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LES CARNETS METAPHYSIQUES & SPIRITUELS

A propos

La quête de sens
Le passage vers l’impersonnel
L’exploration de l’être

L’intégration à la présence


Carnet n°1
L’innocence bafouée

Récit / 1997 / La quête de sens

Carnet n°2
Le naïf

Fiction / 1998 / La quête de sens

Carnet n°3
Une traversée du monde

Journal / 1999 / La quête de sens

Carnet n°4
Le marionnettiste

Fiction / 2000 / La quête de sens

Carnet n°5
Un Robinson moderne

Récit / 2001 / La quête de sens

Carnet n°6
Une chienne de vie

Fiction jeunesse / 2002/ Hors catégorie

Carnet n°7
Pensées vagabondes

Recueil / 2003 / La quête de sens

Carnet n°8
Le voyage clandestin

Récit jeunesse / 2004 / Hors catégorie

Carnet n°9
Le petit chercheur Livre 1

Conte / 2004 / La quête de sens

Carnet n°10
Le petit chercheur Livre 2

Conte / 2004 / La quête de sens

Carnet n°11 
Le petit chercheur Livre 3

Conte / 2004 / La quête de sens

Carnet n°12
Autoportrait aux visages

Récit / 2005 / La quête de sens

Carnet n°13
Quêteur de sens

Recueil / 2005 / La quête de sens

Carnet n°14
Enchaînements

Récit / 2006 / Hors catégorie

Carnet n°15
Regards croisés

Pensées et photographies / 2006 / Hors catégorie

Carnet n°16
Traversée commune Intro

Livre expérimental / 2007 / La quête de sens

Carnet n°17
Traversée commune Livre 1

Récit / 2007 / La quête de sens

Carnet n°18
Traversée commune Livre 2

Fiction / 2007/ La quête de sens

Carnet n°19
Traversée commune Livre 3

Récit & fiction / 2007 / La quête de sens

Carnet n°20
Traversée commune Livre 4

Récit & pensées / 2007 / La quête de sens

Carnet n°21
Traversée commune Livre 5

Récit & pensées / 2007 / La quête de sens

Carnet n°22
Traversée commune Livre 6

Journal / 2007 / La quête de sens

Carnet n°23
Traversée commune Livre 7

Poésie / 2007 / La quête de sens

Carnet n°24
Traversée commune Livre 8

Pensées / 2007 / La quête de sens

Carnet n°25
Traversée commune Livre 9

Journal / 2007 / La quête de sens

Carnet n°26
Traversée commune Livre 10

Guides & synthèse / 2007 / La quête de sens

Carnet n°27
Au seuil de la mi-saison

Journal / 2008 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°28
L'Homme-pagaille

Récit / 2008 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°29
Saisons souterraines

Journal poétique / 2008 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°30
Au terme de l'exil provisoire

Journal / 2009 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°31
Fouille hagarde

Journal poétique / 2009 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°32
A la croisée des nuits

Journal poétique / 2009 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°33
Les ailes du monde si lourdes

Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°34
Pilori

Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°35
Ecorce blanche

Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°36
Ascèse du vide

Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°37
Journal de rupture

Journal / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°38
Elle et moi – poésies pour elle

Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°39
Préliminaires et prémices

Journal / 2010 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°40
Sous la cognée du vent

Journal poétique / 2010 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°41
Empreintes – corps écrits

Poésie et peintures / 2010 / Hors catégorie

Carnet n°42
Entre la lumière

Journal poétique / 2011 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°43
Au seuil de l'azur

Journal poétique / 2011 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°44
Une parole brute

Journal poétique / 2012 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°45
Chemin(s)

Recueil / 2013 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°46
L'être et le rien

Journal / 2013 / L’exploration de l’être

Carnet n°47
Simplement

Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°48
Notes du haut et du bas

Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°49
Un homme simple et sage

Récit / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°50
Quelques mots

Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°51
Journal fragmenté

Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°52
Réflexions et confidences

Journal / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°53
Le grand saladier

Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°54
Ô mon âme

Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°55
Le ciel nu

Recueil / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°56
L'infini en soi 

Recueil / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°57
L'office naturel

Journal / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°58
Le nuage, l’arbre et le silence

Journal / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°59
Entre nous

Journal / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°60
La conscience et l'Existant

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°61
La conscience et l'Existant Intro

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°62
La conscience et l'Existant 1 à 5

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°63
La conscience et l'Existant 6

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°64
La conscience et l'Existant 6 (suite)

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°65
La conscience et l'Existant 6 (fin)

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°66
La conscience et l'Existant 7

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°67
La conscience et l'Existant 7 (suite)

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°68
La conscience et l'Existant 8 et 9

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°69
La conscience et l'Existant (fin)

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°70
Notes sensibles

Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°71
Notes du ciel et de la terre

Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°72
Fulminations et anecdotes...

Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°73
L'azur et l'horizon

Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°74
Paroles pour soi

Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°75
Pensées sur soi, le regard...

Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°76
Hommes, anges et démons

Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°77
La sente étroite...

Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°78
Le fou des collines...

Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°79
Intimités et réflexions...

Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°80
Le gris de l'âme derrière la joie

Récit / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°81
Pensées et réflexions pour soi

Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°82
La peur du silence

Journal poétique / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°83
Des bruits aux oreilles sages

Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°84
Un timide retour au monde

Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°85
Passagers du monde...

Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°86
Au plus proche du silence

Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°87
Être en ce monde

Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°88
L'homme-regard

Récit / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°89
Passant éphémère

Journal poétique / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°90
Sur le chemin des jours

Recueil / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°91
Dans le sillon des feuilles mortes

Recueil / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°92
La joie et la lumière

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°93
Inclinaisons et épanchements...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°94
Bribes de portrait(s)...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°95
Petites choses

Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°96
La lumière, l’infini, le silence...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°97
Penchants et résidus naturels...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°98
La poésie, la joie, la tristesse...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°99
Le soleil se moque bien...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°100
Si proche du paradis

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°101
Il n’y a de hasardeux chemin

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°102
La fragilité des fleurs

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°103
Visage(s)

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°104
Le monde, le poète et l’animal

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°105
Petit état des lieux de l’être

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°106
Lumière, visages et tressaillements

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°107
La lumière encore...

Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°108
Sur la terre, le soleil déjà

Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°109
Et la parole, aussi, est douce...

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°110
Une parole, un silence...

Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°111
Le silence, la parole...

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°112
Une vérité, un songe peut-être

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°113
Silence et causeries

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°114
Un peu de vie, un peu de monde...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°115
Encore un peu de désespérance

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°116
La tâche du monde, du sage...

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°117
Dire ce que nous sommes...

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°118
Ce que nous sommes – encore...

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°119
Entre les étoiles et la lumière

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°120
Joies et tristesses verticales

Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°121
Du bruit, des âmes et du silence

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°122
Encore un peu de tout...

Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°123
L’amour et les ténèbres

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°124
Le feu, la cendre et l’infortune

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°125
Le tragique des jours et le silence

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°126
Mille fois déjà peut-être...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°127
L’âme, les pierres, la chair...

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°128
De l’or dans la boue

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°129
Quelques jours et l’éternité

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°130
Vivant comme si...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°131
La tristesse et la mort

Récit / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°132
Ce feu au fond de l’âme

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°133
Visage(s) commun(s)

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°134
Au bord de l'impersonnel

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°135
Aux portes de la nuit et du silence

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°136
Entre le rêve et l'absence

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°137
Nous autres, hier et aujourd'hui

Récit / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°138
Parenthèse, le temps d'un retour...

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°139 
Au loin, je vois les hommes...

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°140
L'étrange labeur de l'âme

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°141
Aux fenêtres de l'âme

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°142
L'âme du monde

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°143
Le temps, le monde, le silence...

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°144
Obstination(s)

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°145
L'âme, la prière et le silence

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°146
Envolées

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°147
Au fond

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°148
Le réel et l'éphémère

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°149
Destin et illusion

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°150
L'époque, les siècles et l'atemporel

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°151
En somme...

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°152
Passage(s)

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°153
Ici, ailleurs, partout

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°154
A quoi bon...

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°155
Ce qui demeure dans le pas

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°156
L'autre vie, en nous, si fragile

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°157
La beauté, le silence, le plus simple...

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°158
Et, aujourd'hui, tout revient encore...

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°159
Tout - de l'autre côté

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°160
Au milieu du monde...

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°161
Sourire en silence

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°162
Nous et les autres - encore

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°163
L'illusion, l'invisible et l'infranchissable

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°164
Le monde et le poète - peut-être...

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°165
Rejoindre

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°166
A regarder le monde

Paroles confluentes / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°167
Alternance et continuité

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°168
Fragments ordinaires

Paroles confluentes / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°169
Reliquats et éclaboussures

Paroles confluentes / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°170
Sur le plus lointain versant...

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°171
Au-dehors comme au-dedans

Paroles confluentes / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°172
Matière d'éveil - matière du monde

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°173
Lignes de démarcation

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°174
Jeux d'incomplétude

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°175
Exprimer l'impossible

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°176
De larmes, d'enfance et de fleurs

Récit / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°177
Coeur blessé, coeur ouvert, coeur vivant

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°178
Cercles superposés

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°179
Tournants

Journal / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°180
Le jeu des Dieux et des vivants

Journal / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°181
Routes, élans et pénétrations

Journal / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°182
Elans et miracle

Journal poétique / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°183
D'un temps à l'autre

Recueil / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°184
Quelque part au-dessus du néant...

Recueil / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°185
Toujours - quelque chose du monde

Regard / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°186
Aube et horizon

Journal / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°187
L'épaisseur de la trame

Regard / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°188
Dans le même creuset

Regard / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°189
Notes journalières

Carnet n°190
Notes de la vacuité

Carnet n°191
Notes journalières

Carnet n°192
Notes de la vacuité

Carnet n°193
Notes journalières

Carnet n°194
Notes de la vacuité

Carnet n°195
Notes journalières

Carnet n°196
Notes de la vacuité

Carnet n°197
Notes journalières

Carnet n°198
Notes de la vacuité

Carnet n°199
Notes journalières

Carnet n°200
Notes de la vacuité

Carnet n°201
Notes journalières

Carnet n°202
Notes de la route

Carnet n°203
Notes journalières

Carnet n°204
Notes de voyage

Carnet n°205
Notes journalières

Carnet n°206
Notes du monde

Carnet n°207
Notes journalières

Carnet n°208
Notes sans titre

Carnet n°209
Notes journalières

Carnet n°210
Notes sans titre

Carnet n°211
Notes journalières

Carnet n°212
Notes sans titre

Carnet n°213
Notes journalières

Carnet n°214
Notes sans titre

Carnet n°215
Notes journalières

Carnet n°216
Notes sans titre

Carnet n°217
Notes journalières

Carnet n°218
Notes sans titre

Carnet n°219
Notes journalières

Carnet n°220
Notes sans titre

Carnet n°221
Notes journalières

Carnet n°222
Notes sans titre

Carnet n°223
Notes journalières

Carnet n°224
Notes sans titre

Carnet n°225

Carnet n°226

Carnet n°227

Carnet n°228

Carnet n°229

Carnet n°230

Carnet n°231

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Carnet n°233

Carnet n°234

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Au jour le jour

Octobre 2020

Carnet n°264
Au jour le jour

Novembre 2020

Carnet n°265
Au jour le jour

Décembre 2020

Carnet n°266
Au jour le jour

Janvier 2021

Carnet n°267
Au jour le jour

Février 2021

Carnet n°268
Au jour le jour

Mars 2021

Carnet n°269
Au jour le jour

Avril 2021

Carnet n°270
Au jour le jour

Mai 2021

Carnet n°271
Au jour le jour

Juin 2021

Carnet n°272
Au jour le jour

Juillet 2021

Carnet n°273
Au jour le jour

Août 2021

Carnet n°274
Au jour le jour

Septembre 2021

Carnet n°275
Au jour le jour

Octobre 2021

Carnet n°276
Au jour le jour

Novembre 2021

Carnet n°277
Au jour le jour

Décembre 2021

Carnet n°278
Au jour le jour

Janvier 2022

Carnet n°279
Au jour le jour

Février 2022

Carnet n°280
Au jour le jour

Mars 2022

Carnet n°281
Au jour le jour

Avril 2022

Carnet n°282
Au jour le jour

Mai 2022

Carnet n°283
Au jour le jour

Juin 2022

Carnet n°284
Au jour le jour

Juillet 2022

Carnet n°285
Au jour le jour

Août 2022

Carnet n°286
Au jour le jour

Septembre 2022

Carnet n°287
Au jour le jour

Octobre 2022

Carnet n°288
Au jour le jour

Novembre 2022

Carnet n°289
Au jour le jour

Décembre 2022

Carnet n°290
Au jour le jour

Février 2023

Carnet n°291
Au jour le jour

Mars 2023

Carnet n°292
Au jour le jour

Avril 2023

Carnet n°293
Au jour le jour

Mai 2023

Carnet n°294
Au jour le jour

Juin 2023

Carnet n°295
Nomade des bois (part 1)

Juillet 2023

Carnet n°296
Nomade des bois (part 2)

Juillet 2023

Carnet n°297
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13 février 2018

Carnet n°138 Parenthèse – le temps d'un retour – d'un souvenir, entre nous, toujours présent

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence 

Nous reviendrons, semblables à aujourd'hui, avec sur nos lèvres, le visage de Dieu. Et sur nos traits moins grossiers, le courage des bêtes. Et avec dans l'âme un peu plus de silence...

Et nous rejoindrons cette terre blanche où les hommes rêvent encore de l'aurore – et marient les jours à la sagesse. Et nous franchirons ensemble cette porte qui ouvre sur des forêts aussi belles – et aussi grandes – que l'océan. Et nous embrasserons le souffle des horizons, la graine et le grain, les récoltes et le vent pour ensemencer l'Amour dans nos veines. Et nous boirons aux torrents et y jetterons quelques vieilles chimères pour éclaircir ce ciel encore si atrocement sombre...

 

 

Une paume contre la mort – après avoir frappé tant de visages – s'en va. Et nous la laisserons seule à son cri – et à son appui sur le néant qu'elle a bâti. Semblable aux fenêtres du monde sur le temps – étroites et infranchissables. Seule – malgré la proximité de quelques âmes à son chevet – dans cette atroce attente du dernier souffle...

 

 

Nous reviendrons, semblables à aujourd'hui, avec sur nos lèvres, le visage de Dieu. Et sur nos traits moins grossiers, le courage des bêtes. Et avec dans l'âme un peu plus de silence...

Et nous rejoindrons cette terre blanche où les hommes rêvent encore de l'aurore – et marient les jours à la sagesse. Et nous franchirons ensemble cette porte qui ouvre sur des forêts aussi belles – et aussi grandes – que l'océan. Et nous embrasserons le souffle des horizons, la graine et le grain, les récoltes et le vent pour ensemencer l'Amour dans nos veines. Et nous boirons aux torrents et y jetterons quelques vieilles chimères pour éclaircir ce ciel encore si atrocement sombre...

 

 

Nous nous envolions autrefois en déployant nos ailes au milieu des rêves. Nous étions ivres de cette volonté d'être ailleurs. A l'abri – au plus près du secret des arbres et des oiseaux. Au faîte de la plus haute branche. Soulevés par la puissance de nos bras tenus par une main à la poigne solide – Dieu peut-être – Dieu imaginions-nous – vivant au-dessus du monde et des forêts – au-dessus de tous les songes...

 

 

J'aime cette petite lucarne sous les toits où viennent se poser le ciel, le vent et quelques oiseaux de passage. Et cette main sur la page qui court vers son destin en attrapant un peu de silence. Et la quiétude des jours perchée au sommet de ce qui décourage toute ascension. Et cette âme légère et fragile qui caresse l'herbe et les pierres restées dans la nuit en contrebas. Et ce soleil au milieu du front qui fait battre le cœur qui pulse sa joie – son or – à travers les veines. Et cette force – cette puissance – au milieu du ventre qui encercle la volonté – la soumet à ses perspectives – et la livre à mille projets inconnus. Et ces pieds qui battent la mesure – et qui s'élancent sur toutes les pistes du monde pour danser avec les visages perdus au milieu de leurs rêves. Et cette larme – immense – qui coule sur la joue appuyée contre la vitre au-dessus des abîmes. Et cette hauteur depuis laquelle regarder le monde suffit à l'enchanter – et avec au-delà de l'espace, ce rire que n'entendront peut-être jamais les hommes...

 

 

Et ce cri qui monte de nos entrailles – et qui parcourt tous les lieux pour trouver le silence, pourquoi nul ne l'entend... L'aurions-nous jeté si loin qu'il ne pourrait nous revenir qu'en écho déformé par le chant des pierres qui égaye et célèbre la nuit...

Et pourquoi sommes-nous si tristes d'offrir à Dieu nos poèmes. N'est-ce pas lui qui écoute à travers les yeux encore ensommeillés des hommes...

 

 

Rien n'invite davantage au voyage que le silence. Et tout voyage est une joie – et une curiosité qui cherche sa réponse. Le silence est présent à chaque étape de la traversée – tout au long de ce long périple. Le silence est accroché à tous les destins. Au début du monde, au cœur de toute épreuve et à l'achèvement de la pensée – lorsque le désir se mue en retrait et que le retrait devient le lieu de l'effacement...

 

 

Assis au milieu des peurs et de la nuit alors que dans l'âme bat l'éternité. Assis au milieu des chants auprès des âmes ivres d'Absolu...

 

 

Une voix, un regard parfois nous dissuadent de rectifier l'erreur – et de l'effacer pour une perfection plus lisse – infiniment plus belle sans doute – mais si peu vraie – si peu vivante. Nos ratures et nos gribouillis ne sont le brouillon de l'éternel. Ils sont la vie parfaite qui se cherche dans nos figures inachevées...

 

 

Notre soif nous creuse d'heure en heure. Et la source sera, sans doute, atteinte avant la fin des siècles...

 

 

Au bord d'un rire – comme dans un rêve moins brumeux que le monde. Et cet hiver qui jouit de sa neige. Comment les hommes peuvent-ils donc (à ce point) abandonner leur vie aux visages et aux saisons – et à leur désir d'une autre rive – inaccessible par le songe...

 

 

Rien entre ces murs sinon la possibilité d'un éveil. Et quelques pas pour que cessent la nuit et le sommeil – pour que nous puissions enfin goûter l'aurore...

 

 

Les visages sont plus importants que le jour – et plus prometteurs que leur nuit. C'est notre manière d'être présent auprès d'eux qui donne au monde sa beauté – et aux âmes le goût du Vrai – et la possibilité de la lumière...

 

 

Et ces jours qui se déroutent pour une plus sage accalmie. Comme un temps songé qui soudain s'affaisse – en livrant aux yeux tremblants l'éternité d'un regard – ici même où tout nous rassemble...

 

 

Comment avons-nous fait pour dénicher ce lieu hors du temps – et venir jusqu'à lui... Qui donc nous a hissé sur ses épaules pour que l'âme, à présent, s'agenouille en prière devant ce que ni le hasard ni la volonté ne peuvent découvrir...

 

 

Nous semblions vivre mais nous n'étions (pleinement) vivants. Nous avions la tête collée aux rêves – et le rêve d'en découdre avec la vie et le monde. Nous étions impatients d'arriver – de franchir ces quatre murs et ce plafond de verre si épais pour nous retrouver ailleurs – nulle part peut-être mais qui, à nos yeux, valait davantage qu'ici où la main et la voix étaient si tremblantes – et où les pas étaient trop fébriles pour songer à l'attente – et convertir l'attente en silence – et le silence en sagesse...

 

 

Des âmes trop paresseuses encore pour se hisser jusqu'au jour. Calfeutrées entre le plus haut et le plus bas – bancales dans leur certitude et leur pas – s'imaginant emprunter le plus juste chemin pour rejoindre, là-bas sur l'horizon, l'herbe piétinée et la poussière soulevée par leurs aïeux. Plus tard, disent-elles. Plus tard... mais la mort les frappera bien avant que n'éclate leur rire – et bien avant qu'elles ne retrouvent leur centre où Dieu les attend sans impatience...

 

 

La pierre, nous dit le vent, vaut mieux que les visages. Elle connaît la marche heureuse qui frappe l'air avant le sol. Elle connaît le chant de la lumière et le silence des crépuscules. Elle connaît la vie secrète des arbres et la douceur de la neige. Elle a sur la main – et le cœur – le privilège des immobiles – et sous les paupières, deux ailes blanches qui la portent vers le silence. Dépourvue d'humeur, elle sait entendre le rire – et les pleurs – des enfants – et s'émeut du baiser des heures sur l'âme des hommes. Elle a fait carrière au milieu des champs et sur les routes qu'empruntèrent toutes les histoires du monde. Elle connaît les intempéries et la rondeur – et les caprices – du soleil. Elle connaît la malédiction des ombres et le goût de la terre. Et elle ne désespère jamais dans son attente. Elle sait qu'un jour les visages la rejoindront – et qu'ensemble, ils finiront dans la main des Dieux – ou jetés par-dessus le monde par quelques gamins malicieux. Mais elle s'en moque. Elle vit sans larme – et demeure insoucieuse des circonstances et de la mort. Elle nage au milieu des eaux qui jamais ne l'emporteront...

 

 

Une nuit fatale où les âmes aiguisent leur sommeil à la désespérance. Et un peu d'être au milieu du jour pour que rien ne se dissipe avant le réveil des âmes. Et émerveillé, à présent, par tous ces bruits et ces éclats – et ce grand silence qui recouvre tout. Et c'est, pourtant, au cœur de l'abîme et de la somnolence que nous avons grandi – au milieu des rêves et des épines – à mâcher sans fin et sans joie quelques feuilles d'orties sous l’œil blasé des hommes et le regard indifférent du monde...

 

 

Ah ! Mon Dieu ! La sagesse des bêtes ! Si elles pouvaient parler, nous serions éblouis par tant d'intelligence ! Mais pourquoi sommes-nous donc si aveugles, à travers leur silence, à leur courage, à leur beauté et à leur innocence – et à cette joie d'aller avec naturel et candeur au milieu de leurs instincts...

 

 

Partout, ici et ailleurs, le même destin remisé à plus tard lorsque les heures seront creuses – et le goût du monde moins vaillant – lorsque la mort sonnera (enfin) l'heure de la fin...

 

 

L'espace jusqu'au bout de la nuit resserre sa présence sur nos âmes distraites et éparpillées. Mais il n'investira le jour – notre éblouissante obscurité – qu'à l'heure de la mort – lorsque s’assécheront les dernières gouttes de sang et que l'âme prisonnière s'envolera au milieu des rêves pour rejoindre son destin...

 

 

Le temps écoulé comme un déversement insensé – un flot permanent – qui encombre l'âme et la mémoire – et qui noie notre vie dans le souvenir et le regret...

 

 

Avec la nuit s'enfanta la blessure. Et s'enflammèrent les rêves de guérison et de retrouvailles. Et depuis nous errons au milieu du feu et de cette douleur plus vieille que notre naissance en cherchant par la moindre fenêtre une consolation à la souffrance...

 

 

Fenêtre, nuages, rêves. Et cette cloche qui sonne les heures pour nous rappeler à la prière. Et nos gestes trop las pour quitter le labeur où nous avons plongé notre vie pour ne pas avoir à affronter le temps qui passe et la mort...

 

 

Enfant à naître dans la main de Dieu. Blotti encore contre le sein de la terre...

 

 

Contre la gorge parfois, cette voix essoufflée – rauque à force de se taire – d'étouffer la parole dans son silence. Et qui, soudain, jaillit pour enfanter le plus beau et le plus vrai de la traversée – le souvenir de la traversée peut-être – et dire au monde que le désir est la porte de l'ailleurs – et que les jours dessinent une force – une vitalité – née bien avant les premières naissances – et que l'âme est le lieu de sa plénitude. Et qu'il nous faudra marcher jusqu'aux rives de la solitude et du silence pour rejoindre le lieu où tout a été créé...

 

 

Nous attendons le jour, l’œil triste et collé contre la vitre. Et nous définissons la volonté comme la source des élans... Mais, en vérité, l'incertitude nous effraye davantage que la nuit...

Le recroquevillement, la frilosité et la peur seront toujours les pièges de l'âme les plus ardents...

 

 

Nous nous envolons parfois au-dessus des villes et des forêts pour examiner le monde d'un peu plus haut. Comme l'oiseau qui abandonne son destin aux forces du vent. Comme la main d'un enfant qui, sur sa feuille, dessine un ciel et un soleil qu'il n'a entrevus qu'en rêve...

 

 

Nous aimerions vivre au-dessus des visages – parcourir leurs lignes – nous insinuer au milieu des âmes – et tendre les bras vers des ailes qui nous porteraient plus loin pour dépasser les étoiles et les rêves des hommes. Mais nous vivons au milieu du monde sans connaître personne – sans même un regard sur ce qui nous anime – et sur ce qui en nous monte et descend – et qui, à travers nos yeux et nos gestes, dévisage les figures et défigure la terre – en piétinant notre désir d'être ailleurs – au-dessus des visages pour parcourir leurs lignes, nous insinuer au milieu des âmes et tendre les bras vers des ailes qui nous porteraient plus loin pour dépasser les étoiles et les rêves des hommes...

 

 

Vivre – et mourir – entre deux âges. Comme la possibilité d'une fenêtre – d'une caresse. Et une gifle cinglante au milieu de notre élan...

 

 

Défaits par ce que nous cachions – et nous découvrant plus simples – et plus innocents – que nous ne l'imaginions. Et heureux à présent de nous balancer entre le ciel et les ombres de la terre – à l'abri des détours et des échos qui résonnent au milieu des résistances du monde...

 

 

Que pourrait prescrire le silence à nos mains trop timides – et à notre âme encore trop apeurée par l'innocence et la liberté offertes...

 

 

Nous suivons le lit d'une rivière sans fin – qui ignore ses méandres et ses détours – et qui se moque de ses confluences et de ses deltas. Et nous nageons dans cette eau qui s'est déjà versée mille fois dans l'océan sans craindre ni l'évaporation, ni le ciel – ni l'assèchement des fleuves et des ruisseaux – sûre de rejoindre mille fois encore la source de tous ses départs...

 

 

Nous nous affairons à quelques riens aux lisières des ombres et du silence. Nous engrangeons les choses – et déshabillons les visages pour en extraire la substance qui, croyons-nous, étanchera notre soif. Nous imaginons vivre – et être vivants – plus vivants que les morts. Mais, en vérité, nous dormons du même sommeil – étreints peut-être simplement par des rêves un peu plus vifs...

 

 

Nous étions si jeunes autrefois – avec cette figure fière et ignorante (si ignorante) de ses déboires futurs. Et les années passèrent ainsi – bousculant nos maigres certitudes – et dévastant la carrière où s'empilaient nos espoirs. Et, à présent, ne demeurent que le silence – et cette nudité de l'âme aux prises avec les circonstances...

 

 

Semeur parfois de graines d'un plus grand que nous qui aura offert à notre main son or – son silence et sa joie. Et nous voilà, à présent, à parcourir le monde de notre page – livrant au gré des mots – au gré des vents – quelques semences aux visages inconnus qui, peut-être, aideront à faire fleurir un monde nouveau où les fleurs pousseront sur l'Amour – et où l'Amour n'aura d'yeux que pour les figures encore dépourvues de sagesse. Un monde où l'innocence guidera les mains et les âmes jusqu'aux frontières de leur vrai visage...

 

 

Il est un temps moins glorieux que les mythes mais qui donne à voir le plus Vrai des jours – aussi simple qu'une main qui caresse la chevelure d'un enfant – qu'un front qui se baisse pour recevoir le baiser d'une femme ou d'un Dieu toujours prompts à pardonner...

 

 

Tiraillés encore par la clameur et l'absence qui sévissent au cœur de ce monde où la brume enveloppe les âmes et les yeux en les berçant sournoisement contre le mur des promesses...

 

 

Enfant de la solitude et du mystère qui, en sautant sur les pierres, découvre les visages et, mal cachés derrière les sourires, leurs secrets. Allant entre les arbres au cœur des plus sombres forêts pour rendre heureuse – et possible – la marche. S'arrêtant au milieu de chaque clairière pour parler aux herbes et aux bêtes – et leur demander de le guider jusqu'au lieu de son enfantement – là où la joie, le mystère et la solitude sont nés du plus vibrant – et émouvant – silence...

 

 

Avec les premiers mots jaillit la parole. Et avec la parole, les hommes nommèrent cette fièvre de l'or – cette soif incompréhensible – antérieure à leur naissance. Et ils purent ainsi ouvrir la marche au milieu des arbres et chercher dans tous les recoins ce qui se cachait parmi les ombres et la brume. Très vite, ils invoquèrent le ciel, la terre, les rivières et le soleil – tous les Dieux possibles du monde – pour les aider dans leur ingrate besogne. Et progressivement, on les vit transformer leur demande en mythes et en prières.

Au cours de leur périple, ils comprirent que la solitude accompagnait leur marche – et dans cette compagnie, trop indigne à leurs yeux, leurs pas se précipitèrent. Ils prirent alors mille raccourcis – et décidèrent de bâtir leurs propres sources et leurs propres cathédrales pour satisfaire leurs exigences – et tenter d'apaiser cette fièvre et cette soif intarissable. Mais celles-ci grandissaient aussi vite – et aussi haut – que leurs rêves et leurs édifices. Et très peu comprirent que leurs Dieux et leurs sources alimentaient leurs désirs et leurs élans à mesure de leur faim sans parvenir à en percer l'origine.

Quelques-uns, cependant, comprirent la ruse et la supercherie. Et on les vit s'éloigner des bourgs et des cités – et fuir les foules excitées et grandissantes. Beaucoup se retranchèrent en quelque lieu désert – et entreprirent de plonger dans la parole – et d'évincer les mots et les visages – les idées et les images. Et cette fouille – âpre et douloureuse – exalta leur désespérance. Et bientôt tout devint noir devant leurs yeux – et leur âme devint trop malheureuse pour poursuivre sa quête.

Mais parmi eux, quelques esprits tenaces continuèrent leurs recherches – et découvrirent au milieu de l'abandon le secret de toute parole – le secret de toute fouille – le secret de toute vie – le secret de toute marche et de tout élan ; le silence d'avant le monde – le silence d'avant les hommes – bien plus judicieux et protecteur que toutes les tentatives pour percer le mystère – tous les mystères – qui firent naître – et habitent encore aujourd'hui – le cœur du monde et des hommes.

 

 

La nuit comme un écho – l'écho lointain peut-être – d'un jour plus ancien qui aurait laissé le vent affoler notre timidité – cette folle pudeur sous-jacente à tous les détours qui retarde l'envol et le rétrécissement du temps...

 

 

Une voix, un regard. Et ces empreintes minuscules sur le sable des jours. Quelques traces pour enchanter le silence et les visages...

 

 

Quelques mots – quelques phrases peut-être – une parole née dans la pénombre de la chambre. Un souffle arraché au temps pour offrir un répit à la soif du monde – et un peu de neige sur l'aveuglement des hommes – éblouis par un soleil trop lointain – inaccessible pour les visages qui guettent, dans une espérance insensée, une lumière – une clarté illusoire et mensongère...

 

 

L'herbe, le monde et le ciel au-dedans des visages secoués par tant d'ignorance...

 

 

Par-dessus notre blessure, une mémoire ouverte sur les plaies et le mal de vivre. Et par-dessus la mémoire, un temps blessé qui se meurt sans un mot – sans un cri. Et au fond de notre blessure – apparemment originelle – pousse une fleur étrange – et presque inconnue – qui perce parfois l'obscurité pour éblouir provisoirement l'âme et les visages...

 

 

Au-dedans d'un jour – d'une vie – offerts à l'espérance, le silence et le refus de toute appartenance – toujours trop restreinte pour vivre avec la beauté de l'âme encore enfermée entre la peur et l'envergure du monde...

 

 

Sur cette route qui oscille entre les fossés et l'horizon – nu au milieu des danses. Le pas allègre comme la course des blés caressés par les vents. Le cœur planté dans la sève des arbres. Et l'âme haut perchée au milieu des houppiers pour sentir la bise et l'haleine du monde. Emporté par la douceur de l'air qui vacille entre les pas. Bras levés et la tête au milieu du cou qui battent la mesure au rythme d'un soleil tantôt ascendant, tantôt déclinant. Au cœur d'une ronde éparpillée en mille visages qui la reprennent – et l'étendent là où l'âme s'enlise et parfois se morfond. Dans la main tenace d'un Dieu sans regret...

 

 

Une fenêtre, un coin de ciel bleu et un bout de terre proche de l'horizon. Et le cœur fragile – perdu, peut-être, dans une contemplation infinie – sans limite. Et une âme sans volonté au service de ce que lui jette la main des circonstances...

 

 

Forêts, montagnes et rivières puisent leur puissance – leur vitalité – à la même source que les visages. Et soulèvent le monde aussi haut que nos bras portent les pierres. Forces tendues vers la célébration de l'assise entre deux abîmes – entre deux énigmes – illusoirement matérialisé(e)s par la naissance et la mort. Dans l'immobilité d'un seul regard – qui jamais ne se lasse...

 

 

Et cet Amour au-delà du monde. Et cette joie au milieu de l'ignorance. Et ce sourire parmi les visages. Serions-nous ce que nous avions pressenti autrefois – ce que notre âme avait deviné derrière les larmes et la prétention...

 

 

Sous la lente lisière des heures, l'enfant attend l'aube – la neige d'autrefois lorsque la tristesse n'était que le reflet d'une joie tourmentée par la crainte des jours prochains – reléguant la petite ritournelle des malheurs au coin le plus sombre du miroir – presque invisible – et impuissante à entamer le sourire et l'innocence du visage – et cette clarté (cette haute flamme) au fond des yeux...

 

 

Le monde au-delà de toute illusion – et au-delà de toute désespérance – va, contraint par la puissance de ses désirs, vers son renouvellement – guettant le silence derrière chacune de ses aspirations...

 

 

Le silence parfois s'émousse devant la parole abstraite (trop pugnace pour s'éteindre) – et devant les bruits d'un monde trop ordinaire pour chercher son faîte enfoui encore au-dedans des visages derrière les masques et les grimaces...

 

 

Il est des vertiges où s'amoncellent aux côtés du silence les plus ardents désirs de le pénétrer...

 

 

Si peu de temps – si peu de jours – pour défaire l'ineffable des nœuds inutiles et des enchevêtrements où nous l'avons empêtré – et pour pénétrer sans gêne ni fracas au cœur de la nudité – et fréquenter cette innocence inexprimable par les visages et les siècles...

 

 

Et ces jours – et ces mille lueurs inexprimées au-dedans des visages – entrecoupés par cette nuit interminable – infranchissable...

 

 

Si l'aube pouvait tenir dans notre main, nous écarterions les doigts pour offrir au monde sa lumière. Nous franchirions le temps, la haine et le noir des abîmes. Et nous danserions avec la mort et les Dieux. Nous traverserions la pluie et les yeux des hommes. Et enfanterions la braise au milieu des larmes pour que la terre devienne plus grande que les rêves – et plus belle que la peur. Et nous verrions à la place du cœur une source claire et intarissable se déverser sur les visages – et inonder les chemins pour que nos foulées deviennent plus sensibles à l'Amour qu'aux promesses. Et nous verrions l'histoire ancienne – toutes les histoires anciennes – se rétracter au fond de notre gorge – et la lumière briller au fond de toutes les âmes...

 

 

Vies, aires et chemins pluvieux. Comme l'insistance d'une tristesse plus grande que nos jours – et plus vive que la possibilité de voir et d'aimer....

 

 

A travers la vieillesse, les courbes du soir. Ses lenteurs – et son immobilité presque – face au soleil déclinant. L'oreille attentive au plus infime soupir. Les heures lasses – fatiguées, elles aussi, par la poursuite effrénée des jours. Leur épuisement et la chute prochaine – inexorable. Comme une fin du monde – une apocalypse aux accents personnels. L'essoufflement et la mort qui s'approche. Le dernier pas interminable – et si exsangue pourtant – trop affaibli pour atteindre la rive promise – la rive rêvée – ajournant le sacre à un au-delà incertain...

 

 

Dans la pénombre d'un chemin, parmi les herbes et les branches, la lune pourpre et les lumières de l'aube, l'ombre s'égare dans la neige. Les maisons et les fenêtres se couvrent de givre. Le vent souffle et s'étire. Et voilà nos vies défaites – en suspens peut-être... Couvertures remontées jusqu'aux yeux à éponger le sang des blessures anciennes. Couteau à la main pour cisailler quelques rêves tenaces. Le blanc alors s'engouffre et fait siennes nos couleurs. Et sur la terrasse, on voit les yeux s'enfuir – et à leur suite, les visages – et au loin, les oiseaux suspendre leur chant. Et le printemps, à peine surpris, attend son heure au milieu de l'hiver dont les bras ont entouré notre solitude. La lune patiente. Et le soleil veille à notre repos. Tout est en ordre... Le monde et les circonstances puisent leurs dernières forces dans les battements réguliers de notre cœur. La mort viendra peut-être avant le début du jour. Mais nous sommes prêts à rejoindre la terre – et à accompagner nos derniers pas sous la lumière de notre visage – la seule figure restante dans cette lente procession – avec le silence, tout guilleret, au fond de notre âme promise (enfin) à son destin...

 

 

Nous restera l'odeur de ce sang séché déjà depuis mille ans. Et la fureur de ces combats perdus depuis des siècles. Et ce sourire, bien sûr, jamais épuisé par les circonstances...

 

 

Gitane parfois aux yeux de braise, cette âme plus belle que la mort, plus vive que le vent et moins désespérée que nos larmes. Conquise déjà par les infortunes du monde et du temps. Docile à la main qui la porte et la hisse vers ses propres hauteurs. Fidèle aux élans qui la transportent sur les eaux d'un Dieu moins soucieux des dérives et des naufrages que du souffle nécessaire pour rejoindre ses rivages...

 

 

Toujours plus prêt d'une figure que nous ne connaissons qu'en rêve... et qui souffle sur nos vies l'oubli, la perte des refuges et des repères et l'effacement de notre propre visage...

 

 

Silhouette aux aguets – à l'affût de cette flamboyante consumation pour vaincre la menace, le désir et la mémoire, l'exigence d'une terre, l'appétence pour les boucles funestes et notre goût pour les consolations infinies...

Et ce rose, à présent, sur cette soif presque éteinte. Et ces souvenirs qui galopent derrière les paupières. Et ce chagrin – autrefois si inconsolable – amoindri par le passage. Et la joie sans exigence comme remède à tous les départs...

 

 

Des rêves, des chants et la certitude de l'ombre. Et cette neige plus belle – et plus incertaine – que le soleil et sa course inlassable entre les horizons. Et cette nuit où nous sommes – plongés en son cœur presque malgré nous. Comme le pays d'une enfance qui dure plus que de raison. Et ces étoiles par millions – par milliards – au nombre sans doute incalculable. Et ce sable partout où nos pieds s'enlisent et sur lequel glissent tous les rêves avant de s'y enfouir. Et cette grâce pourtant – née peut-être – née sans doute – des origines qui trace sa route sur nos visages – de la plus insensible absence au plus énigmatique sourire....

 

 

L'histoire du monde. Et l'histoire d'un homme. La même figure, différente pourtant selon les heures et la tournure des circonstances. Et cette verticale sur le temps – à chaque instant. Et ce silence qui perce nos voiles tendues par la puissance des désirs. Et ce goût pour le simple au milieu des enchevêtrements. Et cette joie inébranlable parmi les malheurs. Et ces réponses mille fois offertes que nous avons recouvertes dans notre aveuglement. Et ce rire au centre de toutes les questions. Comment pourrions-nous donc nous exclure de cette belle et grande figure que nous reflètent tous les miroirs...

 

 

Nos visages en contrebas du monde. Gisant avec le sang dans l'eau des rivières. S'écoulant – et s'épuisant – au fil du temps. S'accrochant pourtant à toutes les branches – et à toutes les dérives – dans la croyance (et l'espoir un peu vain) de faire émerger de leurs efforts et de leurs élans une issue, même provisoire, à la chute – une (improbable) échappatoire dans cette implacable précipitation vers la mort...

 

 

Cet or au bout des doigts. Et cette joie au-dedans de l'âme que caressent tous les présages. Comme un chemin parallèle à nos aventures. L'immuable au cœur des circonstances. L'issue à tous les pièges et à toutes les faims...

 

 

Et ce réel façonné par le rêve. Comme un purgatoire oublieux du silence qui, en forçant les portes, transforme le paradis en enfer. Et l'évidence en vertige incompréhensible et infranchissable. Et la joie – et la légèreté – en désir d'appropriation. Ne subsiste alors que l'Amour qui s'offre, au cœur de tous les préambules, à tous – autant à ceux qui cheminent qu'à ceux qui s'abandonnent à leur sommeil... Comme une offrande à lui-même – et une (élégante) façon de patienter avant les retrouvailles – avant que ne se rassemblent toutes les incomplétudes...

 

 

Un silence gorgé de lumière. Et quelques mots, loin de toute objurgation, pour rappeler aux bêtes et aux hommes – aux poètes et aux sages – leur nécessaire présence parmi les voix trop bruyantes et trop insensibles qui clament en ce monde leur refus – et leur résistance à ce qui ne peut être ni saisi ni instrumentalisé. Comme une bouche acquiesçante – accueillant l'harmonie comme le chaos. La seule manière de vivre avec justesse au milieu des cris et des mensonges – et d'aimer d'une égale façon la poussière, les chimères et la vérité...

 

 

Une ombre parfois s'approche – menaçante malgré ses mains vides et son air de ne plus y croire. Elle s'avance à petits pas pour plonger dans nos rêves et nos souliers. Et nous la laissons faire, curieux de voir où elle nous mènera – si la couleur des lacs, des routes, des montagnes et des forêts sera corrompue par ses dogmes et ses églises – curieux de voir son inquiétude devant son impuissance à investir et à contrôler notre âme. Et nous l'accueillons, bien sûr, à bras ouverts – et la recevons le cœur léger dans cet espace où le monde se reflète dans la beauté du miroir – au milieu d'un soleil qui transforme tous les visages et les paysages en Amour...

 

 

Un vent, la terre, des Dieux. Et quelques visages inattentifs – trop sensibles encore aux instincts et aux appétits pour se blottir au cœur du silence – au cœur de cet Amour qui pardonne l'ignorance, la ruse et la maladresse...

 

 

Une cloche sonne à chaque instant. L'appel du silence – la permanente invitation de l'émerveillement – au milieu de la grisaille et de la routine. Au cœur de ces viles habitudes qui rassurent et emprisonnent...

 

 

Au centre de l'âme – au centre du monde – toujours résonne le plus haut silence. Cet Amour blotti contre lui-même à force d'indifférence...

 

 

La chute offre le jour – cette nudité – cette innocence face aux visages et aux circonstances. Cet Amour sans église comme une évidence que ni le doute ni la raison ne peuvent corrompre ou anéantir...

 

 

On s'égare parfois dans l'imitation des plus sages. Pour se prémunir de tout mensonge, on devrait (plutôt) vivre au milieu des tombes et du désert. Être comme le premier homme. Et se fier à l'intelligence qui trace sa route parmi nos négligences. Nous n'en serions que plus vivants – et plus aptes à franchir les premières frontières de la réclusion pour emboîter le pas aux balbutiements de la lumière qui en nous cherche son destin...

 

 

La nuit a la couleur du jour – corrompue par la prégnance de notre visage – cette absence aux yeux étroits – et trop penchés sur ce que nous croyons être la seule réalité tangible et appréciable...

 

 

Dans les yeux des hommes, cette lumière – et ce grand voile qui obscurcit tout ce qu'ils effleurent et tentent de percer : le monde, la vie, la mort, le destin, les visages – et qui donne aux circonstances un air d'épreuve et de tristesse. Et, pourtant, derrière la peur et la méfiance – derrière l'ignorance, les encombrements et la pesanteur – le silence et l'Amour demeurent intacts – et à proximité – mais introuvables encore tant que les tentatives se détourneront de la seule issue possible ; le déchirement...

 

 

Rien de plus qu'un nouveau jour. Un chemin à l'heure précise. Quelques pas et quelques lignes offertes à l'infortune des hommes pour s'extraire du rêve et faire surgir un regard – et dans ce regard, la beauté qui, sans doute, manquait au monde...

 

 

Au dehors, quelques signes. Quelques traces indéchiffrables par la pensée. L'empreinte du courage des anciens. Leurs tentatives aujourd'hui transformées en ruines et en poussière. Leurs mille élans maladroits vers la lumière. Et les dés du hasard lancés contre la pluie qui ont roulé en contrebas du monde – et qui gisent à présent inertes et inutiles...

 

 

Et cette averse du fond des âges encore perceptible aujourd'hui. Quelques gouttes qui cinglent toujours l'âme et les visages à travers les efforts pour échapper aux orages des siècles et à la pluie des origines...

 

 

Un peu de sommeil dans le rêve. Et cette danse étrange au-dessus des terres familières. Sur cette herbe rase – anéantie par les pas – tous les pas – qui se hâtent vers les horizons. Comme un piège enserrant ses proies, hilares pourtant et si insouciantes au milieu du cortège...

 

 

Une clé, un ailleurs. Un tour – un simple tour – autour de soi-même. Autour de ce trésor encerclé – et défiguré – par le désir...

 

 

De l'autre côté toujours, croit-on, se tiennent la joie et le mystère de notre enfantement. Et nous vivons et cheminons ainsi en réduisant le silence à un ennemi féroce – coriace et incorruptible – tant il se présente à nous avant l'heure de la compréhension...

Et nous parcourons les villes, le monde, l'esprit, la beauté et l'étroitesse des figures à la recherche de cette part que nous imaginons manquante. Comme des fantômes inaptes à creuser leur propre visage...

Et notre vie durant, nous tremblons devant la précarité des corps et des destins – et la fragilité des syllabes que dessine notre voix suppliante. Comme si demain – comme si la fouille – étaient suffisants pour continuer la marche...

 

 

Nous revenons encore – nous revenons toujours – au cœur de ce qui ne nous appartient plus – de ce qui, en vérité, ne nous a jamais appartenu. En ce point de rupture où la vie et la mort s'entrecroisent et se confondent. En cette heure où le temps se désagrège et s'efface. Au milieu du monde. Au centre de toutes les solitudes – avec cet espoir de revenir encore pour dénicher la clé – n'importe laquelle pourvu qu'elle ouvre cette porte fermée depuis des siècles – fermée peut-être depuis toujours – et contre laquelle se cognent nos pas et nos poings serrés et tremblants...

Vient pourtant un jour où le retour devient impossible. Où l'âme, prise entre l'écorce du monde et le manche de la cognée, disparaît – sans trace. Et avec elle, la peur du piège et la crainte de l'étau. Nous devenons alors cet ailleurs tant rêvé – et cet ici si fructueux et indiscutable. A notre place. A l'exacte place de notre destin. Là où l'espoir et la désespérance perdent leur force et disparaissent. Là où la joie et l'instant remplacent le rêve et le désir. Arrivés en quelque sorte au lieu où le revenir devient ce qui demeure...

 

 

Blessures et défaites dans cet aveu des choses qui nous entourent. Dans cette attente des êtres et de cette âme portée au voyage. Paupières et volets clos. Cœur arc-bouté sur ses défenses. Au milieu de la peur. Et soudain, tout vole en éclats ; le monde, la vie et le silence. Et ne subsistent que cette joie au fond du regard – et quelques mots pour inviter les visages à nous rejoindre. Et notre pas ferme sur le chemin – escorté par sa propre délivrance...

 

 

Pierres encore tantôt lisses, tantôt rugueuses sur ce long chemin blanc que l'on balise avec maladresse de mille mots inutiles...

 

 

Le silence et la solitude – belle et joyeuse – partout. Au milieu de nulle part. Au cœur du monde. Et jusque dans les âmes les moins dévouées...

Ensemble nous avons gravi mille montagnes – avons traversé mille forêts – avons foulé la vie, le monde et la mort de nos pas tantôt hardis, tantôt hésitants. Et nous n'avons rien appris que nous ne savions déjà ; le règne du silence et la célébration de la solitude aux mille visages tantôt éparpillés, tantôt réunis. Cette évidence d'être nous-mêmes – ensemble et séparés – au milieu des tombes et de la lumière. Et en écho, quelques gestes pour rompre l'inattention et offrir l'Amour à tous ceux qui, à travers leurs foulées, ont toujours témoigné de son absence...

 

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13 février 2018

Carnet n°137 Nous autres, hier et aujourd'hui

– Dans le passage qui s'éternise –

Récit / 2018 / L'intégration à la présence

Tout se quitte déjà avant de nous abandonner. Instants, visages, tendresse, amours, malheurs. Envolés. Comme un peu de sable dans notre désert – et quelques grains laissés par le vent dans nos souliers... 

Rien que pour nous, cette vie radieuse – dévoilée dans notre malheur. Retenant son poids pour se hisser sur nos épaules entre quelques rêves anciens et les heures infranchissables. Effaçant le temps et la certitude. Et les yeux pétillants – presque étincelants – ornés du plus grand silence. Comme un adieu au monde. Et cette brûlure sur l'âme pour la rendre plus vive et plus vivante. Ce pourquoi, en définitive, nous aurons vécu...

 

 

Souvenir d'un temps oublié où l'âme était l'axe du monde – où les poètes et les prophètes détenaient la parole – où la lumière régnait parmi les ombres – et où les fils de l'homme étaient dignes de leur père...

 

 

Nous nous sommes heurtés à tant de siècles – et à tant d'ignominie – que le silence partout s'est effacé – dans les âmes et dans les livres. Ne restent plus que l'absence et ce fol élan vers l'horizon...

 

 

Nous sommes nés des lèvres du désir. De cette parole enfantée par la volonté des Dieux. De cette matrice, à présent, recouverte de neige et de secrets...

 

 

Peut-être n'aurons-nous su dire que ce qui nous aura traversé... Jamais le regard. Et moins encore le silence...

 

 

Nous titubons sous les caresses – ce mince partage des vivants dont les mains n'effleurent que le désir. Gorge et âme repliées au-dedans – sournoisement tapies derrière l'avidité du geste...

 

 

La lumière rose déjà en deçà de la mort. Perçant tous les orifices comme si nos doigts errants – malhabiles – pouvaient toucher le jour – rompre la glace et les miroirs – et cette nuit aussi épaisse que le sang qui sèche, peu à peu, dans nos veines...

 

 

Nous écrivons à tous ces passants à l'âme perdue – égarée – trempée par les eaux de l'indifférence et de la peur...

 

 

Le pas triomphant au milieu du sang et du temps célébrés. Avec cette voix perchée au fond de la nuit qui cisaille les âmes de passage. Et cette bouche qui ensorcelle la mort et invite les paumes – et les cœurs – à s'ouvrir pour que le séjour devienne plus intense – et plus flamboyant – comme un chant – un hymne peut-être – nécessaire à la blancheur du partage...

 

 

Entre l'humus et le ciel, cette étrange échelle – démesurée – dont les barreaux (chaque barreau) invite(nt) au voyage – et dont l'envergure impressionne tant les âmes qu'elles ignorent s'il leur faut monter ou descendre – grimper ou se jeter dans le vide...

Et cette brume blanche qu'il nous faut traverser au milieu des peurs et des fantômes – et qui voile le haut et le bas – les cimes et les sous-sols. Comment aurions-nous pu deviner qu'il nous faudrait décrocher le ciel de ses hauteurs et lui faire retrouver la terre la plus humble – la plus abandonnée – et que de ce mariage, presque insensé, pourraient naître quelques fleurs et quelques visages secourables – et mille chants – et mille prières – pour transformer l'espoir et la désespérance en confiance – et la confiance en évidence – et l'évidence en silence...

Comme le franchissement ultime – et l'effacement de tout rêve – de toute montée. La dernière dégringolade, sans doute, joyeuse – et presque miraculeuse – avant que notre visage puisse rejoindre l'infini au-dedans du monde – et à l'écart du temps et des tentatives...

 

 

Malgré l'aurore – et sa lumière – nous sommes encore livrés au destin des pas – à cette incertitude cohérente (presque mécanique) qui fait que notre vie – et toute vie – ne ressemblent à aucune autre – et qu'elles doivent suivre leurs lignes singulières, explorer certains horizons, rencontrer certains visages et emprunter leurs propres chemins de découverte...

 

 

La terre, une fenêtre, du sable. L'oubli et le silence. L'effacement vers l'invisible – l'insaisissable. Comme un envol entre le plus proche et le lointain...

 

 

Comme une vibration à ce qui brûle en silence. Une chair, de l'humus, une parole. Un éblouissement de l'âme. Comme une fièvre – un feu – sous la neige...

 

 

Nous jouons – continuons à jouer – comme si la mort et le hasard n'avaient aucune importance. Comme s'il nous importait peu que chaque nouveau visage reflète le miroir précédent...

Monter, descendre, chanter – vivre et avancer encore... Ah ! Cette ivresse du destin plongé dans l'ignorance et le malheur...

 

 

Le monde en cris – en pleurs – en larmes. La mort et l'Amour battu par les vents. Et nos mouchoirs épongeant le sang des poitrines. Et quelques mots pour dire, malgré tout, la beauté du soir au jour dernier...

 

 

Archipels, collines, sentiers. Cette topographie du monde avec ses carrefours, ses avenues et ses chemins que l'on ne fréquente plus guère...

Ruines encore, plantées comme les arbres, à intervalles réguliers. Pathétiquement uniformes. Et ces foulées au milieu de la désolation – heureuses de tout – du vent, des larmes et des gémissements. Gravées dans la pierre. Trempées par la pluie. Joyeuses, en somme, malgré les déconvenues...

 

 

Ici, comme ailleurs, tout s'en va – se défait, se disjoint et s'efface. Et ici, comme ailleurs, tout revient. Se redresse, s'invite, s'insinue – et recommence...

 

 

Et voilà que nous approchons des mains lumineuses – éminemment fantasques sur le tragique des jours. Paumes ouvertes largement – doigts simples – éparpillés comme une rose blanche aux pétales tournés vers je ne sais quoi – un parfum lointain de la nuit peut-être – une folie versée dans la prière avec un petit quelque chose d'inquiétant...

 

 

Effarouché par la forme secrète des choses. Et le secret enfoui dans les visages. Comme un livre couvert de signes mystérieux – indéchiffrables – le monde – l'énigme du monde – insoucieux des inquiétudes de l'âme qui cherche à réunir la parole et le chant...

 

 

L’œil solitaire, revenu d'exil, veille à présent – découvre le monde – sourit à la foule – et contemple ce qui l’effrayait tant autrefois...

 

 

D'abîme en abîme, la splendeur du noir se dévoile. Bouche d'abord grimaçante qui, peu à peu, esquisse un sourire aussi large que le ciel – aussi large que nos rêves anciens. Et se terre – puis s'efface – l'angoisse du temps. Tout disparaît dans le silence ; visages, malheurs, beauté alors que le jour se lève et que le monde apparaît à la fenêtre...

 

 

En un éclair, le foudroiement. Le temps pulvérisé. La chair en cendres. Et le silence qui s'étire. L'oubli. L'instant perpétuel. La dilatation du corps et du souffle. L'intensité du jour. L'éternité qui s'accomplit...

 

 

Des eaux encore troublent le sommeil. Comme de la boue sur un miroir. Des mots et quelques rires dans le silence. Un totem dressé sur nos latitudes. Comme une griffe – un œil – une indifférence – qui lacère le poème...

Et un sourire nous revient. Celui de l'oiseau devant la face des Dieux – messagère autrefois des plus beaux présages...

 

 

Nous évoquions, t'en souviens-tu, la confiance et la malice dans nos regards tournés vers le monde – et chavirés, parfois, par les siècles. Et ce goût pour le silence dans nos étreintes. Et cette joie du partage que frôlaient nos rêves communs. Et cette écriture penchée sur la table parmi les livres. Et nos lèvres appliquées à l'Amour qui souriaient devant tant de solitude...

La terre alors n'était qu'un mythe dont nous dévorions les tranches et distribuions les miettes de nos mains jointes en prière. Et ce bleu, à présent, comme une trace laissée par notre ultime désir de vivre – ensemble – l'éternité...

Nous regardions, t'en souviens-tu, le blanc des arabesques, entendions des voix, jouions avec le vent et les souvenirs, bercions cette tendresse innée au milieu des jours, brisions nos vies contre l'immonde et l'incertitude – et dispersions nos larmes sur l'indifférence des pierres...

Nous étions si vivants – si fragiles – et si curieux face à tout ce qui nous échappait. Et Dieu sait que notre volonté était grande – immense – incommensurable presque – de défier le temps et la mort, d'exalter le passage furtif des saisons pour vivre un Amour – et un printemps – éternels... Et, à présent, nous voilà rassemblés pour quelques instants – pour quelques heures peut-être – sur cette page que nous aurons écrite ensemble – main dans la main – âme au plus proche de ce qui, autrefois, nous avait échappé. Comme un parfum de fête dans tout ce que nous aurons réussi à briser. Une joie dans la course – un soleil sur le monde. Et le silence au fond de nos âmes brisées par tant de solitude – posant, à présent, notre main sur tous les franchissements sans recourir à la nécessité des choses. Comme le présage d'une empreinte à venir – le sillage fragile de nos années – le souffle de l'infini sur nos horizons si dérisoires. Au plus près de la source et de la lumière...

 

 

N'imaginons rien qu'un voyage encombrant. Une maison à portée d'ailes. Quelques rêves. Quelques étoiles. Quelques rires et des pleines charrettes de malheurs. Et l'éternité quelque part qui veille entre la lune et le silence...

 

 

Nous aimerions encore laver les jours avec les eaux des promesses. Quitter ces rives éteintes – presque mortes – pour une région de cocagne. Et nous voilà, tout haletant, sur les chemins – allant plein d'espoir vers quelque terre lointaine. Soulevant les pierres et dévisageant la figure des inconnus – assemblant quelques planches pour nous construire un abri – déclarant notre flamme au premier visage rencontré – au premier rêve d'amour. Et nous voilà bientôt tout engoncés – pris au piège de notre propre songe – séparés de la mort par quelques souffles avec cet espoir qui chante encore dans l'âme... Incorrigibles que nous sommes...

 

 

Nous chantions autrefois accoudés à la balustrade des jours. Perdus dans quelques rêves. Assemblant quelques mots pour dire notre bonheur d'être ensemble. Nous prenions le temps d'aiguiser notre parole au silence. Ravis pourtant de cette solitude – et de ces fleurs sans volonté qui poussaient sans effort autour de la maison. Nous étions jeunes et pétris de désirs. La mort ne s'était encore invitée à notre table. Nous avions repoussé, d'un geste trop brusque, la possibilité de la souffrance pour chercher partout la moitié de notre visage – imaginant que nous pourrions la trouver parmi toutes ces âmes – guidés par l'instinct qui nous dictait la marche et le hasard des rencontres. Nous ne savions voir dans ce destin la nécessité du monde et la poursuite de cette fouille insensée pour se retrouver...

Nous avons menti mille fois pour sauver les apparences – et exposer la pertinence de notre profil. Nous avons embrassé tous les soleils – la lune et toutes les étoiles – pour continuer à croire. Nous avons amassé l'or et engrangé la lie pour séduire encore. Et nous nous sommes parés de paillettes et de sourires – et avons fui la poussière et le fumier en éparpillant la récolte de l'innocence...

Des années – des siècles – sont passés. Et, à présent, nous nous tenons à genoux, et en silence, sur la jetée qui fait face à la nuit. Et les larmes coulent – et les mains s’abandonnent à la prière. Le monde – cette marche – nous auront appris l'humilité et la gratitude. L'insignifiance de nos désirs – et la pépite qu'ils cherchaient avec trop de fougue ; ce regard immobile – gigantesque – posé au-dessus de nos yeux et de nos chants – accoudé(s) à toutes les balustrades du jour...

 

 

Et ce carré blanc au-dessus de la page. Comme un silence en surplomb des mots – en surplomb du monde – avec quelques étoiles lointaines pour nous dire l'impossible achèvement de l'espérance...

 

 

Plaquées contre le soleil, l'âme et la poussière. Et ce désir de lumière au milieu du cœur – au milieu des rêves – parmi toutes ces têtes nageant – surnageant – dans leur bourbier...

 

 

Nous cherchions l'extase et l'intensité de l'envol. Mais nous étions incapables encore d'abandonner notre vie aux arêtes trop vives des chemins. De confier notre âme aux noirceurs des étangs. De sombrer dans tous ces marécages où s'achèvent les plongeons – toutes nos vaines tentatives d'apesanteur...

 

 

L'âge n'est rien. Qu'un peu de temps sur le visage. Le sceau des heures et des siècles sur la peau. Quelques sillons et quelques frémissements sur l'âme. Un peu de vent et quelques secousses avant la mort.

Il faut être plus lisse – et plus acharné – que les années pour s'en remettre à l’innocence – pour s'abandonner à cette éternité présente au cœur de tous les âges...

 

 

Au milieu de tout ce qui s'en va, nous demeurons – immobiles et sages. Parmi les fleurs, les arbres et les visages. Avec, au loin, ce soleil qui n'aura réussi à réchauffer les âmes...

 

 

Rien jamais ne pourra finir. Ni la mémoire, ni les signes du temps. Pas même l'espoir, ni le passage – toujours furtif – des ombres. Ce grand manège qui nous fait tournoyer...

Mais nous resterons fidèles à ce qui s'approche, la paume légèrement ouverte à ce qui s'insinue sans bruit. Comme assignés par le silence à demeurer présents quoi qu'il arrive...

 

 

L'automne parfois persiste en coulisse. Entre le lointain et le plus proche – assis-là parmi nous sans rien voir de son rôle obscur – et sans même le désir d'un poème. Et nous demeurons étonnés – et presque abasourdis de cet accueil – avec ces traits tirés dans le miroir – prêts peut-être pour l'heure du grand départ...

 

 

Les choses et les noms comme un miroir. Comme une rive unique contre laquelle coule l'espérance – cette envie de savoir ce qu'ils portent – et ce qu'ils contiennent. Et toutes les voix et le silence... Et nos mains fragiles – courageuses – qui tiennent leur pelle – et leur flambeau – pour tenter d'ouvrir un passage impossible. Et pourtant que l'horizon semble réel entre le ciel et les yeux au-dedans de cette chambre où l'âme est encore enfermée...

 

 

Nous rêvons de beauté. Comme une vérité pour soi-même. Comme une évidence à la portée d'un enfant. Et nous nous dressons, la fierté dans l'âme, face au ciel en lui offrant notre courage – et la lie de nos années – nos mensonges et nos prières – sans rien comprendre de sa beauté et de son silence...

 

 

Tant de lumière entre les mains qui pourtant saisissent toutes les grappes du monde – et frappent jusqu'au sang pour que se réalisent leurs rêves. Terre portée distraitement vers un sable éminemment pardonnable...

 

 

Une malice nous surprend parfois au réveil. Et nous imaginons notre vie comme un chant – comme un soleil – alors que mille heures grises – et autant de soupirs – nous attendent... Comme un peu de bruit – un fourmillement de l'âme – une effervescence – dans le silence. Comme un oiseau sur sa branche retenu par la faim – un chagrin aussi vaste que le ciel – quelques pas dans le doute et la discorde – un interstice dans la clarté sereine du soir en attendant la nuit, la fin du rêve et l'aube prochaine...

 

 

Tout se quitte déjà avant de nous abandonner. Instants, visages, tendresse, amours, malheurs. Envolés. Comme un peu de sable dans notre désert – et quelques grains laissés par le vent dans nos souliers...

 

 

Rien que pour nous, cette vie radieuse – dévoilée dans notre malheur. Retenant son poids pour se hisser sur nos épaules entre quelques rêves anciens et les heures infranchissables. Effaçant le temps et la certitude. Et les yeux pétillants – presque étincelants – ornés du plus grand silence. Comme un adieu au monde. Et cette brûlure sur l'âme pour la rendre plus vive et plus vivante. Ce pourquoi, en définitive, nous aurons vécu...

 

 

Pour le monde et les visages, la porte est – et sera – toujours entrouverte. Mais l'effort de la pousser suffit parfois à décourager les plus hésitants...

 

 

Il faudrait dire – et chanter même – au printemps et à l'hiver leur victoire. Et embrasser les âmes à pleine bouche pour les prémunir contre leur crainte des saisons...

Nous n'appartenons ni au monde ni aux siècles. Nous ne sommes pas ces petits riens que l'on jette dans les fossés de l'histoire. Nous sommes cette lumière oubliée – inchangée – qui veille depuis toujours derrière la peur et l'espoir...

 

 

Un lointain chagrin ravive parfois notre foi en l'homme. Nous fait croire encore à la possibilité du monde. Le signe de l'être, peut-être, sur le possible – l'envisageable...

Nous aurons encore mille tentatives pour comprendre ce qui demeure lorsque l'oubli aura jeté en contrebas des heures ce à quoi nous aurons cru – ce que nous aurons tenu en si haute estime – ce à quoi nous aurons accordé tant de valeur...

Rien, pourtant, ne changera – mais tout sera transformé. La gratitude se substituera aux plaintes et à l'espoir. Le monde ira encore de son pas lent, féroce et incertain mais le regard saura accueillir son impatience et sa maladresse...

 

 

Algues, galets, océan. Vie et mort sous quelques étoiles – éclairées par la lune et son reflet sur la vaste étendue. Et ce sable que les mains creusent – et entassent – aveuglément. Et ce soleil – ce grand soleil – enfoui quelque part – et ignoré encore...

 

 

Nous avons empoigné la vie d'une main rude et sauvage. L'avons façonnée au milieu de nos rêves. Lui avons donné notre couleur. L'avons humiliée et emprisonnée de mille manières. Nous avons agi comme de grands fauves au cœur brut et solitaire – trop instinctifs sans doute pour sauver les proies de notre faim – et abandonner le monde à sa liberté et à sa candeur...

Nous pourchassions quelques rêves... Comment aurions-nous pu voir la fragilité – et la détresse – des oiseaux et des grandes créatures pacifiques couchées sur le flanc – prêtant leurs mamelles au destin du monde. Nous ne vîmes que la chair et cette soif de sang... Nous aurons sans doute manqué l'essentiel – le regard, l'Amour et l'innocence...

Et le monde, à présent, est trop rouge – et trop noir – pour pardonner notre ignorance. A moins peut-être de nous agenouiller devant lui – de lui offrir ce dont nous l'avons privé depuis sa naissance – et de maintenir cet accueil pendant des siècles avec la gratitude permanente d'un regard humble et caressant. En devenant moins insensibles que les pierres, peut-être pourrons-nous rejoindre sa fragilité, sa grâce et ses merveilles – et nous unir si intensément à lui – pour être enfin capables de nous faire le bras modeste de sa frugale (et fructueuse) prodigalité...

 

 

Entre la terre et le soleil, cet œil inquiet scrutant la frontière entre le ciel et les paysages – cet horizon – comme une ligne blanche tracée par le hasard des naissances. Et debout, appuyé contre nous, le silence qui guette notre faiblesse – la fin de la folie et des privilèges...

 

 

Nous ne punissons ni les ravages ni la sauvagerie des hommes. Nous avons emboîté leur pas pour remonter là où tout a commencé. Et nous découvrons, parmi les hautes herbes de cette originelle prairie, la faim et la peur exilées de leur Amour – un froid si vif et le tournis de la tête – et le bégaiement du cœur au milieu de tous les rêves...

 

 

Nous n'aurons pas chanté – ni dit de mensonges. Nous aurons fui comme l'eau qui court sur les toits, dans les fossés des chemins et le lit des rivières. Nous aurons vécu – prié peut-être – en mendiant un Amour impossible. Nous aurons fait nôtres le sable des allées, les pierres dressées et le sang de cette chair partagée. Nous aurons bu – et ri un peu – avec des visages au milieu d'une nuit sans fin – au milieu d'une nuit sans appel. Nous aurons effeuillé les jours aussi tristes que les cimetières, la mort, les églises et la figure des curés – rouge à force de sermons et de mensonges. Nous aurons mangé dans la main du diable – et nous nous serons suspendus à ses fourches secrètes. Nous aurons fait ce que font tous les hommes. Nous nous serons terrés dans l'espérance en attendant que Dieu fasse les premiers pas...

 

 

Nous avons souri à la face des sages sans comprendre nos désordres. Nous avons bu leurs paroles, assis aux portes de l'infranchissable en nous moquant de ceux dont les paupières étaient closes – et dont la cécité se dédoublait dans le miroir. Mais nos gestes étaient encore lourds de sommeil...

 

 

Autrefois, nous nous agenouillions auprès de nos tourments. Accrochions à nos élans cet espoir canaille que les vents repoussaient vers notre visage. Nous écrivions des poèmes assis au milieu de la nuit comme de petits cailloux – des voix mortes – lancés aux contrebandiers qui s'affairaient à leurs désirs. Mais sans doute étions-nous seulement en train de rêver...

 

 

Nous étions assis sur une étoile lointaine – et regardions le monde en pensée. Nous imaginions les rires et les cercueils. Nous imaginions les danses et les larmes. Mais nous étions morts, en vérité, depuis bien longtemps...

Désormais notre voix – et notre vie – sont notre regard. Nous ne dormons plus auprès des mains et des corps qui nous réchauffaient en nous consolant de la solitude. Nous avons traversé ce néant au milieu de la lumière. Et nous veillons, à présent, sur la poussière et tous les soleils ensevelis sous le silence. Aujourd'hui, nous sommes ivres de vide – au-dessus des malheurs. Et notre encre se fait plus simple pour éveiller les dormeurs – et les conduire là où ils mourront – sur cette page à la langue enfantine – loin du hasard et de la beauté espérée. Et sur eux, nos gestes ont la tendresse des baisers d'autrefois. Et nous pouvons, à présent, nous recueillir auprès de leurs peurs – et embrasser leurs lèvres inconnues au goût âcre et étranger, sans l'ancienne nostalgie du noir. Nous sommes à leurs côtés aujourd'hui – plus libres et moins fiers que de notre vivant. Partis et revenus avec cet Amour en bandoulière – avec cette éternité dans le sang...

 

 

La présence, le souffle et la sensibilité, voilà seulement ce dont nous disposons en cette vie... Et, plus tard, lorsque la sensibilité sera parfaite (à son comble), le corps ne sera plus nécessaire*...

* La sensibilité nerveuse et psychique est, sans doute, l'une des plus grossières. Mais, sans elle, notre immaturité enfanterait mille délires et mille monstruosités plus atroces encore que ceux que nous commettons dans la restriction (et l'inhibition) de la douleur et de la peine...

 

  

Nous n'avons que notre pas et notre visage tournés vers le silence. Et le regard – cette lumière – sur nos gestes et le monde. Et la vibrante réalité de l'âme – tantôt vivante, tantôt perdue – au milieu des choses...

 

 

Une vie profondément solitaire – presque exclusivement – quels que soient les contextes et les rencontres. Voilà, bien sûr, notre lot commun – et la condition nécessaire à la découverte de notre identité commune – couronnée, en son heure, par la lumière – l'unité lumineuse...

 

 

Seul au milieu du monde. Et l'âme caressée et caressante – vibrante – sensible à tout ce qui l'effleure et la pénètre...

 

 

Partout, le silence et la nuit. Et cette poésie où se loge parfois la mélancolie...

Sachons rester fidèles à ce qui nous est proche. Ainsi le lointain s'avancera vers nous avec plus de ferveur et de certitude...

 

 

Entre nos mains, le plus infime s'est réfugié. Il a vu notre cœur s'ouvrir à la désespérance – et la traverser – pour rejoindre ce lieu austère de l'accueil – jugé trop ingrat par le monde et les hommes. Il a vu sur notre âme son propre reflet réfléchi. Aussi n'a-t-il pas craint de se montrer fragile devant nous – confiant dans le silence de nos lèvres innocentes – et heureux de trouver dans notre compagnie la possibilité d'un répit...

 

 

Nous nous dressions autrefois pour tendre la main – et tourner vers nous tous les miroirs dans l'espoir d'un sourire – d'une attention – d'un écho à notre voix lancée à cœur perdu contre le monde – imaginant qu'une partie de la terre – et quelques foules haletantes – se précipiteraient à nos genoux pour caresser notre front, embrasser notre bouche fumante et boire nos paroles comme une eau rare sur le sable... Orgueilleux et immatures que nous étions...

Mais, un jour, deux mains vives – plus fraîches que l'aurore – et moins tristes que la pluie – nous enserrèrent. Secouèrent cette âme endormie depuis trop longtemps – en firent sortir quelques bruits – et quelques gémissements – qu’elles couchèrent dans le silence. Et nous fûmes soudain tout pétillants de cette évidence ; l'éveil n'est que la fin d'un seul sommeil. Et mille secousses – et mille réveils – sont nécessaires avant l'extinction de tous les rêves...

 

 

Un désordre s’immisce parfois encore dans nos lignes – dans notre droiture honnête et un peu austère. Comme un vent soudain qui propagerait un feu – un incendie – trop longtemps retardé... Comme une lueur infime sous les paupières comprenant enfin qu'elle a l'envergure de la lumière. Et voilà nos mots si sages – et si posés – brusquement tout chamboulés, ouvrant sur la page la possibilité d'une vérité encore trouble – trop chargée encore de qualificatifs pour être (pleinement) comprise – mais dont les promesses, assurément, ne décevront personne...

 

 

Parfois, pensons-nous, le plus clair s'évertue à nous voiler l'évidence. Mais nous avons tort. Toute mise à nu s'évertue à défricher nos élans, trop chargés encore, vers la lumière...

 

 

Paroles outrées – cloîtrées – apeurées par les yeux et les abîmes – et qui se déguisent parfois en silence pour paraître plus sages. Le poème, ainsi, n'est qu'une pierre parmi les pierres – qu'un caillou lancé dans une mare asséchée depuis bien longtemps – et qui n'éclaboussera personne...

 

 

Nous avons mille visages. Et le seul qui nous effraye est celui que nous ne pouvons corrompre...

 

 

Entre deux néants, nous avons essayé d'agir – de vivre un peu sous le joug des promesses – dans l'espoir de connaître, un jour, l'intensité – cette forme d'éternité aux accents fébriles et provisoires. Mais nous ne fréquentions encore le silence – et ne connaissions son étreinte sereine sur les jours tranquilles – et sa persistance immobile et puissante au cœur du chaos et des tourmentes. Le goût insurpassable de vivre qu'il offre malgré les recours, les attentes et le retrait des visages – malgré la froideur déconcertante de ce monde sans âme...

 

 

Nous rêverions de nous revoir, un jour, moins mortels qu'aujourd'hui, moins enjoués parmi les chimères et plus sereins de notre succession...

 

 

Le ciel semble aussi penché que nos âmes. A moins qu'il ne guette notre bascule – et notre retournement... Qui, en effet, peut connaître l'heure à laquelle s'achèveront nos cabrioles – et l'instant où de notre chute pourra naître la droiture...

 

 

Rien ne se précise. Ni le jour ni la nuit. Tout se chevauche et s'emmêle comme si quelqu'un – un Dieu malicieux sans doute – avait mélangé toutes les formes et toutes les couleurs – et repeint le monde et les visages en nuances communes (et imprécises) pour nous faire aimer, peut-être, l'ensemble du tableau et des personnages...

 

 

 

Le jour s'affaire encore à nous éveiller en dessinant quelques traits de lumière sur les ombres éparpillées. Comme de minuscules fenêtres dans la nuit. Comme le plus beau rêve peut-être dans notre sommeil...

 

 

Nous sourions encore aux déboires et à la joie. Comme des enfants jouant dans la forêt à un jeu trop terrible pour être vécu seul et dans le noir. Mais nous oublions trop vite le rôle de l'imprévu dans ces règles édictées qui ouvre la route vers l'impossible – en nous chaussant à l'envi de ces semelles de plomb qui donnent à nos foulées l'allure des pierres fixées à la pente. La soif (notre soif) a néanmoins toujours été tenace – et presque trop féroce – pour consentir aux malheurs et à la résignation...

 

 

Quelques chants – et quelques paroles – dans la chambre pour égayer l'âme et le jour – pour croire encore à notre chance...

 

 

C'est la tête basse – et inclinée – que nous pousserons la porte de la pénombre. Et avec la même allure que nous investirons chaque seuil – pénétré tantôt par le jour, tantôt par les étoiles. Comme le reflet peut-être de cette modestie si ancienne lorsque nous étions nus devant l'aurore – et que nous savions vivre cet inconfort...

 

 

Un glissement sous-entend le jour. Comme une entrée soudaine après des siècles d'enlisement. Un arrachement à cette manière de ramper dans la boue et le noir – et à ce désir inutile de redressement...

 

 

Les rivières, la terre et le ciel nous possédaient autrefois. Ils nous avaient dessiné deux ailes au milieu du dos – et quelques nageoires sur les flancs. Ils nous avaient armés pour toutes les conquêtes... Mais nous vivions sans doute trop près du gouffre. Aussi avons-nous fini par glisser dans le rêve avec deux petites mains accrochées à une branche au-dessus d'un abîme inventé par les Dieux – à proximité d'une source presque inaccessible – la source unique, pourtant, qui enfanta le monde, les rivières, la terre et le ciel mais dont la route avait été oubliée depuis trop longtemps...

 

 

Enchaînés à cette porte qu'enchante le jour. Sur ce sol où l'envol est imprévisible – et où les pas piétinent davantage qu'ils n'invitent au voyage. Comme un rêve au bord d'un lit blanchi par l'hiver et l'imperméabilité des songes. Et avec cette espérance des enfants qui s'imaginent que le cauchemar prendra fin avec les premières lueurs de l'aube...

 

 

Le monde est le miroir de l'âme. Et il est aussi celui de nos élans, de nos cris (presque toujours rageurs ou plaintifs) et de nos ailes obstinées – et abîmées par les ornières de l'espoir. Et pour embellir le reflet – et le visage des hommes, nous n'avons que nos poèmes – et notre présence (presque sereine) au milieu des pierres...

 

 

Assis au milieu des feuilles mortes, j'entends l'effroi de l'arbre et le rire du ciel dans l'attente de cimes moins tristes. Ni plainte, ni demande. Un simple regard sur l'âpreté des circonstances et la ronde du temps. Comme une lucidité honnête – et joyeuse – sur l'abstraction des saisons et des sentiments...

 

 

Nous recevons l'inconnu comme un étranger avec ce regard oblique et cette affreuse suspicion comme s'il allait nous dérober la certitude du monde et quelques trésors chichement amassés. Et pourtant, il vient toujours en ami – en frère – pour démêler le vrai du mensonge et de l'improbable, ôter l'espérance et le souvenir et arracher à nos yeux la consistance des visages et du temps pour nous offrir ce rire qui succède à tout – et qui, un jour, vaincra notre méfiance...

 

 

Le futur arrive déjà, comme les jours nouveaux, à notre porte – vieillissant, sans même s'en rendre compte, sur le seuil de tous les présents – chargeant la mémoire d'inutiles souvenirs – alourdissant cet étrange mélange de blessures et de nostalgie qui nous donne (illusoirement) le sentiment d'avoir vécu...

 

 

Nous découvrons sans fin ce pour quoi nous sommes nés. Mais nos détours sont si intenses – et nos exigences et nos bagages si pesants – que nous ne cessons d'évincer nos découvertes de notre plus quotidien à vivre...

 

 

Le ciel toujours nous oblige à la surprise – non que le monde soit si surprenant (quoique à certains égards, il le soit...) mais parce que les yeux, si prompts à s'y enliser et à n'y voir que l'abjection et le malheur, se surprennent parfois à découvrir, au milieu de l'horreur et de l'ignorance, matière à se réjouir et à espérer ; l'émergence d'un visage aux traits radieux et innocents qui se dessine lentement au cœur de l'abîme où nous l'avons abandonné...

 

 

Le jour, sans doute, est atteint. Mais que la nuit nous semble proche encore – et presque interminable – malgré les premières lueurs – les premières lumières de l'aurore...

 

 

Nous nous affairons avec entrain à ce qui se déploiera (toujours) sans notre volonté...

 

 

Au gré des instincts, des désirs et de la mort, nous abdiquons devant le plus simple et le plus proche. Refusant l'incertitude exigée par la présence de ce visage inconnu au-dedans de nous...

 

 

A vivre ainsi au plus bas, le ciel s'est étendu – et est venu effleurer – puis caresser et envahir notre foulée. Entre ce rêve (notre vieux rêve) d'Absolu et la lumière – au cœur de notre pas si hésitant – et pourtant éclatant déjà – baigné par cette joie d'aller sans savoir – et de découvrir sous ses semelles ce qu'il cherchait autrefois dans le ciel le plus haut et le plus lointain...

L'inaccessible toujours est sous le pied – et au-dedans de ce regard sans exigence...

 

 

Il n'y a qu'une seule souffrance – et il n'y a qu'une seule joie – aux multiples visages...

 

 

Il y a toujours mille raisons de s'inquiéter des jours – et qu'un seul regard pour s'en dispenser...

 

 

Vivre dans l'intensité de son propre rafraîchissement lorsque ne souffle sur les visages que le vent de l'aridité et de l'indifférence...

 

 

Ces hommes marqués par la méfiance et le secret – trop sombres pour laisser éclater un rire sur le hasard. Et rejetant ce qui cloche – et ce qui tremble – comme pour cacher leur pathétique ressemblance...

 

 

Nous semblons vivre au fond de chaque instant une déroute passagère. Mais nous la cachons pour nous redresser – et affronter les heures, les jours, les années et les siècles comme si la malhonnêteté et le mensonge étaient notre seule ossature...

 

 

Un songe encore à poser au milieu des étoiles – dans cet amas de rêves et de promesses éteintes...

 

 

Respirons encore un peu le peu d'air qu'il nous reste. Allons de notre pas tendu vers ce qui nous recevra à l'heure convenue par la configuration des naissances et des étoiles. Marchons la tête – et le front – inclinés mais l'âme droite dans sa justesse – l'âme éprise de tout ce qu'elle rencontre. Découvrons la vérité – quelque chose de plus grand que nos vies et nos foulées. Et regardons le monde et les visages fléchir devant le temps. Résistons à la torpeur et à la somnolence des vivants. Engageons-nous dans le tragique et dans la joie présente au-delà des épreuves. Ne craignons pas d'être des hommes...

 

 

Quelque chose en nous construit son ampleur – et dont la pleine envergure nous accomplit...

 

 

Ni vide, ni chaise. Ni ciel, ni collines. Un juste silence. Et ce regard au milieu du monde...

 

 

Nous ne sommes ni d'ici, ni d'ailleurs. De quelque part entre les deux – cette jointure (enveloppante) qui célèbre et cisaille ce qui n'est pas elle. Cette partie de soi (partiellement) enterrée dans la poussière – et ce regard sur ce qu'elle enfante – et les drames nés de ses ailes trop craintives...

 

 

Nous sommes allés partout – nous avons tout exploré mais nous n'avons vu (n'avons réussi à voir) ni le haut, ni le bas – ni le fond, ni le faîte – ni même l'envers et le travers. Nous nous sommes heurtés à toutes nos frontières (et Dieu sait qu'elles sont épaisses et nombreuses) sans découvrir l'espace qui s'étale au fond de nos larmes – et au fond de notre rire...

Nous nous sommes roulés dans l'herbe et la boue. Nous avons regardé le ciel à nous en user les yeux. Nous avons aimé quelques visages – et répandu notre haine sur d'autres (bien plus nombreux). Nous avons souri et nous avons pleuré. Nous avons vécu comme tous les hommes au milieu d'un monde ignoré...

Nous avons marché dans des pas trop fragiles et trop étroits en soulevant le rêve et la poussière. Nous avons emprunté mille chemins – dix mille peut-être – sans oser porter notre amour vers ce qui en nous cherchait la destination. Et notre âme est morte (presque morte) de cette pudeur et de cette hésitation – de cette manière d'aller vers les jours en remettant à plus tard la nécessité de la solitude...

 

 

Quelques mots encore sur la pierre. Entre le jour et le silence face à un monde perdu – égaré peut-être depuis trop longtemps. Et cette quiétude à présent au milieu d'anciens visages oubliés. Et cette marche heureuse dans la solitude qui aura rencontré sa faim – et épuisé son appétit en conversant avec les arbres et les fleurs – avec le ciel et le courage des bêtes – et qui aura réussi à grimper sur le faîte d'une herbe souriante et inclinée vers la lumière...

Aujourd'hui, l'horizon est loin – derrière nous. Et vivre n'aura plus la couleur des larmes. Nous continuerons de faire avancer cette main – et cette âme – vers le destin que nul ne peut choisir – en livrant notre Amour à ce qui se dressera devant nous. Et l'absence n'aura plus ce goût de sauvagerie – cette saveur bâclée offerte à la hâte par des visages et des pas trop pressés. Nous irons ensemble, main dans la main, pour découvrir les impossibles limites du silence – et rejoindre cette éternité – et cette joie – présentes au-delà des frontières et de la mort...   

 

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