Carnet n°291 Au jour le jour
Mars 2023
La parole bariolée...
Du ciel et de la neige ; hospitalièrement engagé(e)s...
Comme le geste-témoin...
Glissant de l'âme à la bouche...
A rebrousse-gosier...
Le cœur moins aveugle...
Traversant la terre et le temps...
S’immisçant là où les yeux s'épuisent...
S'immobilisant là où l'on doit aller...
Sur nous ; les ombres et les silhouettes...
A travers le bruit ; le lieu de l'infime...
Le corps qui renâcle à se désobscurcir...
Passant et repassant ; dans un éloignement (très) progressif...
Et comme (presque) toujours ; encore quelque chose de soi...
*
A l'heure dernière...
Par-delà l'hiver qui, parfois, perdure (plus que de raison)...
Dans ses traces grimpantes (en quelque sorte)...
Nos silhouettes à l'abandon sur la pierre grise...
A la poursuite (permanente) des voyageurs précédents...
Le feu entre nos jambes ; (peu à peu) déclinant...
Le corps à son exacte place de mortel...
Et nous ; nous accompagnant (cahin-caha)
Au-delà des histoires et des noms...
Au cœur du gouffre ; couché(s)...
Au milieu des Autres ; invisible(s)...
Aussi intouchable(s) que le reste...
Aussi peu guerrier(s) que dans le pire de nos songes ; et le monde avec...
Au rythme des vagues qui nous assaillent – qui nous surprennent – qui nous caressent – qui nous bouleversent ; et qui finiront, un jour, par nous engloutir...
L’œil généreux ; le cœur sensible à la douleur...
Face aux figures du monde ; insoucieux des sentences et des règles du jeu...
Entre le reflet du feu et la désespérance...
Auprès de l'âme solitaire...
Chaque jour ; un peu plus ; un surcroît d'aventure – au fil des pas...
En ce lieu où la nuit voyage ; clandestinement (de plus en plus)...
L'épée plongée dans l'âme...
La tête (en partie) décapitée...
Et la perte que l'on précipite ; à la manière d'une eau chargée d'or (nos dernières richesses – sans doute)...
Et autour de nous ; des yeux – des cœurs – des mains ; plissés – orageux – de plus en plus serrés...
A deux doigts du fracas...
Comme si l'automne amplifiait la possibilité du jour ; et notre besoin de nudité...
Comme si rien ne pouvait plus désormais empêcher ce (puissant) désir de s'extraire du (triste) spectacle du monde (subrepticement) entrevu par la fenêtre fermée...
*
Aux cœurs repliés...
Aux prises avec le froid...
La chair rétractée ; au milieu de la neige...
Le chemin déployé ; et ainsi réunies les conditions de la rencontre...
Face au souffle – les lèvres pincées...
L'âme encore fraîche du visage précédent...
Et, en l'espace d'un instant, le temps qui s'accélère...
La possibilité du changement ; ailleurs – autrement ; avant l'abîme ; avant la mort (en cas de réelle nécessité)...
De rive en rive ; comme des îles au milieu de l'océan...
Des cris ; et de la roche...
Et la langue bleue de ceux qui se déplacent ; et la liberté de ceux qui savent ; auxquelles rien (bien sûr) ne peut être ajouté...
Là – quelque part ; dans la proximité (malheureuse et indésirable) des hommes...
Ce que l'on jette ; comme la parole...
Au-delà de la source...
Fidèle (si fidèle) à la noirceur qui nous habite ; qui nous gangrène...
Jusqu'à l'autre extrémité de soi...
Les yeux à la dérive ; et l'âme rebelle – peu soucieuse des tourments (et de la fébrilité) des masses...
Entrelacés – le silence et la joie ; dans le même cercle (et la même étreinte) ; au cœur de cet espace circonscrit par les cordes du monde...
Jusqu'au dernier souffle de la dernière créature...
Ici ; la nuit...
Tous les maléfices engrangés ; les uns après les autres – par-dessus le secret...
Et ce vide – à mesure des pas ; qu'il faudrait enlacer ; comme des mains qui laisseraient le sable s'écouler ; comme l'esprit qui se laisserait gagner par l'abandon...
Amoureusement ; et sans alternative...
*
Parce que le jour ; plus simplement...
A petits pas ; jusqu'à la hauteur qui se soustrait...
Au cœur de la vie où, sans cesse, l'on recommence...
En soi ; le souffle ; et le vent...
La tête arrêtée...
Le temps suspendu...
A respirer encore au milieu des choses...
Séparément ; de moins en moins...
Au fond de l'interstice...
Parvenu jusqu'à l'embrasure ; la (parfaite) résolution...
Par-delà la substance ; le plus lointain...
Cette sorte d'intimité avec l'espace et le feu ; avec le reste – tous les Autres – en quelque sorte...
Descendu(s) en soi ; sans le moindre résidu laissé à la surface...
Les pieds sur le sol élargi (d'une certaine manière) ; au-delà du corps et de la tête ; le cœur pénétré ; et consentant...
Dans les tresses du temps ; la mort cadenassée – inabolie ; et encore (trop souvent) brandie en guise de menace...
Comme un rappel à l'ordre – en quelque sorte – pour ceux qui s'imaginent mortels...
Comme une faute de goût ; une parure laide que l'on arborerait avec fierté – un excès de chair qui nous encombrerait...
Une vie sans trépas ; où seul meurt le corps – en vérité...
Au milieu des vivants à l'âme raidie (ou absente)...
Une compagnie – une amitié – en soi – à creuser – incontournablement...
La vérité à la main ; comme inscrite dans le geste...
Quelque chose qui, malgré soi, se rapproche...
A (trop) vouloir lutter contre le miroir ; l'exacerbation et le grossissement des reflets...
L'apparence changeante...
L’œil comme déplacé ; obstrué par l'excès de distance ; et ce trop peu de lumière...
*
Le temps insensé ; sans repos – l'âme vivante...
Alors que tout recouvre le ciel ; et que devant les tombes notre cœur se serre...
Comme si ce qui nous habite nous livrait (soudain) à sa volonté ; le vent peut-être ; et ses étranges tourbillons d'ombres et de lumière...
Au seuil de la (dé)raison – sans doute...
Jouant avec nos pas – nos mains – dans l'argile ; la terre s'insinuant – gagnant (peu à peu) du terrain...
Toujours plus profondément ; dans ce sillon – cette fondrière...
A l'ombre des grands arbres ; et, au-dessus, la mort...
A nous offrir, peu à peu et plus que tout, l'impensable ; le socle de tout chemin – de tout voyage...
Avec nos rêves (tous nos rêves) émiettés au fond de la tête ; nous évanouissant à mesure que le réel gagne en force – en réalité ; dans notre cœur (de plus en plus) vivant...
Jusqu'à l'épaisseur ; fendue, peu à peu, par la possibilité du silence...
Puis, emportée par les eaux...
Selon le cours des choses ; l'extrême variabilité des destins...
Cette (longue) traversée à gué...
Jusqu'au retournement (inattendu) de la soif...
Notre existence ; malgré soi – malgré le monde – malgré les Autres...
A la même source ; l'âme et les lèvres – s'abreuvant...
A en perdre la raison (plus sûrement qu'on ne le pense)...
La douleur indéfinie qui, peu à peu, se déprogramme...
D'une extrémité à l'autre ; le poids s'amenuisant...
Et à nos côtés ; parallèles sûrement ; la présence ; et le silence dans la parole...
Aussi longtemps que nous pourrons nous transformer ; le défi de l'abandon...
Cet œil ; le monde ; comme un attelage guidé par le désir ; et les instincts ; aveuglément vers le sacrifice...
Et contre nous – le vent ; les signes (assaillants) de la débâcle...
Le cœur (de plus en plus) étranger...
Comme un revêtement sur la charpente...
Et l'âme couchée par-dessous...
Avançant ; ne sachant que faire – ne sachant que penser...
Dans les rouages du monde ; du temps ; notre tristesse (cette très humaine mélancolie)...
Au cœur de cette pénombre qui séduit l'esprit ; et condamne la chair ; ensorcelé(e) (à certains égards) par la promesse du repli – par la promesse du repos...
Guidé(s) par le cœur insatisfait – (toujours) inassouvi...
La porte encore ouverte sur la nuit...
*
Au plus clair du cœur ; la respiration (naturelle)...
Ce qui rapproche les choses ; dans la plus haute intimité...
Et au-delà du proche ; le merveilleux...
Toute l'étrangeté métamorphosée ; le reste devenant (pour l'esprit) de la même famille...
Sans que rien n'ait changé ; ni les visages – ni l'apparence – du monde...
Au seuil de cette porte invisible – posée dans l'espace...
Là où l'épaule quitte l'épaisseur...
A la confluence des chemins...
La matière – comme la parole – dévalant la pente ; emportée par la furie des eaux...
Nous quittant ; nous rejoignant...
Dans cet entre-deux perpétuel ; corps et âme – (à la fois) ici et ailleurs – emmenés déjà vers l'après ; malgré l'impossibilité du devenir...
L’œil et les lèvres ; touchés...
Au creux des larmes ; et par-delà le rouge ; ce que l'on entrevoit...
Auprès de la source...
Et s'éloignant ; le bruit...
Dieu seul ; dans la noirceur autant que dans la tendresse...
A même le ciel qui – partout – s'est éparpillé...
Qu'importe l'ampleur de la fenêtre – qu'importe le monde entrevu ; l'esprit assoupi – l'esprit aux aguets...
Le long du même rêve ; la naissance des ailes ; et le même évanouissement...
Les yeux vides et aveugles ; derrière lesquels défilent les images – les reflets du monde...
Et dans la bouche ; et au fond du ventre – la chair mâchée et remâchée...
Jusqu'au débordement de la matière...
La ruse – au bout d'une corde – se balançant – jusqu'à ce que le fil se rompe – jusqu'à la chute (inévitable) – en cette étrange périphérie terrestre...
*
Dans la transparence discrète de l'effacement...
Sous l'arbre ; la main posée...
En ce lieu d'exil ; à l'écart de ce qui se gonfle d'orgueil...
Le cœur à deux doigts du bleu...
Le souffle ébauché par cette ardeur un peu folle...
Comme un désir insatiable ; boursouflé...
Traquant le vent ; et débusquant le sable ; sans voir la malice qui a envahi les têtes...
Posées nues (apparemment nues) ; contre soi ; les ombres du monde parées des plus séduisantes couleurs...
Sur notre peau ; l'inconsistance ; et la beauté par-dessous ; et ainsi jusque dans nos profondeurs les plus intimes – les plus secrètes – les moins parcourues...
Sacrifié(s) sur la pierre (encore trop souvent)...
Le corps déchiré...
Comme une tache ; dans cette couleur qui se répand sur le sol sombre...
A travers le même frémissement ; cette sidération – ce passage ; le souffle qui s'échappe ; vers l'âme...
A travers le ciel ébauché...
L'enfance retrouvée qui se faufile ; entre le dernier souffle et le silence...
Hanté(s) par l'ombre qui nous habite ; dévoré(s) par l'ombre qui nous hante...
Mis bout à bout ; la hâte et le terme ; successivement...
La mort en éclats ; au cœur de ce labyrinthe...
Comme une ascension à heure fixe ; invariablement...
A peine une ébauche de voyage ; (tout juste) quelques pas esquissés...
*
Approximativement comptées ; toutes les créatures du monde...
L’œil cherchant – à travers la multitude – la vérité...
Comme un secret ; le mystère reformulé à travers la surface grouillante...
Et aussi (bien sûr) tout entier dans le rien ; et peut-être même davantage...
La mort ; au soir le plus amer...
A présent ; au centre du cercle ouvert...
Et ce que l'on entend encore dire sur la pierre...
Avec le vent par-dessus qui recouvre les voix ; dans les profondeurs...
Et la nuit étoilée – jusqu'aux racines – que l'on implore – que l'on supplie ; par souci de rapprochement...
Comme des miettes de ciel que l'on jetterait à toutes les mains tendues...
Quelque chose de l’œil – de l'âme ; dans la cécité ; et l'obstination...
Et toujours (assez) incrédule ; malgré la présence de Dieu au-dedans...
A pas nommés ; le voyage...
Vers le lointain – au-delà des horizons perceptibles – au-delà des cimes et des océans...
Le long de l'hiver ; à petites foulées...
A travers les eaux noires ; et (parfois) sous les pointes de l'acrimonie...
Sans jalon ; sans réel prédécesseur...
Sous cette lumière rare (sans artifice – non inventée)...
A l'écoute de ce qui se dissimule ; à travers l'oubli – la mort – la séparation...
Jusqu'à se laisser pénétrer par cette étendue bleue qui se révèle – toujours davantage – à chaque nouvelle transformation...
Sans défi – entre elles – les têtes qui se font face...
A bonne distance de la lumière...
A notre rencontre – à travers les vibrations ; le jeu des résonances...
*
Profondément ; l'exemple amorcé...
Apprenant l'impudeur ; à mesure que le secret se révèle...
Disposé à se passer de mesure ; quand bien même serait-on séparé de sa propre figure...
Bien avant que ne s'imposent de trop obscures prières...
Quelque temps avant le jour...
Là-bas ; l'âme si lointaine...
Sur notre œil ; le monde collé – décollé – recollé...
Mille chemins – comme des détours – à travers le regard ; vers l'origine – le secret – le mystère – partout exposés pourtant...
La chair du ciel ; et, au-dessous, la terre ; et l'infini que nos larmes rendent plus proche – plus intime – imperceptiblement...
Le cœur nu ; et toutes les soustractions fructifiées...
Comme dégagé d'un piège ; miraculeusement...
Libre (à présent) de la broussaille et de l'encombrement...
Sans jamais s'exclure de la mêlée ; et du passage...
Nous laissant dévorer au lieu de nous faire justice...
Au pied des arbres ; marchant – dans leur silence...
Dans le désert ; comme au cœur du secret...
Les yeux brûlés par le réel ; et bercés par trop de rêves ; comme un cœur aveugle auquel on offrirait des images...
Infailliblement – la proie des Autres ; du monde...
Avec comme une sonde plongée à l'intérieur...
Au fond de la blessure ; regorgeant de souffrance et de sang...
En pleine nuit ; trop lourd (et trop lent) pour s'échapper – à moins que l'âme n'apprenne à voler...
*
Porté(s) par l'ombre...
Sous une cloche de verre...
La pierre ; et notre bavardage...
Face à la gloire de ceux qui grimpent sur les Autres...
Scellés dans la neige ; tous ces visages – toutes ces existences ; que la mort, un jour, emportera plus loin...
La chambre close ; invoquée...
Le lieu du désencombrement et de l'intimité...
Ouvert au ciel ; et ce qu'il convient de brûler...
Sans rien exclure du monde...
Le passage franchi ; les frontières contournées...
Dans l’œil de la justice ; devant nous...
Plus tenace que jamais...
L'âme froissée par le dévoiement du langage...
Le réel rejoint par la passion ; le feu au-dedans qui brûle la chair ; et consume l'ardeur...
La proie aux prises avec tous les rêves – tous les délires – toutes les divagations – du monde...
Incliné(s) sur les blessures infligées par le reste...
Du sang et des cendres – dans la main ouverte ; qui, peu à peu, iront rejoindre le sol – le vent – l'espace ; l'éternité...
En dépit des attaches qui nous empêchent de nous affranchir de cette nuit résiduelle – de nous libérer de ces éclats d'ailleurs auxquels on croit ; auxquels on s'accroche ; auxquels on s'enchaîne – comme tous les Autres...
Traînée de poussière et de sommeil ; dans les yeux – sous les pas...
La splendeur et le triomphe ; qu'en rêve...
Comme une mendicité ; ce que nous réclamons (si expressément)...
Sous l'égide de l'obscur ; assurément...
Aux ordres de la terre...
Écrasé(s) par le poids du monde ; et submergé(s) par ses impératifs ; et le reste dont on se débarrasse ; et le reste que l'on éparpille ; le cœur (presque) toujours inconsistant...
*
A hauteur d'arrachement ; l'âme libre...
L'irruption de la grâce dans la chair meurtrie...
Ce qui surgit sans nous heurter...
Et ce qu'il reste une fois soustrait le superflu...
Au cœur même de la perte ; au cœur même du chaos...
Cette possible reconnaissance ; cette possible réconciliation...
Le dessaisissement de l'empreinte...
La parole libre ; sans emprise...
Jeté contre les cimes ; sur le fil attaché entre le désert et la mort ; par-dessus les orages et les voix du monde...
Sans masque – sans nom – vers la plus haute nudité ; au-delà de toutes les corruptions possibles...
Des liasses de labeur ficelées ; et l'âme au-dedans (quasi) immobile...
Face au monde qui se dresse – qui se hâte – (immanquablement) voué au dehors et au désœuvrement ; et qui, dans sa folie, continue de nier la mort ; et qui, dans son égarement, continue de mépriser l'humilité et l'effacement ; toutes ces choses qui semblent si essentielles aux yeux des sages...
Dans les profondeurs (apparentes) du ciel...
Approuvé(s) ; la main au feu ; davantage qu'une promesse...
Généreusement (très généreusement) abîmé(s)...
La dernière existence ; sur la liste des vivants ; au plus près du vivre ressenti ; là où les larmes valent davantage (bien davantage) que les mots...
A se regarder avec stupeur...
Aussi haut – aussi loin – que (nous) mènera la mort...
La main tremblante ; et le cœur étreint...
Touchant celle – celui – des Autres...
Alors qu'autour de nous la nuit scintille ; à travers nos yeux...
Un éclair ; une fulgurance ; une traversée...
Un peu de lumière ; sur soi...
Le commencement (peut-être) de l'inoubliable...
*
Absent ; auprès de la pierre vieillissante...
Les lèvres contre la nuit ; la bouche grande ouverte...
Sur cette pente sans pause ; aux côtés de ce qui roule (inexorablement) ; semblable à nous-même(s)...
Étonné par tant d'ardeur – de crédulité – de confusion...
Cette errance – ce déclin – cette inévitable décrépitude – autour de soi...
Lèvre retroussée ; à humer le plus lointain...
Divisant le monde ; comptant les points ; et affermissant sa position (et sa posture) dans l'équipe...
De part et d'autre de la nuit à laquelle on est assigné...
Auprès de nous seul(s) ; sans pouvoir se résoudre au nombre de jours qui nous séparent de la mort...
Vers le plus proche (la plus haute intimité) ; toujours – au cours de cette (trop brève) traversée...
Des ailes par-dessus la chair sensible...
Vers la simplicité ; sans rituel...
De naissance en naissance ; jusqu'à l'origine...
Entre pierre et lumière ; à même la trame...
La nudité couronnée ; jamais arrogante...
Le voyage ; le souffle (initiateur des élans et des courants) que l'on suit à la trace...
Le gouvernail brisé ; le pavois en berne...
Entre les lambeaux d'espace et de temps...
Comme d'île en île ; une manière de vivre sans s'efforcer ; rarement interrompue...
Quelques signes calligraphiés ; trempés dans le feu – le ciel ; la possibilité...
Sans craindre – ni oublier – la mort qui se dresse – à chaque instant ; à notre suite jusqu'à ce qu'elle nous devance...
En rien ; séparé(e)(s) de nous...
Sous les mêmes étoiles ; avec la soif qui nous porte ; inentamée...
*
Endetté(s) ; et l'origine déficitaire...
L’œil – le ciel ; et la possibilité du voyage malgré la matière et la mort...
De très loin ; parfois depuis le commencement...
Au-dessus de l'abîme et de la neige...
La pensée foisonnante...
Par l'embrasure – le blanc ; ce qui nous regarde...
Comme niché en soi-même...
Là où l'arbre se renouvelle...
Auprès de l'invisible...
La grâce de la perte plutôt que le désir ; plutôt que la plainte...
De toutes nos forces ; malgré les grilles...
Traînant en tous lieux sans le moindre drapeau...
Par-dessus l'espèce et l'obscurité...
La terre tenue en laisse...
L'homme apeuré – conquérant ; ajournant (ne cessant d'ajourner) la rencontre...
Des signes éphémères ; dans le fractionnement du temps...
Si peu adéquat(s) ; tellement lacunaire(s)...
A la pointe de la lame ; la violence qui se déchaîne...
Sur le même fil que les funambules et les oiseaux – pourtant...
A tenir tête au feu ; dans cette vaine résistance souterraine – au lieu de côtoyer les cimes et le vent...
La terre et le vertige ; enjambés...
De la douleur à l'attente ; puis, de l'attente au souffle guérisseur...
L'amplitude du corps révélée par l'esprit de l'hiver...
Le cœur (parfaitement) affranchi de ce qu'il contient ; du peu qu'il a expérimenté...
Étrangement étranger(s) ; aux yeux des hommes...
Toutes ces choses – tous ces visages...
Et ce lointain ; et cette assise de pierres...
Comment pourrait-on comprendre ; le cœur si infirme...
Adossé(s) au mur ; la tête – les désirs – tournés vers les opportunités du sol ; et l'âme si peu exigeante...
Avec la terre – et ses labyrinthes – pour seul horizon...
Si loin (encore) du silence – de la sagesse ; de l'âge de raison...
Le temps – le jour ; à travers le monde – mille chemins...
L’œil mal équipé ; et cette bouche trop (grande) ouverte...
Et cette soif dont nous ne savons que faire...
Et le ciel sur nos lèvres desséchées...
Hors des cercles ; loin des aboiements...
Ce qui passe ; devant toutes ces grilles...
Et ces cris derrière ces remparts de chair et de papier ; et Dieu par-dessus – (assez) songeur – sans doute...
Sur le fil rouge ; débarrassé...
Nous détachant (apprenant, peu à peu, à nous détacher) de la débâcle...
Le monde et le temps délaissés ; abandonnés à ceux qui ne peuvent s'en passer...
Et le plus commun ; et la solitude – peu à peu – transfigurés ; d'une merveilleuse manière (comme si quelque chose de magique était survenu)...
Le séjour devenant voyage ; le voyage devenant porte et étendue ; l'espace rendu aux Dieux...
Transformé en serviteur anonyme ; le cœur (discret) à la place de la figure...
Et toutes les richesses de l'âme offertes au vent...
Si nu – si démuni – si impuissant ; si vide – si clair – si joyeux – à présent...
L'origine et l'allégresse ; autrefois si désespérément...
Bien plus qu'une folie ; et l'encre, à présent, mélangée aux larmes et au sang...
A hauteur d'homme ; l'infini décelable...
Et dans le vide creusé ; le mystère – comme une étrange (et perpétuelle) épiphanie...
*
La parole prisonnière...
Plongée dans le monde...
Trop souvent corrompue par les images...
Approchant l'esprit – la vérité (avec honnêteté et maladresse)...
Combinant l'invisible et la matière...
Servant (essayant de servir) ceux dont l'âme est restée humble...
Avec des larmes au fond du cœur ; au fond des yeux...
Apprenant, peu à peu, le détachement ; la liberté...
Aussi sombre(s) que servile(s)...
Emporté(s) par ce qui se présente...
Les paupières closes...
Comme attaché(s) à la roche...
Ouvrageant (toujours) sur la pierre...
Frère(s) du reste ; sans (même) le savoir...
Et encore cannibale(s) – en dépit de Dieu – en dépit de la ressemblance – en dépit de la proximité...
Personne pour soi ; sinon ce qui nous habite ; cet indicible – cette présence...
Le cœur sensible aux douleurs du monde ; et à l'intensité de la couleur...
Et dans la voix ; mille figures précipitées...
Comme si nous étions à la fois l'abîme ; l'éclipse et le feu de l'âme...
Si proche des bêtes – pourtant ; et du Dieu infaillible...
La rupture recouverte de rire ; avant que la joie ne survienne...
A la trace ; ce que l'on invente – au lieu de suivre ceux qui se parent ; au lieu de suivre ceux qui affabulent...
Au fond de la chair ; ces sanglots inguérissables...
Au milieu de la nuit ; nos bras – nos tentatives ; ce si peu de lumière...
*
Dans le corps du reste ; déjà...
Intégré(s) – assimilé(s)...
Dans la servitude et la déraison...
Dans l'infamie et le sang versé...
Aussi bien que dans l’allégresse et la lucidité...
En soi ; les mille combinaisons – les mille possibilités...
Tout ce qui pourrait nous détourner – puis, nous affranchir de la séparation (du sentiment de séparation)...
Si près du cœur – de l’œil – de l'Autre ; et du haut (du plus haut) quelques fois...
Dans un vertige ; bien au-dessus du rêve...
Si loin de l'homme terne et morose...
Comme un bain de lumière...
Le silence en pleine bouche – en plein front ; dans l'intimité de la matière...
En soi – à plusieurs ; le jeu et la simplicité...
Et la célébration du seul visage – au milieu de la multitude – au milieu de la confusion...
L'épreuve clandestine ; le plus immédiat ; comme des jalons successifs ; visant à nous extraire...
Vers le corps nu et transparent ; la chair morcelée ; l'espace réunifié...
L'extrême simplicité de l'exercice ; l'absence de volonté ; ce qu'ordonnent les circonstances...
Qu'importe la nuit – les yeux ouverts – le cœur cadenassé – pourvu que l'on jubile à chaque découverte ; et que la mort se mêle à tous les remous...
Incroyablement vivant – en somme ; malgré la fumée et les illusions...
La chute ; et ses (fameuses) retombées amoureuses...
Comme un chant ; le temps suspendu...
Au cœur de l'abîme permanent – sans échappatoire – sans imaginaire résiduel...
Et sur le seuil – la porte toujours entrouverte...
Déjà engagé dans l'issue ; en dépit du labyrinthe...
Le déchaînement des yeux sur la neige...
Au cœur de ce qui vient ; après le délire – le déluge...
Face à la lune ; la perte en premier lieu ; puis, l’ascension ; ce à quoi il (nous) faut renoncer...
Encore trop aveugle(s) – sans doute...
Tombant ; et retombant ; tantôt devant les grilles ; tantôt (juste) derrière...
Ce que nous sommes ; en plus du reste ; autant que lorsque tout a été soustrait...
Envahi(s) ; et envahissant ; puis, nous effaçant – déclinant les offres (toutes les offres) au profit de la lumière...
Le ciel plutôt que la chair ; plutôt que le néant...
La mort par devers soi...
Si proche(s) du bleu malgré les étoiles ; malgré la résistance de l'homme...
Au croisement du sable et de la malice ; la disparition décuplée...
(Presque) aussi fraternellement vivace qu'aux origines...
L'inconnu soulevé par pans entiers...
Et l'invisible, peu à peu, reconnu ; en dépit de l'obscurité ; en dépit de l'obscénité – apparentes...
Les yeux trop rouges pour se détacher de la terre...
Sur les épaules – le poids ; à la hâte vers le sang – la terre – les cendres...
Toute l'étendue de la course ; dans une seule foulée...
Fuite davantage qu'issue ; qu'importe que la mort soit souveraine...
A l'origine du monde et du silence ; la même lucidité – le même enchevêtrement – la même confusion...
*
Les mains dans l'ombre ; errantes...
Autour de la plaie ; pleine(s) d'épines...
Entre la lumière et le néant...
Éclaboussé par le sang des bêtes ; et la sève des arbres à l'horizontale...
Extirpé du sommeil par le sensible (le plus sensible)...
Cherchant au-delà des instincts – au-delà de l'homme...
De l'autre côté du monde ; puis, de l'âme...
Au fond de soi ; ce qui nous porte – en vérité...
Le cœur rouge et ruisselant ; aussi rouge que la terre ; aussi ruisselant que les larmes...
Sous la lumière ; tâtonnant ; puis, grandissant...
Aussi près des bêtes que possible ; sous l'égide du jour...
Le front (de plus en plus) rayonnant...
De pierre en pierre ; puis, d'arbre en arbre ; jusqu'à l'impénétrable...
L'air vif ; à travers l'espace...
Tous les remparts ; et toutes les frontières ; anéantis...
Alors que l'oubli règne (un peu partout)...
Plus ni lignes ; ni points – à compter...
L'étendue déployée ; avec quelques abris (ici et là) pour les âmes les plus craintives...
Comme les arbres ; sans jamais renâcler...
Nous éloignant, peu à peu, du manque ; et des hommes...
Dans la trame (de plus en plus) ; avec notre nom qui s’effrite ; qui s'éclipse ; que l'on oublie – comme un poids – une surcharge – un mensonge – qui nous quitte...
A se détacher du monde ; et du sommeil...
Invariablement présent ; l'assise en soi...
A s'étreindre ; comme les arbres – en secret...
Le sentier – dans la voix ; la lumière...
A rebours de la douleur ; les traits, peu à peu, s'éclaircissant...
*
La nuit pleine d’orgueil et d'étoiles...
Dans ce sommeil éveillé...
Cette obscurité si familière...
Au cœur de cette brume noire ; cette épaisseur...
Guère plus avancé(s) qu'en naissant ; et si loin (encore) de l'enfance...
A s'imaginer ; seulement...
A saluer la terre ; ce lieu d'incessants passages...
Comme un miroir ; l'essentiel de l'espoir déchiré...
A cette distance ingrate...
Rien que des paroles...
Comme une rive (hostile et trop peuplée) sur laquelle on échoue (sur laquelle on finit par s’échouer)...
Le désir de l'image qui amplifie (qui semble amplifier) la consistance des grilles...
Plus solides que jamais ; qu'importe le style – qu'importe l'élégance – lorsque l'on sabote le moindre labeur – la plus infime des possibilités...
Le vide jamais repoussé ; jamais franchi (non plus)...
Comme un lieu à découvert où seraient projetés l'esprit – le corps – le cœur...
Sur ses jambes – peut-être ; au milieu des pierres ; l'espace plus amplement...
Ce que dissimule (sans doute) le secret...
La substance du vent ; bleue...
Sans trace ; dans le ciel...
Sans que l'on nous arrache (sans que l'on parvienne à nous arracher) un seul cri...
Indolore – en somme – l'aveuglement ; sans compter les conséquences – bien sûr...
La chair boursouflée par-dessus l'ossature – indigente – misérable – si lacunaire...
Le goût sans la saveur...
Le cœur lisse ; et trop froid – sans doute...
*
Au fond des bois...
Au cœur de ce qui nous échappe...
Sans rien saisir ; sans déception...
Goûtant l'invisible ; et les fruits de la mort...
Obscurément ; comme l'ombre sur notre visage ; comme le temps qui éclaire le passage...
En s'achevant ; à la manière du rêve et du langage...
L'ivresse d'un Dieu qui brûle...
Dans le rayonnement de ce qui nous regarde...
Le cœur fébrile ; puis, réconcilié...
La mort dans nos veines qui se diffuse ; qui se propage (très insidieusement)...
A se souvenir du seuil jamais franchi...
A la manière d'un songe ; l'impossible...
Le trésor ; et le surcroît...
Au plus bas du monde...
Au plus près de l'âme...
Au fond du plus rien – en quelque sorte...
Et ce qu'il (nous) a fallu abandonner pour y descendre – s'y retrouver – s'y rejoindre...
Un travail de titan (pour l'homme – si familier des ajouts – des accumulations – des amoncellements)...
Jusqu'au dernier geste soustractif ; et moins encore...
Face à soi – toujours ; le vide – le monde – les pierres ; et l'Autre quelques fois...
Au coin des yeux ; l'amorce d'un sourire ; celui qui, peut-être, saura nous délivrer...
Au recommencement de tout ; d'est en ouest – puis, le retour vers le grand nord ; là où l'horizon devient le pas ; là où chaque visage se transforme en la pièce manquante – en la pièce maîtresse – de son propre puzzle ; bien davantage (Ô combien) qu'un peu de matière mouvante ; jusqu'à la lumière en face...
*
Le silence ; à demi...
N'étant plus que cela ; cet étrange mariage avec le monde ; avec les choses...
La multitude des visages...
Et des pelletées d'infini...
Et par-dessus la main qui donne...
Et le vide par-dessus l'offrande...
La même chair ; le même esprit – à travers la farandole des figures...
La part qui prend ; et la part qui s'élève...
La part qui sait ; et la part qui demande...
Sous les signes ; des étoiles et des divisions...
Ce qui semble se partager...
A travers la nuit terrestre ; le sort (éternel) des mortels...
L'esprit – le souffle ; à travers les feuillages et la poussière...
Être ; uniquement le creux...
Cet air qui tourbillonne d'un monde à l'autre ; comme un silence déguisé – une parole – à travers les bruits du jour...
Une pluie d'étoiles sur le front enneigé...
L'homme hissé jusqu'au plus haut de lui-même...
Sur cette corde branlante – fragile – très provisoirement attachée entre deux points fixes dans le temps...
Aux prises avec les vents et les risques de collision et de bascule...
Poussière suspendue – sous le soleil – en attendant la chute (inévitable – bien sûr) ; puis, l'envol (le déplacement vers d'autres contrées peuplées d'autres cordes – d'autres fils – d'autres particules)...
Ainsi se dessine le chemin des rencontres – l'itinéraire soustractif – la possibilité d'une histoire (infime) ; le monde affranchi du hasard...
*
Écoutant ; se redressant ; et découvrant son vrai visage...
La boue bleue ; rayonnante...
Les chaînes hissées au-dessus des têtes ; tournoyant...
La danse de la terre ; au fond de l'emprisonnement nocturne...
Et au seuil ; le leurre descellé ; arraché avec la chair – avec le geste et la chair...
Une existence – des signes ; sans la nécessité des Autres – sans (même) la nécessité du langage...
La bouche close ; vide de mots…
L'âme ouverte ; affranchie de l'assombrissement...
Et l'ardeur aussi fraîche que la sève nouvelle qui se hisse jusqu'au faîte...
Défaisant la charge ; et appelant la lumière...
Comme le couronnement de cette veille interminable...
Le souffle et le sens ; (parfaitement) accueillis...
A se réjouir de la perte consentie...
Ni tien – ni mien ; nôtre assurément...
Et l'infini en plus ; sans qu'il soit nécessaire de le mesurer...
Une certitude non chiffrable ; intelligible...
Face à soi – encore ; au cœur de la soif rassasiée...
Le jour – la tâche ; l'un s'épaississant – l'autre s'amenuisant ; sans que (jamais) ne cessent ni la lumière – ni le labeur...
Ce à quoi il faut, un jour, être confronté....
Rejoint(s) – en quelque sorte – par la nécessité du partage...
Ouvert(s) – en somme ; et indifférent(s) à ce qui nous est retiré...
*
Sur la terre ; passant...
Vers l'autre rive ; l'âme gorgée de matière...
Au fond des yeux ; dérivant...
D'une épaisseur à l'autre ; guidé(s) par l'intelligence (mystérieuse) de ce qui nous porte...
Enveloppés et recouverts ; par trop d'orgueil ; et quelques pelletées d'argile ; l'esprit – le chemin – la possibilité...
Tourné vers soi...
A la place du vent...
Les mains dans l'ombre ; discrètes...
L’œil aux aguets...
Penché sur ce qui a besoin d'attention...
Le froid – la faim ; et la grossièreté des âmes...
Le cœur ballotté par ce qui lui échappe...
Aux prises avec la (douloureuse) insomnie ; l'esprit qui s'attarde (incompréhensiblement)...
Au cœur de l'invisible – déjà ; la chair flamboyante...
Sous le feu de ce qui nous consume – pourtant...
D'autres habitants – peut-être – dans la chambre ; l'étendue...
A ne pas croire les Autres ; le Dieu absent...
L'oreille et la parole trop crédules...
Entre le retour et le recommencement...
La route ; pas à pas...
Entre le voyage et l'immobilité...
Face aux cœurs trop querelleurs ; face aux fronts trop fiers ; la figure humble (presque toujours)...
Offerte aux couleurs (changeantes) de la traversée ; l'âme agenouillée...
A notre place ; jusqu'aux lèvres muettes...
Et nous retrouvant, un jour, dans l'entre-deux du dehors et du dedans...
Avec quelques traces esquissées en silence...
Sur toutes ces pentes qui se succèdent ; glissant – peu à peu et de manière ininterrompue – jusqu'au centre de l'étendue...
*
Comme le cœur sur la pierre ; sensible et besogneux...
Là où règne le feu...
Là où la voix est arrachée au rêve...
A l'origine – peut-être ; avant que n'explose l'unité...
Le corps en mouvement ; le reste refoulé...
Contre le vent qui déchire – qui tourbillonne...
L'Autre – en soi – appelé ; et tournoyant avec nous...
Comme une flèche ivre lancée vers le ciel ; invalidée par sa nature ; la matière...
L'âme si malhabile au sein de cet attelage aveugle et bruyant ; et se dénudant (malgré elle – malgré nous) au fil du voyage...
Le prix de l'exil ; de moins en moins exorbitant à mesure que l’œil s'ouvre ; à mesure que le cœur voit et reconnaît...
En soi – le bruit – Dieu – la parole...
Au cœur du vide et du silence – pourtant ; là où la matière est célébrée...
A l’œuvre ; le temps – le monde et la lumière...
Le feu – l'infime et l'appel...
Comme un rêve ; et du sommeil...
La mort ; et un peu de couleur ; là où demeure l'infini ; là où l'on sait s'agenouiller...
La terre ; par poignées...
A écouter le jour paraître...
En plein silence ; au milieu des images...
Des corps ; et toutes les choses du monde...
Mille reflets sur le visage...
Et le sourire ; et les étoiles...
Le Dieu vivant ; au lieu du rêve ; au lieu de l'or ; plus proche que jamais...