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LES CARNETS METAPHYSIQUES & SPIRITUELS

A propos

La quête de sens
Le passage vers l’impersonnel
L’exploration de l’être

L’intégration à la présence


Carnet n°1
L’innocence bafouée

Récit / 1997 / La quête de sens

Carnet n°2
Le naïf

Fiction / 1998 / La quête de sens

Carnet n°3
Une traversée du monde

Journal / 1999 / La quête de sens

Carnet n°4
Le marionnettiste

Fiction / 2000 / La quête de sens

Carnet n°5
Un Robinson moderne

Récit / 2001 / La quête de sens

Carnet n°6
Une chienne de vie

Fiction jeunesse / 2002/ Hors catégorie

Carnet n°7
Pensées vagabondes

Recueil / 2003 / La quête de sens

Carnet n°8
Le voyage clandestin

Récit jeunesse / 2004 / Hors catégorie

Carnet n°9
Le petit chercheur Livre 1

Conte / 2004 / La quête de sens

Carnet n°10
Le petit chercheur Livre 2

Conte / 2004 / La quête de sens

Carnet n°11 
Le petit chercheur Livre 3

Conte / 2004 / La quête de sens

Carnet n°12
Autoportrait aux visages

Récit / 2005 / La quête de sens

Carnet n°13
Quêteur de sens

Recueil / 2005 / La quête de sens

Carnet n°14
Enchaînements

Récit / 2006 / Hors catégorie

Carnet n°15
Regards croisés

Pensées et photographies / 2006 / Hors catégorie

Carnet n°16
Traversée commune Intro

Livre expérimental / 2007 / La quête de sens

Carnet n°17
Traversée commune Livre 1

Récit / 2007 / La quête de sens

Carnet n°18
Traversée commune Livre 2

Fiction / 2007/ La quête de sens

Carnet n°19
Traversée commune Livre 3

Récit & fiction / 2007 / La quête de sens

Carnet n°20
Traversée commune Livre 4

Récit & pensées / 2007 / La quête de sens

Carnet n°21
Traversée commune Livre 5

Récit & pensées / 2007 / La quête de sens

Carnet n°22
Traversée commune Livre 6

Journal / 2007 / La quête de sens

Carnet n°23
Traversée commune Livre 7

Poésie / 2007 / La quête de sens

Carnet n°24
Traversée commune Livre 8

Pensées / 2007 / La quête de sens

Carnet n°25
Traversée commune Livre 9

Journal / 2007 / La quête de sens

Carnet n°26
Traversée commune Livre 10

Guides & synthèse / 2007 / La quête de sens

Carnet n°27
Au seuil de la mi-saison

Journal / 2008 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°28
L'Homme-pagaille

Récit / 2008 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°29
Saisons souterraines

Journal poétique / 2008 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°30
Au terme de l'exil provisoire

Journal / 2009 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°31
Fouille hagarde

Journal poétique / 2009 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°32
A la croisée des nuits

Journal poétique / 2009 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°33
Les ailes du monde si lourdes

Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°34
Pilori

Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°35
Ecorce blanche

Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°36
Ascèse du vide

Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°37
Journal de rupture

Journal / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°38
Elle et moi – poésies pour elle

Poésie / 2009 / Hors catégorie

Carnet n°39
Préliminaires et prémices

Journal / 2010 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°40
Sous la cognée du vent

Journal poétique / 2010 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°41
Empreintes – corps écrits

Poésie et peintures / 2010 / Hors catégorie

Carnet n°42
Entre la lumière

Journal poétique / 2011 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°43
Au seuil de l'azur

Journal poétique / 2011 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°44
Une parole brute

Journal poétique / 2012 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°45
Chemin(s)

Recueil / 2013 / Le passage vers l’impersonnel

Carnet n°46
L'être et le rien

Journal / 2013 / L’exploration de l’être

Carnet n°47
Simplement

Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°48
Notes du haut et du bas

Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°49
Un homme simple et sage

Récit / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°50
Quelques mots

Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°51
Journal fragmenté

Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°52
Réflexions et confidences

Journal / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°53
Le grand saladier

Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°54
Ô mon âme

Journal poétique / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°55
Le ciel nu

Recueil / 2014 / L’exploration de l’être

Carnet n°56
L'infini en soi 

Recueil / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°57
L'office naturel

Journal / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°58
Le nuage, l’arbre et le silence

Journal / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°59
Entre nous

Journal / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°60
La conscience et l'Existant

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°61
La conscience et l'Existant Intro

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°62
La conscience et l'Existant 1 à 5

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°63
La conscience et l'Existant 6

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°64
La conscience et l'Existant 6 (suite)

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°65
La conscience et l'Existant 6 (fin)

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°66
La conscience et l'Existant 7

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°67
La conscience et l'Existant 7 (suite)

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°68
La conscience et l'Existant 8 et 9

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°69
La conscience et l'Existant (fin)

Essai / 2015 / L’exploration de l’être

Carnet n°70
Notes sensibles

Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°71
Notes du ciel et de la terre

Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°72
Fulminations et anecdotes...

Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°73
L'azur et l'horizon

Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°74
Paroles pour soi

Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°75
Pensées sur soi, le regard...

Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°76
Hommes, anges et démons

Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°77
La sente étroite...

Journal / 2016 / L’exploration de l'être

Carnet n°78
Le fou des collines...

Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°79
Intimités et réflexions...

Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°80
Le gris de l'âme derrière la joie

Récit / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°81
Pensées et réflexions pour soi

Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°82
La peur du silence

Journal poétique / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°83
Des bruits aux oreilles sages

Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°84
Un timide retour au monde

Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°85
Passagers du monde...

Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°86
Au plus proche du silence

Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°87
Être en ce monde

Journal / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°88
L'homme-regard

Récit / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°89
Passant éphémère

Journal poétique / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°90
Sur le chemin des jours

Recueil / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°91
Dans le sillon des feuilles mortes

Recueil / 2016 / L’intégration à la présence

Carnet n°92
La joie et la lumière

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°93
Inclinaisons et épanchements...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°94
Bribes de portrait(s)...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°95
Petites choses

Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°96
La lumière, l’infini, le silence...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°97
Penchants et résidus naturels...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°98
La poésie, la joie, la tristesse...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°99
Le soleil se moque bien...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°100
Si proche du paradis

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°101
Il n’y a de hasardeux chemin

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°102
La fragilité des fleurs

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°103
Visage(s)

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°104
Le monde, le poète et l’animal

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°105
Petit état des lieux de l’être

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°106
Lumière, visages et tressaillements

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°107
La lumière encore...

Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°108
Sur la terre, le soleil déjà

Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°109
Et la parole, aussi, est douce...

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°110
Une parole, un silence...

Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°111
Le silence, la parole...

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°112
Une vérité, un songe peut-être

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°113
Silence et causeries

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°114
Un peu de vie, un peu de monde...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°115
Encore un peu de désespérance

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°116
La tâche du monde, du sage...

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°117
Dire ce que nous sommes...

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°118
Ce que nous sommes – encore...

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°119
Entre les étoiles et la lumière

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°120
Joies et tristesses verticales

Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°121
Du bruit, des âmes et du silence

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°122
Encore un peu de tout...

Journal poétique / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°123
L’amour et les ténèbres

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°124
Le feu, la cendre et l’infortune

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°125
Le tragique des jours et le silence

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°126
Mille fois déjà peut-être...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°127
L’âme, les pierres, la chair...

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°128
De l’or dans la boue

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°129
Quelques jours et l’éternité

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°130
Vivant comme si...

Journal / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°131
La tristesse et la mort

Récit / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°132
Ce feu au fond de l’âme

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°133
Visage(s) commun(s)

Recueil / 2017 / L’intégration à la présence

Carnet n°134
Au bord de l'impersonnel

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°135
Aux portes de la nuit et du silence

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°136
Entre le rêve et l'absence

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°137
Nous autres, hier et aujourd'hui

Récit / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°138
Parenthèse, le temps d'un retour...

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°139 
Au loin, je vois les hommes...

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°140
L'étrange labeur de l'âme

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°141
Aux fenêtres de l'âme

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°142
L'âme du monde

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°143
Le temps, le monde, le silence...

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°144
Obstination(s)

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°145
L'âme, la prière et le silence

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°146
Envolées

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°147
Au fond

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°148
Le réel et l'éphémère

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°149
Destin et illusion

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°150
L'époque, les siècles et l'atemporel

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°151
En somme...

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°152
Passage(s)

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°153
Ici, ailleurs, partout

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°154
A quoi bon...

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°155
Ce qui demeure dans le pas

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°156
L'autre vie, en nous, si fragile

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°157
La beauté, le silence, le plus simple...

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°158
Et, aujourd'hui, tout revient encore...

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°159
Tout - de l'autre côté

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°160
Au milieu du monde...

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°161
Sourire en silence

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°162
Nous et les autres - encore

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°163
L'illusion, l'invisible et l'infranchissable

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°164
Le monde et le poète - peut-être...

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°165
Rejoindre

Recueil / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°166
A regarder le monde

Paroles confluentes / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°167
Alternance et continuité

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°168
Fragments ordinaires

Paroles confluentes / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°169
Reliquats et éclaboussures

Paroles confluentes / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°170
Sur le plus lointain versant...

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°171
Au-dehors comme au-dedans

Paroles confluentes / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°172
Matière d'éveil - matière du monde

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°173
Lignes de démarcation

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°174
Jeux d'incomplétude

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°175
Exprimer l'impossible

Regard / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°176
De larmes, d'enfance et de fleurs

Récit / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°177
Coeur blessé, coeur ouvert, coeur vivant

Journal / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°178
Cercles superposés

Journal poétique / 2018 / L'intégration à la présence

Carnet n°179
Tournants

Journal / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°180
Le jeu des Dieux et des vivants

Journal / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°181
Routes, élans et pénétrations

Journal / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°182
Elans et miracle

Journal poétique / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°183
D'un temps à l'autre

Recueil / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°184
Quelque part au-dessus du néant...

Recueil / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°185
Toujours - quelque chose du monde

Regard / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°186
Aube et horizon

Journal / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°187
L'épaisseur de la trame

Regard / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°188
Dans le même creuset

Regard / 2019 / L'intégration à la présence

Carnet n°189
Notes journalières

Carnet n°190
Notes de la vacuité

Carnet n°191
Notes journalières

Carnet n°192
Notes de la vacuité

Carnet n°193
Notes journalières

Carnet n°194
Notes de la vacuité

Carnet n°195
Notes journalières

Carnet n°196
Notes de la vacuité

Carnet n°197
Notes journalières

Carnet n°198
Notes de la vacuité

Carnet n°199
Notes journalières

Carnet n°200
Notes de la vacuité

Carnet n°201
Notes journalières

Carnet n°202
Notes de la route

Carnet n°203
Notes journalières

Carnet n°204
Notes de voyage

Carnet n°205
Notes journalières

Carnet n°206
Notes du monde

Carnet n°207
Notes journalières

Carnet n°208
Notes sans titre

Carnet n°209
Notes journalières

Carnet n°210
Notes sans titre

Carnet n°211
Notes journalières

Carnet n°212
Notes sans titre

Carnet n°213
Notes journalières

Carnet n°214
Notes sans titre

Carnet n°215
Notes journalières

Carnet n°216
Notes sans titre

Carnet n°217
Notes journalières

Carnet n°218
Notes sans titre

Carnet n°219
Notes journalières

Carnet n°220
Notes sans titre

Carnet n°221
Notes journalières

Carnet n°222
Notes sans titre

Carnet n°223
Notes journalières

Carnet n°224
Notes sans titre

Carnet n°225

Carnet n°226

Carnet n°227

Carnet n°228

Carnet n°229

Carnet n°230

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Carnet n°261

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Carnet n°263
Au jour le jour

Octobre 2020

Carnet n°264
Au jour le jour

Novembre 2020

Carnet n°265
Au jour le jour

Décembre 2020

Carnet n°266
Au jour le jour

Janvier 2021

Carnet n°267
Au jour le jour

Février 2021

Carnet n°268
Au jour le jour

Mars 2021

Carnet n°269
Au jour le jour

Avril 2021

Carnet n°270
Au jour le jour

Mai 2021

Carnet n°271
Au jour le jour

Juin 2021

Carnet n°272
Au jour le jour

Juillet 2021

Carnet n°273
Au jour le jour

Août 2021

Carnet n°274
Au jour le jour

Septembre 2021

Carnet n°275
Au jour le jour

Octobre 2021

Carnet n°276
Au jour le jour

Novembre 2021

Carnet n°277
Au jour le jour

Décembre 2021

Carnet n°278
Au jour le jour

Janvier 2022

Carnet n°279
Au jour le jour

Février 2022

Carnet n°280
Au jour le jour

Mars 2022

Carnet n°281
Au jour le jour

Avril 2022

Carnet n°282
Au jour le jour

Mai 2022

Carnet n°283
Au jour le jour

Juin 2022

Carnet n°284
Au jour le jour

Juillet 2022

Carnet n°285
Au jour le jour

Août 2022

Carnet n°286
Au jour le jour

Septembre 2022

Carnet n°287
Au jour le jour

Octobre 2022

Carnet n°288
Au jour le jour

Novembre 2022

Carnet n°289
Au jour le jour

Décembre 2022

Carnet n°290
Au jour le jour

Février 2023

Carnet n°291
Au jour le jour

Mars 2023

Carnet n°292
Au jour le jour

Avril 2023

Carnet n°293
Au jour le jour

Mai 2023

Carnet n°294
Au jour le jour

Juin 2023

Carnet n°295
Nomade des bois (part 1)

Juillet 2023

Carnet n°296
Nomade des bois (part 2)

Juillet 2023

Carnet n°297
Au jour le jour

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© Les carnets métaphysiques & spirituels

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15 août 2021

Carnet n°265 Au jour le jour

Décembre 2020

Ni effort – ni sacrifice – ce qu’imposent les circonstances – le corps – le monde – l’influence des étoiles – les limites de la psyché – la nécessité du vide et du silence – les impératifs (non négociables) de la solitude – ce dont nous avons (viscéralement) besoin – ce qu’il nous faut goûter – éprouver – expérimenter – exactement…

 

 

Le poème – comme une prière lancée sans intention – vers le plus proche – le plus lointain ; entre le cri – le chant – le silence ; quelque chose sans destinataire – sans destination ; un geste naturel et gratuit ; presque rien – en somme…

Un peu d’espace – comme un courant invisible au-dessus des têtes…

Ni signe – ni sens – une langue présente – une manière d’être là – disponible – discret – attentif ; une façon, peut-être, de révéler – et de célébrer – l’humanité – en nous…

De l’encre sur le papier et l’incommensurable qui s’offre à l’âme…

 

 

Rien ne nous attend ; nous n’attendons rien…

L’espace – seulement – sans personne…

La solitude et la joie – notre sort – à présent ; si différent de ces (longues) années passées dans le noir – avec le masque de la tristesse collé sur le visage – le cœur recouvert de mille voiles – longs et épais – et l’ignorance en strates au fond de l’esprit – en deçà de toute possibilité de savoir – de découvrir l’autre versant du réel – derrière l’absence…

Nous et le monde – dans l’obscurité de ceux qui s’imaginent pauvres et mortels…

Nous et le monde – prisonniers des idées et des images des Autres…

Et nous – aujourd’hui – à la périphérie du monde humain – étroit – si commun – au seuil d’une plus large perspective – d’un horizon et d’une manière d’être au-delà de l’homme – peut-être…

 

*

 

La nuit alentour – au-dedans – au-devant du monde – qui recouvre, peu à peu, le ciel – qui devient, de proche en proche, les visages – les âmes – la parole – ce que chacun finit par être – et échanger avec les Autres – sans même y penser – sans même en avoir conscience…

Le noir jusque dans les profondeurs les plus reculées du cœur…

 

 

Le ciel – à travers les Autres – qui, tantôt, nous bouscule – qui, tantôt, nous accueille…

Sans direction – mille soustractions nécessaires – seulement ; ni récompense – ni punition – une intelligence – une sensibilité – à découvrir – à faire éclore – en dessous du feu…

 

 

Muet – devant le langage qui nous invente ; des traces particulières – nous dit-on…

Ainsi les hommes aiment se persuader de leur consistance – de la véracité de leur existence : peu (très peu) savent que rien n’existe – eux – pas davantage que le monde – que les Autres…

Un peu d’air vaguement rassemblé – vaguement agrégé ; un peu d’air qui s’agite – que les vents et les circonstances précipitent un peu plus loin ; de vie en vie – dans le même vide…

 

 

Une fenêtre à la place des questions d’autrefois…

Du silence et de l’immensité là où, naguère, les mots et le bavardage se cognaient dans l’espace trop étroit de la tête…

Parfois – des larmes – entre joie et tristesse (presque toujours)…

Quelque chose de vif – de tendre – d’attentif…

Quelque chose qui n’appartient ni au monde – ni à la psyché ; extra-terrestre – littéralement…

 

 

Des taches d’encre sur la page – comme des taches de doigts sur une vitre – incongrues – déplacées – comme des salissures sur la fenêtre du monde – un peu d’opacité supplémentaire – rien (trop souvent) qui n’aiguise – qui n’éclaircisse – la vision – le regard…

Un voile sur le réel – comme un obstacle (presque) rédhibitoire à la contemplation…

 

 

A tâtons dans le noir – la dévastation – quelque chose de (presque) imprononçable pour l’innocence ; les deux jambes coupées – nos lignes suspendues à un fil – au-dessus du monde-abîme – comme un funambule invité en pays hostile – pressé de reprendre, dès que possible, sa marche mesurée – de retrouver ses hauteurs et son envergure…

 

 

Rien – sur l’autel du langage – un peu d’encre – un peu de sueur ou de bave – des signes – des mots – toutes les fables inventées par les hommes…

De simples histoires – rien, jamais, de réel…

Et, pourtant, le sens fait toujours trembler le monde ; il célèbre ou crucifie – et l’on en fait, encore un peu partout, un outil de propagande – une arme de persuasion…

 

 

On offre – on sert – on se prête aux usages nécessaires ; jamais l’on n’exploite – jamais l’on n’instrumentalise…

Outil ancillaire plutôt qu’acteur décisionnaire et tyrannique…

Plus conscience sensible que (exclusivement) doté des attributs humains ordinaires…

(Très) singulière manière d’être – parmi les hommes…

 

 

Ce qui se renouvelle – en nous – l’invisible – l’intangible – ce dont si peu ont conscience…

La nuit comme le jour…

Le rêve – la ruse – les instincts ; et le reste moins (beaucoup moins) désespérant ; la tendresse – l’intelligence – la lucidité…

Vivant(s) – sans effort…

Le réel – au-delà du labyrinthe inventé – sans géographie – sans cartographie – inconnu – toujours – inexplorable – que l’on découvre et que l’on oublie le pas suivant ; le lieu de l’émerveillement – le chemin du non-apprentissage ; le regard sans mémoire qui, sans cesse, perçoit pour la première fois…

L’une des plus belles manières d’exister – peut-être…

 

*

 

Les hommes – le temps – emmurés dans le désastre – l’impossibilité ; les chemins du devenir – de catastrophe en catastrophe – presque rien – en somme – sinon l’impossibilité de l’affranchissement…

Quelques tours – douloureux (et désespérants – le plus souvent) – au cœur de l’invisible…

 

 

L’indicible – Dieu – sous nos masques – qui interroge – qui dénude l’esprit – tout ce qui doit l’être…

En soi – sans jamais prendre les Autres à témoin…

Dans l’âpreté des exercices solitaires – ce qui s’impose à notre volonté (si l’on peut dire)…

Des portes qui s’ouvrent sur l’immensité ; un périmètre qui, peu à peu, découvre – et dévoile – son étendue…

 

 

Des seuils – la vie qui s’affaisse – avec la pensée – le monde – les ombres – tout ce qui paraît trop perceptible – trop évident…

L’abîme qui modèle l’œil et le temps – les figures jointes du ciel et du geste – dans chaque parole…

La terre – comme un autel où se joue, à chaque instant, le plus sacré…

 

 

Le manque – l’inachevé ; tout ce qui – en nous – nécessite un peu d’attention…

Et le langage qui s’érige à la manière des tours – de forteresses inattaquables – construites sur le sable ; illusions d’existence – de puissance et de hauteur (de vue) – qui n’impressionnent que les yeux des enfants (trop) obéissants – à la curiosité défaillante…

 

 

D’un geste d’oiseau – sans (jamais) s’appesantir – en un éclair – comme la vie et la mort – de passage seulement – à peine une trace dans le ciel – pas même un envol – pas même un voyage – le plus bref disparaissant avec discrétion…

 

 

De passage – sur la pierre – comme tous les esprits voués (momentanément) à la malédiction terrestre…

Ni enfer – ni paradis – pas même le purgatoire…

Le temps (plus ou moins long) du sommeil…

 

 

En d’autres lieux que le monde – là où le rêve demeure étranger – là où la mémoire a été bannie – là où le rêve et la mémoire se sont effondrés à force de vide – sur ce chemin qui, sans cesse, retourne à l’origine – l’oubli en tête – au milieu de la matrice – partout délocalisée…

Sans embarras – l’être dans sa plus grande innocence et le cœur nu (et à vif)…

Là où l’on nous a posé(s) – sur le rebord d’une immense fenêtre – aux marges du monde – derrière les apparences bien rangées – au cœur du désordre – du chaos plein l’âme et la bouche…

Aux angles perdus de la raison – là où nul ne penserait à venir nous chercher…

L’âme au centre de l’univers – adossé au vide – dans l’immensité que nous sommes ; et le monde – et les choses – les visages et les idées – toutes les fulgurances qui nous traversent…

Ici – présent – sans excès – sans le moindre débordement – la parole sur sa sente sacrée – la plus naturelle à nos yeux – et, sans doute, la plus hermétique et la plus incompréhensible aux yeux des Autres…

 

 

La douleur cloutée sous le front – avec cet embarras à vivre devant toutes ces bêtes mourantes sur le sol jonché de corps et de sang – sous la mainmise des hommes ; tous ces pas qui piétinent – toutes ces mains rouges – toutes ces intentions sanguinaires…

D’un côté – l’hystérie de la faim – jusqu’à la folie ; et de l’autre – la chair et les âmes blessées – infiniment tristes – et inguérissables – sans doute…

 

*

 

De la rencontre – saisissante – entre figures aimantes – alliées – comme une aubaine…

Un parcours de l’enfance revisité – de mort en mort – à travers mille vies successives – ce qui nous hante – cette longue étreinte – cette part du cœur amoureux que l’on partage…

Ni promesse – ni reconstitution – l’identité des profondeurs reconnue – l’œuvre commune – ce qui nous attend après le lot d’épreuves et de catastrophes nécessaires…

Une voie – une chance – ravivées par l’Amour…

Ce qui – en nous – se renouvelle – au milieu des habitudes et des répétitions quotidiennes…

Le dispositif du rayonnement – réajusté sans inquiétude – au gré des visages – des circonstances – des possibilités…

Le plus poétique de ce monde – sans aucun doute – au cœur des emboîtements d’usage – des alliances réalisées par crainte ou ambition – comme une résonance malgré la laideur – les instincts – les excès de la volonté humaine – toute la cruauté dont nous sommes capables…

La beauté de cette – de notre – présence – parmi tant de certitudes – de limites – d’imperfections…

Là – sans désir – sans impatience – terrain vierge de toutes les traversées – ce qui s’impose – sans obscurité – ce qui s’efface d’un seul geste – ce qui s’oublie sans nostalgie – ce qui s’invite encore et encore – à la manière de l’aube sur la terre – un sourire – un peu de lumière sur notre effroi – notre misère – comme un repère – un refuge – sur ces rives tristes et trop pressées…

Le jour – tel un sillon dans la nuit – un fanal au fond de l’abîme – ce qui pourrait nous sauver de l’espérance et des tourments – malgré cette ronde (sans fin) de malheurs…

 

 

Couchés dans l’immensité – la tête à l’envers – les joues rouges à force de rire – frères d’une seule fratrie – dans cette marche – tantôt horizontale – tantôt verticale – souvent crépusculaire – ensemble jusqu’à Dieu – et au-delà – comme des enfants sous le regard tendre de leur mère – la joie de se parcourir – de cheminer, peu à peu, vers soi – dans cette respiration de la distance qui enchaîne, de manière ininterrompue, les éloignements et les rapprochements – comme un souffle divin au cœur de la chair – sur notre si terrestre chemin…

 

 

Le plus précieux – parmi les immondices – contrairement aux objets de contrebande – que l’on expose et que l’on s’échange comme des choses de grand intérêt…

L’esprit écorné par les apparences et la cécité…

Le règne – toujours triomphant – de la bêtise…

 

 

Ce que l’on a peint – malicieusement – sur nos yeux – pour que nous ne puissions voir que les traits du monde les plus grossiers – le plus tangible – la forme la plus apparente des choses…

Comme de l’eau jetée dans un fleuve – de la terre lancée sur le sol – un linceul qui envelopperait la mort…

Quelque chose d’un peu inutile (et d’un peu ridicule) – qui nous fait, parfois, froncer les sourcils d’un air (légèrement) méprisant…

La beauté et la poésie – le parfum de la sagesse – comme mille caresses sur la tête de soldats casqués – comme un arc-en-ciel offert à une foule aveugle…

De la tourmente dans nos yeux trop vifs…

Une porte ouverte sur l’invisible – l’immensité méconnue…

Assis – dans l’attente – sur le seuil de tous les horizons – de toutes les perspectives – de tous les possibles – pour longtemps – peut-être…

 

*

  

Dans le regard – le jour qui s’efface – la promesse qui s’éloigne – la sagesse amoindrie – comme une faiblesse de l’âme – passagère peut-être – durable – on ne sait pas…

D’un espace à l’autre – sur un chemin étrange – au cœur d’un voyage à la destination imprécise – les pas lourds – la tristesse sous les paupières – et l’inquiétude comme une seconde peau…

Le silence épais dans la poitrine – le souffle court – suffocant…

Comme aspiré au fond d’un gouffre – au cœur de la vacuité première – peut-être…

Entre angoisse et confusion – ce va-et-vient dans l’inconnu – la vastitude d’un nom et d’un monde oubliés…

Du vide – du sable – et ces oiseaux étranges dans la tête – ivres de ce soleil disparu…

L’effroi – l’errance – l’immensité – sans échappée possible…

Quelques traces dont seule la poussière se souviendra…

Notre parfaite absence…

 

 

Le temps et le langage – si étrangers à la poésie – comme éloignés des rives les plus habitables – les plus délicates – les plus sensibles – les plus propices à la beauté – comme le monde – en somme – l’âme encore plongée dans le rêve et la grossièreté…

Ce qui passe, parfois, au-dessus de la pensée des sages – l’invisible – le silence – l’enfance reconnue – l’enfance retrouvée ; notre ambition à tous…

 

 

(Presque) toujours – résultat d’un calcul – instrument stratégique d’une intention – moyen d’une fin délibérée ou inconsciente…

Sans l’Autre – le monde oublié – le cœur libre – l’esprit affranchi de la crainte et du conflit – des rêves (trop communs) de grandeur et de conquête…

L’innocence ancillaire et la main attentive – prêtes à tous les usages…

 

 

Une fenêtre dans le jour – ce qui nous accompagne – sans la moindre explication – sans obscure raison…

Une ouverture parfaite – dans tous les lieux où nous nous trouvons…

Un peu d’enfance – au cœur du regard – malgré le temps qui passe…

Cette poésie des marges qui, parfois, porte à la grâce – à l’éternité…

 

 

Un temple – très ancien – dont on a oublié le nom – dont les rites et les divinités ont été abandonnés …

De la joie et du rire – à présent…

Des lignes – une parole – comme des oiseaux nés du rêve qui chercheraient à témoigner du réel…

Le monde – en soi – sans ruse – sans magie – sans tourment…

Le temps qui se dissout entre les tempes…

La tête dans les derniers échos des bruits des siècles…

L’âme et la main généreuses – (entièrement) offertes…

Le cœur sans destinée – sans usage – attentif…

Notre peau – contiguë à celle de tous les Autres…

Le même œil qui, peu à peu, s’élargit…

Dieu détruisant tous nos édifices – tous nos sanctuaires de pierre et de papier – et laissant couler sur nos lèvres assoiffées l’eau première – l’innocence – la virginité…

Le réenchantement de la terre et du vide…

 

*

 

Au fond de l’enfance – notre frémissement – ce chuchotement du monde devant la beauté – le parfum de l’invisible – notre discernement face à la nuit – face aux Autres encore enténébrés – dans le chaos de leur cacophonie – le vertige de la bêtise triomphante – quelque chose comme une brume – une forme sans contour – avec des fantômes qui errent autour de la source – de leur origine – l’âme à feu et à sang – comme la terre – le sommeil logé au fond de l’abîme – en ces lieux sans lumière – comme cachés dans les recoins du monde les plus reculés – trop (bien trop) lointains pour être embrassés par l’Amour – le cœur et les mains endurcis par trop de misères successives…

Le noir – partout – presque inguérissable – la couleur du rêve – de tous les rêves des pauvres hommes – des pauvres bêtes – le vide contaminé…

Le règne manifeste – absolu – de l’absence…

 

 

Rien qu’une parole – vaste – profonde – lumineuse – née des profondeurs de l’âme – et composée (essentiellement) de silence ; la seule substance nécessaire pour que le langage soit recevable – entendable – réel – mais, malheureusement – trop souvent, incompris…

 

 

Par-delà le jour – les éclipses du cœur – l’âme exilée – l’hiver du monde – l’impossibilité du poème..

Nous – nu(s) – errant – dansant – nous aventurant – sur aucun socle – assis, en quelque sorte, devant toutes les portes fermées…

Le sentier de son propre visage – pas même accessible…

Le lointain qui s’approche – qui s’obstine – qui nous entoure – qui nous pénètre – devenu(s) étranger(s) à nous-même(s) – la figure en friche – l’obscurité malheureuse qui nous envahit…

Le vide inhabité ; notre seule géographie – sans doute…

 

 

Les yeux ouverts – devant nous – mais clos au-dedans – comme une cécité – une infirmité métaphysique ; Dieu – l’essence du monde – imperceptibles par les hommes – oubliés peut-être…

Le cœur assoupi – avec ce goût de terre dans la bouche – comme un embourbement (quasi) ontologique – un étouffement progressif et programmé…

 

 

Rien – de nulle part – vers ailleurs – un peu plus loin – comment le savoir – dans le vide – déjà perdu – déjà englouti – déjà sauvé – éternellement indemne (sans doute)…

Et cette encre qui sort de notre bouche – qui dégouline en signes sur la page – comme si nous débordions d’un silence légèrement corrompu – comme si quelque chose, en nous, s’acharnait à vouloir se transformer en substance terrestre – en liqueur consommable par les hommes…

 

 

Les yeux très proches du cercle – comme le cœur – près du regard – cet infini et l’envergure du point – si dense – comme une force brute – inépuisable – intarissable…

L’immensité et l’énergie – cette double nature – comme un espace vivant – une présence, parfois, habitée – parfois, désertée…

Du vide – abandonné à lui-même – le plus souvent…

 

 

Notre part de colère et notre part de rire ; notre contribution aux querelles – à la joie – à la mort – au printemps – dans notre chambre – sur tous les champs de bataille – sur l’entière surface du monde – au-dedans – parmi nous – au fond de la solitude – dans la compagnie des Autres…

Au centre et aux marges du cercle – de tous les cercles – ici et ailleurs – jusqu’au plus lointain – au-delà du connu – au-delà même des confins…

Dieu – que nous sommes – immenses – multiples – dérisoires – et notre cœur impossible à résumer – à restreindre – à localiser…

 

*

 

La parole glacée – comme des portes – des bras – qui se refusent – qui se referment – le visage impassible – le cœur absent – un déficit de tendresse comme un gouffre noir – une béance dans laquelle n’existe aucune altérité…

Des noms – des corps – des objets – au milieu du monde – avec, partout, des territoires à conquérir – des choses à acquérir – des titres à obtenir…

Nous – et dans nos coffres – ce que nous avons pillé – tous nos trésors – ce qui nous rassure – ce dont nous pouvons jouir…

Nous – si nombreux – si communs – face à ceux qui n’ont rien – une main – un regard – seulement – tendu(e) vers notre indifférence – implorant notre cœur sans âme…

 

 

Dans l’intervalle d’un Autre – plus lointain – presque étranger – comme une île abandonnée au milieu des jours – au milieu du temps…

Un sourire sur notre soif – le monde qui se dérobe…

Dans le cœur – l’immensité recouverte – la parole retranchée – le chemin circulaire…

Ce qui constitue une histoire – presque un poème – que l’on déposera, un jour, sur le sable – entre deux pierres – près d’un arbre sur lequel viendront se percher des oiseaux imaginaires…

Notre vie – notre monde – en ruines…

Des cendres à la place des flammes…

Le ciel brumeux – le ciel crépusculaire…

Nos dernières heures – sans doute…

Comme ces fleurs minuscules couchées par l’hiver…

 

 

Devant les ombres descendues – le front incliné – ce que pèse notre âme – dans l’obéissance forcée (dans l’obéissance artificielle) ; et sa manière de s’élever – de s’élargir – devant la lumière – au cœur de cette liberté fidèle au réel – à l’envergure du ciel – accordée aux circonstances – au cours des choses – aux exigences du monde…

 

 

Tout ce bleu tissé sous la peau…

La couleur dominante – de plus en plus…

Du ciel dans le geste – le pas presque infini – la parole bien plus vaste que la bouche et la tête – née des courants qui circulent au-dessus du monde – entre la source et la source – au cœur de ces va-et-vient permanents – de ces étranges circonvolutions – par-delà les apparences – par-delà la mort et les existences…

Le visage – le sang – l’espoir – à même la poussière…

Et le regard – très en deçà – très au-delà – capable d’adoucir tous les hurlements – toutes les douleurs…

Au cœur du silence et de l’immobilité – l’Amour suffisant pour tout endurer…

Le soleil en tête – comme sur nos lignes – les tremblements et les craintes éclairés…

Ce qui marche – ce qui tombe – et ce que l’on rattrape – de temps en temps…

Notre langue – à travers les murailles – qui perce partout – dans l’opacité – des fenêtres…

A jouir – presque indifféremment – de tout ce qui nous frôle – de la bêtise ou de la drôlerie des spectacles donnés pour personne…

Nous – sur le seuil d’un autre monde ; le cœur et l’esprit – vides…

La chair – la faim et l’intention – déjà rongées (en partie) par l’épuisement du désir…

 

*

 

L’enfance inconnue – à la dérive – comme ces fleurs que l’on jette, parfois, dans les fleuves sacrés – allant avec les eaux avant d’être englouties…

Le souffle – l’élan puis, la mort…

Telle une roue dans la boue et le brouillard – à travers les saisons et les paysages – sous le soleil et la neige – solidaire de l’attelage – sous les yeux parfois émerveillés – parfois indifférents – de la foule…

 

 

Au cœur de la forêt – comme si notre vie existait – parmi les jours – entre la soif et la lumière – présent – à l’ombre du monde – à l’ombre des hommes – sous le feuillage des grands arbres – à l’abri des hauteurs…

Comme notre parole et nos pages – déchiffrable(s) seulement par ceux qui ont l’âme sensible et attentive…

 

 

Ce qui – en nous – s’habitue aux existences lacunaires – au monde corrompu – aux infamies et à la cruauté – et qui, en secret, suffoque et s’offusque – s’éteint lentement – s’étouffe dans sa violence contenue et son retranchement…

Lisse – comme des lèvres peu éclairées – prêtes à tout pour être embrassées – sans le moindre discernement – et que l’on finit par ouvrir ou par mordre selon ses inclinaisons – ainsi est l’âme aussi – dans son impudeur et son ignorance…

Le monde comme le lieu de toutes les incompréhensions…

 

 

Séparé de tout – jusqu’à l’obsession – jusqu’à la mort…

Et ce rire – énorme – glaçant (à certains égards) – au-dessus de toutes nos tragédies…

Un peu de lumière – sur nos âmes brisées – sur nos têtes trop noires – qui ravive, parfois, notre désir, un peu flétri, d’encre et de bleu – cette immensité oubliée – à l’intérieur…

 

 

Le sourire et le murmure – offerts…

Un cœur – un visage – une parole…

Dieu et le monde – mélangés…

Le ciel que l’on appelle – en frottant ses mains – sur la roche…

L’âme et le corps – engourdis – plongés dans un état proche de la torpeur – une sorte de sommeil inconscient et involontaire – les yeux à moitié fermés – la poitrine tributaire de l’air – la tendresse que l’on prive de l’Amour que l’on nous a offert – et la lucidité à laquelle on ôte l’intelligence aiguisée par la curiosité et l’expérience…

En nous – devant nous – trop souvent, le même spectacle – l’indigence qui rêve de réenchantement – la misère qui s’imagine différente de ce qu’elle est…

En quête d’un Dieu trop longtemps caché – l’œuvre du monde – l’œuvre des circonstances – dans la parfaite continuité du dehors…

 

 

Des cris – encore – qui percent, parfois, les couches de tendresse accumulée au fil des jours – des expériences – de vie en vie – à travers des milliards de siècles ; ce long chemin sur lequel, peu à peu, nous nous rejoignons…

 

 

Rien – jamais – ne s’achève réellement…

Sur le même fil – les mêmes perspectives qui se dessinent – qui persévèrent – qui disparaissent – qui reviennent…

Aucun voyage – aucun destin – rompus…

Ce qui s’obstine dans le même sillon avec patience – avec le même acharnement ; l’espace – la matière – le silence et la chair – l’esprit – les âmes – inscrits ensemble – dans la même trame – arrachés au vide – et sans autre (réelle) appartenance…

 

*

 

Des cercles – des chemins – ce qui nous interroge – à la manière d’une mise au monde – le strict nécessaire – exonéré de toute forme de futilité…

L’Amour en dessous – derrière – partout ; et le manque – en surface…

La pauvreté et le ciel – sur la même pente…

Nous tous – rassemblés – et transformés, parfois, en choses vivantes – avec, au-dedans, des désirs et des peurs ; de la matière fragile – expressive – éructante – cette pâte étrange faite de glaise – de souffle et de mystère…

Du ciel – dans la parole – à côté de l’impossible…

Des nuages – au-dessus de la tête des Dieux – et l’oubli et la mort – un peu plus haut – un peu partout – comme les conditions les plus nécessaires à l’existence du monde – cet amas de matière et de choses invisibles entassées – ensemble – en désordre…

 

 

Le visage tourné vers le centre – la patrie intérieure – ce vide aux allures étranges – aux qualificatifs mensongers – que la langue dénature – défigure parfois – en le plaçant, trop souvent, sur l’autel des illusions – comme Dieu – le silence – la lumière – la vérité – si éloignés du monde – de ces existences humaines sinistres (et prosaïques) qui ont banni toute métaphysique – toute intériorité – qui ressemblent à des farces tristes et sans intérêt – et que la mort et l’oubli dissolvent en un instant…

Le réel – hors d’atteinte…

Rien que du sable – des corps et des pas – d’une incroyable gravité…

Et le ciel – comme un rêve hors de portée…

Ce que nous sommes – tous – pourtant – sans le moindre mystère – sans le moindre doute – sans la moindre étrangeté…

 

 

Ce que l’on arrache – avec la chair tuméfiée – cette étrange appartenance à l’Autre – le monde dans notre poche – ce que l’on met sur la table – dans son ventre – cette matière ingurgitée – la bouche pleine de terre et de cris – des corps – les tripes à l’air – la pourriture pestilentielle exposée – ce qui se décompose sous le soleil et les yeux indifférents – depuis le premier jour du monde…

De père en fils – le même sillon – la même ornière – creusé(e) peu à peu – le règne de la violence et de l’infamie…

L’appropriation instinctive et animale – qui corrompt tous les gestes – tous les usages…

Le sang – les tremblements – partout – sur la pierre – à hauteur de sol…

Ce qui – hélas – durera encore des siècles…

 

 

Entre les rives – à mesure que nous abandonnons notre place – celle que le monde nous a attribuée à notre naissance…

Le secret – peut-être – à la pointe de la dague qui nous transperce – de manière (presque) indolore – invisible – sans autre conséquence que l’imprégnation progressive de la vérité à travers l’expérience ; le silence, en nous, qui s’instaure – qui s’installe – qui nous creuse ; le vide, de plus en plus, évident à la place des mots – et des gestes parfois ; l’esprit qui devient le cœur – et inversement ; tout qui s’emboîte – qui s’interpénètre – dans une grande confusion – comme une béance grandissante – attentive et généreuse – dans laquelle tout se jette – dans laquelle tout prend place – offrant au monde davantage qu’un miroir et des reflets – une tendresse immense et sans âge – patiente – inépuisable – l’Amour des origines, sans cesse, revisité par les circonstances et les intentions invisibles et sous-jacentes…

 

*

 

Rien n’existe – en ces lieux du dehors ; le même vide qu’au fond du cœur…

Des centres qui s’ignorent – qui s’imaginent relégués aux lisières – la chair et l’âme exilées…

L’éclat secret de la nuit – au-dedans ; ce que l’on voit briller – à travers les yeux – ce que l’on ne peut obscurcir – ce que l’on ne peut éloigner ; cette chose que les hommes apparentent à Dieu – à la source…

Notre parfaite transparence – l’immensité bleue sous la peau – dans la voix – le ciel léger qui abrite l’éternité dont nous avons hérité…

 

 

Des arpents de nuit – au milieu des choses…

Nos paroles – comme des graines de vie – des fleurs encore enfouies dans l’invisible – inécloses – qui rêvent de terre fertile et d’épanouissement – de printemps et de mains délicates…

Le commencement de la fortune – la beauté du jour – la fièvre contagieuse de ce qui passe – les horizons assemblés que nul ne saurait décrire – la flèche qui nous clouera au silence – l’âme par-dessus le visage – infiniment consolée – le sommeil noué au fond de la tête pour ne pas oublier les rêves – le petit théâtre des ombres silencieuses – la roue du temps qui fait tournoyer les vies – qui les précipite – ici et ailleurs – sans altitude – sans autre perspective que la souillure et la corruption…

La terre ravagée comme nos cœurs – rongés par la violence et la faim – ce que l’on s’efforce (vainement) de dissimuler ; le règne de l’absurdité – l’effroyable contresens dans lequel nous existons – comme si nous nous condamnions à vivre au sommet d’une étroite colonne – sous les yeux des Autres – toujours (plus ou moins) assassins…

 

 

Dans la largeur d’un seul trait – doigts entre les lèvres pour dérouler la parole ; assembler nos murmures – relâcher toutes nos prises – abandonner nos filets – demeurer seul(s) et debout – sur la jetée qui mène à l’océan…

Attendre – patiemment – la fin de l’hiver – le soleil vivace du dehors – sous le front ; apprendre à devenir la jonction entre tous les éléments – le cœur de l’espace – l’immensité sans aucun secret – sans aucun recoin…

 

 

A mesure du vieillissement – ce trou dans le cœur – les pénuries de l’âme – comme un dessèchement de la substance…

Les rouages rouillés – les mécanismes grippés…

La nuit et le froid qui s’installent…

Ce qu’ont creusé – et altéré – la tristesse et le temps…

 

 

Endormi au pied de géants immobiles – l’herbe sous le visage – l’âme encore gesticulante – au cœur de rêves trop vivants – sans ennemi répertorié – sans ami – superbement seul – l’espoir et la désespérance délaissés – libéré de toute forme d’attente – au seuil d’un autre monde – plus vaste que celui dans lequel nous vivons…

 

 

Sur une terre trop lointaine – le cœur affaibli – la candeur corrompue – l’enfance balayée – l’âme muette – sens dessus dessous – comme jetée derrière soi…

Aux prises avec la permanence des désirs – la persistance des obstacles…

Les yeux qui brillent dans l’obscurité – sans nom – sans autre compagnie que celles que l’on porte – dans cette nuit qui – sans jamais dire son nom – a tout envahi – le monde – les têtes – l’esprit – jusqu’à la trame du sol et du ciel – jusqu’à l’indigence de nos prières ; toutes nos paroles et tous nos gestes – contaminés par l’exil – la couleur des ténèbres…

 

*

 

Sans violence – rassemblé(s) – le destin derrière soi – pareil(s) au monde – en apparence – au-dedans chamboulé – comme un chant né de la source et traversant les eaux – l’air – la terre – le ciel – en ondulations mystérieuses – harmonieuses – imperceptibles – en ondes silencieuses – comme des fleurs découvrant soudain le soleil – ses promesses – offrant (sans même y penser) au vent – aux yeux – leur beauté…

Et nous – contemplatif(s) – comme si l’on nous avait installé(s) au sommet des sens – posé(s) au cœur du regard – sur des hauteurs insoupçonnées…

 

 

Des pas et des voix – sur cette terre imparfaite – sous ce ciel inachevé…

Des chemins étrangers – des âmes trop faibles…

A envoyer – à écouter – des messages…

A s’éreinter à des marches absurdes…

Ensemble – la vie et la mort – dans les bras l’une de l’autre – le cycle sans fin – et, à l’intérieur, cette perspective grandissante – de manière (quasi) continue – vers la source et l’immensité – comme une respiration – le cœur et le silence associés – tantôt caresses – tantôt brûlures – le signe d’un ciel descendu – accessible – d’une terre apprivoisée – familière…

Le regard tendre sur la pierre – l’affolement des visages – l’incompréhension des esprits – les âmes frivoles et volages – un peu perdues – l’absence et la distraction – ce qui règne sans consistance – sans densité – nos vies si changeantes – si étrangères les unes aux autres – comme un poids – un amas de pierre – au fond de l’être…

Et les formes si passagères que nous revêtons…

Le monde tel qu’il va – toutes lampes éteintes ; et la conscience – rayonnante – dans l’invisible ; et nos gestes dérisoires…

 

 

L’âme mise à nu par la matière – les visages – les circonstances ; les prières et les chants qui montent vers le ciel – le silence…

Nos pas dans l’invisible – sans l’aide des Autres – sans l’aide des Dieux…

La folle histoire du monde – derrière nous – qui s’effiloche – qui s’éloigne – peu à peu oubliée…

L’Absolu – de plus en plus proche – à nos côtés…

 

 

Des adieux – de moins en moins tristes ; une existence de moins en moins indigente et tragique…

La tristesse – quelques reliquats de tristesse – métamorphosés en intention – en orientation concertée – en portion de chemin à parcourir ensemble – lorsque les âmes seront, à nouveau, réunies par les circonstances…

Les boursouflures de la volonté – éradiquées…

Le fond de la douleur – de la blessure – peu à peu – apprivoisé…

Une manière – peut-être – de laisser le sang circuler une dernière fois…

L’âme vide – le cœur et le ciel (enfin) superposés…

Notre ultime séjour – avant longtemps, sans doute ; l’existence sans la nécessité de l’air – sans la nécessité du souffle ; une respiration naturelle affranchie des éléments et des contingences terrestres…

Un regard souverain – dépouillé – sans appartenance – à la place des étoiles – à la place de l’absence…

Au fil de cette attente ininterrompue – le soleil – le mystère – sans croyance – sans gêner quiconque – le cœur naïf et imprégné de bleu – les yeux sans sommeil – amoureux de l’invisible et des choses présentes au-delà du monde…

 

*

 

Ça s’enchaîne – les vies – les visages – les paroles – les rêves – les désirs – ce que l’on empoche – ce que l’on abandonne – ce qui s’arrache – ce qui nous édifie…

Des conséquences – comme des maillons dans la même nuit noire – profonde – un abîme qui sent la mort ; mille morts – sans jamais de fin…

 

 

Les eaux du monde – légères – si légères ; une manière de suivre fidèlement les méandres – de s’insinuer dans les moindres recoins – le goutte à goutte – l’évaporation – et ce long ruissellement sur la terre jusqu’au ciel – jusqu’à l’océan ; l’éternel retour à la contraction – à l’immensité…

Comme nos âmes ; de l’infini à l’infini – à travers les corps…

 

 

Des saisons tenaces – la nuit lointaine…

Tout un parcours – au-dessus du froid – avec, autour, des yeux sans présence – des mains de chair sans âme…

Le monde tel qu’il est – plongé dans l’ombre et l’ignorance…

 

 

L’absence – le règne du visible – sans ciel – sans miracle – sans personne…

Rien qu’un sifflement dans la tête – une manière de se sentir moins seul – de donner à sa solitude un petit air de fête…

Sur cette pente inéluctable – vers les jours sombres – plein de terre et de ténèbres…

Les paupières closes – comme elles l’ont toujours été…

Puis, un jour, des fleurs sur une tombe – pour se souvenir de ce que nous avons été…

Quelques printemps – et toujours aussi éloigné(s) de l’origine…

 

 

Des siècles de sommeil – irréfutables – le bleu et les malheurs qui s’ébattent – innocemment – sur le sable…

Les filles et les fils du vent qui tournoient dans la ronde – entre le mystère et le néant – entre le vide et les amassements – d’un monde à l’autre – sans (jamais) rien comprendre – le ciel en bas – la terre par-dessus – dans un renversement permanent des échelles – les yeux clos qui s’imaginent ouverts – tous les doigts – tous les pas – pointant – allant – là où il y a des étoiles – et qui confondent l’éblouissement et la lumière…

Nous – nous éloignant – sans cesse – du centre…

Des vies à contre-courant des flux les plus naturels – comme un monde – en nous – ignoré – recouvert par des milliers de rêves – le piétinement – des milliers de foulées dans le noir et l’aurore faiblissante…

Des vents qui attisent le désespoir – et qui précipitent toutes les finitudes vers le resserrement – l’étouffement – l’atroce agonie par laquelle doivent passer tous les vivants…

 

 

Les âmes à genoux – immobiles – plus proches du chemin – des périls – de l’infirmité – que des terres qui célèbrent l’affranchissement et la liberté – le rôle de la mort et de l’oubli…

 

 

Les heures antiques de l’enfance – qui baignent (encore) dans les combats et le sang – le monde au cœur de toutes les arènes célébrées – inventées – qui honorent la puissance – et la gloire – et les vainqueurs – et qui crucifient les âmes – et les yeux – ouverts à toutes les perspectives différentes – inversées – moins grossières…

 

*

 

Sans autre instant que celui-ci – le pas royal – nuptial – suspendu – les yeux ardents – gourmands – amoureux ; attentif – l’âme légère – comme la paupière – un pétale dans le vent – un poème lancé en l’air – libre d’aller – de se poser – de rejoindre le ciel – les origines – et réalisant tout cela à la fois – successivement – simultanément – sans la moindre inquiétude – sans la moindre restriction…

Vivant – sans nécessité – sans raison – affranchi des codes humains – des lois terrestres – échappant même aux règles qui régissent les rapports entre le vide et la matière…

Présence souveraine et incertaine – en quelque sorte…

Sans destin (véritable) ; une manière – mille manières – d’être au-delà du monde – du tragique – de l’oubli…

 

 

Aux portes du temps – le silence…

Rien avant – rien après – l’instant infiniment renouvelable – et renouvelé – avec des trappes et des recoins où l’on peut se perdre et se cacher…

La nuit – l’imaginaire – le devenir – des intervalles sans personne – où le monde n’est qu’une idée – des voix – des traits que l’on trace à la surface de l’eau – sur le sable – dans l’air – avec les couleurs du ciel – éclatantes – nuancées…

Aux lisières de l’invisible et de l’immensité…

Le grand vide – en deçà duquel ralentissent ou accélèrent toutes les roues terrestres horizontales…

La parole – telle qu’elle va – presque silencieuse – sans support – sans auditoire – que le vent porte au-delà des horizons humains – trop grossiers – trop communs – bien trop discutables – par-dessus toutes les formes d’obscurité – celle du monde – celle des âmes et du langage – et qui sait mêler (avec franchise et honnêteté) l’ombre et la lumière – suffisamment essentielle à nos yeux pour exister sans la nécessité des Autres…

 

 

D’une mort à l’autre – sans mauvais sort – sans sortilège – sans récusation possible…

Une longue chaîne de têtes et de déguisements – sur laquelle se propagent les chants et l’Amour des origines – toutes les vibrations – avec, de temps en temps, des intervalles de joie – de douleur – de silence…

Et la vie qui va – d’une pierre à l’autre – la soif attisée par le soleil et l’étendue désertique – à chercher (en vain) au-dehors un lieu de paix – un peu de repos…

 

 

Dans le bain des supplices – le même délire – ce refus de l’infortune – l’âme déguenillée – le cœur et la peau arrachés par les vents – en immersion au fond des gouffres de la confusion – et les excès de silence sur notre écoute…

Le bruit du feutre sur la page – les feuilles qui volent – soulevées à la moindre bourrasque – ce que l’on croit comprendre et qui enfonce – dans nos crânes – l’ignorance – un peu plus profondément…

La vie et les sens multiples – les couches d’horizons et de perspectives imbriquées – superposées…

Troublé(s) par les apparences qui nous font croire aux changements incessants ; et troublé(s) par la psyché qui crée l’illusion de la durée – la permanence – les habitudes – l’inéluctable retour des choses…

Des filtres et des masques – qui nous privent de la lucidité et de la gratitude – nécessaires – qui réduisent l’envergure du réel à un espace confiné – qui limitent l’infinité des possibles à quelques états – et qui donnent au monde et à l’existence une physionomie trompeuse – (bien) moins tendres et (bien) plus attrayants qu’ils ne le sont – en réalité…

 

*

 

De rive en désastre – sur ces barques changeantes – d’un bout à l’autre de la nuit…

Jour après jour – l’âme plongée dans le froid – la chair – le cœur – la faim attisée par le manque – tous les manques – et les frémissements du désir…

Les cris qui, peu à peu, deviennent articulés – les prémices du langage…

Les terres explorées – mises à feu et à sang – mises à sac – rendues inhabitables après notre passage – pourvoyeuses de vivres et d’agréments – et de promesses peut-être – qui sait…

Nos pas dans l’inconnu – le soleil apprivoisé – la matière façonnée tantôt en armes – tantôt en objets usuels – le prosaïsme des vies – le ventre et le territoire…

Les corps qui enfantent – qui se reproduisent – les mains qui besognent ; le lointain, peu à peu, rendu plus proche – les impossibles les plus accessibles cessant de l’être – le progrès qui laisse sans voix…

Le monde transformé – chamboulé – à grand coup de dés et d’artifices ; l’exploitation et le saccage méthodiques – industrieux – industriels – systématiques ; la terre et les âmes méconnaissables – ce qu’il en reste…

Tous les horizons – sans axe vertical…

Le savoir – les expériences – les inventions…

La lutte âpre – acharnée – les résistances de l’organique…

Ce que l’on croit – Dieu – les Autres – les livres – les idoles que l’on s’est choisies…

Sur nous – les tempêtes – la foudre et la pluie – la lumière oblique – les éléments naturels – primordiaux – inchangés depuis le premier jour…

L’efflorescence des têtes et la surface qui, peu à peu, se rétrécit ; tout ce qui a été touché – exploité – souillé – hors d’usage – depuis trop longtemps…

Ce qui se perpétue et ce qui nous tue…

De rive en désastre – sur ces barques changeantes – d’un bout à l’autre de la nuit…

 

 

Ce que l’on cueille – non des fleurs – non des poèmes – ce qui est lourd – et, parfois, vital – essentiel sans doute – ce que l’on arrache plutôt – à chaque instant – à chaque carrefour – avec l’assentiment de nos aïeux et la complicité de nos pairs – sur ce chemin de peines et de mensonges – des pas – des pierres – un peu de mousse parfois – sur cette terre d’absence et de blessures – sans seuil – sans personne – sans soleil…

Là où l’on nous a fait naître – là où l’on doit vivre encore un peu…

 

 

Les représentations et les refus – la source de tous les chagrins…

La tête vide – acquiesçante – qui transforme l’âme et le monde en terre de joie et de circonstances…

Ni rêve – ni sommeil…

Ce qui est et la justesse des gestes engagés…

 

 

D’un bleu à l’autre – dans quelques fables – sur quelques sentes – avec un peu de ciel en tête – la parole et le pas besogneux – et le reste du labeur à réaliser – à l’intérieur…

Rien – pas même l’ambition d’un achèvement – d’un royaume – d’un peu de paix et de repos…

La tâche à faire – à reprendre – inlassablement – chaque jour – accueillir ce qui se présente – ce qui vient – le seul règne possible – l’horizon qui se renouvelle…

La couronne et les bracelets de l’invisible – sur la tête – aux chevilles et aux poignets – comme les seuls habits – les seuls ornements – possibles – acceptables – les signes d’une alliance secrète avec Dieu – en nous – dans le froid – la violence et la solitude – du monde – guidant notre marche vers lui – à une distance infiniment accessible – franchissable – à chaque instant…

 

*

 

Près du silence – des choses – les objets du chemin – notre viatique pour le lointain – l’inconnu – l’invisible – ce que l’on ignore aujourd’hui et ce que l’on ignorera, peut-être, encore demain…

Des paroles prononcées pour les Autres – dessinées, parfois, sur le sable – murmurées pour soi ; la voix qui égraine le passé – tous les souvenirs de la mémoire tarissable – les heures les plus nocturnes – les plus souterraines – la peur du vide – l’angoisse de l’absence et du tombeau – de la vie qui s’acharne – du monde (presque) toujours contre nous – l’adversité du destin – les hommes et les Dieux séparés – installés, le temps d’une vie, en des cercles différents – guère éloignés – légèrement poreux – pénétrables par des yeux lucides – superposables grâce à la puissance (quasi) magique de l’esprit – emboîtés (en réalité) l’un dans l’autre au cœur de l’espace – néant pour les uns – vacuité pour les autres – selon l’acuité du regard et la sensibilité de l’âme…

 

 

Des formes – des peines – du sommeil – et autour – et au-dedans – la lumière – la possibilité d’un éclairage meilleur…

Si proches des rives – des possibles…

Si près du silence – encore…

 

 

Auprès du peuple des accolades et du grand large…

Emerveillé – sans (réel) étonnement – curieux des choses du monde – de la multitude – de la diversité des apparences…

Auprès du peuple de la lumière et du langage…

Amoureux de la poésie – engagé dans le réel – soucieux de l’au-delà des rêves…

Avec des pans entiers de silence – au-dedans – concentré – dispersé…

Egaux – quels que soient le jour – l’état de l’univers – la somme des joies et des peines au fond du cœur…

Heureux et rieur devant l’inconnu – sans inquiétude au milieu des ombres et des menaces – au milieu des édifications et des effondrements – face au provisoire – à l’inéluctable – au destin qui se déroule…

Assez sage – en somme (s’il nous était possible de le définir)…

 

 

La marche solitaire – parmi les arbres et les rochers – dans une trouée de lumière – le dedans parfois encore désespéré – le sommeil toujours en tête – à suivre à la trace – à distance – de vieux sages antiques à l’âme ébouriffée – un peu folle – sans compagnon eux aussi – traversant le monde – les affres terrestres – le plus horrible quelques fois – pour apprendre à revêtir les atours du vide – à s’accoutumer au dénuement du ventre – de la tête – du cœur – de moins en moins reconnaissables sans leurs traits humains – sans les caractéristiques ordinaires des hommes…

Nous engouffrant – un à un – les uns après les autres – au fond du même intervalle – une entaille aux portes multiples qui ouvrent sur l’espace – une étendue à l’intérieur – au cœur de laquelle plus rien n’existe – au cœur de laquelle tout disparaît – sans la moindre pitié pour la singularité des visages – du langage ; la vérité – si massive – si acérée – que rien ne peut durer – que tout est aussitôt broyé ou déchiré – comme si rien n’avait jamais existé ; un univers d’éclats et de fragments – étrangement rassemblés – imbriqués – sens dessus dessous – la matière et les âmes – peut-être – passées au crible et sombrant, peu à peu, dans l’oubli – comme au fond d’un abîme où pas une seule prière – pas un seul débris – ne peut résister aux forces puissantes de l’effacement…

 

 

Une halte – parfois – sur cette route d’exil et de désobéissance – la tête contre le soleil – le cœur de plus en plus innocent – fragile et affranchi – la peau écorchée – les blessures profondes – tous les désirs, peu à peu, érodés – rabotés – au point de ne plus vouloir vivre dans le monde – au milieu des Autres – au point de ne plus se soucier d’être quelqu’un ou de n’être personne – au point d’être indifférent aux lieux où l’on séjourne (pourvu que nous demeurions seul et loin du bruit) – au point de ne plus désirer changer – ou transformer – la moindre chose – en soi – en cette existence – en ce monde ; être – seulement – en un seul souffle – puissant – qui ne cesse de se réinventer…

 

*

 

De retour sur ce qui s’ouvre – l’infinité des mondes – sous les paupières – le commencement du temps – au premier instant de la pierre…

Ce qui a surgi du plus lointain sommeil…

Nous – à présent – persuadé(s) de vivre – d’exister…

Immergé(s), à notre insu, dans un devenir sans blessure – malgré les apparences et la mort – ce que nous percevons – ce que nous comprenons…

 

 

De l’eau noire – sur ces feuilles dégoulinantes (que l’on essore comme des éponges)…

Du rouge aussi – et ce trouble dans le regard incapable de faire face à l’impitoyabilité du réel…

Des colonnes de faits et de dates – sans intérêt – notre histoire – toutes les histoires – des bêtes – des hommes – des civilisations – des mondes – des périodes géologiques – des éons cosmiques ; le même déroulement – à quelques détails près – à quelques broutilles près ; rien qui ne résiste au temps – à l’oubli…

Tout finit par glisser dans le silence ; les visages – les livres – les voix – les épopées – toutes nos inventions – toutes nos conquêtes – poussière qui se dérobe ; vent – éclaboussures et particules…

Qu’un seul triomphe – à jamais – le regard et le geste de l’instant – vierges – innocents – absolus – affranchis des choses – des désirs – des figures – des mondes d’avant et des mondes d’après…

L’irruption d’une lumière dans la nuit permanente – deux yeux grands ouverts et une main parfaite qui émergent du magma grouillant de la pénombre ; Dieu, peut-être, jaillissant des abîmes et de la terre mal labourée…

 

 

En ce monde équivoque – ni simple corps – ni pur esprit – au cœur d’un mélange – mille combinaisons à l’œuvre – provisoires ; la terre au-dessus d’elle-même et le ciel qui descend (un peu) – le souffle et les Dieux qui, parfois, s’en mêlent – la chair périssable et le cœur sans âge comme emmaillotés dans l’étoffe du temps – entre respiration possible et étouffement – notre lot commun – cette folie en actes qui ne surprend (presque) plus personne – entre horreur et émerveillement – à chaque instant…

 

 

A la surface du monde – toutes les routes sans fin – l’incessante circulation des formes au-dedans du périmètre défini – sans issue – sans autre possibilité que le plongeon – à l’intérieur – simultané à l’envol – au cœur de l’infini…

 

 

Minuscules et dérisoires – insuffisamment cependant pour échapper aux tamis de l’oubli aux mailles si serrées…

Sur cette bande de terre – jusqu’à la mort – avec le ciel, parfois, qui s’invite préalablement – lorsque le sommeil et la folie ont été déclassés – arrachés du sommet des hiérarchies…

 

 

Au bord du vide – sans repère – sans classement – sans mémoire – au faîte de la confusion – l’apparition des signes du merveilleux – d’une possibilité – inespérés…

La clairvoyance – dans ce rapprochement des extrêmes – la terre et le ciel, peu à peu, réunis – l’obéissance à l’espace et à l’invisible à peine dissimulés derrière les apparences – derrière les circonstances perceptibles par les sens et la raison…

 

*

 

Ce que nous initions – sans rien déranger – sans importuner quiconque – pas le moindre vivant – loin (si loin) des vitrines et des étoiles exposées – à l’abri de toute lumière extérieure – dans le (presque) secret de notre solitude – la besogne quotidienne de l’âme – de l’esprit – de la main – le sillon – des sillons – qui se creusent – malgré nous – en silence – sans interrogation – les choses qui se font – qui se défont – dont on fait mille usages – l’espace que l’on habite – les feuilles que l’on noircit – les mots et les gestes que l’on enchaîne…

L’attention libre – souple – assidue – continue – sans éclipse – sans sommeil…

Ce que nous traversons et ce qui nous traverse – jusqu’à la mort…

L’écoute de tous les manques – de toutes les faims – les échos proches et lointains du monde – les saisons – Dieu et la lumière…

Tous les mouvements – tous les possibles – et le silence nécessaire…

 

 

Au centre de l’effacement – l’espace vacant…

La terre et le ciel défaits – la dissolution de la matière – l’invisible originel – sans âge – impérissable…

L’envergure sans limite – une définition au-delà de l’homme – au-delà du monde – au-delà même du langage…

 

 

Dans le cercle silencieux – la bouche bée – toute ronde – comme un « O(h) » – devant le visage d’un Dieu sans nom…

L’âme stupéfaite traversée par l’écho de ce qui est né aux premiers instants du monde…

Des traits de lumière dans la nuit…

Des taches d’invisible sur la page…

Et notre main appliquée – comme un scribe – fidèle – sans volonté – heureux des ombres – des reflets – des miroirs et des détours – qui traversent l’obscurité…

 

 

Entre la terre et le ciel – sur cette frontière – ces espaces inventés au milieu de l’espace – pieds au sol – yeux et mains levés – la tête pleine de rêves de réconciliation…

Au cœur de la séparation – ici et l’horizon – l’en-bas et, plus haut, les étoiles ; la chair comme coincée dans l’entre-deux – dans l’intervalle – et l’esprit écartelé entre toutes les perspectives offertes…

Et quelque part – au bord du monde – un lieu sans importance – l’âme alignée sur toutes les directions – comme une présence au centre de tous les cercles…

 

 

Des choses plein la tête – des larmes plein les yeux – l’âme lasse et le cœur fatigué…

Ainsi se vit (trop souvent) la tristesse des hommes…

Le destin – comme un fardeau à porter d’une extrémité à l’autre du périmètre connu – sur l’infime portion d’une droite que l’on imagine – à tort ou à raison – infinie…

 

 

Rien – pas un seul bagage – le regard – l’innocence et le pas sans intention – seulement ; le cœur et le voyage légers – debout parmi les ombres – les yeux sensibles qui feignent l’indifférence ou la cécité pour se prémunir de trop grands (et inutiles) tourments ; la vie des Autres – comme des pierres qui roulent sur leur pente – sans même jeter un œil sur les côtés – sans attention – sans empathie – sans tendresse – sous le front – la charge des soucis inventés et le poids (ridicule) des responsabilités ; des carcasses qui bougent – qui écrasent – qui mutilent – qui se servent du monde comme s’il était un sac – une réserve de vivres et d’agréments ; mille gestes pour assouvir ses désirs et sa faim ; aucun (presque aucun) – pour soulager – apaiser – secourir…

 

*

 

Sans ciel – dans le labyrinthe – coincé(s) – comme des choses à peine vivantes – ce à quoi ressemblent les vies sur la terre – rudes – risibles – tragiques – absolument dérisoires…

De temps en temps – un éclair – une étincelle – une lueur – dans l’opacité…

Dieu dans l’interstice – un clin d’œil à défaut d’étreinte…

La longue besogne souterraine avant le pourrissement…

Un chemin – à coup de chiquenaudes dans l’épaisseur – épuisant – interminable…

 

 

L’alphabet du silence – appris patiemment – su, à présent, sur le bout des doigts – et dont on insinue, parfois, quelques lettres dans la parole des livres – dans le langage des hommes…

L’invisible au cœur de la poésie…

 

 

Entre terre et terreur – le regard – le cri – animal – l’instinct qui nous couche – qui nous redresse – dont nous sommes le jouet…

Des batailles – nombreuses et sanglantes – et des fatigues – qui nous livrent à la dureté du sol…

Devant nous – une autre terre – plus haute – presque inaccessible – un tertre qui émerge au-dessus de ces rives peuplées de sots et de fous – empêtrés dans l’ignorance et la divagation…

De la démence et de la stupidité – qui, partout, initient des rites fabuleux – atroces – pour célébrer la faim – toutes les faims – et notre assouvissement pitoyable – provisoire – grâce à la chair et au sang…

Des cœurs et des bouches sauvages – cruels – barbares – ensommeillés…

Rien encore en mesure d’approcher l’innocence et la beauté…

 

 

Le monde – les choses – ce qu’il faut percevoir…

Des gestes sans courtoisie – des paroles sans vérité – le ton affable ou comminatoire…

Les apparences d’une vie lisse et manichéenne – sans aspérité – arc-boutée sur ses biens et ses droits – à l’affût de la moindre opportunité – cantonnée aux faits – à la surface (triste) des circonstances…

 

 

Sans filiation directe – évidente – étranger aux gestes mimétiques – toutes les portes poussées – ouvertes – tous les espaces explorés – rétif à toute forme de conquête et d’appropriation ; de passage – seulement…

Un espace (infime) dans l’espace (immense) – plutôt – qui se laisse traverser par ce qu’il traverse – au hasard des routes et des pas…

Quelque chose de précieux et d’insensé – une part de l’indicible habitée – sans doute…

 

 

Ni fortune favorable – ni destin tragique…

Des expériences – l’appauvrissement volontaire – approprié…

L’itinéraire du dénuement – de l’effacement – vers le vide vivant – attentif – conscient…

Sans récolte – sans œuvre à réaliser…

Ce qui advient – seulement…

L’or de l’âme – l’or du ciel – l’or du monde – découverts – exposés et offerts…

Un peu de sagesse anonyme – peut-être…

 

 

Sur le socle de la nudité – parmi les vagues – au milieu de l’océan – souple et stable au cœur de la danse (inévitable) des éléments – jouant avec l’accueil – le refus – les circonstances – sans la moindre attente à l’égard des lieux et des visages…

 

*

 

Dans l’herbe – l’absence – le vent – l’essence de la solitude – le jeu vital du monde – l’espace sans cesse acquiesçant…

La vie – les choses – telles qu’elles vont – telles qu’elles sont…

 

 

Installé(s) dans le sommeil – derrière des murs si anciens – depuis trop longtemps…

 

 

Dans la forêt – dans l’ivresse d’une fraternité – la terre – la roche – les pas – le ciel – ce qui va de soi – le plus spontané – le plus naturel – le chant – la danse et le silence – ce que l’on murmure à tous les habitants du royaume…

Un monde de douceur – de tendresse – de caresses – loin du tapage – du carnage et des carnassiers…

La pierre aussi blanche que l’âme…

Le sommeil devenu (presque) impossible…

 

 

A courir – bêtement – follement – le long des miroirs – l’avenir déjà défini – déjà circonscrit – comme inscrit dans la roche – dramatiquement prévisible…

L’existence composée (essentiellement) de rêves et de reflets – d’attentes et de fausse transparence – gouvernée (et dévorée) par les yeux des Autres – les lois scélérates de la beauté et de la bonté monnayables…

Le visage de l’enfance triste et immature – infidèle à la folie que réclame une vie (réellement) libre – authentique – solitaire…

Tout un chemin à parcourir la tête baissée – dans une parfaite obscurité intérieure…

De la terre plein les yeux – comme un cœur absent…

 

 

Une vie ensemble – dérobée – rongée par l’invasion du monde – l’absence et les usages…

Comme une bête, en nous, habituée à sa tanière – à sa litière de paille – au foin qu’on lui jette chaque jour…

Les habitudes – tragiques et maladives – de l’âme et du monde…

 

 

Des gestes nus – couronnés par rien – par le vent, peut-être, qui balaye de vieux restes d’écume – accordés au silence – au contexte – malgré le bruit et la foule – avec un arbre et la solitude plantés au milieu du cœur – nous affranchissant (partiellement) de l’horreur – en tous lieux – jusque dans les pires endroits du monde – de la modernité…

Une vie marquée par l’authenticité et le repli – une forme de réclusion austère et lucide – nécessaire pour échapper aux mille contingences – aux mille contaminations – humaines – délétères – porteuses de rêves – de délires et de mort…

Une manière de vivre en retrait – à l’écart – aussi loin que possible du désastre vertigineux érigé (avec fierté – avec orgueil – avec ignorance et cécité) par les hommes…

 

 

La route toute tracée des existences…

Des murs à longer – des balises à suivre – des obstacles à contourner – des barrières à ne pas franchir…

Tout un itinéraire – dans le périmètre – jusqu’à la mort – triste et indigent – comme du plomb dans le sang et les semelles – l’âme et le corps pesants – sur une pente sans soleil – avec la tête pleine de rêves et de fantômes…

Une existence – des existences – hantées par l’impossibilité de l’errance et de la révolte – l’absence de liberté – matées par les règles – les lois – les diverses autorités – le pas des aînés – le souci des traditions qui, sous couvert de continuité, ajoutent, à chaque nouvelle génération, son lot de frontières et de restrictions…

Le resserrement du cercle – de la détention – auquel le cœur consent mollement…

L’horreur à perpétuité ; l’infamie – éternellement…

 

*

 

De l’air sur la pierre – le monde vaporeux au-dessus de l’épaisseur…

Des bêtes qui marchent tantôt avec légèreté – tantôt avec lourdeur…

Nos visages séparés – inconsolables d’avoir été arrachés aux uns et aux autres – à l’ensemble – au regard – au cœur de chacun – en surplomb de la globalité…

Notre main, parfois, dans celle de la mort – parfois, dans celle de l’oubli…

Comme des spectres condamnés à une errance sans fin…

 

 

Trop de masques et de secrets – trop de murs et de mensonges – au-dedans – autour – de l’homme…

Trop de jeux – sans joie – pitoyables…

Les mêmes conquêtes et les mêmes victoires…

Trop d’indifférence devant ceux qui souffrent – dont on brise les reins et les rêves…

Nous – source de trop de malheurs – de trop de chagrins – des larmes et du noir – sur la terre – dans la mémoire – pour des siècles encore…

Et parfois (trop rarement) – au cœur de cette fièvre – un silence – un suspens – une tendresse fugace au fond des yeux – un peu de poésie – la possibilité d’une éclaircie – d’un interstice – d’une promesse – un peu de lumière sur nos excès – sur nos dérives – ce qui pourrait, à force de patience, se soustraire à la nuit – une étoile sans doute trop lointaine pour éclairer avec ardeur nos gestes et nos pas dans l’obscurité ; une once, à peine, d’espérance dans cette folie – dans cette infamie – sans remède et sans guérisseur – qui enfonce, peu à peu, le monde et les âmes dans l’opacité…

 

 

Le voyage – la ligne intermittente – de l’origine à l’origine – du plus lointain au plus lointain – comme une respiration permanente…

Des rives – des déserts – des chemins…

Ce qu’il faut d’insolence et de folie pour parcourir l’espace – de bout en bout – dans la solitude la plus haute – sur le sentier des crêtes – au-dessus de la mort et des légendes inventées par les Dieux et les hommes qui s’entassent dans les plaines et les vallées ; des lieux d’agenouillement et de prières – d’avachissements – de paresse et de corruption – dissimulés derrière la somptuosité (toujours trompeuse) des masques – des parures – des ornements – le ronflant des titres – des postures – des fonctions…

En marge du monde – toujours – dans les interstices involontaires ou délibérément abandonnés à ceux qui vivent aux confins – en exil – en rebelle – en scélérat – à l’écart des foules soumises aux règles – aux lois – aux conventions…

 

 

Au cœur de la cible – de la flèche – dans la nuit sans éclat – l’homme affranchi – persécuté par le monde – les bruits – tous les thuriféraires du sommeil – agenouillés – en adoration tapageuse devant les édifices érigés à leur gloire…

Nous – comme sur une île, sans cesse, dérivante – au milieu d’un océan d’immondices et d’insanités, lui-même, encerclé par une immensité hurlante et imprévisible…

 

 

L’œuvre à faire et à refaire – la même besogne indéfiniment répétée…

Coutumier des aléas du jour et des déchéances nécessaires…

A tire-d’aile au-dessus des têtes ; pas à pas vers le mystère – entre les horizons communs et l’infini…

Une existence invisible depuis la terre – d’interstice en interstice – silencieuse – l’âme indifférente aux lieux et aux destinations (toujours provisoires) – attentive (seulement) aux visages innocents – à la matière naturelle et à toutes les manières – honnêtes et authentiques – d’habiter le monde…

 

*

 

A notre place – là où le secret déborde – se répand – dégouline – s’expose (sans retenue) au regard – comme une étoile qui, soudain, se débarrasse de la nuit et de sa gangue…

Un déferlement de lumière sur le monde ébloui – sur les cœurs restés trop longtemps aveuglés par l’obscurité…

Ce que l’on retranche – du dedans – jusqu’au vide – jusqu’à la preuve du vide – des mains qui nous traversent et qui ne saisissent que du vent…

Un peu de rien – ce que nous sommes – fort heureusement…

Et cette joie éclatante – presque triomphante – de l’innocence et de l’effacement…

Des jours entiers – à demeurer là – à contempler ce qui n’appartient à personne (et ce dont chacun peut se réclamer)…

 

 

Au centre du silence – au centre des cercles – des pierres – du vent – des racines…

Le ciel à l’oreille qui nous murmure des choses que nul ne nous a jamais dites – que nul ne pourra jamais nous dire ; de la tendresse à la place des rêves – du réel à la place de l’espérance ; des paroles qui nous traversent – qui nous pénètrent – comme si nous étions une terre propice à toutes les alliances – à toutes les réconciliations – à la réunification de tous les visages…

 

 

Dans l’âme – cet étrange entrebâillement – comme une ouverture – un passage vers l’espace – accessible à chaque instant ; une immobilité au cœur du voyage ; un refuge qui dissipe la nuit ; une présence attentive qui attendrit toutes les puissances – toutes les ardeurs ; le lieu qui atténue les forces de séparation qui rongent la tête et la chair – une manière d’être au monde qui efface les frontières et les forteresses qui prolongent les territoires nés dans l’esprit et le sang…

Une opportunité (incroyable) de se ressaisir – une possibilité (quasi inespérée) de se rejoindre…

 

 

Des adieux incessants – entouré de personne ; bien davantage que des miroirs – les réels reflets du monde – ces parts de nous tantôt étrangères – tantôt familières – sur cet étroit chemin qui se dessine sous la voûte – de douleur en étonnement – confronté aux affres (inévitables) de l’existence terrestre…

 

 

Des danses – quotidiennes – sans raison – au milieu de la forêt – au cœur de l’invisible ; seul – bien entendu – sans l’approbation des gardiens du temple et des seigneurs du monde – sans les projecteurs des siècles braqués sur soi – loin des foules – dans l’obscurité lumineuse du cercle qui nous a choisi – avec, au-dedans, nos bagages involontaires – l’âme et l’esprit harnachés du nécessaire – le plus essentiel – sans doute…

Et ces pas – au fil du chemin ; vide et promis à l’or des visages – à cette folle – et belle – intimité avec les choses – le cœur proche de toutes les âmes rencontrées…

 

 

Attaché(s) à l’espace sans limite autant qu’aux territoires que l’on nous impose – auxquels on nous cantonne…

L’âme partout dépaysée – étrangère – qui rêve de fugue et de fuite – impossibles…

Le silence penché sur notre faim – notre désir d’émancipation et de liberté – comme des ombres dans la féerie offerte – dans les possibles proposés…

Le jeu des cœurs trop naïfs – des têtes possédées – hantées par les plus anciennes malédictions de la terre ; l’incapacité organique à se défaire du plus tangible et l’identification naturelle de la psyché à la matière…

Le sort de tous – en somme – en ce monde où nul n’est capable de s’affranchir de son support – où chacun est contraint de vivre confiné dans cet interstice inconfortable…

 

*

 

Proche de ce qui se creuse – se dilate – se déploie…

Un regard – sans crainte…

Un espace qui échappe à l’exploitation – à la réification – aux impératifs de l’agrément et de la jouissance…

Un lieu d’Amour et d’effacement où l’âme prime sur le ventre et la psyché…

Des tables pleines de livres – des gestes et des vies humbles et poétiques…

Plus présence que simple existence ; belle – légère et dense…

Juché, sans doute, sur les plus hauts plateaux du monde accessibles à l’homme…

Le vent – les yeux grands ouverts – qui efface jusqu’à l’idée même de sommeil…

La mort et les profondeurs de la chair – comme des portes ouvertes – de manière permanente…

Nous tous – rassemblés – enroulés autour de la même plaie…

Un grand soleil sur notre douleur et notre angoisse communes…

La simple continuité de cette marche vagabonde – la suite des premiers pas…

 

 

Auprès de la pierre – le silence – la confiance sous les paupières – la neige de l’enfance retrouvée…

Ni crainte – ni trace ; la blancheur délivrée – réofferte…

L’essentiel de l’âme et de l’espace – épargné…

Comme une langue désenfouie qui, soudain, découvrirait le jour – l’autre versant du ciel et de l’abîme…

Les malheurs qui, peu à peu, se dispersent…

L’âge et le temps devenus sans importance – comme une apparence inutile…

Le plus élémentaire de l’homme – bien sûr…

La nudité sans fard – affranchie de la tyrannie des lois – des regards – des idéologies…

Et nous – respirant, sans doute, comme pour la première fois…

 

 

La grandeur et la beauté – insoupçonnées – du silence – la mémoire perdue des origines – et cette plongée en ce monde – comme un atroce dépaysement – mêlé(s) à la plèbe archaïque et instinctive – victime de son paléocortex…

Des armées d’âmes dépossédées – broyées par les Autres – rongées par la peur ; mille querelles – mille menaces – mille possibilités de terreur – sur fond d’obscurité ; le royaume des yeux fermés – des cœurs clos – des esprits bornés – qui s’imaginent – (très) orgueilleusement – (très) risiblement – ouverts – libres – émancipés des profondeurs terrestres – des forces les plus obscures – des instincts les plus primitifs…

 

 

D’une désolation à l’autre – sans cri – sans parole – docilement (si docilement) – la tête dans les épaules pour éviter la violence du monde et les coups du sort…

Penché sur nous – jusqu’au dernier instant – et au-delà – bien sûr…

Présence permanente – en soi – au-dedans – au-dehors – à nos côtés – nous précédant – nous suivant – nous survolant…

Le Divin multiple et protéiforme – parfaitement adapté aux singularités de chacun – épousant les formes – les prédispositions – les aspirations – redressant et effaçant ce qui a besoin de l’être – offrant, peu à peu, au cœur du sommeil – au cœur de la folie – des intervalles d’insomnie et de questionnement…

Un promontoire – un espace de rencontre pour les cœurs honnêtes – les âmes en quête d’innocence ; un étrange chemin vers le silence et la vérité – une manière authentique d’habiter l’être – le monde et le geste – affranchi(e) de Dieu – des hommes et du temps – de toutes les formes de contrainte et d’idéologie…

 

*

 

Des malheurs trop anciens pour retomber en enfance…

L’essentiel – dans le saccage de la nuit…

Des ondes poétiques – comme des caresses dans le silence…

L’espace élémentaire – sans intention – sans apprentissage…

La fièvre inquiète – dissoute avec le noir…

Ce que nous fûmes – un jour…

Et ce que nous deviendrons encore – lorsque l’âme sera prête – lorsque le monde ne s’attendra plus à la moindre transformation…

 

 

Couleur de sang – de fumée – de mort et de cendre…

Le jour – désespéré de ne jamais pouvoir paraître…

Comme si le feu et le vent étaient en avance sur le ciel…

 

 

Une forêt de fenêtres – un peu de transparence – devant les yeux – dans l’esprit – au-delà de tout imaginaire…

Bleu – comme tous les passages désobstrués – comme un visage transformé – hors de portée – le rythme naturel de la marche…

Une porte qui s’ouvre sur l’éternité…

La joie qui nous gagne en chassant le froid et la pluie…

Le vide – sans plus attendre – les yeux fermés…

 

 

Ce qui s’approche – ce qui passe – ce que tout périple efface – le poids – les couleurs ternes – le visage sans joie – notre présence désincarnée – le sable au fond de l’âme qui convertit nos rêves en dessin – notre manque, si évident, de réalité…

Un monde de fleurs et de pierres – au cœur duquel les bêtes s’ébattent – au-dessus duquel s’envolent tous ceux qui ont des ailes…

 

 

Hors des cercles du ciel – parmi les tourments et les dépossédés – au crochet des sorcières accrochées à leur balai – auprès de tous les chiffonniers de la terre – sur des montagnes de déchets hautes comme des tours prospères – dans la puanteur et la lie…

Nulle geôle et nul geôlier ; la mort – des étreintes – la rudesse des existences – comme moyens de métamorphose – comme instruments naturels au service de la vérité…

 

 

Des bruits au silence – de l’enfer au paradis – du monde au tabernacle – de la mendicité à la plus haute richesse ; la nudité – en un seul pas…

Consentir à ce qui vient – à ce qui est offert – le monde – les circonstances – la seule porte possible vers la liberté…

 

 

Des vagues successives de pardon – le nom des bêtes épelé – un par un – la longue liste des suppliciés au service de la folie humaine – debout – mains derrière le dos – tête baissée – au commencement du repentir ; des carrés – des colonnes – de visages qui éprouvent, pour la première fois peut-être, la douleur infligée ; la possibilité de l’Amour à portée des victimes et des bourreaux ; et l’évidence de la transformation (inévitable) des statuts – des attributs – au fil des histoires – à travers le cycle parfaitement exhaustif des rôles et des fonctions…

Nous – nous tous – passant, tour à tour, et indéfiniment – des paumes meurtrières à la chair meurtrie – des dents carnassières à la chair blessée – offerte – quasiment sacrifiée…

Et notre tâche – à tous – de comprendre et de se soustraire, peu à peu, au règne du sang…

 

*

 

La nuit noire – au-dessus de chaque soleil…

Et la même chose – trop souvent – au-dedans des têtes…

Des rives sans parfum dont on s’approche – presque toujours – avec crainte…

Des couleurs et des récoltes qui disparaissent…

Des fleurs et des murmures – inaccessibles…

Cette terre sur laquelle tout – presque tout – est effort et labeur – corvées et contingences – nécessité et tourments…

Des vies – comme des ombres incarnées…

Du fond de l’abîme – les mêmes cris et les mêmes bruits de pierres qui roulent – les mains caleuses et ensanglantées – à force de creuser le sol – d’essayer d’escalader les parois (trop) abruptes de ce monde…

 

 

Pourquoi vouloir offrir le monde – le ciel – le moindre geste – à ceux qui – (très souvent) à leur insu – ont décidé de fermer les yeux – de conserver leur cœur à l’abri du vent – des circonstances – des assauts – des caresses – de se soustraire à la moindre rencontre – de maintenir leur âme au fond d’un étroit cachot pourvu de grilles et de portes cadenassées…

Le froid – bien davantage qu’un contexte – un mode de vie – comme une seconde peau ; la texture de leur existence – à l’intérieur…

La pauvreté et la peur viscérales – celles de la matière depuis le début des âges – devenue, aujourd’hui, à peine consciente…

Aucune main – aucune corde – tendues – ne saurait les tirer de ce mauvais pas – les détourner de ce triste sort ; le désert – l’étouffement – la dureté des reflets d’un miroir continûment inflexible – sans tendresse – pourraient, peut-être – un jour, leur fournir le déclic – leur offrir l’étincelle et le souffle suffisant pour poser le premier pas hors de ce qui ressemble fort à la plus atroce – à la plus ignoble – des détentions…

 

 

Le chant ondoyant du silence perpétuel…

Des yeux sur la mort – égayés – comme un sens de l’infini – soudain découvert…

Des passages – de l’ombre et des chatoiements – des couleurs et de la colère, parfois, vigoureuse – comme bloqués au cœur d’un barrage – le temps d’une nostalgie – vite balayée…

L’exploration des marges – des entrailles – de la tristesse (fouillée parfois jusqu’à la désespérance)…

 

 

L’anonymat paroxystique – à l’automne – comme plongé dans la substance – l’essence même de l’âme – comme l’exact prolongement de la solitude et de l’effacement ; ce qui (nous) révèle un socle permanent au cœur des changements et des soustractions successives ; rien de construit – rien de robuste – rien de visible – bien sûr…

L’âme souple et le regard attentif à ce qui se présente – à ce qui s’offre – à ce qui s’invite – à ce qui s’attarde parfois et qui nécessite un accueil plus durable – un temps d’Amour prolongé – aussi nécessaire que l’oubli qui devra suivre…

 

 

Du bleu sur quelques miettes – des restes de rêves et de vigueur – aux confins du monde – aux marges des cités humaines – (presque) toujours…

Le cœur (en partie) affranchi de ses propres pièges…

La vie – libre – s’écoulant sans entrave ; les obstacles – tous les obstacles – acceptés – contournés ou balayés lorsque la pente y pousse…

Des haltes, parfois, comme sur une île – loin (très loin) des clameurs – des rumeurs – des mensonges – au centre de l’immensité – laissant tous les possibles se succéder – nous abandonnant à tous les états – expérimentant toutes les combinaisons du monde – du réel – de l’esprit – de la matière – de la psyché – de l’invisible – goûtant sans la moindre volonté ce qui nous traverse – ce qui nous est proposé…

 

*

 

Parfois – le jour – sur nos visages désuets – moroses – trop anguleux…

Des ombres au fond de tous les plis…

De la rosée – au coin des yeux…

Un passage et des passants appliqués – laborieux…

Nos vies – la belle affaire – une infinité d’histoires – sans (véritable) intérêt…

 

 

L’air de rien – de plus en plus…

La tête d’un oiseau – l’âme d’une pierre – la silhouette (épaisse) du vent – proche de la tempête – des gestes vifs – comme du feu – un soleil…

Et lorsque l’on se penche sur le sol – à la suite de nos pas – on aperçoit quelques empreintes humaines – des traces minuscules – presque invisibles…

Ce que nous sommes ? Qui peut savoir ? A qui – à quoi pourrait-on se fier pour se connaître…

 

 

L’or des pierres et du vent – sous nos pieds – sur le dos…

L’âme affamée de folie – trop rarement de silence…

Des jours – comme des gouttes de pluie sur la vitre sale du monde – rien de nouveau – un peu de sueur – la besogne journalière des bêtes et des hommes – la tête (trop souvent) rabaissée par le rêve des Autres – à dire les choses dans une langue incompréhensible – à dessiner sur le sable de grandes (et belles) arabesques qu’effacent les pas – toutes les danses du monde…

A se demander si nous existons (vraiment) et s’il est nécessaire d’ouvrir son cœur – d’offrir un peu de son âme – à un autre que soi…

Ce que l’on porte – Dieu – au-dedans – le seul qui puisse réellement écouter et entendre – le seul qui puisse nous satisfaire de ses gestes – de sa voix – nous combler de son Amour patient et inépuisable – comme s’il était ici-bas la seule réalité tangible – bien davantage que nous – que le monde – que tous les Autres…

 

 

Loin des nombreuses assemblées qui s’adonnent aux rêves et aux conflits – qui privilégient les voiles et l’obscurité sur les plaies diverses occasionnées par la promiscuité des corps et des âmes – très rarement tendres entre eux…

Et nous – sur cette bande de terre étroite – comme une haute colonne de solitude horizontale érigée à l’écart du monde (comme il se doit) – au cœur de l’immensité – dans la proximité du feuillage des arbres et des soubassements du ciel – à hauteur du bleu qui surplombe la méfiance – la vilenie – le sommeil…

Si seul(s) que nous n’avons jamais été aussi proche(s) de l’innocence – de la bascule qui nous affranchirait de toutes les légendes (et de toutes les histoires) humaines – inventées pour nous consoler de cette ignorance patente – de cet indiscutable inachèvement – de ce manque viscéral qui nous cloue à l’inconfort et à la tristesse…

 

 

Dans cette errance sans but – au chevet de nous-même(s) – l’essentiel du voyage – tout au long du périple – une étendue – des noms et des murs – du vent – des paroles – de la matière – surgis de nos (propres) profondeurs ; et nous – louvoyant entre les pièges – d’île en île – jusqu’à la source – jusqu’au cœur de l’apprivoisement – le monde et la mort abandonnés à ceux qui s’y résignent – de plus en plus isolé(s) et substantiellement appauvri(s)…

Dans la tête – le vide ; et dans l’âme – des ailes – l’envergure nécessaire – pour s’éloigner de la fange populeuse – de ces rives peuplées de mythes et de fantômes – de ce monde construit comme une monstrueuse mécanique au service des rusés et des puissants qui, partout, colonisent – exploitent et s’approprient…

Et nos prières – incessantes – pour enjoindre au ciel d’offrir un peu de lumière – un éclairage suffisant pour délaisser nos fausses certitudes – ce lot d’inepties et d’insanités que nous brandissons comme un étendard…

Incertain(s) nous-même(s) – bien sûr – dans la brume et la clarté – une vague clairvoyance peut-être – à peine – sans doute – une éventualité…

 

*

 

Serré contre soi – le passé non retranché – ce qui s’accroche – un fond d’espérance maladif – un besoin de réconfort – peut-être – ce qui, aujourd’hui, nous fait défaut – probablement…

 

 

L’enfance réprimée – abandonnée au profit de la parade – de la parodie de vérité – la mascarade du monde – le défilé des apparences et des faux sentiments – des idées en tête – et tous nos titres épinglés sur la poitrine ou sur le mur derrière soi…

Tous les souffles et tous les élans – naturels – stoppés net par la psyché…

La confusion et le resserrement…

Devenu secs – (bien) trop secs – sans âge – comme des spectres mal incarnés – des momies…

A peine vivants…

 

 

Derrière la vitre – la folie de rester…

L’aurore – devant – en marche – s’éloignant déjà…

Trop loin depuis trop longtemps…

Entouré de fantômes – de rêves – d’éclats passés – qui nous hantent – qui achèvent de nous clouer au monde et au temps…

 

 

Personne – dans nos bras – derrière nous – à nos côtés – comme un vide – une béance – un abîme dont l’étendue nous effraie…

Notre vie – telles des braises passées – un reste de cendres emporté par les vents…

Sans largeur – sans possible – dans ce cloître – cette débâcle sans présage – sans préavis…

Le sol sableux sur lequel s’essaye – tente de se dresser – une conscience maladroite – malhabile – bancale – pourvue d’une inquiétante déficience – pourvoyeuse de gestes infirmes – incomplets – inappropriés – qui, peu à peu, façonnent un monde malade – invalide – diminué – affublé de tous les manques – source de toutes les abominations – de toutes les atrocités…

Notre plus terrifiant reflet…

 

 

L’âme et les mains – mutilées – amputées des nécessités métaphysiques – prosaïsées d’une absurde manière…

Le ventre animal et la psyché dévolue à la protection et à l’aménagement de ce qu’elle considère comme son territoire ; et le reste (tout le reste) passé par-dessus bord – renvoyé à l’immensité…

Heureux comme des coqs sur leur bout de terre clôturé – sur leur tas de fumier – parcelle d’immondices et de laideur – pavoisant – convoitant – devisant entre eux à travers le grillage…

Des vies minuscules – dérisoires – (infiniment) provisoires – (terriblement) étrangères à l’infini et à l’éternité qu’elles portent – à leur insu…

Sans chapelet – entre les mains – une voix étranglée – au fond de la gorge – devant les tristes spectacles du monde…

Entre colère et désespérance – encore trop près (beaucoup trop près) des cris de ralliement et des mains qui égorgent…

 

 

Sous un ciel infime – minuscule – parmi des pas trop pressés – des bouches qui dévorent – des têtes jamais rassasiées par les excès de la psyché – les excès de matière – les amas de choses et d’images – les couches d’idées ramassées sans effort et jetées en désordre dans un coin du crâne…

Une joie feinte – pas même une gaieté – pas même une lueur au fond des yeux – pas même un sourire (faiblement esquissé) au coin des lèvres…

Des grilles – partout – au-dehors comme au-dedans – des territoires – des périmètres bornés – des horizons limités ; mille cages – mille détentions – simultanées – en vérité…

Au milieu d’une cour étroite et grise cernée par de hauts murs – avec au-dessus du front baissé – barricadé – engrillagé – l’immensité céruléenne (toujours ignorée)…

 

*

 

Jamais récusé – là où le désert s’aventure – aux lisières – presque toujours – l’ermite des interstices – la joie jamais chavirée – jamais enivrée – toujours vertigineuse – égrainant, le sourire aux lèvres, son chapelet de peines – les douleurs de l’âme et du monde – inévitables – équivalentes – au-delà du seuil franchissable – les quatre directions cardinales dans la main – réunies au centre – comme le zénith et le nadir – et tout ce qui les peuple…

Au cœur du cercle – l’immensité, sans cesse, assaillie par la violence et la souffrance des hommes – des bêtes – des Dieux ; l’autre versant du Divin – les pires perspectives – les pires circonstances du voyage – toutes les tristes figures du voyageur…

Inévitablement au-dehors – avant que nous ne percions le secret – avant que nous ne désacralisions le royaume – avant que l’absence ne devienne un retrait (strictement) involontaire ; une manière juste (et habitée) de se soustraire aux rôles que le monde nous a assigné(s) pour retrouver une existence naturelle – singulière – impersonnelle – exonérée des règles communes et des lois habituelles qui régentent les relations à l’Autre…

 

 

Au-dedans – parmi – au-dessus – sans contrariété…

Danse et calligraphie – gestes de la terre – gestes de l’âme – imposés par la joie ou les circonstances – la nécessité face à l’inévitable – face au tumulte du monde…

Le temps décomposé – abandonné au rythme présent du souffle et des pas ; une simple cadence…

Le sol – la feuille – sur lesquels s’enchaînent les hiéroglyphes du corps – les secousses et les fantaisies du cœur ; et tous les silences indispensables pour que nous devenions notre propre compagnon et Dieu, notre seule compagnie – et inversement (bien sûr) ; ressentir – successivement – simultanément – toutes les combinaisons possibles – dans l’existence et sur la page ; nous – le monde – le Divin – dans tous les sens – en désordre – imbriqués – confondus – sans la moindre hiérarchie…

 

 

L’étoile qui pend – accrochée là par les hommes – autrefois – et, aujourd’hui, presque fendue en deux – grignotée ici et là – dévorée, peu à peu, par l’avidité – plus grise que lumineuse – à présent…

Un peu d’air dans la voix…

Un peu d’eau dans le sang…

Et toujours trop de terre dans le cœur – sous les pas…

L’âme de l’homme rongée par sa propre ambition – et comme le monde – plus ou moins dévastée…

Arrivé(s) – peut-être – au bout de l’échelle – les deux pieds, en déséquilibre périlleux, sur le dernier barreau – en grand danger – à deux doigts de chuter – de rejoindre le néant au-dessus duquel nous nous sommes – (très) progressivement – (très) laborieusement – hissés…

 

 

Hors jeu – très souvent – loin des bruits – du bavardage – des festins – des mille frivolités du monde – profondément – viscéralement – seul – le cœur et les lèvres posés contre les choses – les yeux attentifs – l’âme qui éprouve, de l’intérieur, ce qu’offre la vie naturelle – si proche des pierres – des arbres – des bêtes – comme une fleur minuscule – incroyablement discrète – installée au milieu de la forêt – devant laquelle les uns et les autres passent distraitement – sans un regard….

Joyeuse – dans son labeur quotidien – heureuse de sa petitesse – de son anonymat – de sa fidélité au sol et aux circonstances…

Fleur éminemment passagère – amoureuse de son parfum – de son nectar – de ce qui l’entoure – de ce qu’elle connaît – de ce qu’elle ignore – de sa (très) modeste participation aux chants de la terre – aux vibrations du monde – à la célébration du jour – de l’aurore – des saisons…

 

*

 

Les lèvres jointes – blanches – le ventre contre le couteau – aussi proche de la mort que possible – sans un cri – sans un regret – attentif – avec une légère appréhension…

Et l’âme qui se balance – presque impatiente – devant Dieu – au pied de ce qu’elle imagine être son regard ou son esprit occupé à évaluer, de manière exhaustive, les paroles et les gestes – tous les actes réalisés au cours de l’existence – à mettre ceci et cela au passif ou à l’actif – additionnant – soustrayant – réalisant de savants calculs – posant tout – la moindre chose – sur la balance…

Et l’âme – fébrile – un peu inquiète – plongée tout entière dans la bêtise – l’ignorance et la grossièreté – humaines ; comme si l’Amour tenait des comptes d’apothicaire – comme si l’Amour se livrait à ce genre de bilan détaillé – à ce genre de procédé stupide et manichéen…

Que nenni ! Tout est rythme – enchaînement – émotion – sur fond de bienveillance. Et ce qui se joue – à cet instant – comme à tous les autres – n’est, en aucun cas, le choix entre le paradis et l’enfer – mais la distinction entre ce qui, en matière de sensibilité et d’intelligence, est suffisamment intégré au corps – au cœur – à l’esprit et ce qui doit faire l’objet d’un approfondissement ou d’un affinage ; ainsi, peut-être, se répètent certaines circonstances et s’expérimentent d’autres événements – d’autres situations – au-delà du jeu – pour que chacun puisse, un jour, être capable d’incarner (d’une parfaite manière) la lumière et l’Amour…

 

 

Face à face – feu contre feu – et l’immensité en commun…

 

 

Notre joyeuse démesure employée à diverses tâches – toutes (plus ou moins) relatives à l’essence – aux mille usages de l’âme…

Toute notre ardeur à vivre – et à témoigner de – l’essentiel ; l’impossible aux yeux des hommes…

Habiter un tertre transparent dédié au silence et à l’invisible – portés et célébrés par l’infime – au cœur du quotidien…

Instants – gestes et paroles – consacrés (autant que possible)…

 

 

Les heures poignantes du temps nouveau – chargé de changements et d’aléas – d’un sens puissamment métaphysique et spirituel…

Des os et de la chair précipités dans le gouffre – émergeant du vide et le rejoignant au terme de chaque voyage…

L’appel du centre et des marges – le premier au cœur des secondes et les secondes réunies au cœur du premier…

Nous – de la même couleur que la lumière – comme ce que tente d’inventer ce monde nouveau – ce nouveau langage – avec (bien sûr) les ténèbres – leur texture et leurs teintes – pleinement intégrées…

L’essor et le repli – concomitants…

L’existence – sans songe et sans avenir…

Le meilleur – sans doute – que nous ayons à vivre (et à offrir)…

Un itinéraire sans colloque ni conquête…

Le plus simple du monde – tantôt le silence – tantôt la parole…

Cet étrange voyage – parmi les Autres – sous le soleil – auprès des vivants et des morts – (presque) tous occupés – accaparés – par leurs mouvements et leur passage…

 

*

 

A l’affût – les lèvres cousues – les rêves qui planent au-dessus de la mort – les masques figés en sourire – à pieds joints dans le tombeau…

Des éclats de vie – sous la terre – autour des cercueils – des larmes retenues – des poitrines essoufflées – un soleil oblique – lointain – qui éclaire la moitié des visages – les corps qui s’imaginent indestructibles et les âmes qui s’imaginent immortelles…

La bêtise commune – aussi répandue que les vaines paroles – que les fronts soucieux – que le sang qui gicle des gorges tranchées…

Des bouts de rien – des bouts d’images et d’étoffe que le vent agite – que le vent emporte – que nous oublierons bien vite…

 

 

Des rythmes désaccordés – incompatibles – les uns habillés de chair et de rêve – les autres de ciel et de vent…

L’œil – dans la main – qui devine alors que d’autres respirent (leur vie durant) les yeux bandés…

Des rites – des jours (presque) entièrement ritualisés – au cours desquels les heures claquent comme des impératifs – des intervalles dans lesquels se glisse la somme des habitudes…

Du soleil au fond de la poitrine dégagée de tous les rouages et de tous les foudroiements…

Des cœurs amoureux…

Des bras laborieux…

Des choses que l’on porte – d’un lieu à l’autre – péniblement…

Des vibrations – des résonances – des étincelles – la naissance du souffle et des élans ; ce qui s’impose sans effort – le plus naturellement du monde…

Ici – la psyché à l’œuvre…

Là – la liberté en mouvement…

Et au-delà des contradictions et des apparences – le rire et l’immobilité commune ; ce qui se partage – en ce monde – dans la peine et la joie…

 

 

Dans un monde de fierté et de honte – le rougeoiement des faces – la mort que l’on rejette – que l’on ignore – la célébration du progrès – des individualités prisonnières des Autres qui s’imaginent libres et autonomes – les ponts qui ne sont que des frontières supplémentaires – des rangées étroites de barbelés destinées à protéger toutes les idéologies – outrancières – tapageuses – délétères – incroyablement dangereuses…

L’empire des apparences et du néant que l’on honore un peu partout – que l’on nous présente comme la panacée – le grand remède aux malheurs du monde – aux souffrances des hommes…

Et tous les Autres dont on se moque – sur lesquels on expérimente nos instruments de mort – sur lesquels s’est bâti un joug abominable – que l’on a, peu à peu, transformé en système d’exploitation – monstrueux – tyrannique – industriel – qui aliène et réifie – qui impose (partout et à tous) sa puissance et sa domination…

Misérables que nous sommes…

Une terre où se multiplient les bûchers – les boucheries – les massacres – les charniers…

La folie que l’on vend en fiole – en boîte – et que l’on achète par palettes entières…

L’entêtement de la bêtise et du poison qui s’infiltrent jusque dans les profondeurs de l’âme et de la chair…

Nous – étouffants – notre souffle – notre vie – le monde – peu à peu, étouffés…

Le jour balayé – pulvérisé – comme aboli…

Le temps des rengaines et du rabâchement – le ressassement collectif continu – la régurgitation permanente…

L’ivresse maladive des hommes – abusés par leurs propres ambitions – toutes les chimères inventées par la psyché…

L’abomination vivante – paroxystique – qui vient parachever toutes les forces destructrices passées – l’œuvre diabolique dont les hommes aiment se glorifier…

 

*

 

De la matrice au passage – en un clin d’œil…

Et le long (le très long) cheminement pour retrouver l’origine…

 

 

Les mains animées par l’Amour – les lèvres par la vérité ; l’âme et le corps réunis pour traverser toutes les circonstances…

 

 

La source du monde – dans la sève des arbres…

Des poussées de ciel – la puissance du vent…

Et nos jambes – comme du bois dans lequel circuleraient un peu de rosée – quelques nuages peut-être…

Des lambeaux de silence reconstitués…

Et les âmes – toutes les âmes – prêtes à l’Amour – à toutes les révolutions nécessaires…

L’homme dépouillé – les mains câlines – le geste précis…

La feuille – devant soi – livrée au ciel descendu – au silence consentant – aux saisons qui passent – à la terre qui se dérobe…

Le sel du monde – en soi – pas si loin de l’essentiel – sans doute…

 

 

La douleur – aux côtés de l’immuable…

La nostalgie – peut-être – d’un ressenti – d’une sensibilité incarnée…

Et – parfois – l’absence de toute gravité ; le corps léger – presque absent – vaporeux – quasi inexistant – remplacé par un sens aigu de la beauté et du silence…

La permanence d’une caresse sur l’âme – de l’intérieur ; au fond du cœur – cette immense tendresse ; l’étrange vibration de l’Amour jusque dans les tréfonds de l’être…

Les anneaux de la chair, peu à peu, remplacés par les cercles de l’invisible – toutes les parures échangées contre un peu de nudité…

Nous – rejoignant – retrouvant – devenant – l’immensité – le Divin célébrant le monde et le monde célébrant le Divin…

Le caractère multiple – et absolument équivoque – de tout visage…

 

 

Le souffle et le désir qui s’entêtent jusqu’au dernier instant – la respiration et l’espérance du vivant face aux malheurs – pour échapper à la fadeur (si souvent ressentie) de l’existence terrestre – comme une infirmité à vivre (sensiblement – pleinement – réellement) les circonstances…

Et l’acmé de la tragédie qui se fomente en silence…

 

 

De l’ombre – assurément – jusqu’au fond de l’âme…

L’espace – comme enroulé sur lui-même – comme recroquevillé sur nos peurs…

L’errance des fugitifs – le cœur chaviré par les contradictions…

L’exil qui, peu à peu, se dessine…

La nuit – et ses hautes murailles – comme un refuge – un lieu où nul n’oserait venir nous chercher…

Le parfait abri pour les siècles à venir – comme un gouffre dans lequel, un jour, nous serons tous précipités…

Comme une pente inéluctable vers la mort – l’immobilité éternelle…

 

 

Au loin – l’horizon des rêves…

Le jour au-delà de l’impatience…

Ce que l’on nous murmure à l’oreille…

La caresse des Dieux…

Le temps illimité – ce qui nous émerveille…

La bouche aux mille lèvres colorées qui pourrait embrasser notre peau – de l’intérieur – assouvir nos désirs – tous nos désirs – jusqu’à leur extinction…

Dans la proximité du ciel capable de se déployer dans la chair libre et docile – sans le moindre souvenir – sans la moindre espérance…

Puis, un jour, de la fumée et de la cendre – ce qu’il pourrait rester, à terme, de nos résistances (parfois) acharnées…

Nulle trace sur le sol – et dans l’air – le bruissement feutré d’un battement d’ailes – l’esprit délivré de nos tenailles – de son illusoire détention…

L’affranchissement terrestre – comme la seule possibilité…

 

*

 

Au cœur de nous-même(s) – cette tension hors d’atteinte – l’essence – l’invisible dissimulé par l’apparence du monde…

 

 

Rien de l’homme – rien de connu – rien de prévisible ; ce que nous sommes – exactement – aussi éloigné(s) de ce que nous croyons être et connaître que de ce que nous imaginons – élaborons – échafaudons – quelques vagues pensées construites avec un peu de sable et de vent ; un peu de poussière sur le sol du monde – sur l’ossature du temps – la nuit et le néant – sur ces rives terrestres où l’on traîne péniblement les pieds – sa carcasse – son lot d’idées et d’images inutiles – entre l’abîme et la mort – prisonnier(s) de ses propres sables mouvants – de tous les marécages de l’univers – comme égaré(s) dans ce grand désert où les âmes se heurtent à (presque) toutes les impossibilités…

Dans les plus lointains replis du jour…

Comme désorienté(s) dans notre (irrésistible et pitoyable) quête d’immensité…

 

 

Sur notre peau millénaire – la lumière première – le regard des Dieux – la main des Autres…

Et sous la chair – des colonnes de visages – nos aïeux – notre descendance – en ordre de marche – les corps – tous les corps – soudés au nôtre…

Et dans l’âme – le vide et l’énergie originels ; la sagesse aux prises avec l’absence – le sommeil – l’obscurité ; le déploiement (progressif) du silence – la vérité qui tente de se redresser – de percer l’épaisseur et l’opacité…

Nos voyages – multiples et ininterrompus – l’éloignement de la source – et le gisement (inépuisable) des élans – des forces – de la matière…

Ce qui tourne – depuis toujours – autour du même axe – qui se rapproche et s’éloigne du centre – successivement – simultanément – et qui, parfois, le devient et qui, souvent, s’en croit exclu – étrangement attiré par les cercles les plus lointains – à l’extrême périphérie du monde…

Notre respiration commune – éternelle – notre souffle incroyablement vivant – qu’importe où nous nous trouvons – qu’importe la distance qui nous sépare de la matrice…

 

 

Traces de ciel sur le sable…

L’empreinte des Dieux sur la chair…

L’âme docile – prête à l’envol – aux meurtrissures – à la douleur – à son immersion dans les eaux noires du monde…

 

 

Le cri – la flèche – le fleuve – en un chemin unique…

Du feu – l’explosion et la dispersion des éclats…

L’enfance qui se partage…

Le jour qui éclipse les saisons…

La joie en tous lieux ; tous les possibles délivrés du joug de nos exigences…

Le sol – l’âme – le soleil – fragments du même royaume où cohabitent la source et la multitude…

Tous nos états – toutes nos couleurs…

 

 

Le passant de l’entre-deux – d’une rive à l’autre – dans le passage oublié…

La chair et la nuit – complices – surmontées, parfois, des ailes de la Providence…

Toutes les larmes du monde qui s’accumulent comme une chance permanente – la possibilité de s’affranchir de nos habitudes – de nos certitudes – de nos croyances…

D’un seul regard – toutes les têtes découronnées ; l’âme – toutes les âmes – mises à nu – entre la naissance et la mort – le seul chemin…

Une distance avec l’Amour – à réduire – comme un fil à rompre avec la mémoire – le poids terrible des souvenirs…

Un pas – mille pas – ce qui s’ouvre – de l’intérieur – au-dedans – comme les portes d’un temple édifié au nom de la confusion et de l’immensité – du chaos – de l’ordre et du déséquilibre naturels…

Bien davantage qu’à notre image ; ce que nous sommes – exactement…

 

*

 

Sous les arbres et la neige – la langue silencieuse – la parole rare – la chair précieuse – enveloppée de tendresse…

L’Amour – au centre et aux extrémités…

Seul – comme il convient – en compagnie de nos frères – au cœur de cette communauté sauvage et insensée – soudés par l’invisible et notre éloignement commun du monde humain…

Nous – comme sur l’île d’un archipel – au milieu de l’immensité…

Nos âmes et notre chair – collées ensemble – comme une frontière – un rempart contre la barbarie exercée par les hommes…

 

 

Des yeux qui veillent sur la pierre – parmi des visages endormis…

Des bras inertes dans la poussière…

Des corps morts et allongés…

Le sang des uns – l’odeur des autres – qui se mélangent – qui ne torturent que les plus sensibles – toutes les âmes vouées à d’autres rives – étrangères aux pillages – aux saccages – aux visages déformés par le désir – la tristesse et la haine – étrangères aux cœurs cadenassés – aux figures craintives et ignorantes – sur le chemin qu’ont dessiné ceux qui souhaitaient percer le mystère – découvrir la vérité et la vie authentique – au-delà des mythes – des manques et des mensonges – au-delà des rêves et des ambitions communes – une sente étroite au cœur de l’existence – bordée par la nuit – les abîmes et le monde – peuplés de quelques fantômes – et qui s’élève peu à peu – (très) modestement – vers le ciel – le bleu – l’immensité – cette étrange étendue qui surplombe les têtes – les fêtes – les danses – toutes les circonstances – et qui a banni le rouge ruisselant de son sol au profit de l’innocence et de la lumière…

 

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