à mesure que les parois s’élèvent – s’épaississent – deviennent une enceinte infranchissable – et poreuse seulement du dehors vers le dedans…

 

 

Vase vide qui doit rogner ses bords – creuser son fond – retrouver – redevenir – la pleine vacuité de l’espace – l’envergure sans limite…

Mais le souvenir du vase – des bords – du fond – est tenace. Et la peur de perdre définitivement sa forme – le contenant et le contenu – est vive – profonde – presque indéracinable…

Partagé – déchiré – toujours – entre l’infime et le plus vaste – entre l’identité restreinte et (rassurante) et le sans nom – l’infini et l’incertitude…

 

 

L’esprit enfermé dans la matière – dans sa forme matérielle apparente – et apparemment séparée…

Nœud complexe de l’identification – de la crispation – de la rétractation. Difficile chemin vers l’élargissement et l’envergure première – l’absence de frontières…

L’éternel défi – l’éternel dilemme – de l’homme – au croisement de ces deux dimensions – de ces deux perspectives – si difficilement conciliables dans l’expérience du monde et le vécu quotidien…

 

 

De l’autre côté du monde – à moitié abandonné déjà – sur ces terres – ces rives – ces fleuves – que l’âme doit encore traverser. Là où tout se dénude et se dissipe…

 

 

Seul et immobile dans ce bleu comme unique ivresse à vivre…

 

 

Le front – le souffle – le feu – quelque chose qui s’anime derrière la façade opaque des secrets…

 

 

Au pied d’un autre jour – déjà – où tout sera effacé…

 

 

L’étrange trivialité des jours – du monde – des existences – comme un poids – une inertie – qui nous voilerait l’extraordinaire…

 

 

Le regard, le souffle et le talon. Et le geste, parfois, qui s’impose…

 

 

Lignes sensibles et hâtives – entre foisonnement et silence. Comme un impératif de désengagement – une distance nécessaire avec le monde – les visages – le vécu – le ressenti – une manière, peut-être, de s’affranchir des aléas de l’existence…

Plonger dans l’âme et le monde – avec une sensibilité directe – sans écran – sans filet. Sauter à pieds joints dans l’inconnu – l’incertain – l’insaisissable – sans savoir si l’on en réchappera…

Manière de vivre hors du temps – sans même imaginer la route à venir. Mourir ici – demain – dans mille siècles – quelle importance au fond – qu’avons-nous donc à vivre de plus important qu’à cet instant…

 

 

Tout arrive – rien n’arrive – tout pourrait (même) nous arriver – qui, mieux que la vie, sait ce que nous devons traverser…

Vécu impitoyable mais nécessaire…

Ni aubaine, ni échappatoire – le destin – simplement – où la nécessité s’impose pour s’affranchir du sommeil…

 

 

Ce qui déborde est promis à la destruction – comme tout le reste, bien sûr…

 

 

C’est la plaie et le besoin de remède qui font tourner le monde – lui donnent son allure et sa frénésie. Des reculs et des avancées – des cris de douleur et de joie – rien que des minuscules histoires…

 

 

Tout – en soi – comme ce qui traverse le cœur – rehaussé ou crucifié – c’est toujours lui qui bat dans notre poitrine – c’est toujours lui que l’on entend et que l’on touche – de mille manières…

 

 

Ce que nous n’habitons pas est mort – n’existe pas. Graine et devenir possibles – seulement…

 

 

Un intervalle où tout peut basculer – se rencontrer – grandir ensemble – et exploser ; la terre – le froid – le soleil. Et ce feu – au-dedans – qui nous pousse à explorer le monde – à trouver le lieu de la fortune – la seule demeure naturellement…

 

 

Pas tendus vers le seul abri qui est aussi une exposition totale – la fragilité la plus haute – que rien, pourtant, ne peut anéantir…

Le dénuement – le détachement – le lieu étrange – unique – où mènent toutes les voies soustractives – tous les chemins vers la nudité…

 

 

Tout semble défiler – mais, en vérité, tout – dans l’instant – est immobile. Rien n’arrive – rien ne passe – tout est exactement comme il est…

 

 

Ça respire – en soi – avec une autre envergure. Quelque chose comme un nœud – un paquet de nœuds – défaits – devenus ficelles légères qui s’envolent comme les aigrettes du pissenlit…

 

 

Nous cherchons à arriver là où nous sommes déjà. Tant de pas et de sols foulés – retournés – pour, un jour, pousser la porte du regard – inverser les yeux – et voir le monde entier au-dedans…

 

 

Homme penché – au croisement des destins – sur ce fil étrange – multiple – tendu entre la terre et le vent – attaché nulle part – si, peut-être, à l’imaginaire – dans un rêve de monde et de Dieux…

 

 

Visage à retourner – figure face à l’océan mêlé à l’air et à l’écume – arrachée au sol et à la gravité. Plume d’oiseau emportée vers le jour…

 

 

Nous cherchons – et explorons – partout – excepté le regard. Puis, une fois le regard découvert – et habité – la quête s’efface – tout s’efface ; l’extérieur disparaît ; le monde – les routes – l’Autre – les visages – n’existent plus qu’au-dedans – comme si l’impossible se réalisait malgré tous les rêves qui emplissaient nos têtes…

 

 

Chaque jour – la même eau noire – qu’il faut laver. Pluies et larmes sèches – débris d’autrefois – fragments de monde – amassés au fond des têtes – au fond des âmes…

Et au fond de l’eau – de petites pierres blanches – des foulées lointaines vers le plus proche – le feu revisité – l’âme droite – les gestes précis – tout en suspens..

Bien plus vivant qu’hier – sans doute…

 

 

Le chant de la forêt – la beauté des fleurs – la fraternité des arbres – l’espièglerie des insectes. Tout est là – identique – presque comme au premier matin du monde…

Le plus naturel – le plus simple – rien de superflu – rien de surfait – pas de tapage – pas de pollution – la belle et saine sauvagerie du monde…

 

 

Grandeur du jour – course du vent – et le rythme lent de ceux qui s’animent…

Tant de beauté saccagée et corrompue par les hommes…

La douce (et parfois rude) félicité du monde remplacée par cette folie et ce sommeil terrifiants…

 

 

Le jour moins lointain que le monde. Ici – les visages nous sourient – nous saluent – nous convient à leur danse – à leur silence – à leur beauté. Hôte de tous – comme un retour au pays natal – parmi nos frères – habitants des forêts…

J’appartiens à la tribu des bêtes – à la confrérie des arbres et des pierres – à la communauté végétale. Je suis un des leurs…

Et c’est auprès d’eux que je vis – et dans leur sillage que je mets mes pas. Ma seule famille peut-être – celle à laquelle je resterai fidèle jusqu’à la mort – quoi qu’il arrive…

 

 

Cellule nomade au cœur du monde naturel. Le silence et la joie. L’apaisement – en soi…

 

 

Il n’y a d’inquiétude chez les arbres – seulement le souci d’être…

Il n’y a de choses inutiles – seulement le nécessaire…

Il n’y a d’ostentation – seulement des actes justes…

L’essence, l’existence et le miracle de vivre – la tranquillité et la liberté de croître. Et rien de plus – sous le jeu de la lumière…

 

 

Des arbres – des bêtes – des pierres – des livres – le silence ; conditions d’un bonheur simple – d’une présence habitée – d’une joie intense – d’une existence naturelle en accord avec les valeurs qui me semblent les plus hautes – les plus vraies – les plus saines – les plus propices à l’épanouissement de l’âme et du cœur humain…

 

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