Carnet n°35 Ecorce blanche
Poésie / 2009 / Hors catégorie
Bruits
Destins sans faiblesse
Qui défaillent
Déambulant
La démarche fière
Gloire éphémère
Au destin dérisoire
Qui peuplent la terre
Sans écho demeure
La voix du poète
Obscurs
Mine de plomb
Feuilles d’automne
Le poète s’ensommeille
Au crépuscule des jours
La mort survenue
Fauché au cœur
Du travail incessant
Ouvrage sans gloire
A la sente tragique
Fumerolles oubliées
Poussières sous les pas du monde
S’achève l’œuvre
Aux heures fameuses
Autrefois éclairée
A la lueur vacillante d’une chandelle
Côtoyant parfois l’éclat sans obscur
Gît à présent anonyme
Au cœur du tombeau
Pour l’éternité
Silence
Au bord du monde
Pleure le poète
Dont l’œuvre
Aux ailes maladroites
Ne touche aucun ciel
Une présence incertaine
Au cœur
Il décèle
S’élance la plume
Effleure l’écorce blanche
D’un geste
D’une attention
Ecoute
L’empreinte du souffle
Extrait la sève sans nuance
Le passage d’éternité
Retrouve enfin son socle
Sur la feuille
La parole muette
Le chemin tracé
Gisent inertes
Glissant
Sur l’âme du monde
Voix anodine
Traces dérisoires
Dans les mémoires indemnes
Murmure
Obscure étoile
Dans le ciel dévasté de lumière
Etincelle
Dans la nuit sombre
La veille du poète
S’éternise
Dans un murmure
Un éclair
Balbutie
Ecoute le verbe
La voix hésitante
Bruissements inaudibles
Paroles silencieuses
Au cri déchirant
Clameurs lointaines
Pour la foule impassible
Pour les âmes
A l’inquiétude oubliée
Bruits que l’on terre
Sous le ciel morose
Sanglot
Goutte de rosée
Dans l’écume des jours
Sous le ciel ombragé
Au creux des vagues
Se perd
Noyé de larmes
Dans l’abysse du monde
Le cri du poète
Parole
Le visage penché sur l’abat-jour
La main posée
Sur le seuil encombré
Le poète écoute
La voix sibylline
Guider la plume
Dicter la parole silencieuse
Barreaux
Au cœur de la sinistre geôle
Rangée parmi les clapiers
La petite cage solitaire
Du poète
Enfermé le jour
D’où s’élèvent la nuit
L’angoisse
Les pleurs, l’infortune
Les cris d’agonie
Et les larmes noires
Qui s’envolent dans le vent
Attente
Dans la modestie des jours
Le poète célèbre l’éphémère
Le ciel qui embrase la nuit
L’indicible douleur qui irradie
Les heures blafardes
Dans l’attente de l’étroit sentier
Déserté par la foule
Qui déambulent
Dans le faste des jours
Insigne
Sur la table bancale
Un écriteau gris
Accumule les signes
Echo des profondeurs
Appel du ciel
Clameurs lointaines
Hiéroglyphes invisibles
Sur la surface ombrée
Se pose chaque nuit
Une lourde pile de pièces d’or
En équilibre
Qui s’efface à l’aube
Vil labeur
A l’horizon inestimable
Gratifiante besogne mésestimée
Œuvre le poète
Chaque nuit
Edifie lentement
La tour sans fin
L’infime cathédrale
Aux allures misérables
Modeste masure
Devant l’éternité
Sous la lumière solitaire
Bâtit l’ascension
Au cœur de la nuit montante
Vers les sommets abrupts
Substance
Sur les lettres griffonnées
A la substance aride
Pleure le poète
Qui rêve de paroles fécondes
Qui nourriraient la terre
Abreuveraient les hommes
Eclaireraient les pas
Vers le territoire mystérieux
Brûlure
Poète des jours sombres
A la terre dévastée
Où brille le soleil
Qui glace les âmes frileuses
A l'ombre de l'albatros
Dans le noir hiver
Aux brises parcourues
L’hirondelle attend
L’agonie d’un ciel incertain
Sous l’aile de l’albatros
L’espoir d’une terre
A l’orée du monde
Où battissent les hommes
Un antre fermé
Aux fonds des entrailles
D’un ventre sans pudeur
Sous les nuages gris
Un tertre aux mille lunes
Où étincellerait la nuit
Une béance sans faille
Où se perdrait l’écho
Et le reflet des visages creusés
Par le sillon des horloges
Mille paysages
Aux vacarmes secrets
Tirés d’une œuvre
Sans tâche
Un abîme d’égarement
Aux interstices mystérieux
Enveloppé de l’invisible sphère
Où dorment les prophètes
Sous le ciel grimaçant
A l’ombre de l’albatros
A jamais demeure l’hirondelle