Carnet n°212 Notes sans titre
Le bleu s’immisce là où le front s’est ouvert – là où l’âme est prête à recevoir ce qui s’invite – là où il n’y a plus ni volonté, ni prétention, ni pédagogie – là où le désir s’éclipse au profit de la nécessité…
Nous ne réclamons rien – le droit – seulement – d’aller là où le silence et la solitude s’offrent sans effort…
Tout ce rouge qui suinte à travers les vivants. Partout l’on devine le sort abject que l’homme réserve à ce qui n’est pas humain…
L’instrumentalisation – l’exploitation – la barbarie – à grande échelle – érigées en système – en industrie…
Et ce qui monte – en soi – et persiste – la honte et le dégoût d’être humain…
Et l’authentique tendresse – l’authentique pardon – à l’égard de tous ceux que mes congénères torturent et assassinent…
Gageons seulement que la conscience et l’Amour sauront, peu à peu, remplacer l’ignorance et le manque d’empathie…
De l’impossibilité d’être pleinement humain…
Ce qui a toutes les peines du monde à s’initier chez l’homme – au cœur du vivant – dans l’âme et la quotidienneté ordinaire. Et ce qui nécessite une actualisation permanente – de chaque instant – une fois l’initiation réalisée…
A l’écart – très souvent – de ce qui s’agite – de ce qui bavarde – de ce qui crie, court et gesticule – de ce qui geint, quémande et espère…
Suffisamment éloigné de mes semblables…
Vivre dans l’oubli du monde…
Des forêts et des prairies (sauvages) comme lieux d’accueil – comme lieux d’existence et de ressourcement – comme îlots – comme un nécessaire chapelet de silence – dans l’itinérance grise – et, trop souvent, populeuse…
Une route dont on devine la raison profonde…
Des étrangers au langage rustre et invasif – qui dictent les règles communes – celles du plus grand nombre – comme si l’homme ne pouvait vivre à côté du monde – selon ses propres lois – innocentes et respectueuses…
Ce que nous cisaillons en vain au lieu de (tout) couper à la racine…
Ce que nous négligeons au lieu d’être attentif…
Ce que nous prétendons offrir alors que nous avons la main tendue vers la plus infime obole…
Toujours à nous illusionner et à tromper le monde…
La psyché dans ses œuvres de prestidigitation…
Ce qui s’écoute et s’enlise – les méandres de plus en plus tortueux de l’existence, du monde et de la psyché à mesure que l’on s’éloigne du vide – de la simplicité – de l’innocence…
L’encombrement de l’inutile…
Le tranchant et la tendresse du regard – sans doute n’y a-t-il rien de plus précieux en ce monde – ni de plus indispensable ; faire naître et aiguiser cette lame et cet Amour au fond de l’âme…
C’est toujours la faim qui impulse la marche – et anime l’exploration. Et l’on avance – ainsi – d’une faim à l’autre – vers le plus intime – la vérité – ce que nous sommes…
Retrouver la version préliminaire du monde – le schéma originel – l’axiome premier – le versant nu de l’être – sans parure – sans oripeau – sans tous ces falbalas flamboyants et trompeurs – puis, une fois trouvé – une fois exploré – une fois habité – l’habiller (éventuellement) à sa singulière mesure…
Bien plus étranges qu’étrangers – bien plus insolites que lointains – la nature du monde et ses multiples visages…
D’une découverte à l’autre – d’une exploration à l’autre – d’une quête à l’autre – puis, l’intériorisation du savoir – la transmutation en connaissance – la lente imprégnation jusqu’à la pleine incarnation de la vérité – vécue – singulière – quotidienne…
Le grand recours de l’âme face au monde qui se montre si indifférent aux choses du cœur…
Des figures passagères – infimes – dérisoires…
Des affaires et des jours sans importance – hasardeux – sans conséquence…
Des existences (presque) sans essence…
Ce qui fait que les vies sont (réellement) ce qu’elles ont l’air d’être…
Difficile d’imaginer l’or au-dedans de ce feu si terne…
La grande migration des cœurs – la grande épopée des âmes. L’intense labeur du dedans en dépit de la somnolence apparente. Quelque chose qui reste ardent – une étincelle – comme une flamme minuscule mais éternelle…
L’évidence de la bêtise – comme une vague submergeante – implacable – irrépressible – que rien, ni personne ne peut arrêter – nourrie par chaque visage qui compose la foule (immense) des hommes – comme une déferlante monstrueuse engendrée par l’ignorance des masses – et qui se disperse, de manière tentaculaire et insidieuse, en minuscules vaguelettes dévastatrices…
De l’importance de n’être personne – un inconnu – un anonyme – face à la monstruosité – un modeste obstacle face à la nuit et aux mains barbares – un modeste fanal pour dissiper le noir…
Des soubresauts – des émotions – des gestes. Le monde animé des apparences. Et au-dessous – le mystère à l’œuvre – la lumière se célébrant au-dedans de la chair – la joie circulant à travers le sang du monde…
Ce que, sans doute, seuls quelques-uns savent et perçoivent…
De grandes artères viscérales qui irriguent le monde – et qu’empruntent les visages et les choses…
Ce qui circule – ce qui voyage – les mouvements nécessaires à l’ensemble – à chacun…
La vie des minuscules cellules et du grand corps…
La terre – parfois – se rétracte – comme un cœur trop sensible…
Le besoin d’un Dieu présent – permanent – à portée d’âme et de main…
De la conscience et du vivant – et mille déguisements qui nous fascinent – et mille danses qui nous étourdissent – ce qui complique grandement nos pas sur le chemin vers la simplicité – vers le dépouillement – vers la nudité – vers cette incarnation (sans artifice) de l’esprit et de l’énergie…
Mille fois devenir sans jamais être. Puis, être sans jamais devenir…
Indéfiniment passant – et à demeure – l’éternel…
Ce que nous dicte l’usage – la raison – la passion – fort différent (en général) de ce qu’imposent l’âme et les circonstances…
La nécessité au détriment du désir – la justesse au détriment du plaisir…
Des mots qui ouvrent et résonnent – qui donnent à vivre et à penser – et qui offrent (potentiellement) le plus haut de l’homme ; métaphysique – spiritualité – nécessité – essentiel – solitude – Absolu – être – conscience – nature – marche – poésie…
Des mots qui résument nos aspirations profondes et notre existence quotidienne – notre manière implacable (presque impitoyable) d’être au monde…
Des jours – de la boue – des miracles – ce qui peuple la terre – ce que vivent les âmes…
Rien qu’un sol – et un ciel par-dessus…
Ce à quoi l’ignorance nous condamne – à des vies folles et barbares – à l’abomination…
L’enfer que nous sommes – l’enfer que nous créons – l’enfer que nous offrons – notre seul héritage…
Aucun attirail – aucun arsenal – le regard, le souffle et le corps (presque) nu…
Il n’y a d’alchimie – mais une série de soustractions vers le plus simple…
Sans l’âme et la vie (détaché d’elles) – l’art n’est (presque) rien…
Comme une vague lumière au fond d’un rêve…
Au fond de soi – le vide éternel. Et à la surface du monde – des circonstances propices et ce que la psyché charrie comme inutilités…
Des heures affranchies du temps – presque libres – qui ni ne passent, ni ne durent…
Au-dedans même de la vacuité – il y a cette lumière et ce silence – le plus précieux – ce que les hommes ne pourraient inventer…
Des bouts de terre désolés – des âmes agenouillées. Malheureusement (et trop souvent) l’abominable spectacle du monde…
Des secousses – l’éclatement de la pensée – ce que les esprits raisonnables appelleraient, peut-être, la folie. Rien d’autre, pourtant, que l’éviction du superflu – la résorption de l’inutile – le retour à la simplicité ; la vivacité cognitive – la sobriété de l’âme – la belle et innocente vacuité de la tête…
De vagues silhouettes – des ombres qui passent – des âmes morcelées – des chevelures sans tête – de la matière modelée – formatée – limitée ; l’apparence des vivants…
Des cortèges qui engorgent toutes les impasses – qui envahissent toutes les rives où le mensonge et l’illusion font office de vérité. Des armées de têtes geignardes et belliqueuses qui embrochent par envie – par crainte – par cruauté – par mégarde – tout ce qui peut satisfaire la faim – étancher la soif – qui se jettent sur tout ce qui peut faire oublier (provisoirement) la peur – saupoudrer le fouillis – le désordre – le chaos – d’un semblant de sens et de cohérence – pour leur faire croire, en dépit des profondeurs – en dépit des apparences – qu’elles ont figure humaine – que leurs gestes sont magnanimes et respectables – et que leur âme agit avec conscience et sensibilité…
En soi – au creux – au fond – quelque part – le tout – le rien – le mélange – l’absence de contours – de frontières – le vide – le chaos – et tous les contenus possibles…
La conscience et la vie brute – telle qu’elle (nous) arrive…
Au plus haut degré de l’être – du monde ; le vide – la nudité – l’innocence. Ce qui offre au regard sa plus vive intensité et à ce qui passe une dimension merveilleuse – quasi miraculeuse…
Des reliefs – partout – à n’en plus finir – des lignes et des courbes qui s’entremêlent joyeusement pour former la géométrie du monde…
Et la même chose avec la matière invisible dont les enchevêtrements forment la géométrie de l’âme – les figures les plus essentielles du silence…
Rien à découvrir – rien à réaliser – rien à craindre. Être – simplement – et vivre ce qui est offert…
Ni rêve, ni pensée – des gestes, de l’innocence et de l’accueil…
Les souvenirs – les idées – les images – sont des encombrements – des obstacles – des empêchements ; ils restreignent toutes les aptitudes de l’être – et invalident notre manière d’être au monde…
Ressources naturelles et spontanées – au-delà des (multiples) apprentissages nécessaires…
La croix, le refuge et l’épée. Ce qui sonne comme une devise communautaire – une sentence héraldique – entre les fondations et le faîte. Quelque chose comme un chemin – une aventure – une épopée – l’existence humaine, peut-être, résumée par trois malheureux symboles ; le monde d’autrefois avec ses guerres et ses croisades – les misérables exigences de l’ancienne humanité avide de conquêtes, de pouvoir et de domination…
Des grilles devant lesquelles s’éloignent (presque toujours) la joie et l’innocence – le plus essentiel…
Les basses besognes de l’homme…
Les fosses et la fange – le degré zéro de l’existence (terrestre)…
Rien que le jour – comme une aubaine pour les yeux – hors du regard – hors de la volonté des tyrans. Un espace de liberté à l’envergure inespérée…
La matière comme décor animé – et des mouvements initiés depuis l’invisible…
Ça va d’un point à un autre – ça revient – ça repart – ça fait des détours et quelques haltes. Ça bouge autant que ça respire – le vivant…
Une longue route grise dont on sait qu’elle ne finira jamais…
Des boucles et des cycles en guise de chemin…
Tant d’heures passées en sa propre absence…
Comme un compagnonnage difficile – rendu (presque) impossible par la fréquentation du monde…
Le plus précieux de tous – pourtant ; l’incontournable – et qui se révèle, parfois, de façon tardive…
Rien qu’une parole – une promesse parfois – qui tient lieu d’axe central – de direction que l’on s’escrime à suivre coûte que coûte – sans raison – inutilement…
Des pas qui s’enchaînent à une vague traînée de poussière…
D’éclat en éclat – nos foulées incertaines – nos gestes imprécis – notre bouche trop prolixe…
Notre vie entière, peut-être…
Ce qui ne sait vivre la totalité – l’ensemble – la globalité – de manière simultanée…
Pas même l’attente du souffle suivant…
L’intensité de la vie présente…
Ce qui nous inonde – ce dans quoi nous baignons – le même mélange – un peu de ciel plongé dans la matière malaxée – avec l’horizon comme seule perspective…
De l’herbe et des pas – des arbres et des pierres – ce qui se revisite chaque jour – d’un œil parfois identique, parfois différent. Ce qui traverse l’âme de part en part quel que soit son état. Ce que la main note, chaque soir, sur son carnet…
Quelque chose comme une étincelle durable – sans doute éternelle – qui enfante tous les élans…
Une place vide – comme un lieu magique que l’on peut habiter – mais que nul ne peut occuper – dégrader – pervertir…
L’ordinaire dans toute sa démesure – dans toute sa folie…
Toutes les possibilités du presque rien – comme un miracle…
Tout s’efface d’un grand trait de lumière…
Une manière d’être au monde sans volonté – sans récrimination…
La démence inconsciente du monde – des hommes – de chacun…
Le déséquilibre des forces au profit des plus puissants – espèces – catégories – individus…
Tout coule dans la même veine – le même sillon – le réel – tous les possibles mélangés…
Partout – de longs rubans gris et de hautes colonnes noires – une foule compacte et pressée – inconsistante – presque inexistante. Des existences et des figures aussi sombres que les cités qu’elles peuplent…
Du jaune – un peu de jaune – au creux du rien – manière, peut-être, de se souvenir de la présence de la lumière – au fond de l’innocence – au cœur de la vacuité…
Aux vies- et aux mondes-parchemins – nous préférons les existences- et les possibilités-palimpsestes…
De jour en jour – sans rien désirer. Si – parfois – un peu plus de silence lorsque le monde se rapproche – entame notre sereine solitude…
La possibilité d’une aile – d’un oiseau – d’un envol – d’un ciel – d’un ailleurs encore plus lointain – de l’infini sans doute – imaginés à partir de rien – d’un léger vent qui traverse la tête…
Ce qui se creuse au fond du rien – c’est de cet endroit précis que tout émerge – que tout s’élance – où tout revient…
Parfois, le bleu – parfois, le possible – parfois, l’impossibilité du langage…
A la multitude fate – irrespectueuse – ignorante – cruelle – incroyablement antipathique – nous offrons le pire de nous-même – le plus vil – le plus bas – le plus pitoyable – les termes ad hoc de l’équation…
Une torpeur persistante – particulière – sournoise – qui s’imagine attention vive et lucide…
L’humanité – comme un dormeur qui rêve – et qui s’imagine éveillé…
Le pire des cauchemars – sans doute – celui dont on ne peut s’extraire qu’en s’extirpant du sommeil…
De l’ensemble – comme un cri inaudible – une souffrance insupportable malgré les sourires et les consolations…
L’énigme en exergue – le mystère collé aux gestes et au front…
Et tous les océans dans la tête – avec l’azur et ses tempêtes…
Les vents – seule condition du changement…
Les caps et les ports qui se suivent – la destination imprécise – presque hasardeuse…
Ainsi se réalisent tous les voyages – tous les destins…
Les arbres comme les pierres – les nuages comme les bêtes. Ce qui a été engendré – et existe sur terre…
Un autre monde – mille autres mondes – à côté de celui des hommes – à côté de celui des vivants…
Le silence courageux – et inspirant – des arbres et des bêtes – dont l’apparente soumission est une sagesse – une offrande du mystère – un acte d’Amour – la promesse d’un infini accessible…
Les hommes, eux, avec leurs gestes monstrueux*, sont redoutables – sans conscience – sans pitié – effroyables…
Dominer et jouir – ainsi seulement se sentent-ils vivants – comme de pitoyables créatures…
* leur odieuse manière d’habiter le monde et leur inhumanité nous plongent dans l’effroi et la colère – autant que dans la haine et la honte…
Ce que nous attendons du monde – ce qu’il nous promet – et ce qu’il nous offre…
L’occasion – toujours – de revenir au plus simple – à la simplicité…
Par-dessus la crête – le monde inversé – sans rêve – sans image – sans personne. Des faits – des circonstances – à l’état pur – à l’état brut. Le silence sans commentaire. Des mouvements – des gestes. Ce qui éprouve et contemple. Et – absolument – rien d’autre…
Tout un monde endormi – au-dehors comme au-dedans. Dans l’attente d’un souffle – d’un vent – chargé de nouveautés – de loisirs – de distractions ; la nourriture même du sommeil…
Des pierres grises – presque autant que les visages. Des existences sans véritable destin – la répétition des gestes et des actes ancestraux – le fil rouge qui dicte et définit les lois – les conventions – les usages. De père en fils – de mère en fille – au fil des générations – le règne du pire et de l’immuable…
Des heures qui glissent – du temps chevauché – des jours et des nuits – de la durée – des cycles – de l’attente. Très peu d’instants – presque jamais…
Il y a des murs – partout – il y a des murs et des cachettes – mais il ne peut y avoir de secret – il y a des choses dissimulées – des choses oubliées – et, à chaque fois, le témoin de tous les gestes…
Un carré de terre – un cercle de lumière – des pas – des gestes – pas la moindre frontière. L’infini qui se déploie au-dedans de l’infime – dans la plus grande intimité avec le monde et les choses. Comme une envergure invisible offerte à celui qui s’efface…
Un monde sanglé – entravé – et paré pour la marche – le grand voyage que lui promettent les hommes…
Des ressources – des nécessités premières – ainsi tout a été converti. Matière d’usage et vies de contingences…
La cognition au service des instincts et de la survie…
Ce que l’homme – ce pauvre idiot – appelle l’humanité – l’intelligence – balivernes, bien sûr…
Quelques fenêtres ouvertes sur le jour – et (presque) toutes les autres sur le rêve et le néant. Et au-dessus du mur – aucun choix – la lumière sur l’ensemble des mondes possibles…
La vie agenouillée – contrainte – restreinte – asservie – sous le joug du monde – des Autres. Pour quelles (mauvaises) raisons nous y soumettons-nous…
Ce qui échappe à l’œil – et ce que l’âme peut voir…
Un système – un réseau – des embranchements – des ramifications – un enchevêtrement – mille lieux – mille liens – mille connexions. Tout ce qui existe – pris dans la trame – comme infime élément – toujours – de l’ensemble…
Des abîmes – des faîtes – des risques – des menaces – des chemins – des refuges – des détours – des impasses…
Ce qui apparaît comme un parcours – ce à quoi chacun est confronté – ce que chacun expérimente…
L’inévitable itinéraire terrestre et le possible cheminement de l’âme…
Des intuitions – mille instances de décision…
Le réel à travers des rideaux – comme une (quasi parfaite) impossibilité à voir…
Murs – fenêtres – imaginaires – reflets…
Le regard et le monde pervertis – corrompus – mensongers – fallacieux…
La légèreté et la consistance – la profondeur et la simplicité – la justesse et le silence ; des qualités très (très) rarement réunies – exceptionnellement…
Au cœur de ce monde – caché des regards – à observer l’étrange banalité des vies…
Mille gestes – mille mouvements – extraordinairement prévisibles – incroyablement humains…
Plongés dans la trivialité des choses de la terre – au milieu de ces visages affairés…
Un univers où l’âme semble absente – presque inexistante…
Des postures et des actes mécaniques qui s’enchaînent et s’entrecroisent…
Des silhouettes – des existences – qui ont l’air de ne rien vivre intérieurement (excepté les émotions réactives élémentaires) – rien de vraiment intense, ni de vraiment profond ou, en tout cas, insuffisamment pour être perceptible dans les attitudes et les paroles…
Des vies creuses – en quelque sorte – sans profondeur – sans consistance – sans justesse – lourdes – bruyantes – inutilement complexes… Voilà l’impression qu’elles (nous) donnent…
Etrange matière que cette épaisseur terrestre – couches de boue, d’instincts et de chair saupoudrées d’un peu de ciel – substance inerte et mobile – mélange de limites et de possibles…
De chair, d’âme et de langage – le monde en actes – le monde en mots – et celui qui nécessite un silence – un retrait – une (réelle) intériorité…
A dessein – le moins léger – pour laisser imaginer ce qui est caché – ce qui s’apparente au silence ; le plus proche du plus rien – très (très) loin du néant…
Ça bavarde – ça caquette – ça palabre – ça commente – ça adore les histoires – et ça a l’air de ne vivre que par (et pour) cela…
D’un bout à l’autre du monde – d’un bout à l’autre de l’âme. Tous les chemins à partir d’ici – du centre – et vers lequel ramènent tous les voyages – et qui se dévoile au fil des pas – par soustractions successives – jusqu’au cœur du vide – jusqu’au cœur de la pleine vacuité…