Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LES CARNETS METAPHYSIQUES & SPIRITUELS

A propos

La quête de sens
Le passage vers l’impersonnel
L’exploration de l’être

L’intégration à la présence


Carnet n°1
L’innocence bafouée
Récit / 1997 / La quête de sens


Carnet n°2
Le naïf
Fiction / 1998 / La quête de sens

Carnet n°3
Une traversée du monde
Journal / 1999 / La quête de sens

Carnet n°4
Le marionnettiste
Fiction / 2000 / La quête de sens

Carnet n°5
Un Robinson moderne
Récit / 2001 / La quête de sens

Carnet n°6
Une chienne de vie
Fiction jeunesse / 2002/ Hors catégorie

Carnet n°7
Pensées vagabondes
Recueil / 2003 / La quête de sens

Carnet n°8
Le voyage clandestin
Récit jeunesse / 2004 / Hors catégorie

Carnet n°9
Le petit chercheur Livre 1
Conte / 2004 / La quête de sens

Carnet n°10

Le petit chercheur Livre 2
Conte / 2004 / La quête de sens

Carnet n°11 
Le petit chercheur Livre 3
Conte / 2004 / La quête de sens

Carnet n°12
Autoportrait aux visages
Récit / 2005 / La quête de sens

Carnet n°13
Quêteur de sens
Recueil / 2005 / La quête de sens

Carnet n°14
Enchaînements
Récit / 2006 / Hors catégorie

Carnet n°15
Regards croisés

Pensées et photographies / 2006 / Hors catégorie

Carnet n°16
Traversée commune Intro
Livre expérimental / 2007 / La quête de sens

C
arnet n°17
Traversée commune Livre 1
Récit / 2007 / La quête de sens

Carnet n°18
Traversée commune Livre 2
Fiction / 2007/ La quête de sens

Carnet n°19
Traversée commune Livre 3
Récit & fiction / 2007 / La quête de sens

Carnet n°20
Traversée commune Livre 4
Récit & pensées / 2007 / La quête de sens

Carnet n°21
Traversée commune Livre 5
Récit & pensées / 2007 / La quête de sens

Carnet n°22
Traversée commune Livre 6
Journal / 2007 / La quête de sens

Carnet n°23
Traversée commune Livre 7
Poésie / 2007 / La quête de sens

Carnet n°24
Traversée commune Livre 8
Pensées / 2007 / La quête de sens

Carnet n°25
Traversée commune Livre 9
Journal / 2007 / La quête de sens

Carnet n°26
Traversée commune Livre 10
Guides & synthèse / 2007 / La quête de sens

Carnet n°27
Au seuil de la mi-saison
Journal / 2008 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°28
L'Homme-pagaille
Récit / 2008 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°29
Saisons souterraines
Journal poétique / 2008 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°30
Au terme de l'exil provisoire
Journal / 2009 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°31
Fouille hagarde
Journal poétique / 2009 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°32
A la croisée des nuits
Journal poétique / 2009 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°33
Les ailes du monde si lourdes
Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°34
Pilori
Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°35
Ecorce blanche
Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°36
Ascèse du vide
Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°37
Journal de rupture
Journal / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°38
Elle et moi – poésies pour elle
Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°39
Préliminaires et prémices
Journal / 2010 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°40
Sous la cognée du vent
Journal poétique / 2010 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°41
Empreintes – corps écrits
Poésie et peintures / 2010 / Hors catégorie

Carnet n°42
Entre la lumière
Journal poétique / 2011 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°43
Au seuil de l'azur
Journal poétique / 2011 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°44
Une parole brute
Journal poétique / 2012 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°45
Chemin(s)
Recueil / 2013 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°46
L'être et le rien
Journal / 2013 / L’exploration de l’être

Carnet n°47
Simplement
Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°48
Notes du haut et du bas
Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°49
Un homme simple et sage
Récit / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°50
Quelques mots
Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°51
Journal fragmenté
Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°52
Réflexions et confidences
Journal / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°53
Le grand saladier
Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°54
Ô mon âme
Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°55
Le ciel nu
Recueil / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°56
L'infini en soi 
Recueil / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°57
L'office naturel
Journal / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°58
Le nuage, l’arbre et le silence
Journal / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°59
Entre nous
Journal / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°60
La conscience et l'Existant
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°61
La conscience et l'Existant Intro
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°62
La conscience et l'Existant 1 à 5
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°63
La conscience et l'Existant 6
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°64
La conscience et l'Existant 6 (suite)
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°65
La conscience et l'Existant 6 (fin)
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°66
La conscience et l'Existant 7
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°67
La conscience et l'Existant 7 (suite)
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°68
La conscience et l'Existant 8 et 9
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°69
La conscience et l'Existant (fin)
Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°70
Notes sensibles
Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°71
Notes du ciel et de la terre
Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°72
Fulminations et anecdotes...
Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°73
L'azur et l'horizon
Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°74
Paroles pour soi
Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°75
Pensées sur soi, le regard...
Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°76
Hommes, anges et démons
Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°77
L
a sente étroite...
Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°78
Le fou des collines...
Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°79
Intimités et réflexions...
Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°80
Le gris de l'âme derrière la joie
Récit / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°81
Pensées et réflexions pour soi
Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°82
La peur du silence
Journal poétique / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°83
Des bruits aux oreilles sages
Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°84
Un timide retour au monde
Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°85
Passagers du monde...
Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°86
Au plus proche du silence
Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°87
Être en ce monde
Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°88
L'homme-regard
Récit / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°89
Passant éphémère
Journal poétique / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°90
Sur le chemin des jours
Recueil / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°91
Dans le sillon des feuilles mortes
Recueil / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°92
L
a joie et la lumière
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°93
Inclinaisons et épanchements...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°94
Bribes de portrait(s)...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

C
arnet n°95
Petites choses
Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°96
La lumière, l’infini, le silence...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°97
Penchants et résidus naturels...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°98
La poésie, la joie, la tristesse...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°99
Le soleil se moque bien...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°100
Si proche du paradis
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°101
Il n’y a de hasardeux chemin
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°102
La fragilité des fleurs
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°103
Visage(s)
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°104
Le monde, le poète et l’animal
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°105
Petit état des lieux de l’être
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°106
Lumière, visages et tressaillements
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°107
La lumière encore...
Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°108
Sur la terre, le soleil déjà
Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°109
Et la parole, aussi, est douce...
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°110
Une parole, un silence...
Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°111
Le silence, la parole...
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°112
Une vérité, un songe peut-être
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°113
Silence et causeries
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°114
Un peu de vie, un peu de monde...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°115
Encore un peu de désespérance
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°116
La tâche du monde, du sage...
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°117
Dire ce que nous sommes...
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°118
Ce que nous sommes – encore...
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°119
Entre les étoiles et la lumière
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°120
Joies et tristesses verticales
Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°121
Du bruit, des âmes et du silence
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°122
Encore un peu de tout...
Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°123
L’amour et les ténèbres
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°124
Le feu, la cendre et l’infortune
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°125
Le tragique des jours et le silence
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°126
Mille fois déjà peut-être...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°127
L’âme, les pierres, la chair...
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°128
De l’or dans la boue
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°129
Quelques jours et l’éternité
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°130
Vivant comme si...
Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°131
La tristesse et la mort
Récit / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°132
Ce feu au fond de l’âme
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°133
Visage(s) commun(s)
Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°134
Au bord de l'impersonnel
Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°135
Aux portes de la nuit et du silence
Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°136
Entre le rêve et l'absence
Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°137
Nous autres, hier et aujourd'hui
Récit / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°138
Parenthèse, le temps d'un retour...
Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence


Carnet n°139 
Au loin, je vois les hommes...
Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°140
L'étrange labeur de l'âme

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°141
Aux fenêtres de l'âme

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°142
L'âme du monde

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°143
Le temps, le monde, le silence...

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°144
Obstination(s)

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°145
L'âme, la prière et le silence

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°146
Envolées

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°147
Au fond

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°148
Le réel et l'éphémère

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°149
Destin et illusion

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°150
L'époque, les siècles et l'atemporel

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°151
En somme...

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°152
Passage(s)

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°153
Ici, ailleurs, partout

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°154
A quoi bon...

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°155
Ce qui demeure dans le pas

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°156
L'autre vie, en nous, si fragile

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°157
La beauté, le silence, le plus simple...

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°158
Et, aujourd'hui, tout revient encore...

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°159
Tout - de l'autre côté

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°160
Au milieu du monde...

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°161
Sourire en silence

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°162
Nous et les autres - encore

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°163
L'illusion, l'invisible et l'infranchissable

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°164
Le monde et le poète - peut-être...

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°165
Rejoindre

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°166
A regarder le monde

Paroles confluentes / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°167
Alternance et continuité

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°168
Fragments ordinaires

Paroles confluentes / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°169
Reliquats et éclaboussures

Paroles confluentes / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°170
Sur le plus lointain versant...

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°171
Au-dehors comme au-dedans

Paroles confluentes / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°172
Matière d'éveil - matière du monde

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°173
Lignes de démarcation

Regard / 2018 / L'intégration à la présence
-
Carnet n°174
Jeux d'incomplétude

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence
-

Carnet n°175
Exprimer l'impossible

Regard / 2018 / L'intégration à la présence
-
Carnet n°176
De larmes, d'enfance et de fleurs

Récit / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°177
Coeur blessé, coeur ouvert, coeur vivant

Journal / 2018 / L'intégration à la présence
-
Carnet n°178
Cercles superposés

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°179
Tournants

Journal / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°180
Le jeu des Dieux et des vivants

Journal / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°181
Routes, élans et pénétrations

Journal / 2019 / L'intégration à la présence
-
Carnet n°182
Elans et miracle

Journal poétique / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°183
D'un temps à l'autre

Recueil / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°184
Quelque part au-dessus du néant...

Recueil / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°185
Toujours - quelque chose du monde

Regard / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°186
Aube et horizon

Journal / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°187
L'épaisseur de la trame

Regard / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°188
Dans le même creuset

Regard / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°189
Notes journalières

Carnet n°190
Notes de la vacuité

Carnet n°191
Notes journalières

Carnet n°192
Notes de la vacuité

Carnet n°193
Notes journalières

Carnet n°194
Notes de la vacuité

Carnet n°195
Notes journalières

Carnet n°196
Notes de la vacuité

Carnet n°197
Notes journalières

Carnet n°198
Notes de la vacuité

Carnet n°199
Notes journalières

Carnet n°200
Notes de la vacuité

Carnet n°201
Notes journalières

Carnet n°202
Notes de la route

Carnet n°203
Notes journalières

Carnet n°204
Notes de voyage

Carnet n°205
Notes journalières

Carnet n°206
Notes du monde

Carnet n°207
Notes journalières

Carnet n°208
Notes sans titre

Carnet n°209
Notes journalières

Carnet n°210
Notes sans titre

Carnet n°211
Notes journalières

Carnet n°212
Notes sans titre

Carnet n°213
Notes journalières

Carnet n°214
Notes sans titre

Carnet n°215
Notes journalières

Carnet n°216
Notes sans titre

Carnet n°217
Notes journalières

Carnet n°218
Notes sans titre

Carnet n°219
Notes journalières

Carnet n°220
Notes sans titre

Carnet n°221
Notes journalières

Carnet n°222
Notes sans titre

Carnet n°223
Notes journalières

Carnet n°224
Notes sans titre

Carnet n°225

Carnet n°226

Carnet n°227

Carnet n°228

Carnet n°229

Carnet n°230

Carnet n°231

Carnet n°232

Carnet n°233

Carnet n°234

Carnet n°235

Carnet n°236

Carnet n°237

Carnet n°238

Carnet n°239

Carnet n°240

Carnet n°241

Carnet n°242

Carnet n°243

Carnet n°244

Carnet n°245

Carnet n°246

Carnet n°247

Carnet n°248

Carnet n°249

Carnet n°250

Carnet n°251

Carnet n°252

Carnet n°253

Carnet n°254

Carnet n°255

Carnet n°256

Carnet n°257

Carnet n°258

Carnet n°259

Carnet n°260

Carnet n°261

Carnet n°262

Carnet n°263
Au jour le jour

Octobre 2020


Carnet n°264
Au jour le jour

Novembre 2020

Carnet n°265
Au jour le jour

Décembre 2020

Carnet n°266
Au jour le jour

Janvier 2021

Carnet n°267
Au jour le jour

Février 2021

Carnet n°268
Au jour le jour

Mars 2021


Carnet n°269
Au jour le jour
Avril 2021

Carnet n°270
Au jour le jour
Mai 2021

Carnet n°271
Au jour le jour

Juin 2021

Carnet n°272
Au jour le jour

Juillet 2021

Carnet n°273
Au jour le jour
Août 2021

Carnet n°274
Au jour le jour

Septembre 2021


Carnet n°275
Au jour le jour
Octobre 2021

Carnet n°276
Au jour le jour
Novembre 2021

Carnet n°277
Au jour le jour

Décembre 2021

Carnet n°278
Au jour le jour
Janvier 2022

Carnet n°279
Au jour le jour
Février 2022

Carnet n°280
Au jour le jour
Mars 2022

Carnet n°281
Au jour le jour
Avril 2022

Carnet n°282
Au jour le jour
Mai 2022

Carnet n°283
Au jour le jour
Juin 2022

Carnet n°284
Au jour le jour
Juillet 2022

Carnet n°285
Au jour le jour
Août 2022

Carnet n°286
Au jour le jour
Septembre 2022

Carnet n°287
Au jour le jour
Octobre 2022

Carnet n°288
Au jour le jour
Novembre 2022

Carnet n°289
Au jour le jour
Décembre 2022

Carnet n°290
Au jour le jour
Février 2023

Carnet n°291
Au jour le jour
Mars 2023

Carnet n°292
Au jour le jour
Avril 2023

Carnet n°293
Au jour le jour
Mai 2023

Carnet n°294
Au jour le jour
Juin 2023

Carnet n°295
Nomade des bois (part 1)
Juillet 2023

Carnet n°296
Nomade des bois (part 2)
Juillet 2023

Carnet n°297
Au jour le jour
Juillet 2023

Carnet n°298
Au jour le jour
Août 2023

Carnet n°299
Au jour le jour
Septembre 2023

Carnet n°300
Au jour le jour
Octobre 2023

Carnet n°301
Au jour le jour
Novembre 2023

Carnet n°302
Au jour le jour
Décembre 2023

Carnet n°303
Au jour le jour
Janvier 2024

 

Carnet n°304
Au jour le jour
Février 2024

 

Carnet n°305
Au jour le jour
Mars 2024


Epigraphes associées aux carnets
____________________

Publicité

 

© Les carnets métaphysiques & spirituels

6 mai 2022

Carnet n°273 Au jour le jour

Août 2021

La tête et la main qui fendent l’air – qui dessinent des mondes invisibles – qui dansent au milieu du vent ; notre existence à tous – en somme…

 

 

L’épaisseur du vide – si dense – que nous nous sentons vivants – entourés (durablement) – malgré le provisoire des vies et du monde ; comme un caillou lancé dans une mare – quelques ondes auxquelles répondent des résonances plus profondes – immergées dans l’invisible bleui par les yeux…

Un sens – en soi – avisé de l’infini et de l’éternité – sans doute…

 

 

Un bruit sourd – dans les hauteurs silencieuses – notre étonnement…

Des jours (très) géographiques comme des bornes dans le désert – une route sinueuse qui se dessine, peu à peu, au cœur du néant – comme un étrange prolongement de soi…

Ici et ailleurs – là où l’on se trouve – presque au même endroit qu’au début du voyage…

 

 

Sur l’épaule – ce pesant bagage – ce ballot de choses et d’idées – parfaitement intégré – devenu strictement personnel…

Le temps de compter les jours – nos pas – de fermer les yeux – de tourner la tête – et voilà notre charge (prodigieusement) alourdie – comme si nous étions aimantés ; et le monde – les images et les pensées – des morceaux de ferraille à accumuler – et qui, à force d’être entassés, obstruent la vue et l’esprit – sans même que nous nous en rendions compte…

 

*

 

Entre la vie et la mort – la métamorphose…

Le ciel et la terre couchés ensemble – sur le lit des possibles…

Des batailles et des conquêtes…

De la folie et de la férocité…

Des corps sauvages qui dévalent des pentes – comme une déferlante…

Un peu de sommeil – un peu de beauté…

Cette nuit – cette douleur ; et cet espoir – promis à tous…

 

 

Des lambeaux de jour et d’attente – à même la lumière – à même l’éternité – comme contrepoids, peut-être, à la noirceur et à la célérité du monde et des existences…

Plus qu’une menace – un envahissement permanent sur la pierre…

Au fil des saisons qui passent – le règne de l’interminable…

 

 

La faim – comme une épaisseur supplémentaire – un surcroît de terre ajouté à la terre…

Des dents davantage que des mots – l’usage (commun) de la bouche…

Un souffle pour respirer – presque jamais pour tenir parole…

Une voix – parfois – passagère – dans le ciel impérissable ; une onde – quelques ondes – offertes au monde…

Autant questionnement qu’offrande…

Comme une marge laissée à l’enfance et à la poésie…

 

 

Le vide – en son cœur…

Moins présent que la semence qui ruisselle…

Le ventre qui s’arrondit davantage que l’esprit curieux – que l’esprit qui explore…

L’homme qui s’éreinte à vivre – malgré lui – plus à la manière des bêtes que de manière humaine – en l’honneur (bien sûr) de ce qu’il continue d’ignorer…

 

 

L’œil limpide – lucide ; et les lèvres muettes…

Le cœur ouvert – appuyé contre l’air alentour – sans inquiétude…

A l’extrême limite de l’humanité – peut-être…

 

 

Engagé dans l’oscillation permanente – le va-et-vient des forces – au cœur de l’immobilité ; cette étrange mécanique de l’âme – du monde – du vide…

Toute une vie qui tient dans la paume et l’acuité de deux hémisphères…

Remué par le vent – puis, fendu en deux – sans un cri – sans un commentaire – sans même que les Autres et la parole s’en mêlent…

Une manière – très simple – de passer ; le cœur dans le compagnonnage de la solitude…

 

 

Ici – sans personne – depuis des millénaires – sans doute – vivant et offert – jour après jour ; l’instant comme le seul axiome – à genoux pour franchir tous les seuils – sans autre témoin que le regard qui nous habite…

 

 

Du vertige au bleu – d’un seul trait – à petits pas – sans mérite – sans mémoire – à la manière des oiseaux qui traversent le ciel…

Le jour parcouru de bout en bout…

Sans doute – le voyage le plus essentiel…

 

 

Des pierres – des jambes – pour aller plus loin – découvrir le monde au-delà de l’horizon – faire le tour des possibles – éprouver la faillibilité des visages et des âmes…

Notre parcours commun – les uns derrière les autres – dans cette longue file ininterrompue…

 

*

 

Ici – dans le même ciel qu’autrefois – dans le seul ciel possible – à nous voir tantôt lumineux – tantôt dans la fange – comme si nous étions le prolongement de nos propres racines – la matrice qui enfanta l’abîme et le monde – le vide et la bêtise…

Notre demeure définitive – en somme – où que nous allions – qu’importe en quoi nous nous transformons…

L’assise triomphale pour l’âme – la nuit – le voyage ; ce qui nous emporte et nous engloutit…

 

 

Comme des fleurs fanées – toute l’énergie déployée vers le monde – et le reste en sommeil…

Dieu enfermé – emmuré au cœur de cette léthargie…

Des figures nombreuses et remplaçables ; la parfaite interchangeabilité des corps – des rôles et des fonctions…

Mille rêves au fond de la même vacance…

 

 

Le silence que l’on mérite – comme les jours et l’espérance – ce chemin qui serpente entre nos colonnes et nos fenêtres….

Dans le même espace – tantôt le cloître – tantôt l’infini – la même liberté et la même détention – qu’importe l’angoisse – le feu – les cris…

Notre épuisement et notre limite…

Tout ce que l’on porte – en soi…

 

 

Le bleu des lettres qui nous construit – puis, qui nous déshabille…

Le temps de la solitude – sans appui – sans accompagnement…

Une parenthèse et une destination ; le périple fractionné en tronçons…

La fin (progressive) de l’emprise ; l’accès au silence ; les bienfaits de l’exil et de l’éloignement…

 

 

Le jour et le vent – sur la page – en de grandes envolées…

L’âme bleue tournée vers le ciel – en soi (déjà) – comme le reste…

Le continent de la soif qui s’amenuise – peu à peu…

Le tête différente d’autrefois – moins rageuse – plus ardente – moins subjuguée par le monde – conforme à la sensibilité la plus exigeante…

Intensément solitaire – comme un privilège et une promesse d'ouverture (et de silence)…

La joie – au-dedans – qui fait son chemin…

 

 

Sur la pierre – l’éloignement – l’ambition de l’homme incarnée – les rives du temps asséchées…

Ce que le vide a creusé ; la soustraction de soi – du monde – de l’Autre…

L’air libéré des cages et de la détention – affranchi de toutes les chimères et de tous les adossements…

 

 

Entre nous et l’être – un pas – mille portes ouvertes – le cycle de la matière et du temps – l’invisible à franchir – à traverser – d’une foulée continue ; le seul voyage nécessaire ; comment pourrions-nous (encore) en douter…

 

 

Sans bruit – comme la neige – notre présence – notre respiration – le parfum et la couleur de l’innocence – l’espace et le monde que l’on porte – involontairement…

Entre le centre et le temps – l’oubli…

Et les choses si serrées contre soi – comme une crainte – une phobie, peut-être, de l’abandon – comme si nul ne savait que tout appartient au cœur – que rien – ni personne – ne peut en être exclu…

Le monde – immobile – dans l’esprit – vaillant – courageux ; ce qu’aucun autre ne pourrait nous confirmer…

 

 

Contre le ciel – la dépossession – ce qu’il nous faut abandonner…

L’attente des eaux et du vent – tous les éléments nécessaires à la respiration et au voyage…

Le viatique de toute traversée ; de l’abondance à la nudité…

 

 

Aller sans halte – sans jamais ralentir – dans les soubresauts – les heurts, au-dedans, confondus avec les battements du cœur – quelques querelles intestines (inévitables)…

Sur la page et les chemins – le feutre et la semelle – indissociables – qui puisent, dans l’âme et le monde, l’ardeur et la substance de la parole et du pas – cette justesse – cette vérité – au fond de soi…

Une terre blanche sur laquelle s’appuient les pieds et la main…

Un horizon parcouru – sans compagnon – sans recours (véritable) au langage…

 

 

Des grilles – devant soi…

Des frontières sur toute l’étendue…

L’âme qui, peu à peu, s’épuise et s’assèche…

L’esprit qui s’aventure – qui s’éreinte, en vain, à maintenir une distance avec le monde – à s’affranchir des bassesses et des hauteurs édictées par les hommes…

Mille manières de se soustraire aux règles et aux lois – à toutes les constructions et à toutes les inventions humaines…

Et la force (involontaire) de s’abandonner à ce qui nous porte – naturellement…

 

*

 

Sabre à la main – dans le passage…

Un oiseau posé sur l’épaule…

Les yeux – comme le cœur – aussi bleus que l’infini – de la même couleur que le regard et le monde…

La langue trempée dans toutes les eaux de la terre – la substance des âmes…

Sur la feuille – la même solitude qu’autrefois – heureuse à présent ; le temps de l’accompagnement abandonné dans un coin – derrière soi…

 

 

Le prolongement de la parenthèse – comme une longue dérivation – un supplément de séjour – la tête en avant – la tête fière et redressée – la tête enterrée – soumise à toutes les emprises…

Une fuite – une sorte d’éloignement – l’antithèse du voyage…

Une couardise confortable sans le moindre risque – sans la moindre exploration…

La vie des hommes – cette sorte d’attente ennuyeuse qui ne dit (presque) jamais son nom…

 

 

Au-dehors – l’absence et la destruction ; la continuité du néant intérieur…

Le vide désincarné – sans personne…

Le froid et ses brûlures au fond d’un puits insondable…

Un seul désir – un seul horizon…

La matière obscure plongée dans le souffle et le sang…

Et le ciel que l’on ambitionne – comme si nous en étions séparé(s)…

Privé(s) de lumière – sur ces allées de pierres – ce sable sombre…

Le monde – comme un écho lointain – des parois contre lesquelles résonnent toutes nos souffrances ; les murs qui encerclent nos supplications et nos infirmités…

 

 

Seul le silence – à l’altitude du ciel…

Le monde et la langue – bien en dessous…

Et notre manière d’être – entre les deux – penchant tantôt d’un côté – tantôt de l’autre – le plus souvent (il est vrai) vers les bas-fonds et la grossièreté ; une inclinaison sans (véritable) surprise au vu de l’extrême prosaïsme des existences…

 

 

Porté(s) par le mystère…

La blancheur sur les épaules de l’invisible à laquelle se mêlent l’opacité de l'âme et les eaux noires du monde…

Et cette marque – comme une incise – au fond de la chair – les aspirations du cœur – la nécessité du jour – de la lumière – peu à peu, plus forte que la faim…

Dieu – en nous – à demeure – qui (progressivement) prend ses aises – retrouve la place qu’occupaient les choses terrestres…

 

 

Sur la terre – la face tournée vers le sol – dos au miracle – les yeux fermés – gesticulant au rythme des désirs et des ambitions ; le manque à la source de tous les élans – cherchant – labourant – récoltant – amassant ce que réclame le corps – tout entier(s) occupé(s) à la survie de la matière et à son renouvellement…

L’amoncellement des pierres – de l’herbe – de la chair ; et la prolifération des ventres – l’envahissement et l’exploitation (tous azimuts) des territoires – les mains occupées à leur tâche – l’âme et l’esprit absents – comme ensommeillés – emmaillotés – prisonniers de la glaise accumulée en couches épaisses – attendant peut-être – attendant sans doute – une fouille – une faille – quelques vibrations – pour émerger de cette léthargie et pouvoir (enfin) s’atteler à leur (véritable) besogne…

 

*

 

Autre chose – en soi – que la douleur – cette matière – cette obscurité…

Davantage qu’un territoire – un espace lacunaire – une terre parcourue par le souffle et le sang…

Là où l’on s’attarde – dans cet angle – ce recoin – en ce lieu précis où, un jour, jaillira la lumière…

 

 

La terre jaune – luxuriante – si peu humaine avec ces chemins éparpillés qui échappent aux règles et au temps…

Comme un feu dans le silence et la parole – partout où l’on s’évertue à être présent…

Des flammes vives et accueillantes qui dévorent ce qui doit être anéanti et oublié…

Notre soif et la source accrochée à la hampe tenue par la main malicieuse du Diable – cet enfant du jour mal-aimé – et qu’il faudrait reconsidérer pour trouver le passage vers Dieu et favoriser la réconciliation entre ces deux (faux-)frères ennemis dont les luttes semblent dévaster toutes les âmes…

 

 

La nuit traversée – de bout en bout – par la connaissance…

L’instant de l’extinction – le sol sur lequel on s’efface – le ciel dans lequel on se fond…

Rien qu’un sourire et un restant de braises impatientes…

Comme une éclaircie (une brève éclaircie) dans le sommeil…

 

 

Au seuil du verbe – trop de visages – comme un encombrement – un amas d’ambitions indécentes…

Un surplus de feuilles et de mots pour affronter l’aube ; la charge trop pesante pour prétendre à la candeur et à la nudité qu’exige le passage…

 

 

L’encre piégée sur la feuille – l’espace blanc – le mot et la tache – le sens et l’infini que l’on croit circonscrits…

Illusion – bien sûr – tant le trait est fragile – provisoire – déficient – altérable ; un peu de poussière dans la poussière…

La jubilation et la vérité du jaillissement – la justesse de l’instant ; et jamais davantage…

 

 

Un peu de neige – sur la route – nos fenêtres fermées – comme si l’on pouvait faire face à la beauté – seulement nous mesurer à elle (involontairement) par un excès (naturel) de laideur – notre âme et notre visage sans l’appui de ce qu’ils portent – réduits à leur surface – à leurs traits singuliers – comme abandonnés par ce qui pourrait les relier au reste – à l’ensemble – à la beauté intrinsèque du monde…

 

 

Comme un souffle entre nos lèvres – la main de l’invisible guidant notre main – dans le monde – sur la page – devant ce que l’on appelle les Autres (sans savoir s’ils existent vraiment – sans savoir de quoi ils sont constitués)…

Le silence au fond du cœur – protégé par le froid extérieur – la chair tendue – la peau comme une illusoire frontière…

Et le vent – et la lumière – que nous partageons – au-dehors et au-dedans (selon les critères établis par les hommes)…

L’air et la clarté disséminés partout – jusqu’au fond des formes sans consistance...

Nous autres – manifestés de manière si provisoire – si apparente…

 

*

 

Là où tout s’écoule – l’immobilité…

Une fenêtre au milieu de la nuit…

Notre présence soutenue par la lumière…

Un peu de légèreté au milieu de la pesanteur…

Dissimulé – en soi – ce feu étrange – qu’aucun océan ne saurait éteindre – et qui se propage à travers la chair – les gestes – les pas et la parole – notre manière de nous tenir face au monde – notre manière d’affronter les épreuves – de franchir les obstacles – de jouer avec les circonstances…

Tout au long du voyage – cette courte traversée – cette ardeur qu’attisent tous les vents…

 

 

La parole – étendue – qui frappe au cœur – comme un prolongement de l’âme (vivant) – une manière d’effacer la distance – d’abolir le temps – de réduire l’espace à une résonance et à une intensité – comme un modeste fanal qui permettrait d’échapper au sommeil et, peut-être, d’initier un chemin…

Parfois cri – parfois caresse – main tendue – presque toujours – qui frappe – qui invite à se débarrasser de l’épaisseur – du superflu – et qui (nous) exhorte à offrir l’attention et l’ardeur requises à l’essentiel et à la nécessité – à s’abandonner à ce qui nous porte – à entamer le seul voyage que nous devrons tous, un jour, entreprendre…

 

 

Des lignes – comme pour un poème…

Du courage et de l’effroi – la joie comme une étoile singulière…

Et ce grand vide au fond de l’âme – au fond du ventre…

Et rien à la place de la faim monstrueuse ; si – un discret sourire sur les lèvres – comme une ode à la joie – au silence – à l’invisible…

 

 

L’eau de la rivière sur la roche ; inéluctable – sur sa pente ; polissant, peu à peu, la pierre et lui arrachant quelques particules qui se déposeront un peu plus loin – en contrebas…

Ainsi éprouvons-nous, parfois, cette solidité apparente et provisoire ; couches de sédiments (plutôt) qui, de temps à autre (assez rarement), donnent naissance à une montagne…

 

 

Que sommes-nous donc face à la neige des hauteurs – face à la beauté (éclatante) du monde…

Un peu de ciel – tombé en nous – éparpillé – comblant, ici et là, quelques failles – quelques anfractuosités – pour qu’un chemin puisse se dessiner sur ces éboulis sauvages – aussi bleus que cette étrange entité au-dessus de nos têtes…

Et un jour – peut-être – à force de curiosité – de courage – d’exploration – rejoindre ce dont nous avons cru être séparé…

 

 

La langue – au centre – là où tout se rejoint – là où tout disparaît – comme une manière de combler le désir de multitude et le manque…

Et cette course – ce déplacement – cette fuite – au-delà du monde – hors du temps – au cœur du périmètre sacré du silence et de la page…

A notre place – partout – assurément…

 

 

Au sol – le jour éteint – et, au-dessus, la lumière – pleinement affirmative…

Au cœur de cette avalanche d’éclats – de ce bombardement d’éclairs – dont on nous a fait croire qu’ils pourraient exister en dehors de nous – comme si nous n’y étions pour rien dans la construction de ce mythe – de cette merveilleuse aventure – de ce long (et périlleux) voyage vers l’affranchissement…

 

*

 

L’étreinte des mots et du ciel – qui poussent (ensemble) la porte derrière laquelle sommeille l’esprit – trop enrobé de chair…

Une sorte de tendresse – un coup de poing – un coup de tonnerre – une caresse – une invitation à jeter dans les flammes ce que nous considérons comme le plus précieux – à sentir le sol sous ses pieds et l’envergure de l’âme ; le vide – partout – qui nous habite et que nous habitons…

Quelque chose de rare et d’insensé capable de traverser l’espace et d’échapper au temps…

 

 

Contre la nuit – la parole – au seuil du ciel – comme un chahut – une bousculade – de la lumière – un peu de soleil – et toutes les routes qui se dessinent sur la terre ; des visages (mille visages) à délaisser (tous – sans la moindre exception) – un feu à découvrir et l’oubli comme la seule perspective (réellement) nécessaire…

Ni trace – ni sourire ; pas même un peu de poésie…

Ni doute – ni question – sans la moindre tristesse…

Indécis, pourtant, face à l’immensité qui se découvre ; la joie au cœur – au milieu du désert – au milieu du désastre – seul(s) sans le poids du monde – sans le poids des Autres…

Et sur le bûcher – rien que du vent et du silence – au-dessus des cris (parfaitement) inaudibles…

 

 

Au cœur de l’hiver – les portes fermées – la chair vieillissante – la raison détournée de son usage habituel…

La vie et le monde – comme du théâtre – mille situations – où l’esprit – le corps – le cœur – sont engagés ; si essentiels – si consistants – si crédibles – autrefois ; source de tant de tracas – de tant d’espoirs et de larmes versées – devenus aujourd’hui (presque) sans importance – comme un rêve – une hallucination ; le délire, peut-être, d’un somnambule égaré dans un univers inventé – fantasmé – (strictement) fictionnel…

 

 

Là où l’on se résout – au cœur du monde – du vivant – de la substance – en ce lieu où se mêlent l'invisible et la matière – le souffle et le lointain…

Bien davantage qu’un parcours – un cheminement ; une marche – au-dedans – pour rejoindre l’origine…

 

 

Le ciel agrandi par l’espace que l’on offre à l’âme – par l’importance que l’on accorde à la lumière et au silence – dans le geste – sur la page – au cœur du quotidien…

Tout emporté – vers l’équilibre et les hauteurs – cette complétude (en général) inaccessible à l’homme…

Avec la nuit et les instincts pleinement intégrés à la perspective…

 

 

Ce que nous enjambons – sans un regard…

Ce qui nous échappe – presque tout – l’essentiel de l’âme et du monde…

Comme une étendue inconnue que seul le vent parcourt…

L’apparition des choses – leur froideur – leur proximité…

Et quelques interstices où se cacher…

Et cette corde – comme un chemin vers le jour – une manière de s’abstraire de la surface – de descendre en soi…

Ce qui nous résout – ce qui nous atteint…

 

 

La même matière – la même substance – ici et là – déguisée de mille manières ; des plus élémentaires aux plus folles vêtures – comme si le monde était un spectacle – et la vie, un bal costumé…

Et pourtant – peu (très peu) de rire sur la terre – comme si la fête était ailleurs – comme s’il nous fallait apprendre à jouer – à vivre – à regarder – autrement ; le seul apprentissage indispensable à l’homme – sans doute…

 

*

 

Partout – en soi – ce qui bouge et l’immobilité…

Ce qui s’estompe et se déploie ; cette respiration qui échappe au temps…

Le rien – le plus indésirable – peut-être – que nous sommes – sans même le savoir – et dont nous nous rapprochons peu à peu – malgré nous…

Le visage et l’effroi qui (progressivement) s’effacent devant l’aube naissante…

Notre présence – de moins en moins étonnée – de plus en plus silencieuse…

 

 

Nous – nous croyant séparé(s) de tout – ensemble – indissociables – dans l’abîme comme dans la lumière – qu’importe la matérialisation (provisoire) de l’espace…

Où que l’on soit – partout demeure l’asile…

 

 

Derrière la voix – le geste – la ligne poétiquement tracée – un (irrécusable) sillon de lumière – parfois juste un trait fugace – d’autres fois le sol irradié jusque dans ses profondeurs…

Quelque chose de l’âme qui a (brièvement) entrevu l’immensité ; entre l’évidence et le ressenti – cette clairvoyance…

 

 

D’un monde à l’autre – inquiet – comme si le chemin se dessinait pour la première fois…

D’un jour à l’autre – la même incertitude – le même périple…

Et sur l’itinéraire – l’intensité (progressive) du regard et le rythme (de plus en plus lent) des pas – la nécessité (inconsciente) des retrouvailles qui offre l’ardeur et l'intention…

Le soleil d’abord vécu dans le sang – puis, dans l’âme ; la seule direction – le seul sens du voyage – sans doute ; ce long périple vers la joie – la lumière – l’immobilité…

 

 

Le feu – en nous – attisé par l’invisible et les choses du monde…

Avec une trappe – au fond – un abîme dans lequel tout finit par disparaître…

Ce dont nous nous coupons – par inclinaison naturelle…

Nous – occupé(s) – englué(s) – par la surface ; et toujours imparfaitement séparé(s) du reste…

 

 

Les épaules larges pour soutenir la masse – l’épaisseur du monde…

La solidité de la matière apte à porter son surplus et ses excès…

Et, comme corrélée, cette infirmité à accueillir ce qui surgit – cette insensibilité au monde – cette indifférence à la souffrance – à l’existence – des Autres…

Un surcroît de chair – des amas de terre séparés par des douves larges et profondes – infranchissables – dans lesquelles stagne une eau sombre et nauséabonde – comme des îles au cœur d’un même océan ; et le ciel au-dessus – présent – inutile – (totalement) hors de portée…

 

 

Des colonnes et des routes – aussi haut – aussi loin – que possible – en vain…

Ce que l’invisible dissimule à l’esprit – aux yeux – trop grossiers – aux âmes frustres et rudimentaires…

Peine perdue tant que nous ne saurons nous immobiliser – suspendre notre ardeur à la surface du monde – opérer un changement de plan vers l’intérieur et initier une forme de verticalité – réunir les conditions propices à un renversement du regard – à une ouverture au-dedans – comme un élargissement, un plongeon et un envol simultanés ; bref, nous consacrer (pleinement) à l’exploration de l’espace – du vide – de toutes les profondeurs et de tous les recoins qui fondent notre identité…

 

*

 

L’oubli du nom – comme une coulure sur le sable – avalée – absorbée…

Et le soleil qui brille – à présent ; autrefois sur l’impossible – sur l'impensable…

L’apparence du monde ; et nous autres, créatures vivantes, comme de minuscules protubérances – des brins d’herbe – une (simple) hypothèse – et pas davantage ; une sorte d’épiphénomène – au milieu de mille autres – de dix-mille autres – de milliards d’autres...

Et de l’émergence à la disparition – l’incarnation de l’absence – au cœur du vide…

A vrai dire – rien (ou pas grand-chose)…

 

 

Tels une forêt de syllabes – des lettres éparses – des mots et des phrases étrangères au monde – aux Autres – au temps…

Un chant clair et des étreintes ; mille choses à voir – à découvrir – à embrasser…

Une feuille – des feuilles – un arbre – des arbres – notre support et notre soutien…

Des oiseaux – toutes les merveilles de la terre ; et tous leurs secrets…

Le ciel – le mystère – ce qui n’appartient au rêve ; le fleuve qui coule derrière l’horizon ; le chemin non pensé qui mène à l’enfance et à la lumière…

 

 

En soi – le silence – par-dessus le chaos – les cris et les chuchotements – par-dessus l’ombre – les étoiles et la solitude…

Là où tout est vertige et intimité…

L’espace sans contour, peu à peu, transposé sur la page ; la voix et l’encre – le feu et le sang – exactement la même chose ; ce qui est nécessaire à la vie – le corps – le monde – la poésie…

 

 

Du fond de l’âme – cette soif jaillissante…

Les yeux qui cherchent – partout – sur la terre – l’assouvissement – ce qui désaltère…

Plus loin – sur la route – de l’autre côté du monde – au creux de cette boucle qui quitte le sol – l’asphalte – pour s’infiltrer à l’intérieur – par les lèvres – la parole parfois ; le cœur creusé avec constance – avec obstination – par la marche et les circonstances…

Là – présents – au fond du manque – de l’obscurité – de la douleur – contre lesquels nous apprenons, peu à peu, à nous blottir – cette quiétude – ce silence – cette tendresse ; et toute la joie du monde épargnée par les tourments et les malheurs qui hantent la terre…

 

 

L’exiguïté du monde – de la tête – de la parole…

Un périmètre – un cercle – un point – dans l’immensité ; des vibrations – quelques ondes qui se propagent à peine plus loin que leur centre…

Et nous – appuyés dessus (de tout notre poids) – comme si notre volonté et notre insistance pouvaient faire la différence…

 

 

Un monde – parallèle à ce monde – où tout – chaque chose – chaque visage – est comparable en densité et en envergure ; un monde où le feu vaut le froid – où la terre vaut le ciel – où le silence n’est jamais aussi proche de celui qui s'est abandonné à l'invisible – aux forces du réel – à la nécessité de la métamorphose – à cette étrange transformation du regard…

Du dehors et du dedans – il ne reste que deux mots inutiles – sans usage ; rien que du vide – et, selon les circonstances, un peu de tristesse ou de joie…

 

*

 

Le regard circulaire – continu – sur le monde – l’œil sur la pierre et les chemins…

Auprès des arbres sédentaires…

Des cercles ; et quelques oiseaux migrateurs…

Devant soi – le spectacle de l’enfance…

L’innocence inconsciente et barbare…

Comme une dérive – un brouillard ; un peu d’eau sur une pente stérile et rocailleuse…

Le souffle encore (trop) puéril et superficiel – comme si la vie espérait davantage – comme si le jour, pour s’offrir, attendait que nous grandissions – que notre âme mûrisse (suffisamment)…

 

 

Le parfum du monde – le long de la route ; avec quelques haltes et quelques respirations (indispensables)…

Le ciel retranché – quelque part – dans l’eau souterraine…

Avec, de temps à autre, un sourire et des résurgences…

Un monde – en soi – qui demande à éclore…

Le cœur indéchiffrable qui se dissimule – qui se dérobe – comme une île invisible et mystérieuse qui s’éloigne à notre approche…

Des circonstances – le langage des phénomènes qui s’écrivent les uns sur les autres – et qui, ainsi, défrichent leur chemin…

 

 

Seul – comme si tout était derrière soi – la tête remplie – la tête qui s’affaisse – la tête qui s’efface, peu à peu – à mesure que le temps disparaît…

Des instants lumineux qui emportent des pans d’obscurité…

Des objets oublieux d’eux-mêmes et des lieux sans séparation…

L’espace et la parole – en archipel ; et une myriade de rives et de naufragés…

 

 

La douleur (si souvent) aiguë (et inconsciente) du mutisme et de l’imitation ; et la joie (palpable – tangible – si évidente) du silence et de l’itinéraire singulier qui s'invente – qui se dessine…

Un chemin à l’écart des Autres – où chaque pas creuse un abîme et allume un feu…

Un monde – mille mondes – parallèles au monde…

Un temps – un temple – sans parole…

Et cette intimité croissante entre les choses et l’âme qui chemine…

 

 

Sous nos yeux – des portes inutiles et l’œuvre (controversée) du vent…

Un pied dans l’abîme et l’autre sur les hauteurs…

Une traversée du monde et du temps…

Ce dont il faut se séparer ; et l’ajustement nécessaire pour laisser advenir – et être capable d’accueillir (le cœur joyeux) ce qui s’impose…

 

 

Quelques souffles – sur la pierre – le bâton à la main – l’âme et la bouche proches de l’immensité…

Plus haut – là où l’on a commencé à creuser…

Tous les nœuds dénoués sur la corde ; et ce fil sur lequel glissent – et dansent – les pas…

Des gestes-source – en quelque sorte – capables de guider jusqu’à la confusion – jusqu’au vertige – jusqu’à la parfaite immobilité…

 

 

L’épaisseur de la soif – de la nuit – de la matière…

Dans la paume – un peu de neige – deux ou trois oiseaux migrateurs – et, au-dessus, un ciel négatif – contourné – et, plus bas, le sol et l’altitude – et, un peu partout, la possibilité de la métamorphose…

 

*

 

L’oubli du monde – un désert – mille grimaces – le défilé des Autres et du temps – des paroles et des voyages ; mille futilités…

Et notre œil – solitaire et incorruptible – qui, en ces lieux et en cette (navrante) compagnie, cherchait l’impossible…

Et le ciel – à présent – le vide où ne flotte aucun homme – aucun Dieu ; le silence – ce qui nous ressemble – là où plus rien ne peut être convoité…

 

 

Rien qu’un centre autour duquel nous ne cessons de tourner (en rond) – comme une danse – des pas et des gestes – interminable(s) ; et des choses que l’on place entre nous et la possibilité du retour…

La périphérie contingente – et nécessaire (apparemment) – infiniment changeante et remplaçable…

Comme des instruments de la lisière ; mille tourbillons et mille jets de sable qui donnent le rythme (et son allure) à l’ensemble…

L’apparence du monde – tel qu’on le devine – tel qu’on l’envisage…

 

 

Rien à construire sinon la transparence ; offrir aux yeux – aux pierres – aux fleurs – le manque du bleu – cette soif – l’irrépressible nécessité de l’étreinte…

Et entendre (être capable d’entendre) dans cette nuit sans voix – la douleur – ce qui bouge – ce qui se donne – ce que l’on enseigne en ce monde ; rien qui ne fasse consensus – du rêve et du sommeil – ni joie ni intimité…

Des résonances lointaines (trop lointaines) – des âmes frustres (trop frustres) – une obscurité épaisse (trop épaisse) – et trop peu d’intériorité pour s’affranchir de cette cécité terrestre…

Rien que des songes (et des chimères) – quelques syllabes (très maladroitement prononcées) – un peu d’imaginaire ; et cette nécessité du ventre qu’il faut (inlassablement) satisfaire…

 

 

Le sol – l’orage – le vent – la pierre et l’altitude – jusqu’au bleu qui nous reflète…

D’une hauteur à l’autre – sans la moindre corde…

L’espace comme arraché à lui-même ; le vide en train de jouer avec ses propres éléments…

 

 

Dieu – toujours – au détriment des Autres…

L’œil égal – ni triste – ni engagé – contrairement à l’âme…

Le cœur infiniment terrestre ; et le regard qui dépasse toutes les extrémités (perceptibles) – au-dessus (bien au-dessus) des hypothèses et des contingences – au-delà des rêves les plus fous et des promesses les plus hasardeuses – totalement étranger au monde – aux (tristes) réalités de ce monde…

 

 

Face à face – entre nous – les yeux dans les yeux – jusqu’à l’émergence des racines – de l’espace commun – la cohésion de l’ensemble – comme une évidence…

Dans l’âme – dans la voix – reconnues – toutes les inclusions – l’esprit sans sommeil – attentif – à l’écoute – comme une montagne – de la roche lucide – au milieu des eaux stagnantes et sombres…

 

 

Le jour – toujours nouveau – s’offrant comme il nous porte…

Une clarté décelable depuis tous les lieux du monde – depuis toutes les périphéries – même les plus lointaines – même les plus inhospitalières…

Notre plus sûr versant ; notre seule appartenance…

 

 

Notre vie – à l’image d’une échelle posée contre un mur – le mur d’une enceinte bordée d’horizons gris – un périmètre fermé – avec, au-dessus, mystérieux – attractifs – le ciel et la liberté – quelque chose d’invisible que l’on imagine étranger à la contrainte – à la souffrance – à la mort ; la seule issue pour échapper au destin que semblent dessiner les apparences…

 

*

 

A la surface du monde – si léger – comme dans des vêtements trop larges – un corps qui flotte – dans les mains, des fleurs vivantes qui, peu à peu, dépérissent à mesure que le rêve s’achève…

Une masse pesante – de plus en plus lourde et épaisse – qui s’enfonce dans la terre – de plus en plus incorporée et souterraine ; la seule réalité accessible – la seule évidence ; et cette tristesse – et cet accablement – (absolument) écrasants…

 

 

La parole des arbres au-dessus de notre roulotte posée à leur pied…

Ni histoire – ni doléances – ni gémissements…

De la sagesse et de la lumière – à même le tronc – à même la sève – sur chaque feuille qui reflète le ciel…

La même musique – le chant de la terre livré sans message – à notre mesure – en tenant compte de nos infirmités…

Le silence incarné – la réponse du vide à tous nos questionnements – à toutes nos inquiétudes – à toutes nos incompréhensions…

Et un sourire – semblable à une flèche – à un (éternel) recommencement…

Le jour ainsi célébré – autant que nos impossibilités…

A l’intérieur – en dessous – notre propre visage – comme affranchi du sommeil…

 

 

Une gorgée de soufre – les yeux fermés…

Davantage de contraintes à mesure que l’on gagne en hauteur – que l’on atteint une altitude plus exigeante…

En contrebas – la roue du temps qui piétine – en quelque sorte ; le monde en train de s’essouffler – de s’enliser – de perdre patience…

Et, à notre place, les mains et la voix d’un Autre – comme si le plus proche était le moins visible…

Quelque chose d’insensé – devant notre visage – indifférent à notre cécité et à notre violence – à notre goût (funeste) pour la séparation – à notre (fâcheux) penchant pour le mensonge et le conflit ; une particule d’Amour et de liberté – malgré notre immaturité – comme un signe – un encouragement – une invitation à s’élever davantage…

 

 

Le surgissement de soi – à nouveau – la terre qui émerge d’elle-même – le vent qui enfante le souffle…

L’être – sur sa roue – son chemin – travaillant – expérimentant – sans en avoir l’air – amalgamant – égalisant tout sur son passage – là où la psyché ne cesse d’opérer des distinctions – des différenciations…

L’un jaillissant sans jamais se tarir ; l’autre s’épuisant à la surface…

Main dans la main – nous composant…

L’âme et le geste – équivoques ; la fièvre et la fraîcheur mélangées – emportées ici et là – au fil des pas et des courants rencontrés…

 

 

L’issue – parfois – là où s’affaisse (et se disloque) notre compagnie – là où s’efface notre propre accompagnement…

Livré – sans fard – sans défense – sans appui – à ce qui se présente ; à la merci de ce qui surgit ; l’Autre – la terre – le ciel – toutes les eaux glacées du monde…

Nous offrant en partage – plus dense – plus léger – plus vivant – que jamais…

 

 

L’effacement – la disparition – l’évidence du mystère – de la vérité vécue – comme un processus naturel au-delà de l’individualité ; le prolongement, en quelque sorte, de l’individuation ; la continuité de l’horizontalité (plus ou moins entièrement) déployée ; les linéaments d’une verticalité involontaire et spontanée…

La fin de l’épaisseur et de la solidité…

L’émergence de l’inconsistance lucide et incertaine…

Le bleu – le jour – succédant à la marche bancale – au vacillement – à l’opacité ; comme une trouée de lumière dans l’épaisseur sombre de la chair et de la psyché ; l’esprit – le corps – qui s’initient à la joie – au vertige – à l’intensité…

 

*

 

Comme caché en soi – soustrait de la surface – préférant le chant à la cacophonie – le silence au brouhaha du monde…

Une furtive traversée sur la pierre ; quelques saisons – à peine…

Un peu d’espace pris à l’espace…

Comme coincé dans un coin – entre une rangée de fleurs et une procession de visages…

La vie circulant – pas à pas – de la source à la source – à travers toutes les aventures possibles…

 

 

Avant la naissance – de proche en proche – le même voyage – le regard orienté un peu différemment – au milieu des ombres et des reflets…

Le corps dénaturé par les excès de la terre…

Des jardins transformés en désert…

Du granite puis, de l’argile – des montagnes et de la poussière…

Et la teneur des messages – inaudibles au milieu des cris ; ce que l’on parvient, parfois, à lire à la hâte sur les lèvres impatientes…

Et, de temps à autre, de l’espace et du silence (trop rarement – il est vrai)…

 

 

Une route – un périple – au milieu de mille étrangetés…

Ce qui serpente – ce qui se dessine – ce qui s’arrête et tergiverse ; un envol sans retour possible…

Et offert au corps – offert à l’âme – un surcroît de légèreté – à chaque foulée joyeuse et involontaire – à chaque coup d’ailes supplémentaire…

Sans direction (véritable) – à la manière d’une ronde interminable avec, déjà, un pied au centre des cercles – et l’autre errant – vagabond – aventureux – qui explore tous les chemins – toutes les pentes – toutes les périphéries…

Et en tous lieux – mille visages – semblables – différents – mille circonstances – mille expériences qui affinent la perspective – qui élargissent l’identité – qui font se déployer l’envergure (si l’on parvient à maintenir ses yeux et son cœur ouverts) ; l’incroyable (et fabuleux) apprentissage de l’être et du monde…

 

 

D’où l’on vient – ce à quoi l’on succède – des paroles en l’air – le plus souvent – des actes irréfléchis – pour l’essentiel…

La tête (très fortement) séparée du sol – l’âme, du ciel et le cœur, des Autres…

Comme un grain de sable sur une grève immense (et incompréhensible) dont on ne perçoit qu’un infime tronçon…

Le feu vacillant – l’idée trompeuse d’un bleu saisissable – à notre portée – comme s’il nous suffisait d’allonger le bras ou de tendre la main pour en attraper un peu…

A rebours du monde – la nécessité de l’intériorité comme socle de l’invisible et de la verticalité – auxiliaires (incontournables) du plus précieux…

Segment minuscule et négligeable porté (pourtant) par l’ensemble…

 

 

Avant nous – le monde – la marche millénaire – les ombres ancestrales – ce qui monopolise l’espace et l’attention…

Les lieux (tous les lieux) où se jouent les destins…

Le vent – la neige – le sommeil – (presque) toujours en contradiction…

Le tremblement des fleurs et des âmes…

Le temps fractionné – comme émietté ; et l’érosion des reliefs ; et la solidité (manifeste) des arbres…

L’uniformisation atroce (et galopante) des têtes et du monde…

Et, de temps à autre, quelques embruns – la fraîcheur (réparatrice) de l’océan…

Et, plus rarement – quelques trouées de lumière – comme une invitation du ciel à la clarté…

L’immensité au-dessus – en dessous – au-dedans – consubstantielle au regard – qu’importe l’envergure incarnée…

 

*

 

Au-dedans de cette lumière – comme une manière d’éclairer le jour – ce qui nous précède et marche avec nous…

Une sorte de prédisposition intérieure…

Comme un espace – une distance – pour vivre – respirer – regarder le monde – les choses et les visages qui nous entourent…

Le lieu de l’immobilité où s’opère, parfois, la métamorphose…

 

 

Nous – entre le ciel et les toits…

Le regard à la limite des yeux – comme clôturé – avec l’horizon tout autour et les nuages par-dessus…

Amassant l’argile au lieu d’essayer de lui échapper…

Et, un jour (presque par hasard) – un peu de repos et de hauteur ; une halte nécessaire pour dépasser l’étrangeté – franchir le pas – s’insinuer dans le passage étroit qui débouche sur l’étendue (que dissimule le temps) pour que les yeux deviennent comme deux oiseaux qui virevoltent – au seuil de l’immensité…

 

 

Paroles brûlantes – autant que l’âme – autant que le sang…

Et aux racines du silence – nos feuilles blanches…

Le feu et l’innocence – unis pour accueillir le poème – ce geste involontaire – cette danse avec l’infini et les éléments…

Le parfait prolongement de la terre et du ciel – dont la page devient, en quelque sorte, le promontoire – pour que leur labeur se diffuse au-delà de la trame apparente et puisse ainsi nourrir l’ensemble du tissu que composent toutes les créatures terrestres – célestes – cosmiques…

 

 

Le bleu – si passager – comme sur un plateau – pourtant…

Des choses qui ont l’air – seulement l’air ; des apparences (totalement) incompréhensibles…

Notre attente impatiente…

Et cette ressemblance que nous cherchons partout – en vain…

Et l’invisible qui nous rapproche – malgré nous…

 

 

Ici – en même temps qu’ailleurs – le ciel et la fatigue – ce qui meurt et ce qui fleurit – à la surface de la terre…

Des bouches à nourrir – des lèvres qui se plaignent – des mains qui se tendent ; des âmes sans espace – sans fraîcheur…

L’inattention et son remède ; la seule possibilité pour éradiquer la misère…

 

 

Le désir parvenu à sa perte ; et le même processus – la même mécanique – chez l’homme (et chez bien d’autres créatures vivantes)…

A la croisée de l’argile et de la lumière – penchant (en général) davantage vers la plèbe que vers le ciel…

Et le reste du monde (encore) non reconnu…

Quelque chose d’infime et d’infini ; indissociables – impossible à partager…

Et le bleu qui s’installe sur nos différences [pour qu'elles se déploient et que chacun puisse devenir (pleinement) ce qu'il est – sans effort – sans retenue]…

 

 

Toute l’étrangeté du monde – soudain – ravivée – effacée – comme les surprises de la langue ; et notre besoin de sommeil…

Aujourd’hui – pas la moindre relation (humaine) – pas davantage qu’autrefois…

Un puzzle à réaliser par temps de disette et de sécheresse ; et cette soif au milieu de la faim des Autres – comme si nous vivions sur deux planètes différentes – les yeux pris, pourtant, dans la même réalité…

 

*

 

Vie et vent – intriqués – des lieux – ce qui s’enracine et se balaye ; et ce qui se laisse emporter…

Le dénouement et la continuité…

Le silence brisé – retrouvé – par ce qui respire et résiste…

Sur la feuille – des signes ; quelques traces du ciel – sans doute…

 

 

Invisible – parmi les Autres – sous le joug réjouissant de l’anonymat…

Une indigence et des ténèbres – apparentes – qui, dans le secret des profondeurs, octroient une liberté insoupçonnée – inégalable peut-être…

En soi – dans ce face à face – ce qui se révèle ; ce qui surgit comme une évidence…

La solitude – la joie – l’intensité…

L’inimportance du monde et de l’Autre…

L’être et le silence – sans personne – sans rivaux ; et tous les possibles étalés devant soi – à égales distances des yeux et des mains…

 

 

Ce qui s’enchaîne – les liens – les lieux de détention – le désir et les âmes – les choses et les pas – les chemins et les découvertes – les voyages et l’inertie – la matière et cette incessante nécessité de l’étreinte…

Nulle part où aller – nulle part où se cacher – en vérité…

Et partout – des pans de nuit à interroger…

L’abîme et la mort – l’espace dans lequel on vit et celui depuis lequel on regarde le monde…

Quelques fois – très proches – d’autres fois – plus éloignés – presque lointains…

Mille perspectives et cette ténacité à toute épreuve…

 

 

Dans le froid – quelques flammes tardives – comme un feu inespéré – plus qu’un espoir – une présence au milieu de la neige et des ombres grandissantes…

Quelqu’un – peut-être – au cœur du désert – au cœur de la désespérance – qui peut savoir…

 

 

Dans cet éloignement de soi – à la manière d’un glacier dérivant – avec, coincée au cœur, l’ignorance ; des actes et des mots inutiles – de part et d’autre de la paroi gelée…

Et la fonte – pas avant le déluge…

Et cette surprise – sous la neige ; rien – le moins possible – de toute évidence…

 

 

Prisonnier(s) d’un jour sans cesse recommençant – condamné(s) à la faim et à la sauvagerie – les instincts dans le sang – tenus en (très) haute estime – instruments nécessaires à la survie et à la perpétuation de l’espèce…

A chaque instant – la tête enivrée et la chair complice – reconduites dans la danse…

Le monde et les visages – tels que nous les connaissons…

 

 

Là – comme un manque – au fond de l’âme – une fraction de quelque chose – une incomplétude ressentie – manifeste…

Le sens d’un voyage qui, peu à peu, se dessine…

Au commencement – une foule de questions…

Et, au fil du temps, de moins en moins de paroles et d’abstraction…

Un recentrage et un élargissement…

La vie plus riche – comme simplifiée…

L’instant – le silence – l’intensité – (quasiment) les seuls repères (s'il en est)…

D’une extrémité à l’autre du monde – en un coup d’ailes…

Au-delà du connu et du commun – au seuil de l’étendue – au bord de cette immensité entrevue…

La matière – de moins en moins étrange – comme apprivoisée – (presque) entièrement acceptée…

A contre-sens des Autres et des excès…

De plus en plus proche des pierres – des bêtes – des plantes…

Bien moins humain qu’autrefois ; l’humanité devenant, sans doute, davantage qu’une (simple) idée…

 

*

 

Une lampe derrière soi – la nuit qui se referme sur la saison – la forêt…

Le monde – au loin – bruyant – qui somnole…

Des existences – sans question – sans réponse ; la tête et les mains occupées à on ne sait quoi…

Ici – une autre approche – la solitude – le silence – la poésie – le même labeur quotidien – quels que soient l’espace et le temps ; des lieux de présence et d'intimité…

Un peu tout à la fois – sans vraiment savoir ; la confiance sur les lèvres – dans l’âme et la paume…

Le lointain – léger ; ce qui n’arrive jamais par mégarde…

Une flambée de joie – dans cette clairière qui échappe aux saisons et aux heures – sans (véritable) avenir – comme nous-même(s) – comme nous tous…

Emporté(s) par le désordre (fabuleux) des destins ; quelque chose entre l’origine et la mort…

 

 

Le moins déchiffrable qui se dissipe – qui s’élève vers le ciel rieur – emporté par quelques oiseaux désenchantés (des anges, sans doute, déguisés en bête)…

La poésie des hauteurs envolée – déjà oubliée – comme un effleurement – un réenchantement possible…

Comme un miracle – sur la page ; et tout ce vide – à côté – au-dedans – des mots…

 

 

Quelques traces de temps sur la peau ; les visages – comme du sable – emporté par l’océan...

Et le ciel jeté en désordre sur les jours…

Une parole pour personne…

Par la fenêtre – rien que des silhouettes ; rien que des fantômes ; un monde à peine esquissé – la fin des temps – peut-être – comme si tous les Autres avaient refusé l’invitation – comme si les Dieux nous avaient abandonné(s)…

 

 

L’ombre – fraction de l’étendue – une halte sur ses arrêtes franches – le sens aiguisé des profondeurs…

A quoi se heurter sinon à la soif et à l’abstraction du monde…

Point d’orgue du silence – à la place du bavardage incessant – perpétuel…

Ici et là – de part et d’autre du mystère – notre présence – ce long voyage immobile – du ciel jusque dans nos tréfonds – jusque dans nos moindres recoins – dans un aller et retour interminable…

Partout – étrangement – le même lieu – les mêmes visages – la même envergure ; ce que nul ne pourrait imaginer avant le début de ce périple…

 

 

A nouveau – le monde – les choses – la perte de l’intimité ; et, peu à peu, l’absence – comme un engloutissement…

La tête inattentive – l’inévitable retour de l’étrangeté…

Comme englué(s) dans la matière – davantage qu’un tégument – une succession de couches – du centre jusqu’aux plus lointaines périphéries ; partout – en réalité – sur toute l’étendue – parsemée ici et là – et entourée – d’immenses poches de vide – des abîmes – des béances – invisibles et incontournables…

Comme condamné(s) à la substance et à la vacuité – indissociables – à perpétuité…

 

 

Vivant – entre l’être et la chose ; une traversée – des haltes et des disparitions…

Ce qui passe – ce qui demeure – ce qui se révèle…

La méconnaissance (profonde) du monde – qui peut-être – qui sans doute – n’existe pas (ou alors d’une manière très partielle – infime particule prise dans une trame immense et invisible)…

Nous autres – le même miroir et ses mille reflets ; la multitude – tous nos visages ; au cœur de la même unité – éparpillée…

 

*

 

Les heures tardives du silence…

Et ce vent – et cette route – qui serpentent entre les pierres…

Indéchiffrables – énigmatiques – comme la nuit ; l’obscurité du ciel – des âmes – du monde…

Et tous nos gestes – toutes nos paroles – comme si nous pouvions changer le cours des choses…

 

 

Cause perdue – le désastre – le vain labeur de l’infime – face aux courants du monde – aux jeux de l’immensité…

La volonté – la chair – le langage – comme un peu neige – quelques gouttes – sur un feu – un peu de nuit (totalement ridicule) en plein soleil…

L’effacement et le renouvellement des forces ; le monde réinventé – à chaque instant recommencé – qu’importe que nous participions au mouvement – à la résistance ou à l’inertie…

 

 

De rêve en rêve – toujours plus loin – comme si nous voulions nous rejoindre – atteindre les extrémités du silence – franchir les plus lointaines frontières de l’infini – comme si notre sommeil avait davantage d’envergure que le réel et le rêveur…

Tout tourne en rond – bien sûr – autour du même centre – proche – multiple – démultiplié – comme des insectes (d’insignifiants insectes) autour de la lumière…

 

 

La beauté distribuée par des mains malicieuses et maladroites – qui en déversent ici de pleines cargaisons – qui en saupoudrent là – qui traversent d’autres lieux sans rien offrir et qui feignent d’en oublier quelques-uns ; et Dieu – et les vents – qui, à cette malice première, ajoutent leur propre espièglerie – en creusant – en soufflant – en balayant – en emportant – en mélangeant le dessus et le dessous – le centre et la périphérie – la surface et les profondeurs – le devant et le derrière – achevant de tromper les yeux et nous invitant à initier d’autres instruments pour percer les apparences du monde…

 

 

Le monde – des murs dressés qu’il faut raser…

La terre fracturée – la surface recouverte de frontières et d’éclats…

Le sol en pièces…

Le ciel fissuré…

L’univers fractionné…

Et toutes les têtes à terre ; le jour lapidé – éclaté – en lambeaux…

Tout – nous – nous heurtant sans cesse ; comme des fragments (totalement) séparés du reste…

 

 

La matière – le souffle et le feu – réunis – en désordre – comme coincés (ensemble) sous la peau…

Avec une cognition infirme – peu propice à la compréhension – porteuse de pensées et d’angoisse ; une perception trop restreinte pour comprendre l’organisation générale de la trame…

L’ensemble – comme une construction laborieuse – conceptuelle ou imaginaire – et non comme une évidence – une expérience vécue – une réalité éprouvée…

 

 

Une faim viscérale ; rien d’essentiel…

Le ciel et la matière ressentis depuis le manque – malgré l’espace d’un seul tenant – malgré l’étendue sans recoin…

A se retrouver ainsi – les uns avec les autres – les uns auprès des autres – les uns au milieu des autres – les uns contre les autres – les uns dans les autres – comme une grande famille – un grand corps composé – et entouré – de vide…

Le réel – malgré la mort – les naissances – le large éventail des formes et des substances terrestres…

 

 

Le jour – à proximité – au cœur même du support…

L’ossature de la route – de la langue et de la matière…

La lumière – la vacuité – la sensibilité – la tendresse – déguisées – accoutrées – de mille façons…

 

*

 

Les saisons endiablées – entre quatre murs – au milieu des Autres et du froid…

Des rives éphémères – et (en partie) effondrées…

Rien sur la terre – sur la carte ; pas la moindre confiance – une suite d’événements – l’enchaînement implacable (et parfois terrible) des circonstances…

Les âmes prisonnières – comme condamnées à subir les vibrations du temps – sans accord – sur la chair – qu’importe les noms – qu’importe la pierre…

Des blessures et de la douleur ; et cette torpeur qui confine au refus – à la mollesse – à l’inertie ; comme un engourdissement et une indifférence à ce qui n’est pas soi…

 

 

Le même écho – sur la page – au fond de la voix…

Le silence premier – par colonnes entières – à présent – sur les pentes et les terrasses – le même alphabet impatient – le sens que l’on cherche – la mémoire qui engrange – la tête qui compte – qui collecte – qui entasse…

Le même jeu – presque absurde – pour de rire – depuis l’origine – comme un funambule composé du fil sur lequel il est condamné à marcher sans fin et qui chercherait une issue – une réponse – un instant d’évasion – mille solutions chimériques – à l'extérieur (hors de lui-même)…

 

 

Distrait – la tête baissée – la nuit et le temps triomphal – comme une légère boursouflure à la naissance qui, chaque jour, double de volume…

L’irruption du labour et de la collecte – au milieu de l’ignorance-reine ; le surgissement du labeur et de l’espérance…

De la sueur – du rêve et des étoiles – des promesses par brassées…

Nous sommes l’ombre projetée contre les murs ; et la pierraille…

 

 

D’un sillon creusé en silence – auquel appartiennent les mots…

Une écoute discrète – le sens et le son – farouches – qui s’approchent – main dans la main – dans notre paume ouverte – comme un oiseau timide qui se pose quelques instants avant de s’envoler vers des lieux plus tranquilles…

Notre seule outrance – sans doute…

 

 

L’éloignement – comme seul chemin – le support du vide – la solitude (parfaitement) adaptée à nos exigences…

Telle une montagne face au monde – une sorte d’emplacement naturel – un espace où la beauté – l’émerveillement – la poésie – sont possibles…

Sans distance – entre soi et le ciel…

Le silence et la parole – l’un dans l’autre – l’un après l’autre – sans interruption…

 

 

La vie inanimée – de prime abord – en se fiant (seulement) aux apparences ; mais lorsque l’on s’approche (que l’on daigne s’approcher) – lorsque le regard se fait plus attentif – légèrement inquisiteur (peut-être) – mille manières d’interagir et mille vibrations se révèlent…

Une même surface – la même épaisseur – avec des nœuds – des creux – des renflements – une respiration ; la même terre occupée – peuplée de mille souffles différents…

Et les mêmes arabesques – subtiles – invisibles – entre le monde inanimé et le reste – entre toutes les formes vivantes – entre le plus grossier et l’ineffable ; tous les objets – choses et visages – entièrement reliés – comme un réseau – une immense trame – profondément enraciné(s) à l’espace et à l’origine…

 

 

Le cœur ouvert – comme un point minuscule au-dehors – une chose – un processus – apparemment anodins ; une infime fraction de la matière qui s'inscrit, de manière profonde et ontologique, dans la marche du monde – dans le cours naturel des choses ; une façon [(très) involontaire] de participer à la métamorphose collective du regard…

L'âme et le geste – de plus en plus attentifs et disponibles – en moins de temps qu’il ne faut pour fomenter une révolution…

L’être – sans cassure – sans dommage – œuvrant sans la nécessité des armes et du sang – comme instance puissante et pacifique – incontournable – irremplaçable ; en ce monde (et ailleurs) – sans doute – le plus précieux…

 

*

 

Devenant – du dehors – comme un visage posé dans un intervalle – une (longue) parenthèse du monde – une fraction de temps sans usage…

L’enfance disjointe…

Des impératifs humains – risibles – ridicules – atroces et funestes…

Ce que la psyché invente – ce que le savoir retient ; une manière de fourbir ses armes – d’amasser de la poudre – d’aguerrir ses penchants guerriers – à seule fin de survivre…

 

 

Contre le vent – le pays natal – toute notre ascendance – la tribu entière – la vieille (et grande) famille patriarcale – les gestes et la langue prosaïques – la distraction et la faim ; tout ce qui occupe – et intéresse – les hommes – depuis le commencement du monde…

La tête pleine de fadaises ; l’âme et l’esprit inoccupés ; le cœur sec comme un fagot…

L’inhumanité de ceux qui s’imaginent très humains ; le néant incarné (si l’on peut dire)…

 

 

Derrière le geste – l’inconsistance…

Et ce que l’on avance – en parole…

Quelque chose d’aveugle et d’inconséquent – comme une porte posée au milieu de nulle part – au milieu d’un désert ; un acte inutile – absurde – décoratif en quelque sorte – et mille autres alternatives – et la possibilité (bien sûr) de se frayer un chemin partout ailleurs…

Quelque chose pour rien – porteur (seulement) d’espoir et de néant ; le comble de la bêtise ou, peut-être, une manière de rire de ce qui semble si grave (et si sérieux) aux yeux des hommes…

 

 

Côte à côte – d’un bout à l’autre du rivage – l’eau et le sable – les courants et le limon – ce qui demeure et ce qui est emporté…

Sous les mêmes étoiles – le même labeur…

 

 

Sur la terre – l’ombre inclinée…

L’œil interrogateur…

La ligne tracée par le lancer de dés…

Des idées (un peu vagues) sur la lumière et la nuit ; rien que des idées ; ni expérience (réelle) du monde – ni vécu (suffisant)…

Dieu et les hommes dans leur abstraction…

Des images qui, peu à peu, s’effritent et s’effacent…

Le vide et les derniers échos du sommeil…

Le ciel qui se défait – laissant (parfois) émerger notre nudité apparente…

 

 

Comme des nœuds – dans les bruits – des sons prisonniers…

L’usage externe de l’écoute ; comme un débordement naturel – légitime…

D’un monde à l’autre – sans que rien ne puisse être saisi…

 

 

Des mots et des chemins ; les mêmes reliefs – la même foulée…

Le ciel – (bien) davantage qu’un décor – (bien) davantage qu’un simple figurant…

Le silence sur les lèvres et les hanches…

Quelque chose qui se transforme – quelque chose qui se fige – immobile pendant quelques instants avant de reprendre sa route vers le ciel enfoui – une manière, peut-être, d’entrer en prière sans croyance – loin du spectacle de la foi – de cette foire spirituelle – célébré(e) par les masses…

Et la joie qui s’offre – comme le fruit d’une assise – d’une ascèse – naturelles – sans rituel – sans clergé – comme le sifflement d’un oiseau qui perce l’épaisseur de l’hiver – une transformation de l’espace et de la géométrie…

 

 

Trop invisible – comme un défi au temps et à la raison ; le jour comme un fantôme – une béance…

Et le silence (vainement) interrogé…

Il faudrait, peut-être, un effondrement du langage pour que puisse briller – hors de son écrin trompeur – la vérité…

 

*

 

Ce que l’on cherche – à tâtons – dans le noir – ce sourire sans nom de l’enfance – une caresse sur l’âme – sur la joue – cette récompense que l’on croit mériter ; un lieu, peut-être, au-dedans du silence – un visage et une voix – un compagnon – un ami – ni trop proche(s) – ni trop distant(s) – parfaitement adapté(s) à notre solitude…

Cette part de nous-même(s) – que si peu connaissent – que si peu ont entrevue…

 

 

A notre mesure – suspendu(s) au-dessus du monde – entre le bûcher et la source…

Les formes plantureuses – la bouche aguicheuse – comme pour échapper à l’ombre – à l’oubli – à la relégation…

Comptant sur l’Autre – les Autres – davantage que sur nous-même(s)…

Au-dehors – l’amour – par l’embrasure – dans un coin du monde – sur un coin de table ; une silhouette dans la nuit – un souffle chaud (et rassurant) dans le cou…

Épaule contre épaule – sans personne…

Entre l’absence et l’immensité…

Et toutes les fables, soudain, qui se dissipent (en même temps que l’essentiel des illusions)…

La seule question et la seule perspective – véritables – hors du temps ; et des siècles – des millénaires – nécessaires pour y répondre – pour s’y résoudre et s’y établir (de manière satisfaisante)…

Entre le plus précieux et la poussière – la meilleure (ré)solution…

Ni pause – ni frénésie (et moins encore de paresse et de précipitation) ; le rythme spontané – l’allure régulière – la foulée facile…

Un pied dans le monde – et l’autre dans le vide ; le même espace – en vérité ; un pied au cœur des saisons – et l’autre au cœur de l’éternité ; le même instant – quoi qu’en pensent les hommes…

En silence – là où vivent les sages – l’esprit au-dessus – le cœur engagé – l’âme attentive aux circonstances – parfaitement accordé(s) au cours des choses et à l’intermittence (naturelle) des états…

 

 

Plongé(s) dans cette nuit sans oreille – à la bouche avide – démesurée – engloutissant, sans jamais s’interrompre, des pans entiers de monde et de temps…

Un empierrement des âmes et des cœurs pétrifiés – la matérialisation de l’impuissance ; l’espérance en éclats…

La terre féroce – sous des étoiles éternellement reconduites…

La figure grimaçante et estropiée…

 

 

En soi – la faille et l’immobilité – le manque et l’offrande – la joie et l’égarement – l’ignorance et l’intimité…

Ni contraires – ni opposés – ni (parfaite) symétrie – ni contrariétés ; toutes les faces du même visage – tous les versants de la terre – réunis…

Ce que nous sommes ; par-dessus notre nudité et notre dénuement…

 

 

Le jour ensemencé…

Le signe d’une attente trop longue – trop impatiente…

L’engagement trop volontaire – sous le joug du désir – comme si l’on était capable de faire naître la lumière…

Une déchirure supplémentaire – un surcroît de prétention et d’inhumanité ; le prolongement (manifeste) de l’incompréhension…

 

 

Un pas de côté – hors du monde à présent – affranchi des longues transhumances saisonnières…

Sans carte – ni boussole – la source renouvelée du voyage ; un pas après l’autre – sans savoir – sans destination…

Amoureux du regard – qu’importe les chemins et les paysages…

Une traversée immobile et silencieuse – porteuse de paroles et de mouvements…

Sur cette longue route que le ciel dévore déjà…

 

*

 

Ce qu’il faut déchirer avec les étoiles – l’épaisseur – ces moissons de rêves qui obstruent le ciel…

La porte ouverte – les clés autour du cou ; et suffisamment de silence pour faire face à l’absence…

Le vieux monde emporté avec tous les résidus d’autrefois – tous les relents d’hégémonie et d’exploitation…

Et personne pour entendre le chant – ouvrir les yeux sur ce qui résiste…

Les âmes qui flottent dans l’invisible – guidées par l’indésirable – la profondeur de l’air – la persistance de l’écho et des chaînes dans le geste libérateur…

Ni pont – ni brume – ni lanterne ; l’expérience d’une autre possibilité…

L’être et les choses – dans cette cellule étroite ; avec, par-dessus, notre fatigue et notre espérance…

 

 

L’absence conjuguée à tous les temps – inscrite sur toutes les figures laides et ligneuses – rouges et boursouflées…

Le néant dans les yeux clos – déployé jusqu’au fond de l’âme…

La main portée par les circonstances ; l’esprit fataliste…

Sans question face à l’inexplicable…

La tête baissée – le dos voûté – la respiration dans ses limites – le bras tendu au-dessus de l’horizon – comme enfermés dans le périmètre autorisé…

Le lieu du sommeil et du temps…

Quelque chose du jour déguisé – de la lumière ensevelie…

Le règne (glorieux) de la distraction sans retenue…

En soi – des réserves d’images – pour l’éternité…

La vie – comme un rêve énigmatique – qui se déroule (peu à peu) ; peut-être – sans doute – le fond de la nuit…

 

 

Sans jamais s’interrompre – le temps – le monde – le cours des choses – illusoires pourtant…

L’instant nu – de plus en plus intense – manifeste…

L’intimité – comme une présence au bord de la fusion – à la limite de la rupture…

Le signe d’une sagesse – d’une amitié…

Au-delà de la joie escomptée…

 

 

Sans incidence – sur cette portion de monde – la tête ponctionnée – comme un sac au fond duquel on piocherait – comme un piège qui, peu à peu, nous engloutirait…

La lumière – sous le sol – dans le ciel – au fond de l’âme obnubilée par ce qu’elle porte – les origines…

Et sur la pierre – peu de ressemblances ; des différences apparentes – une variation de la même couleur ; rien de la cassure que semblent percevoir les yeux…

De simples morceaux d’espace – chacun à sa place – obéissant (à leur insu) aux lois de la matière – aux nécessités du monde – aux exigences de l’ensemble et de l’invisible – accolés – parfaitement réunis et emboîtés – comme un assemblage sans le moindre interstice – sans la moindre séparation…

Rien d’inutile – à la manière du soleil ; et la même envergure ; l’immensité qui échappe à la perception ordinaire…

 

 

Ce qui passe – un peu plus haut que les étoiles…

La disparition du monde – la transformation des états – l’inévitable…

La clarté – de long en large…

Des routes qui mènent au voyage ; et le voyage à l’infini…

La perte et l’inconnu – jusqu’au vide ; ce à quoi nous sommes (tous) destiné(s)…

 

*

 

Des jours – des cœurs malmenés – en déroute (très souvent)…

Le chemin parcouru qui a creusé – en nous – le nécessaire – l’incontournable…

Cet espace qui semblait si loin – et si abstrait – autrefois – comme une cathédrale de papier…

Et, à présent, cet agenouillement devant ce tabernacle (si réel) – cette plongée en soi après la longue traversée de la nef et du cœur…

Plus ni cierge – ni prière ; Dieu – en nous – de sa propre voix – nous invitant à poursuivre le chemin – l’excavation – la transparence du jour ; l’espace à restituer entièrement…

La vie comme elle va – (pleinement) consentie ; le geste et la posture – ancillaires – inclinés – la gratitude au-dedans…

La fin de l’initiation – des préliminaires ; l’invitation (enfin) à la vraie vie

 

 

La vie au-dehors – piétinée – si compréhensible dans ses défenses et ses assauts – dans ses volte-faces et ses rebuffades…

La guerre – avec ses blessés et ses morts – en pagaille – dans le désordre (récurrent) de la terre…

Des ombres – des traces – des échos ; rien qu’un long supplice et un peu de sommeil…

Depuis longtemps – pourtant – la même promesse – cette paix tant désirée que l’on oublie pour un surcroît de terre et de chair – la moindre offense…

Diable ! Tant de sang et d’ignorance qui suintent à travers les fissures du sol et de l’âme…

Notre peine – à tous – depuis des siècles – des millénaires – depuis le début du monde…

Cette souffrance et cette peur – cette incompréhension – si familières…

 

 

Fractions de l’Autre – des Autres – en soi…

Un puzzle vivant qui, à chaque instant, se réinvente…

Des morceaux agglomérés – circonscrits qu’en apparence…

Du vide et ce qui a l’air d’exister…

Dans le jeu – sous le joug – de toutes les illusions…

 

 

Des gestes pour rien – des paroles perdues…

Les caresses et les poignées de main du vent ; des coups de pouce et des coups du sort…

A mi-chemin entre la solitude et ce que nous portons…

 

 

Une vie à la surface du monde – au contact des choses – sans espace – sans profondeur – sans intimité…

Une vie en retrait – retirée – à distance des Autres – entre le ciel et l’intériorité – entre l’infime et l’immensité…

Quelque chose sous les yeux – au fond du regard ; la même ligne – comme l’origine et le prolongement du cours des choses – parfaitement confondus…

Chaque instant – hors du temps…

Chaque geste – comme l’émergence des circonstances ; continuité ou conclusion induite par la situation – par toutes les situations simultanées – imbriquées – par l'ensemble des événements du monde…

 

 

Ensemble – jaillissant – nous morcelant – jusqu’à l’effacement – jusqu’à la disparition – jusqu’au renouvellement…

La respiration ininterrompue de l’espace…

Le vide vivant – à travers notre manque – notre soif – toutes nos maladresses…

 

*

 

Des arbres – comme la seule foule acceptable – silencieuse – accueillante – ouverte à la différence – aussi proche du ciel que de la terre – respectueuse de tous les peuples…

En ces lieux parcourus – le mystère qui s’entrouvre…

Ni nuit – ni chiffre – ni conjecture…

En deçà de toute mémoire…

Le temps de l’eau et de l’enfance…

La mousse maternelle…

La vie incertaine et imprévisible…

Le point de bascule avant de toucher le sol – la poussière…

 

 

Voyageur du dedans – sans trace – sans repère – le sourire aux lèvres et le bâton à la main…

Sans la moindre étrangeté dans la tête…

Sans horaire – hors du temps…

Les poches et les mains vides…

Arpentant l’espace – découvrant les choses jusque dans leur intimité…

Laissant les pensées – les images – défiler…

La respiration alignée sur le rythme…

Le pas foulant l’automne et les collines…

La barbe grisonnante approchant l’invisible – l’éternel…

Tentant de donner un nom à l’ineffable – de circonscrire l’infini – dans un seul geste – une seule parole…

L’oreille tendue – la bouche tordue en une moue attentive (légèrement inquiète) – le cœur confiant – comme si le monde était un jardin – et l’existence une expérience théâtrale totale…

Un fragment d’espace déambulant dans l’espace – en lui-même ; la seule rive possible – davantage que le rêve et l’ambition des hommes…

 

 

Du rêve à l’espace morcelé – jour après jour – comme autant de nuit(s) accumulée(s)…

Des murs plus hauts – des routes qui serpentent davantage – une voix qui doit hurler tant nous nous sommes éloignés…

Une séparation qui nous emporte – des cœurs déchirés – des bouts d’âme arrachés – l’être comme sur le point de se fissurer…

 

 

Le feu noir – la vie en miettes – sans éclaircie – le néant à la place du vide – la peur à la place du bleu – le lieu de tous les possibles – de toutes les confusions…

Et les impératifs du rêve – du monde qui rêve – qui accroissent notre perte ; l’égarement sans espoir d’échappée…

 

 

Des visages – des jeux – le peuple – les yeux fermés – que la mort décime – que la frivolité occupe – engoncé dans ses inventions – dans ses illusions baroques…

Et plus loin – à l’écart – à la périphérie du monde – des lieux où la route éreinte – accroît la fatigue et la nudité – mène à l’ardeur sans usage et à l’immobilité…

Des rives désertes – désertées – qui transforment le regard et la pierre – le geste et le ciel…

Un soleil plus large – une joie jamais feinte – le vide en tête et quelques signes, parfois, comme une invitation – une marque de ralliement – une manière d’inventer un passage – mille passages – entre la roche et le silence – entre l'harassement et la félicité – un parcours unique – parfaitement adapté à chacun ; le seul chemin – le seul voyage – à réaliser…

 

*

 

L’enfance penchée sur le plus intime – le silence – l’Amour – à travers le jeu – le rire – le geste innocent…

Quelque chose de spontané – comme un espace et une voie naturels – avec des cris et une respiration saccadée…

Avec assiduité – ce voyage – jusqu’à l’automne – jusqu’à l’hiver – au cours duquel les cheveux blanchissent et la voix se tait et devient plus sage…

 

 

Ces rives étrangères – sans langage – où on lutte – où l’on crie – où l’on se débat – avec sa cohorte de rêves et d’ambitions…

Des itinéraires précis – millimétrés – sans surprise – sans détour ; et autant de victoires et de grains amassés que de larmes et d’outres de sang versées…

L’encre noire de l’homme qui dessine sa monstrueuse géographie – ses propres barbelés derrière lesquels il enferme le monde – l’air – la roche – les étoiles – toutes les choses et tous les vivants de la terre…

 

 

L’espace creusé au bord de la tristesse – sans parole – sans passage – sans passant – dans la solitude la plus familière…

Et cet étonnement à nous voir de part et d’autre de l’abîme – un peu partout – en vérité – comme éparpillé(s) – entre la lumière et la mort – entre la surface et les profondeurs…

Du centre jusqu’aux plus lointaines périphéries – le même silence – le mystère éclairé [et parfois (en partie) éclairci] – la sagesse et la folie – le ciel et l’épaisseur – l’immobilité et la furie…

Dans une invariable oscillation ; l’âme qui chemine – qui se découvre – partout ; nous – le mystère – dans notre œuvre nourricière et légitime…

 

 

L’œil percé par la puissance des choses – qui traverse la chair – qui pénètre l’âme…

A la mesure de notre joie – la transformation de notre visage (trop strictement humain)…

Cette place dans les profondeurs ; et la perspective des Dieux épousée…

Ce que nous portons sur cette route étrange qui allège, peu à peu, notre charge – notre embarras – notre pesanteur…

Pas – gestes et paroles – emportés – avec joie et légèreté – vers des lieux plus lumineux et des usages plus dignes – plus adaptés au monde et aux circonstances ; comme le signe d’une humanité retrouvée…

 

 

Au cœur de cette langue qui n’est pas la nôtre – au milieu de tous et de l’inertie – cette terre et ces pierres que l’on amasse – depuis trop longtemps relégué(s) à l’inessentiel – au plus que superflu – condamné(s) à la surface du séjour – du passage – de la traversée – à faire fructifier – et boursoufler – mille formes de croyances – à construire un chemin au milieu des fantômes – des idées – des apparences…

Trop brièvement – ici – pour se faire (malgré soi) le support du mensonge et du néant…

 

 

A nouveau – le jour – l’alignement du monde et de la parole – pareil à un soleil – à un horizon clair – clairement identifié – au-delà de tous les horizons humains perceptibles et imaginables…

En plein vide – comme en suspens…

A côté – de plus en plus loin – de ceux qui ont décidé d’avoir l’air – de faire semblant…

Vivant – le cœur projeté par-dessus l’âme et la chair – par-dessus le corps-interstice – battant – respirant – à découvert…

Les linéaments de l’homme – peut-être…

 

*

 

Quelque chose s’approche – toujours – et se dresse – parfois un mur – parfois le vent – parfois le soleil et la joie…

Derrière les apparences – ce qui résiste au monde ; derrière les ultimes résistances – ce que l’on ne connaît pas ; derrière ce que l’on ne connaît pas – l’enfance qui affirme son allégeance aux apparences – l’enfance qui regarde le monde – l’enfance qui se joue des résistances – la confiance face à l’inconnu…

Un sourire – un ciel – une corde ; et la poursuite (bien) plus joyeuse du voyage…

 

 

Ni question – ni exigence…

Plus proche de la source que de la trace…

Des mouvements – de toutes parts ; et une tranquillité au fond du regard…

Ce que l’on cherchait – autrefois – plus haut que le ciel – plus puissant que le vent ; dans toutes les particules du monde – fragiles et dérisoires – parmi la cendre et la poussière – des extraits de roche – dans le désarroi et la folie – dans la nuit et les ventres qui digèrent – dans les mains tendues et les yeux perdus – dans les volte-faces et les manigances – dans les caresses – les guerres et la violence – partout où nous sommes – partout où nous vivons – jusque dans nos bassesses et nos absences…

Le vide ; et la conscience – habituellement utilisée – corrompue – dévoyée – devenue, soudain, sans usage – sans emploi…

Seul – à présent – face à ce qui vient – au milieu des tourbillons qui parsèment (très momentanément) la vacuité...

 

 

Loin de la parole commune et coutumière – née de l’habitude et de l’opacité ; plutôt celle qui habite un lieu que nous ignorons – et que nous continuerons d’ignorer – ailleurs – ici même – plus haut et plus bas – qu’importe ce qui nous traverse – qu'importe ce que nous traversons…

Et tous nos silences – sur la page – imprimés…

 

 

Le vide découpé en jours – en seuils – en points critiques – à la surface du monde – dans tous les lieux investis par l’homme – et, de l’autre côté, le souffle – l’air – le ciel bleu et les profondeurs – toutes les merveilles et l’immensité d’un seul tenant…

D’un côté, la cassure et l’attente d’une récompense – d’une réparation – de simples consolations – très souvent ; et de l’autre, l’attention détachée – amoureuse – capable d’accueillir tous les fragments – tout ce qui s'invite – approche – advient…

 

 

Derrière ce qui se manifeste – la pierre et la lumière…

Et ce qui se détache au cours de la traversée…

L’âme engagée – la sente qui nous révèle et nous transforme – au-delà de l’expérience – au-delà de l’existence vécue – au-delà des apparences et de la parole qui en témoigne…

Nulle loi ; rien d’étranger – rien de rejeté…

Le dépassement et la mesure – quelque chose, sans doute, à préciser (à éclairer peut-être) ; les premiers pas – le début d’un chemin – d’une initiation – d’une métamorphose – d’une perspective un peu folle…

Vers l’unité – à foulée lente – naturellement…

Et le geste inaugural – comme l’une des rares récurrences ; à chaque nouvelle étape – chaque jour – à chaque instant – le recommencement perpétuel du voyage…

De moins en moins – comme une évidence…

 

 

L’infini circonscrit dans le geste ; d’abord resserrement – détention – réclusion – puis apprentissage (très progressif) de l’immensité – de l’envergure – de la liberté ; la limite et la contraction accueillies – acceptées – puis dépassées ; ni pour – ni contre – sans parti-pris – sans idéologie – sans rien à défendre – sans rien à combattre – sans rien assujettir – le cours des choses – tel qu’il va – tel qu’il vient…

Ce que dicte le réel – une obéissance sans alternative ; mille possibilités ; et toujours un seul chemin ; ce que l’âme et le monde imposent…

 

*

 

De la terre – des étoiles – et cette marche – et cette âme – infatigable – interminable…

Quelque part – nulle part – où est donc la frontière – le seuil – le franchissement…

Des désirs d’autrefois – nulle trace…

Le temps libéré de lui-même…

L’homme soumis à l’errance – à la déambulation – comme l’énergie contrainte de circuler…

Le présent entre les mains ; et les paumes aventureuses…

Des instants – rien que des instants – qu’importe l’âge et l’époque…

Des syllabes nouvelles – le rythme de la parole dicté par la lumière et le silence…

Et ce trop-plein – encore – de choses à écrire – qu’importe le sens – le cercle des lecteurs – la taille de l’auditoire…

Des mots à seule fin d’honorer le chemin – l’effacement des territoires – la solitude – la chambre parfois visitée par l’Amour ; comme un sourire immense destiné à personne – pour la simple joie des lèvres entrouvertes – de ce qui existe – de ce qui est donné…

 

 

Des sauts – des élans ; ce qui s’imprime – comme l’origine du monde – sur la matière…

Les âmes disjointes et séparées…

Les pertes successives – comme des prières…

Dieu qui, en nous, invite à la nudité – à nous rejoindre…

A la source des lieux et du temps…

A la manière d’un soleil gigantesque…

En équilibre sur toutes les épaules – avançant – l’âme, au-dedans, frémissante…

Tout – tous – embarqué(s) dans cette incroyable ascension sans échelle…

La fraîcheur de l’innocence et le feu ardent du cœur – nécessaires pour franchir les premières hauteurs…

L’infini qui se déploie dans la poitrine ; la fin de l’exil…

L’existence – au-dessus du sol – précieuse…

Dans le sein de Dieu – au plus intime – au milieu des Autres – des apparences et des illusions – célébrant le centre – le monde – les visages et les choses ; l’être, à travers nous, découvrant son ampleur – sa diversité – sa plénitude…

 

 

La parole et la pierre – alignées ; comme le sol et la page – le cœur et la main…

Derrière le temps amassé – et expulsé – le vide entrevu…

Nous – nous soustrayant toujours davantage…

 

 

La course interrompue – la tête surélevée – un pas de côté – comme un surcroît de silence et de lumière…

L’âme désempêtrée ; la matière percée jusqu’à l’essence…

Comme si le dehors n’avait jamais existé…

 

 

A travers la parole – le même silence – au-dehors et au-dedans – comme un pont entre les mondes – lorsque l’attente cède la place à l’écoute – lorsque l’immobilité se substitue aux exigences…

 

 

Des routes – des visages – des itinéraires – des pas engagés…

Les vestiges éparpillés de l’infini – ce qui se mêle pour constituer le monde…

Plus haut, le ciel – en dessous, les tombes – et entre les deux, l’espace des choses et des vivants…

Les vents – le souffle – ce qui porte tantôt à l’intérieur – vers le centre – tantôt à l’extérieur – vers la périphérie…

Des haltes – des interstices – des parenthèses…

Le séjour qui, parfois, se prolonge – le voyage qui continue – qu’importe les circonstances ; qu’importe ce que nous sommes et ce que nous faisons ; l’insignifiance de l’essentiel – au regard de l’envergure de ce qui est – de ce qui nous porte…

Comme des taches – un peu de couleur – sur l’immensité blanche – la transparence des choses – l’invisible…

 

*

 

Au gré des jours et des saisons qui passent – les souvenirs qui, peu à peu, s’effacent…

Et le mystère ainsi mis en évidence – exposé ; des fragments de la source éparpillés au fond du cœur – au fond des choses – qui (progressivement) se révèlent…

Davantage (Ô combien !) qu’une manière de dire ; la vérité agissante vécue (et qui le sera, un jour – bien sûr, par tous ceux que le doute habite encore)…

La seule réponse possible aux questions des illettrés…

Le frémissement de la chair ; au contact de tous les soleils intérieurs…

Cette intimité vibrante (et savoureuse) avec le monde…

 

 

L’aube – comme un signe – au-dessus de tous les piétinements…

Un cercle autour de soi…

Et l’âme embarquée – malgré elle – comme si le corps était un temple provisoire…

Un peu de matière suspendue…

Mille choses à déconstruire ; soustraire et se dévêtir pour que brille cette nudité comme une lanterne au fond du noir…

Au milieu de la boue et du brouhaha du monde…

Et tout ce bleu qui s’invite sur cette tristesse (de plus en plus étrangère)…

De moins en moins loin – la lumière…

 

 

Au-delà des grilles – rassemblés – au-dessus des tombes – l’envol (inoubliable) de ceux qui quittent le monde…

Derrière les murs – en ces lieux où (en général) se lamentent – et se prosternent – les vivants – les yeux rouges et le cœur gonflé de larmes…

L’espérance à tire-d’aile – comme une flèche incertaine décochée vers le ciel…

Et toutes ces prières – et toutes ces âmes – qui montent vers ces terres nouvelles – comme nous tous qui allons dans l’existence – avec ce curieux mélange de curiosité et d’accablement – de peur et d’allégresse…

 

 

Au ras du sol – la tête et le pas qui insistent – comme une résistance absurde (et immature) à la verticalité naturelle de l’homme…

En nous – la bête qui s’agrippe – qui s’accroche…

Et la foulée lente à travers les couleurs dont l’ultime – sur un tertre – sera, un jour, couronnée par la transparence…

 

 

La figure du feu sur la neige…

L’incendie des routes – comme des vagues successives qui restreignent les possibles – les destinations – tous les lieux propices au voyage et à l’évasion…

Vers l’immobilité – de plus en plus – comme l’état le plus favorable au souffle – capable de rapprocher l’intime et le (plus) lointain – de révéler le bleu caché au fond du cœur – au fond des choses…

La légèreté du mouvement ; l’invisible à l’œuvre ; le monde et la joie à demeure…

 

 

Sur la terre ancestrale de ceux qui ont quitté ce monde…

Face à soi – le désert – aussi silencieux qu’au-dedans…

Les premières difficultés et les premières hauteurs – franchies…

La couleur la moins sombre du périple…

Et les reflets – à l’intérieur – de l’étendue…

Le pas de plus en plus lucide ; et la terre arpentée moins (beaucoup moins) aveuglément…

 

 

L’oubli – la perte du nom – de moins en moins de visages et de rencontres…

La solitude – (très) amoureusement…

Et cette ardeur accrue à la perpendiculaire du monde…

Entre nous – le vide et la lumière ; le vent puissant ; l’expression du Divin – à travers le regard et le geste ; l’ineffable dont nul ne peut mesurer le poids sur nos existences…

 

*

 

Ceci ou cela – ici ou ailleurs – ce destin ou un autre…

Tout égal – tout pareil – tout qui passe – sans (réelle) importance…

Et l’essentiel alors (s’il en est un) ?

Notre manière d’être présent (bien que nous n’ayons aucun choix sur notre façon d’être au monde)…

Quoi donc alors ?

Être soi-même – sans rien renier ; incarner toutes les parts que nous sommes – toutes les parts que nous portons – telles qu’elles sont – telles qu’elles se présentent (à l’instant où elles se présentent) ; et ainsi, peut-être (rien n’est moins sûr) assumer son rôle (variable – provisoire – circonstanciel) – occuper la place qui est (supposément) la nôtre – celle que chaque situation impose – dans tous les cercles qui composent l’infini…

Rien de plus – rien de moins ; le plus proche de soi – de la vérité – sans doute…

 

 

Le lieu de l’indifférence et de la mort – sur le terrain où nous défient les fleurs…

La beauté rayonnante – l’assise souterraine – pour des siècles de vie – à la merci des Autres – offertes – jouant des pétales et des couleurs – généreuses en pollen – indéfiniment provisoires…

L’existence de l’être – sans (jamais) en avoir l’air…

Souveraines en tous les lieux où semblent régner l’indifférence et la mort…

 

 

Le jour penché sur notre épaule – par pure amitié – en hommage à ce que nous fûmes – à ce que nous sommes – à ce que nous serons (à jamais) – en hommage à ce que nous vivons l’un et l’autre parfois ensemble – d’autres fois (presque) séparément…

Comme notre ombre – comme l’herbe et le ciel – comme la lumière – la tristesse et la nostalgie – comme la douleur – comme le monde et la joie – comme les Autres – les arbres – les choses – tous les visages d’ici et d’ailleurs – un peu plus loin – beaucoup plus loin ; cette (incroyable) parentèle – cette immense fratrie oubliée ; notre seule appartenance ; et le vide géniteur (bien sûr)…

 

 

Le vide consistant ; le monde sans épaisseur…

Ce qui est (secrètement) désiré – sans volonté (véritable)…

Le cours des choses – des aléas – qui s’inscrivent dans l’histoire lorsque l’on marche (précautionneusement) sur le fil du temps ; et plus encore – l’instant sans ascendance – sans descendance – orphelin et séparé de tous les autres (simples possibilités – potentialités – pour ceux non avenus et entièrement intégrés à l’instant présent pour ceux qui ont déjà eu lieu) ; le corps – le cœur – l’esprit – éprouvant le chaud et le froid – le haut et le bas – la tristesse et la joie – comme le seul Absolu possible (et imaginable) – à chaque fois – la seule chose à vivre – la seule chose qui puisse exister – comme si le reste n’existait pas…

 

 

Le bruit du monde au fond de l’abîme – ce que nous créons – ce que nous inventons – en gesticulant – en empruntant des routes – en gravissant des murs – en essayant de franchir les frontières du périmètre dans lequel on nous a condamné(s) à vivre…

Immergé(s) jusqu’au cou – dans les eaux souterraines – le bleu au fond de l’âme jamais entrevu…

Le mirage jusqu’à la déraison…

Quelque chose entre la bêtise et l’obstination – la sente arpentée – les semelles usées jusqu’à la corde – les pas mécaniques – la tête déconnectée du corps – déconnectée du reste…

Sur le bord du chemin – l’espérance – l’ailleurs déjà – comme un suspens – une halte – et tous ceux qui ont abandonné la partie – et le monde à lui-même…

Le début d’un autre rêve – peut-être…

 

 

A la fois l’œil et l’étendue – l’invisible et la matière – l’espace et le cœur sensible et engagé…

Dieu – ce qui (nous) semble si dérisoire…

Le temps ramené à sa plus petite unité non mesurable…

L’infini – partout – jusque dans nos gestes les plus ordinaires – ce qui sort de nos lèvres ; l’œuvre de l’âme et de la main sur la page…

L’infini ouvert qui s’entrouvre en chacun ; notre besogne commune et singulière…

 

*

  

L’âme morte – mille fois – sans rayonner – comme une ombre jetée au fond d’une crevasse de chair animée…

Rien de perceptible sinon cette tristesse inexplicable dans les yeux…

Une douleur – comme un oubli…

 

 

Voué(s) aux choses de la nuit – aux ruines et au froid – au monde profondément terrestre…

Ce côté rugueux auquel nul ne peut (réellement) échapper ici-bas…

Comme un décor – au cœur d’une immense arène – avec mille tragédies – sur fond de solitude – gorgée de corps-à-corps ardents – de tête-à-tête sanglants – de face-à-face funestes…

Le mariage du glaive et des grilles – de la poussière et du sang ; la vie et la mort (très intimement) entremêlées…

Une enfance sans soleil – sombre et triste ; les balbutiements d’une humanité affligeante …

 

 

Inlassablement – la lumière…

Les voiles de la nuit – la violence de la terre…

Les pierres – les arbres – les bêtes – les hommes – comme des marionnettes soumises aux exigences des Dieux…

Et des fleurs dans la voix – la parole claire – adressée à ce qui, chez quelques-uns, commence à émerger sous les paupières – dans le regard – au bord du cœur…

Le monde jeté au fond de ce puits démesuré – (passablement) inquiétant…

Et ces âmes – trop lourdement chargées – qui s’épuisent (assez vainement) à remonter…

Et ce bleu – jamais découvert – pas même imaginé – à l’intérieur ; cet espace vif – vivant – vibrant – sensible – la seule entité, en ce monde, capable d’accueillir (sans jamais se plaindre ou nous blâmer) nos pirouettes et nos pitreries – nos sanglots et nos jérémiades – toutes nos (vaines) gesticulations – toutes nos (piètres) tentatives pour exister – comprendre – nous échapper…

 

 

Plus loin qu’autrefois – dans l’œil – la chair – le pas…

Tous les livres sur nos lèvres – dictés mot après mot – éructés par l’âme…

Le silence limpide qui, parfois, se transmute en parole – en poésie…

Une manière, sans doute, de toucher (en partie) le cœur humain – de remuer un peu la terre – d’essayer d’engager l’immensité dans l’histoire des hommes – dans l’histoire du monde…

 

 

Le vent – sur toute la largeur de l’existence…

Tous les bruits du monde ; à l’abri – comme calfeutré à l’intérieur – les oreilles qui dépassent – à peine…

Le jour – pour personne…

De nouveau – seul – au cœur des collines – de la forêt ; et l’ombre de la mort – au-dessus de notre tête – qui nous survole en cercles lents – prête à fondre sur nous en un éclair…

 

 

Entre l’axiome et l’abîme – peu de vérité…

En un instant – hors de soi – comme éjecté…

Les yeux tournés vers le ciel des hommes – le front bas – les mains jointes (en prière) – une manière d’être au monde avachie – sans tenue – la tête et le cœur séparés – juste à côté des jambes…

Enfermé(s) dans l’enceinte commune – en quelque sorte…

Incapable(s) d’aller plus loin – de franchir la moindre frontière – d’échapper au périmètre (étroit) des indigents…

L’esprit inquiet – les pieds coincés sous la pierre – enchaîné(s) à l’histoire façonnée par tous ceux qui nous ont précédé(s) – par tous ceux qui s’éreintent à nos côtés (aussi impuissants que nous)…

Piégé(s) dans le même espace – entre l’axiome et l’abîme…

Et plus loin – sur l’autre rive – sur l’autre versant – le ciel et la lumière – inaccessibles ; ce que les hommes (certains hommes) apparentent à la vérité ; le prolongement du même mensonge – de la même illusion…

 

*

 

Les hommes à genoux – à la saison des morts – sur le chemin (périlleux et douloureux) de l’agonie – le visage sombre – plus même un visage – un masque de cire – l’âme et la chair terrifiées – pétrifiées – si peu préparées à l’échéance – incapables de faire face au défi des jours – de reconnaître le rôle souverain de la métamorphose et de l’oubli…

Nous – à chaque instant – au tournant de l’essentiel…

Sans arrêt – sans répit – sur la voie secrète et mystérieuse du mûrissement…

 

 

Dans un coin (oublié) du vide – face à ce regard indescriptible – au-dedans – bien plus vaste que le monde – l’univers – nos ambitions…

La cible rêvée – inaccessible…

Et l’errance des pas et du langage…

Cette impossibilité d'être rejoint…

 

 

L’existence – comme un quiproquo…

Un espace inhabitable – un refuge restreint à l’air vicié – un guet-apens – une sorte d’embuscade préparée par tous nos ascendants…

Un point lumineux – quelque part – encore invisible…

Et les jours qui coulent – comme l’eau de la source ; et la mort qui, à chaque instant, se rapproche – sournoise – la bouche ouverte – l’œil retors – l’outil sur l’épaule – le geste, à chaque fois, imparable et silencieux – se cachant derrière nous – au-dessus de notre inexpérience – au cœur de notre terreur – de notre crédulité – prête à s’abattre – à initier le dernier souffle – à nous fermer les paupières – à nous précipiter vers Dieu ou (selon la sensibilité – selon la maturité) vers le prolongement de l’absence ; dans tous les cas – vers une nouvelle expérience…

 

 

Le corps ramassé sur lui-même – l’esprit replié – l’âme roulée en boule ; comme la seule réaction possible face à la rudesse du monde ; se terrer face à la terreur exercée par les Autres (tous les Autres) ; une manière de se faire encore plus minuscule – à défaut de pouvoir fuir ou disparaître…

Le destin de (presque) tous les hommes et de (presque) toutes les bêtes…

L’existence réduite à un seul possible ; un monde sans alternative…

 

 

Le silence et le vent – sur la page…

L’encre noire – (très) lointain reflet du bleu…

Une manière d’affirmer sa présence face à l’indifférence – face à la faim…

Le malheur des créatures – conforme à leur aveuglement…

En chemin – au jour – au monde – ce que nous sommes (aussi pleinement que possible)…

 

 

La chair brute – revisitée – assouplie parfois – au même titre que l’esprit et l’âme…

La matière pendante – la tête étroite – le cœur confiné – soumis à des exercices visant à retrouver l’ardeur et l’envergure nécessaires à l’humanisation de ceux qui se disent – qui se prétendent – humains…

Le gage d’un monde meilleur (ou, du moins, plus vivable)…

 

 

Ce qu’il faut effacer – soustraire – oublier – pour pouvoir s’adosser au vide et devenir, peu à peu (ou, parfois, de manière soudaine) ce qu’il reste lorsque tout a disparu – lorsque nous sommes parvenus à nous débarrasser des choses – des noms – des visages – du monde et du temps…

 

*

 

A l’intérieur – le temps retroussé – le chemin à rebours ; avec le cœur du monde retenu par le souffle – et poussé aussi parfois – emporté par les eaux et le vent – vers les âmes et la lumière…

Au-dedans – tous les extrêmes et une partie (substantielle) du centre – comme au-dehors – et l’autre part ? On ne sait pas – on n’en sait rien – personne ne cherche – n’a jamais (réellement) cherché – à savoir… comme partout ailleurs – la même unité et la même densité – on le devine – on le suppose – on le ressent parfois – ainsi tout se dessine et a l’air d’exister…

Le vide joyeux dansant avec toutes les formes – toutes les frontières – tous les au-delà…

 

 

Le soleil au-dessus des arbres – le ciel parfait – à l’intérieur – avec des forêts grandes comme des continents – peuplées de bêtes et de rochers – les uns et les autres amoureux de l’ensemble jusqu’à la folie…

Des cascades de signes et de lumière…

Des paroles et du silence – qui, mis bout à bout, forment de longues guirlandes de joie que l’on accroche à toutes les poitrines consentantes…

Traversées par des rivières – et des âmes qui ont jeté tous leurs atours et toutes leurs cartes – se fiant aux dés des Dieux – parcourant l’étendue à grandes enjambées sans rien connaître du monde – de leur identité – de la géographie des lieux…

Un instant – des instants peut-être – où se télescopent toutes les époques – toutes les phases du temps…

La voix haute dans cette encre (presque) magique – comme une main – une hampe – un crochet – voués à inverser tous les rôles – toutes les figures et toutes les latitudes – offrant au lieu de prendre – caressant au lieu d’asséner – dispersant et effaçant au lieu de bâtir et de dresser…

Aussi frêle qu’autrefois – discrète et attentive – aussi superflue qu’essentielle – nécessaire seulement lorsqu’elle se manifeste naturellement ; comme la vie qui vient – comme la vie qui va…

 

Publicité
Publicité
Publicité